Rabat-joie – rappel

MALAGA, SPAIN – 2023/11/25: A group of women are seen behind placards with names of women killed for their partners during the performance ‘Walk of silence’ against gender violence. In commemoration of the International Day for the Elimination of Violence against Women, dozens of women took part in a Caminata Del Silencio (Walk of silence) against gender-based sexual violence. They march every year along the streets in Malaga holding candles and placards with the names of all women who were killed by their partners in Spain. (Photo by Jesus Merida/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

Et
Céline Mas, présidente de l’association ONU Femmes : extrait d’un article paru dans La Tribune le 26 novembre 2023 :

« Nous vivons une époque de crises : sanitaires, géopolitiques, économiques, sociales, climatiques. A chacune d’entre elles, les droits des femmes reculent ; leur intégrité physique et morale est menacée durablement. Partout, elles sont les victimes collatérales des prédations, obscurantismes et conflits dans un monde qui se vante orgueilleusement des exploits sophistiqués de l’IA. Le 7 octobre dernier, le Hamas a semé la terreur et massacré des Israéliens, dont des nombreuses femmes et des filles dans des conditions particulièrement insoutenables. Nous avons condamné sans réserve ces actes barbares tout en demandant la libération inconditionnelle des otages ET dans le même temps, nous pensons aux femmes et aux filles de Gaza qui ont perdu leur vie tragiquement dans des souffrances indescriptibles et avons appelé urgemment au cessez-le-feu humanitaire pour porter secours aux civils. Le ET est ici fondamental car l’humanité ne choisit pas. Nous condamnons et continuerons à condamner sans équivoque tout acte de violence contre les femmes et les filles, incluant la violence sexuelle, considéré comme une violation inacceptable des droits humains, où que ce soit dans le monde. Nous sommes aux côtés de tous les civils, et particulièrement de toutes les femmes du monde. En 2023, je l’écris avec gravité, vivre une vie sereine et libre en tant que petite fille autant que jouir pleinement de ses droits en tant que femme reste un privilège.

Sénégalaises, congolaises, iraniennes, afghanes, ukrainiennes, yéménites, soudanaises, états-uniennes, haïtiennes, chinoises, japonaises, indiennes, brésiliennes, argentines, mexicaines, chiliennes, polonaises, françaises et dans tant d’autres pays, le constat est le même : les violences sous des formes diverses persistent, les mentalités évoluent trop lentement et les droits sont fragiles et souvent réversibles. » (…)

Un Olivier Cadiot : P U N° 192

Retour définitif et durable de l’être aimé, de 2002, chez P O L  est la Pièce Unique N° 192.
Un texte un peu à la manière de certains Calvino ( Si par une nuit d’hiver un voyageur ) : plein de possibilités de fictions ( bizarres ) en utilisant plein d’images, d’idées, de situations qu’on connaît par des films, des séries, des photos, des articles, en les concaténant, en les juxtaposant, en les tordant. Ambiances de chasse, de richesse, de guerre, de gîte rural, de cabinet médical, etc. Humour de ces glissements.
Des « je », des « vous ».
Des jeux avec les mots.
( p 56 ) :  » Ouin’mor’taï-m’
Il faudrait que ça 
s’arrête maintenant, ok kids relax, pause, une heure de déjeuner et on reprend, super, dis donc toi, oui toi, reste deux secondes, où c’est qu’t’as appris à chanter ? chez les bonnes soeurs ? faut y aller mon petit lapin, hein, tape sur la fesse, allez file.
Si on est dans une comédie musicale. »

Quelques Poèmes Express qui en viennent :
– Il y a un bruit bizarre là où on devait installer le présent.
– Personne ne va attaquer : avec la chenille ambiance communion.
– Mort sous verre.
– La mousse noire, le sang, substance quand l’histoire vrille la chair.
– Ecurie, piscine, hélicoptère, on s’en sort, hein ?
– Ça doit être l’âge de fer avec vrai sanglier de 200 kg.
– La laisser parler les yeux au ciel alors que c’est fini.
– Le saint cherche un assistant.

