Humour et arts plastiques – 1)

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Pierrick Sorin est exposé au musée de Nantes jusqu’au 24 septembre 2024.

Les Vivants- avril 2024- 2)

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On a ensuite beaucoup parlé de polar et de roman d’espionnage (mais pas que, il faudra un « tome 3 » pour ce mois d’avril)
Parmi les  Français, il a été question :
– de Pierre Lemaître avant qu’il ne soit prix Goncourt et n’aille vers le roman à l’Alexandre Dumas. avec, par exemple La robe de mariée ou Axel : » du noir-noir mais tellement écrit » dit F.
– du 9ème  Jean Meckert ressorti par les éditions Joëlle Losfeld : La lucarne, 2024paru pour la première fois en 1945. Meckert. aussi journaliste et scénariste a été un temps oublié. Il a également publié à la Série Noire des polars sous un autre nom : Jean Amila.
– d’un autre romancier populaire, Léo Malet qu’un essayiste, Michel Marmin, a rapproché en 2018 de André Helena dans Où Nestor Burma rencontre l’Aristo.
Nestor Burma, beaucoup connaissent par la TV. L’aristo, est, lui, un personnage entre Arsène Lupin et Rocambole.
de Keigo Higashino : Les doigts rouges, traduit par Sophie Refle, paru chez Babel en 2020 : un jeune a tué et l’enquêteur Kaga Kyoichiro se retrouve face au poids de la famille.
– de Mick Herron, auteur anglais né en 1963 : La maison des tocards, Babel Noir 2016, traduit par Samuel Sfez : des hommes du M15 mis au placard mais qui réussissent quand même. Des mêmes auteur, traducteur et éditeur : Les lions sont morts : roman dans lequel les Russes se rapprochent.
– d’une B D de David ReesPutain, c’est la guerre, traduction de Claro, éditions Denoël, 2003  des strips sur le 11 septembre : « Contre l’abjection politique, un seul remède, le mauvais esprit. » Et la beauté, parce que ce travail est beau.
– d’une série TV sur Arte : Slow horses : espionnage encore, et histoire vraie.

On revient avec un troisième et dernier pan de ce qui a été dit ce mois-ci.

 

 

 

Stefan Zweig

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Le wagon plombé, Voyage en Russie, Sur Maxime Gorki : trois textes ensemble dans un livre de poche de la Petite bibliothèque Payot, traduits par Olivier Mannoni, avec une préface conséquente de Sabine Dublin, historienne spécialiste de l’URSS.
C’est la Pièce Unique N° 201.
Zweig aborde là 1) Lénine, 2) le voyage qu’il a pu faire
 » en tant que délégué autrichien à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Tolstoï « , 3) Gorki et l’admiration inconditionnelle qu’il a pour lui.
Au contraire d’autres écrivains venus en URSS, il ne donne pas son avis politique, met en avant l’aspect littéraire, artistique

Quelques « Poèmes Express » issus de ce livre, « écrits » entre le 17 février et le 14 avril 2024 alliés à des informations dénichées dans un deuxième temps, choisies parce qu’elles viennent – pour moi – caramboler avec eux.  Ecrites à la main à même le livre ou découpées et collées, paperoles :

Petite île : hôtels de luxe d’où sort un essaim d’hommes d’affaires –
(assorti d’un collage) :
 T V – Capital – 115 ‘ :  » vacances : peut-on encore s’évader à petits prix ?  »
– La réalité est mugissante. Et cent projecteurs sont braqués sur les rues  –
assorti de : Le Point :
 » Quand Trump promet le « jugement 
dernier » pour ses opposants « 
– 
Cette patience coriace sort et déborde des grappes humaines –
(avec un collage de la N R) :
 » Des milliers de Russes se sont rassemblés vendredi pour 
l’enterrement de l’opposant Alexeï Navalny, mort en prison le 16 février dernier dans des circonstances troubles. »
– Une foule attend le ministre, un monsieur gris et silencieux ressemblant à tout le monde  – (avec Le Point) :
 » Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, dans un livre sorti le 20 mars, appelle à la fin de l’Etat-providence. »

– Avec le déplacement de la population se réveille cette ville de fatigués –
(avec un collage pris dans Libé) :
 » 
Avec le développement des locations touristiques, de plus en plus de propriétaires sont tentés de récupérer leur bien, même au mépris de la loi. « 
– On s’approche d’une barbarie : des scènes de chasse et de défunts visages  –
(avec La Croix):
 » Coup de force de la Russie à l’ONU : La Russie a imposé la dissolution du système de surveillance des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord. »
– Pas une seule image, pas un seul récit à avoir traversé le dernier monde 
(assorti de Radio France) :
« L’autrice franco-rwandaise Beata Umubyeyi Mairesse, dans Le convoi, éditions Flammarion, dit le silence assourdissant de la communauté internationale. »

