M Z – première !

Un nouveau lieu, de nouveaux participants dont on ne sait rien, ni combien ils seront,
ni s’ils seront, ni qui ils sont, ni ce qu’ils lisent. Eh bien, c’était formidable !
Je leur ai, quant à moi, présenté
–  L’affaire Midori de Karyn Nishimura, éditions Picquier, 2024. Karyn Nishimura est journaliste, correspondante pour des journaux comme Libé, des radios comme France Culture. Elle vit au Japon depuis longtemps et présente sous le nom « roman », un texte où « presque tout est vrai » : un mixte de faits divers qui lui permettent de parler de la justice au Japon, le rapport des hommes politiques avec la presse, de Fukushima et de ses conséquences. « Je suis une Française, donc je râle »  et c’est accepté. Pour une Japonaise qui « rue aussi dans les brancards, Isoko Mochiozuki », c’est plus dur.
– Blizzard de Marie Vingtras, L’Olivier, 2021, maintenant en collection Points : un premier roman, envoyé par la poste, devenu un succès de librairie avec 8 prix. Marie Vingtras est un pseudo, en hommage à Séverine, journaliste au début du XXème siècle aussi secrétaire de Jules Vallès, qui signait Arthur Vingtras.
Le livre, lui-même : plus ou moins un polar : un enfant dont on lâche la main à la première!re page et qui disparaît dans le blizzard. De courts chapitres, portés par quatre voix différentes.
– Vider les lieux d’Olivier Rolin, Gallimard, 2022, en Folio maintenant : autobiographique, Rolin doit quitter l’appartement dans lequel il vit depuis plus de vingt ans. Un peu histoire de la rue de l’Odéon  et beaucoup de tout ce qu’il y a à déplacer : les objets, les lettres, les livres, et tout ce qu’ils disent de la vie passée.

Et eux ont parlé de :

– James Baldwin : La prochaine fois le feu, publié aux USA en 1963, traduit par Michel Sciama, en Folio. Un avertissement dans les années 60 sur le problème racial à travers une lettre à un neveu qui parle de l’enfance, de l’éducation en tant que Noir, de la violence tentante et compréhensible.
– Adèle Fugère : J’ai huit ans et je m’appelle Jean Rochefort, un premier roman chez Buchet-Chastel : « tendre, simple et délicieux »
Florence Bonneau : La rivière…te dire, Imprimerie Mathieu : Poésie sur la nature en Lozère, l’eau d’un affluent du Tarn. « On est surpris par l’évidence de l’écriture ». Ce texte existe aussi sous forme de lecture avec une violoncelliste.
– tout Gaëlle Josse : « ses petits livres, son écriture concise, précise qui va droit au but » aussi bien  Ce matin-là (2021) que Noces de neige (2013), Une longue impatience (2017) ou Les heures silencieuses (2010) : « comme de la dentelle ».
– Le Japon avec deux voix bien différentes :
– Du prix Nobel, Kenzaburo Oé : Une existence tranquille, (1990), traduit par Anne Bayard-Sakai : à tendance autobiographique : une famille avec trois enfants, dont un handicapé. Le père  écrivain part travailler aux USA, la mère l’accompagne et laisse les enfants avec leur frère handicapé.
Sayaka Murata : La fille de la supérette , traduit par Mathilde Tamae-Bouhon, en Folio, aussi paru sous le titre Kombini. Une jeune femme continue à travailler dans ce petit magasin alors qu’habituellement, ces types de postes sont tenus par les étudiants. Elle est différente et « on entre dans son système de pensée ».

Prochaine date proposée au MZ :
le Jeudi 2 mai à partir de 18h

Un Luis Sepulveda : P U N° 199

La folie de Pinochet de Luis Sepulveda n’est pas un roman, ni même un essai comme le présente Métailié mais un ensemble d’articles qui vont de fin 1998 à fin 2001.
Cet écrivain chilien, connu par beaucoup pour son premier roman, Le vieux qui lisait des romans d’amour, né en 1949, victime de la Covid en 2020, a été emprisonné et torturé sous Pinochet. Sa femme également.
Les articles rassemblés ici ont été publiés dans des journaux en Italie, en Argentine et en Espagne où ils s’étaient exilés. Ils ont pour point de départ un moment d’espoir fabuleux : l’arrestation d’Augusto Pinochet à Londres le 16 octobre 1998, grâce à l’implication du juge espagnol Baltasar Garzon . Un moment où Sepulveda croit en la possibilité d’un procès par la Cour Pénale Internationale pour tous les morts, les disparus de la dictature chilienne et leurs familles. Les textes expliquent ce qui s’est passé dès 1973 avec l’aide de la CIA, ce qui est arrivé ensuite, quand Pinochet n’était « plus que » sénateur à vie et enfin, quand il a été renvoyé parce que gravement malade à Santiago et … s’est levé du fauteuil roulant sur le tarmac …