Rabat-joie – 2)

Une nouvelle rubrique est née, je la sens bien !
et Slate m’y aide une fois encore :

Une candidate qui participe au concours Miss France sera considérée moins belle si elle est intelligente…

L’image est une photo de Milena Maric Einstein – qui n’a jamais, il est vrai – concouru pour être miss France…

chat bleu – décembre 2023 – 3) et en cadeau, une pincée de Vialatte

La pincée de Vialatte  :

« Chronique de l’arbre de Noël
L’esprit de Noël est un esprit joyeux qui devient plus riant par temps de neige. Il porte un capuchon pointu (doublé de lapin) et se juche sur les abiétinées. C’est pourquoi le vrai père de famille va cueillir un sapin la veille de Noël. A Paris il l’achète au mètre. A Düsseldorf il le vole dans un square. (C’est ce qui a amené les jardiniers municipaux, en Rhénanie, à enduire tous leurs résineux d’une drogue qui devient lacrymogène à la température moyenne d’une salle à manger germanique. Ce qui est gênant au moment des joyeuses plaisanteries.) Une fois que le sapin est planté, l’homme y pend des polichinelles. En satin rose. Des boules brillantes. Des bougies bleues. Des cadeaux pour les invités. Ficelés avec des ficelles d’or. Des dragées, des boîtes de sardines, tout ce qu’il y a de plus luisant et de plus avantageux, souvent même de plus comestible : les gros créanciers de la famille, des harengs saurs, de grandes bouteilles de vin mousseux, et des perroquets portugais, en laine tricotée, rouges et mauves, pour mettre sur la théière et garder le thé bien chaud. Des champignons vénéneux à tête rouge, des amanites vireuses, des amanites panthère, des amanites tue-mouches ; en bois ; avec une pince pour tenir au rameau. Des pères Noël qui ont une barbe en coton, moitié moujiks, moitié poivrots. Des paillassons pour cage à poules (c’est une invention toute récente : la poule s’essuie les pieds avant d’aller au lit). Les enfants sont ravis, les invités s’exclament. Quelquefois un grand-père se dévoue pour faire des grimaces difficiles. On distribue des marrons glacés.
La Montagne, 25 décembre 1962″
on finit l’année avec plus d’essais ou de non-fictions que de romans :
– Et Zeus créa la fêta éditions La Martinière, 2023 : 54 (vraies) recettes de Grèce
– Ripostes – archives de luttes et d’actions 1970-1974, sous la direction de Philippe Artières, éditions du CNRS, 2023
– Méfiez-vous des femmes qui marchent d’Annabel Abbs, 2021, traduit par Beatrice Vierne, éditions Arthaud. Des peintres, des écrivaines
Art de marcher de Rebecca Solnit, traduit par Cristelle Bonis, 2022, éditions de l’Olivier.
– L’heure des femmes d’Adèle Bréau, éditions Jean-Claude Lattès, 2023 : sur Ménie Grégoire qui a osé parler, dès 1967, des femmes sans tabou à la radio
– Proust, roman familial  de Laure Murat, éditions Robert Laffont, 2023. Prix Médicis essai. Elle y parle de son milieu d’origine, milieu de formes et d’apparences, sans vrai savoir. Elle reconnaît sa famille dans La recherche… Proust l’a aidée à comprendre comment fonctionne ce monde.
– Sia , éditions L’Harmattan : témoignage : un homme et une femme, Ces Guinéens de deux ethnies et religions différentes ont fui leur pays pour vivre ensemble en Normandie.
– Promenade en hiver de Henry-David Thoreau, éditions Le mot et le reste, 2018. Traduction de Nicole Mallet : un texte de 1888, une journée d’errance dans la neige. Enormément de précisions dans les descriptions.
– Correspondance Matisse – Marquet 1898-1947, La Bibliothèque des Arts, 2008.
Quand même quelques fictions :
– Les ciels furieux d’Angélique Villeneuve, 2023, éditions Le Passage. La vie d’une famille juive en Europe de l’Est au début du XX ème siècle vue à travers une petite fille.
– Sarah, Suzanne et l’écrivain d’Eric Reinhardt, 2023, Gallimard : deux histoires de femmes de deux milieux différents. « Bluffant, vraiment brillant ! » dit F.B.
– Rendez-vous à Parme de Michèle Lesbre, une balade pleine de références théâtrales et littéraires : Chéreau, Duras, Handke. Trouvable en Folio.
– Les enfants sont rois de Delphine de Vigan, 2021, Gallimard : une influenceuse met en scène ses enfants. Ce qui s’en suit.
Et rappelez-vous :
nous continuerons de lire et de parler de livres mais plus au Chat Bleu.
Le nouveau lieu de réunions sera Les vivants.
Au 18 janvier, 18heures !

