Femmes du monde : Afghanistan

1er mars 2022 : « La Banque mondiale a approuvé » « une aide humanitaire de plus de un milliard de dollars (900 millions d’euros) pour soutenir le peuple afghan, par la réaffectation de financements émanant du Fonds spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (ARTF).

Cette aide financière se fera « sous la forme de subventions »accordées à des agences des Nations unies et à des ONG internationales, a précisé l’institution de Washington dans un communiqué. Et elle « restera hors du contrôle de l’administration intérimaire des talibans », a-t-elle assuré. » Le Monde

23 mars  2022 : les filles afghanes ne peuvent reprendre les cours du secondaire comme il était prévu ce jour.

« A la suite de cette volte-face, le Secrétaire général de l’ONU et la Mission des Nations Unies en Afghanistan ont déploré l’annonce faite aujourd’hui par les Talibans de prolonger leur interdiction indéfinie de permettre aux filles au-delà de l’âge de 12 ans de retourner à l’école. » News.un.org
25 mars 2022 : « Les Etats-Unis ont annoncé » « annuler des discussions avec les talibans à Doha, au Qatar, en raison de leur décision d’interdire aux filles afghanes d’être scolarisées dans le secondaire. » Arte.tv

L’aide de la Banque Mondiale  a pour objectif de financer l’éducation, l’agriculture et la santé.

Petit-aparté-d’enseignante-acariâtre : les filles d’Afghanistan savent ce que pourrait leur apporter l’éducation et sont malheureuses de ne pouvoir y accéder.
Combien de jeunes (filles ou garçons), obligés ici d’être scolarisés jusqu’à 16 ans, n’en voient pas l’intérêt ?…

Le dessin est de Coco, paru dans Libération, 24 mars 2022

 

Femmes du monde : Inde

On ne l’a pas encore lu mais que ce soit publié chez Marchiialy, maison spécialisée dans le document, est un critère.
Les femmes en Inde. L’horreur pure.
Qu’on le sache – ou s’en souvienne – pour que ça bouge, pour que les mentalités évoluent, pour que la honte submerge les bourreaux.

(oui, c’est vrai, je fais dans le grandiloquent mais l’atrocité du sujet et des faits y conduit)

Un Daniel Mendelsohn : P U N° 146

Trois anneaux – Un conte d’exils, paru en 2020 aux Etats-Unis et en France, dénommé de façon assez étonnante, « roman », traduit par Isabelle D. Taudière, Prix du meilleur livre étranger.
Pourquoi « roman » ? Parce que le mot « Essai » serait plus intimidant et moins vendeur ? Peut-être.

Mendelsohn parle un peu de lui, de ses livres précédents (Les disparus (2007), Une odyssée : un père, un fils, une épopée (2017)), mais surtout de trois auteurs – Erich Auerbach, François Fénelon, W. G. Sebald -, de périodes différentes, qui ont tous trois émigré et ont écrit : avec des digressions, en « composition circulaire« , où « rien n’est laissé dans l’ombre » (p. 70). A la façon de L’Odyssée. A l’opposé du « procédé narratif de la Bible hébraïque » (p.70).
Et c’est cela le sujet : le choix de la matière de l’écriture. Gonflée de détails ou « concentré d’inconnues et d’omissions » (p. 71) et donc, selon l’un d’eux, « d’un réalisme convaincant » (p.73).

Voilà quelques Poèmes Express « venus » de ce livre :
– Passionné par le funéraire, chacun se pousse à recréer du détruit.
– L’afflux de poètes, supposons-le, a échoué.
– L’enfant fait vieux, semble terminé, a les yeux de quelqu’un qui sait.
– A la nuque, balafre et à la main, geste de panique.
– Imbriqués dans de petites anfractuosités de la carte mentale : nous.
– Photographie d’ecclésiastique. Les yeux regardent droit dans les dieux.

On se permet d’envoyer cette Pièce Unique à Antoine Spire , longtemps écouté sur France-Culture, admiré, et rencontré dernièrement grâce à Pia G.