Quelques Poèmes express issus de La folie de Pinochet :
– Les bouches se transformaient en boutons ridés dans les contes.
– Les cachots gonflent et des générations souffrent atrocement.
– Dans le palais, les fanatiques.
– Le message n’a pas convaincu : il n’y a pas d’idées.
– Quelque part, des centaines de soldats ont nourri les casernes.
– Juges et avocats voyaient que mentir se savait.
– Un vieil homme sous les caresses de la vieille a parlé daïquiris.
– Des hommes cherchent dans les médias des droits. Les pauvres.

Katsumi Komagata

On sait mon admiration pour le Japon.
On m’a fait un superbe cadeau.
On m’a offert un livre de Katsumi Komagata.
On ne savait pas
que Katsumi Komagata venait de mourir.

Ce livre, un pop-up minimal, est merveilleux.
C’est A little tree

M Z – un tiers lieu

Aujourd’hui, on parle bouquins à MZ.
MZ =
Un lieu incroyable : une ancienne école retravaillée, pensée par des personnes hyper-investies.
Un but : redonner vie à un centre ville abandonné.
Une réussite : plein de gens très différents y viennent, s’y retrouvent (dans tous les sens du terme)

Les Vivants – mars 2024 – 2)

Continuons avec les auteur(e)s français(es) dont il a été question :
– Emmanuelle Tornero : La femme qui entre dans le champ, éditions Zoé, 2024 : histoire d’une femme qui ne sait pas quoi faire de sa maternité. Elle s’en va, erre avec son enfant, se sent petit à petit enserrée par un figuier. Une fin ouverte. Histoire des femmes qui, dans la littérature et au cinéma, partent.
Emmanuelle Tornero a fait le Master de création littéraire du Havre.
– Régis Messac (1893-1945) : Quinzinzinzili, paru en 1935. Republié par L’Arbre vengeur en 2007, puis en poche à la Table ronde : un éducateur emmène des gamins dans une grotte au moment de la fin du monde. On les voit grandir. Il ne veut pas les éduquer. Ils « évoluent »…
– Louis Vendel : Solal ou la chute des corps, Le Seuil, 2024 : un premier roman,  un ami souffre de bipolarité. Un jeune face à la maladie, l’alcool, la drogue.
Plusieurs livres présentés parlaient de peinture, de photo :
– Thomas Schlesser : Les yeux de Mona, éditions Albin Michel, 2024 : une petite fille va peut-être perdre la vue. Son grand-père l’emmène au musée pendant un an, 52 mercredis. Une jolie idée et un joli détail : A l’intérieur de la jaquette, les 52 peintures sont reproduites. Thomas Schlesser est historien de l’art et s’occupe de la fondation Hartung-Bergman, maison atelier dans le sud de la France.
– Thomas Snégaroff : Les vies rêvées de la baronne d’Oettingen : chez Albin Michel, 2024. Le journaliste et historien part de tableaux dans sa famille et travaille sur cette femme  peintre, connue début XXème siècle dans les milieux artistiques parisiens puis invisibilisée. Entre faits et fictions.
– Christian Bobin : Pierre, 2019,  maintenant en Folio. Un exercice d’admiration pour Soulages, son peintre préféré.
– Puis-je garder quelques secrets : cinquième parution des éditions TXT. Sur Henri Cartier-Bresson, sa vie, son travail, à travers une trentaine d’interviews.
Et un essai :
– Le troisième continent ou la littérature du réel de Ivan Jablonka, Seuil, 2024 : le mixte de littérature et des sciences sociales. Pour plus d’informations sur ce livre : Jablonka était sur France-Culture, un midi de la semaine dernière.