Rabat-joie !…

Pris dans Slate, 22-12-2023 : être femme et Afghane :

 » Lorsque les talibans sont arrivés au pouvoir, il existait vingt-trois refuges pour femmes victimes de violences en Afghanistan. Selon un rapport de l’Unama (la Mission d’aide de l’Onu en Afghanistan) tous ont été fermés. Selon un policier du nord-est du pays, les refuges pour femmes battues sont «un concept occidental» et les femmes doivent rester avec «leurs frères, leurs pères ou leur maris». Selon un ancien employé du bureau du procureur de cette même région: «Ce type de refuge est inutile. Personne ne fera de mal aux femmes tant que l’Émirat islamique sera au pouvoir.»
(…)
C’est officiel, et nul ne peut faire semblant de l’ignorer: en Afghanistan, les femmes ne servent plus qu’à la reproduction et à la servitude. Et la reproduction est une épreuve supplémentaire qui, de plus en plus, leur coûte la vie. Selon le site PassBlue (un média à but non lucratif qui couvre les affaires étrangères et les Nations unies en mettant l’accent sur les questions relatives aux femmes), elles sont de plus en plus nombreuses à mourir des complications de leur grossesse ou de leur accouchement.
(…)
Malgré l’absence de statistiques (les talibans n’en sont curieusement pas friands), les experts travaillant dans le domaine de la santé sur place et à l’étranger estiment que le nombre de grossesses a augmenté depuis deux ans; notamment parce que les filles sont mariées de plus en plus tôt. Et les grossesses adolescentes sont plus à risque que les autres. La Dr Shefajo, qui exerce dans une clinique de Kaboul, raconte que de plus en plus d’adolescentes de 14-15 ans viennent la voir parce qu’elles sont enceintes, ou parce qu’elles ne le sont pas et que leur belle-famille le leur reproche. »

Immonde !

Chat Bleu : décembre 2023 – 2)

Nous buvions, en rouge, un Saint-Nicolas de Bourgueil, ou, en blanc, un Pinot gis d’Alsace.
Ils accompagnaient :
– La sentence de Louise Erdrich, paru aux USA en 2021 et en 2023 chez Albin Michel, collection Terres d’Amérique, traduit par Sarah Gurcel. Prix Fémina Etranger. Un mélange de roman et de faits : la plupart des scènes se passent dans une librairie indépendante qui existe et est celle de l’auteure depuis plus de vingt ans : Birchbanks Books à Minneapolis. Ce livre donne plein de pistes de lectures, des textes d’écrivains américains que nous connaissons mal, d’origine amérindienne ou afro-américains.
Le livre rend aussi compte de l’affaire George Floyd et de la Covid.
– Chant balnéaire d’Oliver Rohe, éditions Allia, 2023 : vingt ans après Défaut d’origine, la guerre du Liban vue par Rohe.
Il a alors 17 ans ; son père n’est plus là ; il vit avec sa mère et sa soeur à l’extérieur de Beyrouth, dans une station balnéaire, été comme hiver. La situation est complexe, les bombes tombent, l’argent manque, les copains et les filles sont plus importants que l’école.
Le livre vient de recevoir le prix France-Liban 2023.
– Le nouveau de Keigo Higashino, 2013, Tokyo, 2021, Actes Sud. Traduction de Sophie Refle. Cet auteur né en 1958 a plus de 60 romans à son actif. Le rythme est lent. Ce polar est plein de dialogues. Le lecteur avance à l’aveugle. Il n’y a aucune violence. Certes, un crime a eu lieu mais ensuite, à coups de chapitres qui semblent indépendants, l’inspecteur Kaga passe de commerce en commerce dans un quartier traditionnel de la capitale où il vient d’arriver et trouve ainsi le coupable.

La suite, bientôt…

Un Deborah Levy : P U N° 191

Ce que je ne veux pas voir,
paru en 2014 en Grande-Bretagne
et en 2020 en France, aux éditions du Seuil sous la marque éditions du Sous-Sol,
traduit par Céline Leroy
= Pièce Unique N° 191.

Deborah Levy a froid à Majorque sous la neige, se souvient de l’Afrique du Sud quand son père fut arrêté comme membre de l’ANC, et de l’Angleterre où la famille est arrivée, puis s’est séparée lorsqu’il fut relâché. Elle n’est nulle part vraiment chez elle.
Un joli personnage dont on se demande ce qu’elle a pu devenir : Melissa « une Barbie bien vivante, en mini-jupe bleu pastel » … » dix-sept ans »… »cheveux en choucroute », pleine de viefille de racistes, vivant à Durban et amoureuse d’un Indien.

Quelques Poèmes Express qui viennent de ce livre :
– Rien et plus souvent. Quelque chose sanglote.
– L’imaginaire était une illusion. Il s’effondrerait autour de baskets.
– Allumée dans chaque restaurant, la serveuse ressemblait à un linguiste malpoli.
– Je ne savais pas trop où était ma tête. Il me paraissait évident qu’elle était tombée.
– Sous l’édredon en satin rose, les gens en plastique.
– Femme, épouse, mère s’étaient glissées dans le manuel de sténo.
– Me débarrasser des cadavres. Me passer la main sous l’eau.
– Rapporté d’Angleterre, le gras du bacon.
– S’approcher d’une sorte de catastrophe , d’un moment en marbre.

Et c’est offert aux éditions du Rouleau : de la micro-édition d’estampes.