 

Le mal n’existe pas

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Après DRIVE MY CAR et CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES, Ryusuke Hamaguchi : LE MAL N’EXISTE PAS,

Quelqu’un dit sur le mur de Sens Critique que ce film est moins bon que ses précédents. Dans la salle où je l’ai vu, plutôt pleine, on sentait surtout l’incompréhension.
Quelqu’un dit : « je suis désolée » à une qu’elle a emmenée et l’autre répond : « ce n’est pas grave »
… D’où on se permet ?…
D’où, juste quelqu’un qui voit, qui consomme des films peut se prononcer sur LA qualité de l’un d’eux ?
Aimer ou pas, oui, évidemment. Pas condamner.
On vient avec ce qu’on est.
C’est (aussi) « le regardeur qui fait le film ».
Ce film est une boule à facettes : arty , documentaire, discrètement comique et presque fantastique.
On ne sait pas où on est.
Au moment où, dans sa tête, on est en train de le classer, il passe à autre chose.
Un « flux de pensée » à la Virginia Woolf.

Et, d’accord, tous les regardeurs n’ont pas cette envie-là, ne sont pas ouverts à ça.

Un François Beaune : P U N° 200 (oui oui, 200 ! )

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L’esprit de famille – 77 positions libanaises de François Beaune, paru en 2018 chez Elyzad.
Beaune, né en 1978, a vu son premier livre publié en 2009 chez Verticales : Un homme louche.
Son travail change à partir des années 2011-2013 avec sa première collecte d’histoires de Méditerranée, devenue La lune dans le puits, Verticales. Depuis, c’est son job, collecteur d’histoires à travers la France (actuellement, à Echirolles, bientôt à Briançon) et le monde : le Liban pour L’esprit de famille, l’Oural pour Slatka ou la conquête de l’est , Le Caire et en projet, le Japon.
La question que pose François Beaune, ici aux Libanais(es) : « Quelle histoire vraie vous a marqué(e), vous est chère ? ».
Et sept fois sur dix, il s’agit d’une histoire de famille.
Mais au Liban, forcément, c’est également une histoire de communauté, de confession. Et cela a une sacrée influence sur la relation amoureuse.

Quelques « Poèmes Express » issus de L’esprit de famille – 77 positions libanaises :
– Les pétards ça stimule le corps, c’est l’absence de solitude.
– Ce type te déteste parce que tu es né dans une voiture toutes options, toit ouvrant et sièges en cuir.
– Partout où il va, il se marie ; la famille est la seule intuition réalisée.
– Il a organisé ses business, une grosse usine de poulets, et gens au pouvoir.
– Je devais mentir, empoisonner le romanesque.
– C’est beau des mots plein la bouche, l’amour au téléphone.
– Laissés sur le carreau des guerres, des hommes sont instruments.

M Z – première !

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Un nouveau lieu, de nouveaux participants dont on ne sait rien, ni combien ils seront,
ni s’ils seront, ni qui ils sont, ni ce qu’ils lisent. Eh bien, c’était formidable !
Je leur ai, quant à moi, présenté
–  L’affaire Midori de Karyn Nishimura, éditions Picquier, 2024. Karyn Nishimura est journaliste, correspondante pour des journaux comme Libé, des radios comme France Culture. Elle vit au Japon depuis longtemps et présente sous le nom « roman », un texte où « presque tout est vrai » : un mixte de faits divers qui lui permettent de parler de la justice au Japon, le rapport des hommes politiques avec la presse, de Fukushima et de ses conséquences. « Je suis une Française, donc je râle »  et c’est accepté. Pour une Japonaise qui « rue aussi dans les brancards, Isoko Mochiozuki », c’est plus dur.
– Blizzard de Marie Vingtras, L’Olivier, 2021, maintenant en collection Points : un premier roman, envoyé par la poste, devenu un succès de librairie avec 8 prix. Marie Vingtras est un pseudo, en hommage à Séverine, journaliste au début du XXème siècle aussi secrétaire de Jules Vallès, qui signait Arthur Vingtras.
Le livre, lui-même : plus ou moins un polar : un enfant dont on lâche la main à la première!re page et qui disparaît dans le blizzard. De courts chapitres, portés par quatre voix différentes.
– Vider les lieux d’Olivier Rolin, Gallimard, 2022, en Folio maintenant : autobiographique, Rolin doit quitter l’appartement dans lequel il vit depuis plus de vingt ans. Un peu histoire de la rue de l’Odéon  et beaucoup de tout ce qu’il y a à déplacer : les objets, les lettres, les livres, et tout ce qu’ils disent de la vie passée.