Il y a eu quelques livres étrangers. J’y reviens avant la rencontre du 18 avril

Un Fabien Clouette – P U N° 198 :

Quelques rides de Fabien Clouette, son premier livre aux éditions de L’ Ogre, 2015. Depuis, d’autres sont sortis : Le bal des ardents en 2016, Speed boat, manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée en 2019 avec Quentin Leclerc et Tombant en 2022. C’est cette année-là, à Ecrivains en bord de mer que j’ai entendu et vu Fabien Clouette pour la première fois. Un jeune homme (né en 1989) complet, complexe : diplômé de l’EHESS en sociologie, il fait des recherches sur l’évolution du monde de la pêche, écrit des fictions, des essais, filme des documentaires, propose des spectacles vivants, enseigne.
Un des éditeurs de L’Ogre dit de la maison qu’elle cherche à montrer « une littérature qui provoque l’effritement du réel, qui déconstruise le réel. »

Et c’est ce que fait Quelques rides :
On a des personnages, Capvrai, Cashon, Devaux, la muette…
On a des lieux, en bord de mer, un hôtel, un chantier …
On a des actions : une plongée, une partie de chasse, un trajet en bus…
Mais rien n’est certain et ce n’est pas le plus important.
F. Clouette définit ce travail :  » la description, l’échelon un de l’échelle de Beaufort (…) texte (…) qui essaie de cadrer les phénomènes qui sont la variété même, l’indescriptible. L’étape 1, c’est l’étape où tout se brouille, où on a l’effet des choses, pas les choses mêmes. » Ce qui l’intéresse :  « la manière d’écrire les événements plus que les événements ».

Comme chez Eugene Marten par exemple, le lecteur a
à travailler
ou
à se laisser aller, juste profiter des la langue et des images qu’elle crée.

Exemple : P 16 :  » Il ne faut pas risquer trop de choses à 80 mètres de fond. D’autant plus que les masques-enfants se détachent facilement, et qu’on prend vite de l’eau dans le nez. On est peu habitué aux si grands groupes. D’ici on peut voir le mérou géant immobile, sonné par les coups; la grosse peau grise et verte. Les guides le disaient tous – plus de taches jaunes à cet âge. On ne sait pourquoi il a grandi là, sans sortir du bac, grand maintenant comme une petite voiture, incapable de quitter l’épave. C’est une aubaine pour la compagnie de plongée. Il commence à connaître le déroulement des journées de la fosse ; toujours les têtes de petits poissons coupées, les roussettes déchiquetées qu’ils lancent à travers plusieurs grilles. »

Des « Poèmes Express » nés de Quelques rides :
– Le ciel voyage à côté de la voiture. 
Ça cogne au nord.
– Sur les mollets, le tatouage : une biche et un nuage.
– Le calme du bois n’égaie pas les jours vides.
– Il avait cassé le couple. On fait plus résistant que ça.
– Ressemblaient à l’idée que je me fais des mots « plage », « maillot », des photographies.
– Il avait été facile de commencer ce texte. Il faut maintenant faire traîner.
– On sert de la viande. Du hachis de chevaux. C’est le silence sur les assiettes.
– On s’était enfoncé vers les sables mouvants. Et personne ne vient. C’est pas juste.
– Plusieurs villages collent au chemin de boue.

Les Vivants – mars 2024 – 1)

On a bu, oui, forcément, mais Sébastien ne nous en a pas trop parlé et ensuite, on a oublié de le lui demander…
On avait lu, ça c’est sûr !

