Pièce unique n° 18

Cette fois, c’est KYRA KYRALINA de l’auteur roumain Panaït Istrati (1884-1935), paru en 1923, que nous avons transformé en : LYNA IRA A KIRK… Romain Rolland l’avait découvert à l’occasion d’une tentative de suicide et il le présentait comme « un nouveau Gorki des pays balkaniques ». Istrati disait, lui : « je suis son œuvre (…) j’avais besoin de son estime, et pour obtenir cette estime chaude, amicale, il me demandait d’écrire. »
KYRA KYRALINA a un côté mille et une nuits dans la succession des épisodes, dans l’ambiance orientale et nous raconte les aventures d’un homme, ses chutes plus souvent que ses bonheurs.
L’œuvre complète d’Istrati est trouvable chez Phébus.

Voilà quelques exemples de poèmes express de LYNA IRA A KIRK :
– « Prendre deux nuits et calmer un Grec sous de petits plaisirs. »
– « Souvent quelque chose de triste criait avec ses colliers enfilés sur le bras. »
– « Ils ouvrirent mon dos sur la blancheur de l’oreiller : je tombai évanoui. »
– « Bois de basilic, rouge de Kirmiz, mots tendres, été des sirops. »
– « Promener les jours funestes de ma vie, je trouvai cela fort consolant. »

Nous envoyons cette pièce unique à Christophe Mary, jeune poète édité aux éditions caennaises La Renverse. Allez voir le site de cette maison née en 2015, ses plaquettes plutôt élégantes et étonnantes : couvertures aux volutes dorées, forme pas vraiment rectangulaire du livre qui le fait légèrement se renverser et remarquer sur une étagère de  bibliothèque, lettrage d’un doux bleu vert.
Petit extrait de poème de Christophe Mary :
« Le fado peut exalter
Et sentir brûler les feux
Au calage évidé
Des ballons de gaine
Qui nous font perdre pied »

Chat Bleu de février :

Nous découvrions des produits des deux rives des Côtes du Rhône : la rive droite avec un rouge, un Terre des Amoureuses, puissant, aux arômes un peu mûrs, confits, du Château Les Amoureuses tenu par un vigneron et un oenologue qui font des vins très travaillés. Alzheimer_mon_amourPour la rive gauche, il s’agissait d’un blanc sec, minéral, avec une expression très particulière en bouche : un Viognier, domaine Rozel, cuvée St Martin.
Ils accompagnaient des livres documentaires ;
– ALZHEIMER MON AMOUR, récit de Cécile Huguenin, en Pocket : le malade est un intellectuel et son épouse raconte leur parcours, du diagnostic à la séparation. Les rendez-vous médicaux, les manières de nier la personne, de parler de son état sans s’adresser à elle. Elle relate ses révoltes, ses essais de contournement puis la seule solution, culpabilisante, le placement, mais dans un endroit choisi où le soignant voit encore l’homme atteint comme quelqu’un, avec un projet.
– MES SAISONS EN ENFER, de Martha Gellhorn, aux éditions du Sonneur, 2015 : cette femme (1908-1998), journaliste, n’aimait rien tant que le voyage et ce livre parle de cinq « voyages cauchemardesques ». Momentanément épouse d’Ernest Hemingway,  il l’accompagne en Mes_saisons_en_enferChine, pendant la seconde guerre mondiale, sans enthousiasme. Elle le nomme alors « Compagnon Réticent » ou C R et c’est hilarant de le voir porter son cheval…, rencontrer Tchang Kaï-Chek ou Zhou Enlai sans rien savoir d’eux ni de la situation politique. Le plus long périple est, seule, en Afrique, continent dont elle rêve depuis longtemps et qui la déçoit souvent.
-L’ENFANT CRIMINEL de Jean Genet, paru la première fois en 1949, réédité en 2014 à L’Arbalète, Gallimard : un texte court, tranchant, méprisant : « Mais nous resterons votre remords » (p 30); « Votre littérature, vos beaux-arts, vos divertissements d’après dîner célèbrent le crime. Le talent de vos poètes a glorifié le criminel que dans la vie vous haïssez » (p 31)
Ont été évoqués ensuite :
des romans noirs : d’Indridason, de Mankel comme souvent,
les 2000 pages qu’ « on regrette lorsque c’est fini » de la trilogie de Philippe Kerr qui couvre les années 1920 à 1954,
les textes de Jean-Luc Seigle dont : EN  VIEILLISSANT LES HOMMES PLEURENT : « une belle écriture, facile à lire » sur les années 60, les difficultés d’adaptation quand la société change,
et LE ROYAUME d’Emmanuel Carrère : lui, comme d’habitude, mais aussi les Textes.

Le prochain Chat Bleu : le jeudi 3 mars vers 18 h 30