Julio Cortazar – 2

De la même nouvelle, du même recueil  de Julio Cortazar : Les armes secrètes, en Folio

« Des centaines et des centaines de gauloises fumées au long de centaines et de centaines de jours, un diplôme, quelques amies, deux crises de foie, des romans, l’ennui. Des centaines et des centaines de gauloises. Ça l’étonne toujours de se surprendre penché sur les petites choses, tellement attaché aux détails. »

Julio Cortazar :

extrait du recueil de nouvelles géniales et incipit de la nouvelle du même nom :  Les armes secrètes, Gallimard 1963 puis en Folio :

 » C’est drôle, les gens croient que faire un lit, c’est toujours faire un lit , que donner la main, c’est toujours donner la main ; qu’ouvrir une boîte de sardines, c’est ouvrir indéfiniment la même boîte de sardines. « Tout est exceptionnel au contraire », pense Pierre en tirant maladroitement sur le vieux couvre-lit bleu. »

Patrik Ourednik – suite 3 :

Extrait de La fin du monde n’aurait pas eu lieu, éditions Allia, 2017 :

«  » j’ai décidé d’introduire dans mon récit quelques phrases qui reviendraient ensuite plus ou moins régulièrement. Elles auront une double fonction, confirmer que vous êtes toujours en train de lire le même livre et vous donner l’occasion de marquer un temps d’arrêt, de réfléchir sur ce qui précède dans le récit et plus généralement sur le sens des destinées humaines. Je ferai mon choix entre :
1 Si c’est pas chouette.
2 Chienne de vie.
3 Ainsi va la vie.
4 Au petit bonheur.
5 Avez-vous 
ou Avons-nous le choix ?
6 A l’époque, cela semblait important.
7 Vous avez le choix. »

Patrik Ourednik – suite 2 :

Extrait de La fin du monde n’aurait pas eu lieu, éditions Allia, 2017 :

« Les livres ont pour objectif premier d’éviter le suicide collectif. Leur rôle est social. Il arrive que quelqu’un se suicide après avoir lu un livre : il s’agit d’un accident. »

Patrik Ourednik : suite

Extrait de La fin du monde n’aurait pas eu lieu (Allia, 2017) :

« Ce fut la baignoire sabot qui établit entre nous une relation de confiance ; j’en avais une moi aussi. La baignoire sabot était devenue rare, la majorité des gens occupant de petits appartements préféraient la douche, plus économique, à ce qu’on disait, aussi bien en eau qu’en temps, et surtout plus tonifiante, et partant, plus dynamique et plus contemporaine. La majorité des gens souhaitaient être dynamiques et contemporains. A l’époque, cela semblait important. »

De l’intérêt d’être TSUNDOKU !

Tsundoku (積ん読) désigne l’accumulation, sous forme de piles, de livres qui ne sont jamais lus. Le terme vient de l’argot japonais de l’ère Meiji (1868-1912). Il s’agit d’un mot-valise issu de 積んでおく (tsunde-oku, pour désigner les tas de choses laissés pour une utilisation ultérieure) et 読書 (dokusho, lecture).

On lit ! On lit !
On a du retard, forcément.
On va le rattraper ; enfin, en même temps, on espère que non : vu l’ampleur des piles, ce serait mauvais signe…

Dernières lectures : que l’on vous conseille chaudement :
– De Tommy Orange : Ici n’est plus ici, traduit par Stéphane Roques, Albin Michel, 2019 : un Indien écrit sur des Indiens. A Oakland (Californie). Des femmes, des hommes, leurs manières de continuer même si c’est loin d’être facile. Mais rien de larmoyant. Une belle langue aussi.
– De  Amy Goldstein : Janesville- une histoire américaine, traduction d’Aurélie Tronchet, chez Christian Bourgois, 2019 : un autre point de vue sur les USA, un documentaire sur cinq ans : ce que cela fait quand General Motors ferme son usine à Janesville. La vie des ouvriers. Les « classe moyenne » qui descendent l’échelle sociale. La façon de voir des Républicains. Super intéressant !
Enfin, rien à voir mais JOUISSIF : La fin du monde n’aurait pas eu lieu de Patrik Ourednik, Allia, 2017 :
Voilà le tout début : « Jean-Pierre Durance émergea du hall et se dirigea vers l’arrêt de bus en face, boulevard Montparnasse, quand il aperçut à la terrasse d’un café un dos qui lui était familier. L’homme au dos s’appelait Gaspard et il sera le personnage principal de ce récit. L’action de Jean-Pierre Durance sera en revanche rapidement épuisée : il n’est pas nécessaire de retenir son nom. »
On vous en livrera quelques autres passages plus tard : c’est drôle et, en ce moment, ça ne fait pas de mal !