Chat Bleu : mars 2022 – 1)

Un vin rouge, un Graves du Château Simon et un super fromage d’un petit producteur local « la bonne Cauchoise », ont accompagné des livres du bout du monde :

– Jetés aux ténèbres, de Sandrine Berthet, éditions du Sonneur, 2021 :
Septembre 1872, le premier navire amenant des communards en Nouvelle-Calédonie arrive. Nous sommes dans le bateau avec le personnage-narrateur et nous le suivons le temps de sa peine. Hyper-documenté, ce premier roman d’une jeune femme qui a vécu là nous fait voir et comprendre les conditions de vie des prisonniers, des colons et des Canaques. Nous suivons par exemple Louise Michel, amenée plus tard. Elle « profite » de sa déportation pour étudier faune, flore et « naturels », donne des cours à leurs enfants, poursuit son engagement. Nous voyons arriver les familles de bagnards autorisées à les rejoindre, des Kabyles qui se sont opposés au gouvernement français en Algérie. Nous sommes informés de la manière dont l’armée mate les tribus qui ont de moins en moins de place sur leur terre.
– Le livre de la Jamaïque de Russell Banks, 1980, traduit par Pierre Furlan, 1991 Actes Sud. Aussi en 10-18 : Le point de départ du livre est un fait divers : le meurtre d’une femme noire dont Errol Flynn, propriétaire sur l’île, a été un temps soupçonné. Puis on s’échappe de ce prétexte. Johnny, alias Russell Banks, revient plusieurs fois, de plus en plus longtemps. Il passe de la Jamaïque du littoral, celle des Blancs richissimes et terrorisés de perdre leurs biens, à celle des Noirs qui vivent dans la misère à l’intérieur des terres. Il choisit son camp, s’enfonce dans l’île, rencontre des ancêtres des Marrons et participe à leur vie.
On n’est jamais déçus par un Russell Banks !
– Ce que cela coûte de W.C.Heinz, 2019, éditions Monsieur Toussaint Louverture, traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson. Le livre était sorti en 1958 aux Etats-Unis.
Quand on choisit un volume de cette maison d’édition, on le fait aussi – ou d’abord – du fait de son esthétique … enfin, je parle pour moi… Celui-ci, son côté carnet genre Moleskine, ses coins arrondis, sa couleur, sa matière ( La couverture est en Remake Leather de 250 g, qui dans sa chair de papier compte un quart de particules de cuir, ce qui va de soi. ») en font un objet à la limite du régressif… Bref, il est beau. Il donne envie de l’avoir à tout tsundoku normalement constitué…
Mais évidemment, il y a plus que l’apparence : Heinz (1915-2008) a été un des premiers écrivains du « Nouveau journalisme » dont on connaît mieux Truman Capote, Hunter S. Thompson et Tom Wolfe par exemple. Là, un journaliste sportif accompagne un boxeur juste avant un championnat. Et c’est une approche sociologique de ce sport : les champions, les bons mais inconnus, les Noirs, les Blancs, les anciens, les managers, le public. L’avant-dernier chapitre est le moment du combat et, même si on n’est pas fans de ce sport, on est captivés.

La suite de la soirée, bientôt.
Le prochain Chat Bleu a priori le jeudi 28 avril, 18 h.

Chat Bleu : février 2022- 2)

La deuxième partie de soirée était beaucoup en lien avec Le goût des autres qui venait d’avoir lieu. David Diop, Christine Angot, Clara Dupont-Monod étaient invités et c’est d’eux que certaines ont parlé.
   Frère d’âme, au Seuil , raconte la réaction d’un tirailleur sénégalais qui, à la guerre de 14, perd son « frère d’âme » . Lu magistralement par un comédien lors du festival.
    Le voyage dans l’Est, édition Flammarion. Christine Angot travaille sur son concept comme un navire continue à avancer sur son erre. Témoignage ou objet littéraire ? Cela divise.
   S’adapter chez Stock, prix Fémina et prix Landerneau : comment les membres d’une famille réagissent à la naissance d’un enfant différent. Sans pathos, sans prénom (« le père », l’aîné » …). Les pierres des maisons du hameau parlent et sont un personnage.

De là, sont venus d’autres titres en lien avec le soin, la femme ou la société :
   Murène, roman de Valentine Goby, Actes Sud : un homme électrocuté est amputé des bras et nage ainsi : le début d’handi-sport.
   A la folie, beau texte documentaire de Joy Sorman, Flammarion : son immersion dans un service psychiatrique.
Le choeur des femmes de Martin Winckler, éd. P O L 2011, adapté en roman graphique par Aude Mermilliod, éditions Le Lombard 2021 ; le travail du gynécologue vu du point de vue masculin.
La fin de l’amour d’Eva Illouz : étude sociologique passionnante qui met en évidence le rapport homme/femme à travers le système économique.
La femme ourse, roman de Karolina Ramqvist, éditions Buchet-Chastel 2021 : une auteure, mère de 4 enfants, débordée, raconte l’histoire – réelle – d’une femme laissée sur une île déserte de l’Atlantique en 1541.