  • Cartographie d’un feu de Nathalie Démoulin, Denoël 2024 :
    il a déjà été le sujet d’ un post précédent, mais je voulais insister sur le côté extrêmement visuel du texte. Voilà un autre passage, p 75 : « Une poignée de chamois s’éparpillent sur une bande rocheuse au-dessus de la zone de feu, en un bref remous, chassés par une peur dont je ne perçois pas l’objet. D’ici on n’entend pas la ville. On n’entend que le vent. Il dévale des crêts, tourne sur la neige et trace de grandes vagues qui feulent. Le sang tape sur mes tympans. Alors je n’entends pas venir le zeppelin. Son ombre se referme d’un coup, éteignant les soleils sur la neige. Il est juste au-dessus de moi, énorme coque muette. Dans la nacelle de verre greffée au ballon, je distingue des silhouettes. (…) L’aérostat glisse en silence au-dessus de la cluse. Et je me demande si les passagers ont acquitté un supplément pour survoler l’incendie et détourner le zeppelin de son circuit habituel, ou bien si la compagnie a affrété un vol spécial. Vous pensez ! Un incendie si insensé ! Le dirigeable s’élève paresseusement vers Furieuse »…
    Incroyable, l’imposant de ce vaisseau !
  • Sans valeur de Gaëlle Obiégly, Bayard, 2023 : Habituellement éditée chez Verticales, on pouvait entendre il y a quelques jours sa voix d’enfant à France-Culture dans l’émission d’Arnaud Laporte. Voix d’enfant, point de départ du livre aussi – la narratrice ramasse un petit tas d’ordures abandonnées dans la rue –   mais pas les propos qu’il entraîne : la place des objets dans notre vie, leur côté caduque, l’histoire possible de la personne qui l’a déposé là, l’appropriation de cette histoire : « Les souvenirs d’une inconnue prennent la place des miens, disons qu’ils communiquent. » Il y a des photos ratées dans ce petit tas : « J’aime ces photographies plates qui laissent entendre démonstrativement qu’elles n’ont aucun besoin d’interlocuteur. C’est peut-être leur message. ». La référence à une collection new-yorkaise commencée par un éboueur, Molina : p 78-79 : «  La vie à New York, constate Warhol, encourage les gens à vouloir ce que personne ne veut – à vouloir les choses laissées pour compte. Pourquoi ça ? Parce qu’il y a énormément de gens à concurrencer. Alors pour obtenir quoi que ce soit, ton seul espoir, c’est de modifier ton goût, de manière à vouloir ce dont les autres ne veulent pas. Et Molina a développé ainsi son goût, comme, avant lui, les surréalistes. »
  • Histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir de Catherine Lovey, Zoé, 2023 : une femme parle de son voisin, Sandor. On ne saura presque rien d’elle qui vient d’arriver dans une petite résidence, en Suisse (P. 23 : pays dans lequel nous vivons, dont le conservatisme replet m’horripilait autant qu’il l’enchantait, lui, le natif d’Europe centrale. » . Elle est plutôt militante écologiste, il a toujours l’idée que mettre son nom sur une pétition peut poser problème. Ils se voient assez souvent mais de manière détachée. La maladie commence pour Sandor et là, c’est ce que lui en dit, ce que les médecins en disent et ce que voit la narratrice chaque fois qu’elle l’aide. Le déni du malade, la technicité des spécialistes et la réalité. Le ton est un peu sec mais cela fonctionne et l’empathie se ressent.
    Bientôt un prochain post pour tous les autres livres évoqués.
    Le prochain rendez-vous chez Les Vivants est prévu le jeudi 18 avril

 

Nobel et « polardeuse »

C’est rare.
C’est plus ou moins le cas d‘ Olga Tokarczuk, auteure de Sur les ossements des morts (2010, en Pologne, 2012 aux Éditions Noir sur Blanc, et en poche en Libretto, 2014, traduit par Margot Carlier). Prix Transfuge du meilleur roman européen 2018.
Ce livre a été adapté au cinéma en 2017 et le film primé. Elle en était co-scénariste.

Olga Tokarczuk est née en 1962, a fait des études de psycho, a été psychothérapeute mais s’est consacrée dès 1997 à l’écriture.
Elle est le Prix Nobel de Littérature 2018.
Féministe, pro-européenne dans une Pologne alors gouvernée par le PIS (Droit et Justice), parti conservateur fondé en 2001 par les frères Kaczynski.

Sur les ossements des morts a pour narratrice Janina Doucheyko, une retraitée, pas très ordonnée, pas non plus folle de ménage, une originale qui traduit du William Blake (auteur qu’aime particulièrement Olga Tokarczuk) avec un ancien élève, croit fermement en l’astrologie, garde des maisons secondaires l’hiver dans le village alors presque désert où elle réside et, surtout, adore les animaux.
Un homme meurt, puis un autre, encore un autre et un dernier.
Doucheyko écrit à la police que ce sont les animaux qui ont tué pour se venger de ces hommes, tous chasseurs. On ne répond pas à ses lettres.