Et eux ont parlé de :

– James Baldwin : La prochaine fois le feu, publié aux USA en 1963, traduit par Michel Sciama, en Folio. Un avertissement dans les années 60 sur le problème racial à travers une lettre à un neveu qui parle de l’enfance, de l’éducation en tant que Noir, de la violence tentante et compréhensible.
– Adèle Fugère : J’ai huit ans et je m’appelle Jean Rochefort, un premier roman chez Buchet-Chastel : « tendre, simple et délicieux »
Florence Bonneau : La rivière…te dire, Imprimerie Mathieu : Poésie sur la nature en Lozère, l’eau d’un affluent du Tarn. « On est surpris par l’évidence de l’écriture ». Ce texte existe aussi sous forme de lecture avec une violoncelliste.
– tout Gaëlle Josse : « ses petits livres, son écriture concise, précise qui va droit au but » aussi bien  Ce matin-là (2021) que Noces de neige (2013), Une longue impatience (2017) ou Les heures silencieuses (2010) : « comme de la dentelle ».
– Le Japon avec deux voix bien différentes :
– Du prix Nobel, Kenzaburo Oé : Une existence tranquille, (1990), traduit par Anne Bayard-Sakai : à tendance autobiographique : une famille avec trois enfants, dont un handicapé. Le père  écrivain part travailler aux USA, la mère l’accompagne et laisse les enfants avec leur frère handicapé.
Sayaka Murata : La fille de la supérette , traduit par Mathilde Tamae-Bouhon, en Folio, aussi paru sous le titre Kombini. Une jeune femme continue à travailler dans ce petit magasin alors qu’habituellement, ces types de postes sont tenus par les étudiants. Elle est différente et « on entre dans son système de pensée ».

Prochaine date proposée au MZ :
le Jeudi 2 mai à partir de 18h

Un Luis Sepulveda : P U N° 199

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La folie de Pinochet de Luis Sepulveda n’est pas un roman, ni même un essai comme le présente Métailié mais un ensemble d’articles qui vont de fin 1998 à fin 2001.
Cet écrivain chilien, connu par beaucoup pour son premier roman, Le vieux qui lisait des romans d’amour, né en 1949, victime de la Covid en 2020, a été emprisonné et torturé sous Pinochet. Sa femme également.
Les articles rassemblés ici ont été publiés dans des journaux en Italie, en Argentine et en Espagne où ils s’étaient exilés. Ils ont pour point de départ un moment d’espoir fabuleux : l’arrestation d’Augusto Pinochet à Londres le 16 octobre 1998, grâce à l’implication du juge espagnol Baltasar Garzon . Un moment où Sepulveda croit en la possibilité d’un procès par la Cour Pénale Internationale pour tous les morts, les disparus de la dictature chilienne et leurs familles. Les textes expliquent ce qui s’est passé dès 1973 avec l’aide de la CIA, ce qui est arrivé ensuite, quand Pinochet n’était « plus que » sénateur à vie et enfin, quand il a été renvoyé parce que gravement malade à Santiago et … s’est levé du fauteuil roulant sur le tarmac …

Quelques Poèmes express issus de La folie de Pinochet :
– Les bouches se transformaient en boutons ridés dans les contes.
– Les cachots gonflent et des générations souffrent atrocement.
– Dans le palais, les fanatiques.
– Le message n’a pas convaincu : il n’y a pas d’idées.
– Quelque part, des centaines de soldats ont nourri les casernes.
– Juges et avocats voyaient que mentir se savait.
– Un vieil homme sous les caresses de la vieille a parlé daïquiris.
– Des hommes cherchent dans les médias des droits. Les pauvres.

Katsumi Komagata

On sait mon admiration pour le Japon.
On m’a fait un superbe cadeau.
On m’a offert un livre de Katsumi Komagata.
On ne savait pas
que Katsumi Komagata venait de mourir.

Ce livre, un pop-up minimal, est merveilleux.
C’est A little tree

M Z – un tiers lieu

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Aujourd’hui, on parle bouquins à MZ.
MZ =
Un lieu incroyable : une ancienne école retravaillée, pensée par des personnes hyper-investies.
Un but : redonner vie à un centre ville abandonné.
Une réussite : plein de gens très différents y viennent, s’y retrouvent (dans tous les sens du terme)