Ouest Track et nous :

Le 15 mars 2020, à 11 h sur Ouest Track, et après en podcast quand vous voulez,  Autour des livres vous parle de

Camille de Toledo à la fête du livre de Bron, le 14 février 2020.

Chat Bleu : mars 2020 :

Vu la tempête en cours, Nsenga nous a proposé, pour nous réconforter, des vins du sud de la France :
en rouge, un corbières de la région de Narbonne, à la robe assez intense, d’une certaine puissance et persistance en bouche  : un  » Champ des murailles » du Domaine de la petite muraille.
en blanc : un chardonnay de la région de Béziers, du Domaine de Cibadiès, dans le fruit mais avec une petite minéralité.

Ils ont accompagné :
– Chroniques d’une station-service d’Alexandre Labruffe, éditions Verticales, 2019 : un texte très visuel, des petites scènes dans lesquelles la station-service est autant un personnage que son pompiste. Labruffe s’amuse et nous aussi.
– L’agence de Mike Nicol, traduction de Jean Esch, éditions Gallimard série noire, 2019. Nous sommes en Afrique du Sud. Le titre fait référence aux services d’espionnage, nombreux, travaillant chacun de leurs côtés et n’allant peut-être pas tous dans le même sens. On y croise des femmes belles et courageuses, des hommes puissants et assez immondes, et ça fonctionne !
– Aux armes de Boris Marme, aux éditions Liana Levi, 2020 : le premier roman d’un Français qui nous plonge dans un petit comté des U S A, ceux que nous connaissons grâce aux films de la côte est, aux livres comme ceux de Russell Banks. Une tuerie a lieu dans un lycée mais le sujet de Marme est la suite de cet événement. Un très bon livre, dont on reparle prochainement dans Autour des Livres sur Ouest-Track.

et aussi :
– L’autoportrait au radiateur de Christian Bobin, Gallimard, 2000, maintenant en Folio. : un journal, quelques lignes par jour. L’histoire d’un deuil et pourtant le bonheur de l’instant.
– Etre ici est une splendeur de Marie Darrieussecq, P O L, 2016 : la biographie de la peintre Paula Modersohn-Becker (1876-1907) : une artiste déterminée, indépendante qui a vécu un temps dans une communauté près de Brême et a créé près de 700 toiles.
Le dernier hiver du Cid de Jérôme Garcin, Gallimard, 2019 : un texte sur la fin de Gérard Philippe par celui qui est devenu son gendre posthume.
– Les furtifs d’Alain Damasio, 2019, éditions La Volte : nous sommes en 2050, en France et, dans ce texte très travaillé, Damasio nous promet un monde peu agréable, un monde dans lequel nous sommes presque déjà.
– Le sauvage de Guillermo Arriaga, Fayard, 2019. Traduit de l’espagnol (Mexique) par Alexandra Carrasco : A Mexico, le parcours initiatique d’un jeune, une réflexion sur la sauvagerie animale et humaine. Après avoir eu un peu de mal à entrer, M-Cl. a beaucoup aimé ce roman.
Americanah  de Chimamanda Ngozi Adichie, 2015 Gallimard, maintenant en Folio : un livre que R. a adoré. Les personnages sont justes. « Elle soulève le tapis » sur l’Amérique et sur son pays, le Nigéria.

On a aussi reparlé de :
– Muréne de Valentine Goby, Actes Sud : un beau livre sur ce qu’est vivre avec le handicap.
Changer le sens des rivières de Murielle Magellan, en poche : parce que cela se passe au Havre !

Prochain Chat Bleu prévu le jeudi 16 avril. A bientôt !