Quelques passages qui disent le ton du livre :
P 32 : « Matoga avait acheté sa maison une année après moi, et tout porte à croire qu’il avait décidé d’entamer une nouvelle vie, comme toute personne qui se retrouve à court d’idées et de moyens pour continuer l’ancienne. »

P 206 : pour un bal costumé, elle est en loup et son voisin, le longiligne Matoga… : « Je fus émerveillée. Il portait des souliers noirs, des bas blancs et une adorable jupette à fleurs agrémentée d’un petit tablier. Des rubans noués sous son menton mettaient en valeur le chaperon rouge qu’il avait sur la tête.
Il était de mauvaise humeur. Il s’assit à côté de moi , s’affala sur son siège et tout au long du trajet, ne dit pas un seul mot. »

Et puis quelques coups de griffe : P 197 : « Décidément, dans ce pays, les gens n’ont pas la moindre aptitude à se rassembler, à créer une union. (…) C’est un pays d’individualistes névrosés, où chacun, lorsqu’il se retrouve en groupe, se met à vouloir donner des leçons, critiquer, insulter, et montrer aux autres sa prétendue supériorité.
Je pense qu’en Tchéquie, c’est totalement différent. Là-bas, les gens savent discuter dans le calme, sans se quereller. Et même s’ils le voulaient, ce serait impossible : leur langue ne se prête pas aux disputes. »

On ne peut s’empêcher de rapprocher le personnage de l’auteure qui, en 2015, recevait des menaces de mort pour avoir dit à la télévision polonaise que l’idée d’une Pologne ouverte et tolérante n’était qu’un « mythe » .
Sans doute est-il plus facile pour Olga Tokarczuk de vivre dans son pays actuellement.

Emilie Rousset, artiste associée au Volcan

Allez, enfonçons des portes ouvertes : le travail d’Emilie Rousset est VRAIMENT, VRAIMENT BIEN !
Sa Reconstitution : le procès de Bobigny, cosignée avec Maya Boquet, est remarquable.

Le spectateur n’est pas dans la salle mais sur le plateau. Placement libre est-il écrit sur le billet mais il faudrait ajouter un « s ». Tout au long des 2h30 de spectacle, on change plusieurs fois de place.
12 emplacements sont délimités : sièges en cercle autour d’une chaise avec un micro.
Au début, on nous a remis une feuille avec les 12 possibles : 12 noms de personnalités et leur définition : ex : » René Frydman – obstétricien-gynécologue » ou « Weronika Smigielskav – féministe activiste polonaise« . On nous a aussi expliqué que, dans le temps imparti, on ne pourrait entendre que 8 témoignages.
On s’installe donc et arrive alors un comédien ou une comédienne qui dit un texte de cette personnalité. Ce texte provient d’archives et de rencontres avec Emilie Rousset, des entretiens qui duraient environ trois heures et qui sont résumés en à peu près un quart d’heure. Les 12 personnes sont très différentes, voire opposées, contre et pour l’IVG. Elles ont du recul ou non : sociologue , professeur de droit public ou militant anti-avortement. Elles disent la situation à l’époque ou depuis, en France métropolitaine ou à La Réunion et  tous ces éléments juxtaposés sont frappants.
Une performance qui nous rend actifs, nous fait réfléchir, comprendre une histoire dont nous ne connaissons, souvent, pas tous les aspects.
Et assez fascinant est le fait de savoir que personne n’a vu ni entendu le même spectacle !

Le Volcan, 11h du matin

Pourquoi suis-je là ? A une heure pareille ?
C’est pour enfants, à partir de 7 ans !
Qu’est-ce que je fais là ?

Je ne me le demande pas longtemps : je souris tout au long de La belle au bois dormant revue et corrigée par le collectif Ubique.
( le sourire – dont tout d’un coup je m’aperçois –  pendant une pièce, un concert, un ballet, c’est le signe que je suis bien, que c’est pour moi )

La prestation de Ubique, c’est de la musique : un s’occupe des percussions, une du violon et un autre du théorbe. C’est du texte, joué, de leur chaise, par les trois comédiens-musiciens. De leur chaise, oui. Ils sont toujours assis et pourtant c’est bourré d’idées de mise en scène : gestes, sons, intonations, lumières. C’est un tempo : pas d’ennui mais pas non plus de compromis. C’est fait de ruptures de rythme et de registres. C’est enlevé, c’est intelligent, c’est drôle.
Et ça marche, clairement, pour les adultes comme pour les enfants.

En plus, s’appeler Ubique !
Philip K. Dick : Ubik, si vous ne connaissez pas, allez voir