On a également réinsisté sur Jon Kalman Stefansson avec son D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, et  Asta. Traduit par Eric Boury, presque tout est trouvable en Folio.

Prochain Chat Bleu prévu le 17 mars à partir de 18h.

Chat Bleu : février 2022 – 1)

En dégustant cette fois un Planteur maison, quatre mois de macération ou un vin de Kiwi de « Le Petit Alcoolier », producteur installé près de Dieppe, nous avons parlé de :

  • Les idées noires de Laure Gouraige,
    éditions P O L, 2022 :
    sur la première page, une seule phrase : « Vous vous réveillez un matin, vous êtes noire. ». Du fantastique ? Un texte à la Kafka ? Non, enfin… oui mais non. C’est plus quotidien, plus sociologique. C’est beaucoup plus amusant aussi. La narratrice est contactée par une radio pour parler du racisme auquel elle doit faire face. Et, dans un sens, ce n’est qu’à ce moment que lui apparaît sa couleur. D’autant que le problème ne se pose pas comme ça. Quoique… P.17 :  » Je cherche un Noir, je cherche un vrai Noir. Première erreur, vous n’êtes pas une vraie Noire. D’ailleurs vous êtes pas Noire du tout » (…) » Votre pull, oui. Incontestablement, votre main n’est pas de la couleur de votre pull. » (…) « A strictement parler, noir ne désigne pas une couleur. » dit le dictionnaire (…) « C’est pire que prévu, noir c’est du vent. ».
     Le livre commence à Paris, se poursuit en Floride avec  » des palmiers de riches et des palmiers de pauvres. », dans la famille, sur une autoroute, dans un commissariat : P. 119 : « …un cube bleu ciel à deux étages, défraîchi, seul sur le bord de la route, coincé entre deux palmiers harassés. Vous n’êtes clairement pas là où ça se passe, on vous a amenée au rebut » (…) » … la mocheté est comparable aux bâtiments du service public français. ». Là aussi, il faut entrer dans une case, qu’on puisse vous répertorier et là aussi, rien ne correspond.
    Et ça ne correspond pas plus, pour de tout autres raisons, dans le dernier tiers du livre, en Haïti.
    De l’humour donc pour parler de notre société, de nos habitudes de classement, de notre racisme. Un texte super enthousiasmant !
    – Au bord de la Sanda de Gyrdir Eliasson. Paru en 2007 en Islande et traduit pour les éditions La Peuplade par Catherine Eyjolfsson. Deuxième opus d’une trilogie. Nous avions déjà parlé d’un Eliasson où le personnage était écrivain, restant dans une maison prêtée pour travailler. Ici, il s’agit d’un peintre qui, lui aussi, se place en marge du monde. Le 3ème qui vient de sortir en France évoque un musicien. Le processus de création, le caractère peu amène de l’artiste, le besoin de s’isoler, se retrouvent dans les trois textes.
    – Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin, traduit par Brice Matthieussent. En poche maintenant, ce Prix Edgar Allan Poe du Premier Roman en 2019 et Grand Prix de Littérature policière 2020 appartient à plusieurs genres : roman noir, un peu fantastique aussi et surtout Nature writing. On l’aurait d’ailleurs bien vu édité par Gallmeister. Mais non. Ce sont les éditions Rue de l’Echiquier qui s’y sont intéressées. Un homme recherché par un cartel mexicain trouve refuge dans une réserve privée des Appalaches en tant que garde-forestier. Des hommes genre red-necks-électeurs-de-Trump y pénètrent, y chassent. Il doit intervenir. La végétation, le relief, les animaux sont des personnages à part entière. Et c’est fort.
  • Deuxième partie de la soirée très vite et
  • prochain Chat Bleu prévu le jeudi 17 mars

Bianca Argimon – Le Portique

Un des dessins de Bianca Argimon au centre régional d’art contemporain, Le Portique, Le Havre, jusqu’au 15 mai 2022.
Du crayon de couleur. De grands formats. Des références à l’histoire de l’art (Uccello, Bosch et sans doute d’autres). Beaucoup à regarder dans ce fourmillement de scènes qui paraissent anodines. Erreur. Qui donnent l’impression de douceur. Erreur.
A voir absolument – surtout en ce moment –