Palmarès : je suis sûre que

vous en avez lu un bon nombre :

Les 25 chefs-d’œuvre de la littérature mondiale qui vont marquer le XXIᵉ sièclePALMARÈS. Quels sont les meilleurs livres depuis l’an 2000 ? Pour le savoir, nous avons demandé à soixante écrivains, éditeurs, libraires, traducteurs, critiques français et internationaux de choisir les cinq ouvrages qui ont imprimé à jamais leur mémoire. Verdict.

Publié le 01 avril 2025 à 16h00
Mis à jour le 02 avril 2025 à 11h58
Quels sont, parmi les livres du premier quart du XXIᵉ siècle, les chefs-d’œuvre qui s’inscriront dans l’histoire de la littérature mondiale ? Pour le savoir, Télérama a demandé à soixante personnalités (écrivains, éditeurs, libraires, traducteurs, critiques universitaires français et internationaux) de choisir les cinq ouvrages qui ont imprimé à jamais leur mémoire de lecteur.
Ces milliers de pages — 12 646 exactement, si on aditionne les 25 livres retenus dans ce palmarès – donnent furieusement envie de lire et témoignent d’une création littéraire aussi ambitieuse qu’audacieuse. Le roman n’est pas mort, au contraire, il se joue des frontières et ne cesse d’être réinventé. — Valérie Hurier, directrice de la rédaction

25. “La Carte et le Territoire”, de Michel Houellebecq (2010)

La carte est-elle plus intéressante que le territoire — autrement dit la représentation du réel plus passionnante que le réel lui-même ? C’est notamment autour de cette question que se déploie le cinquième roman de l’écrivain français — qui lui valut le prix Goncourt. Une fiction brillante, tout ensemble ironique et hautement mélancolique, doublée d’un autoportrait extravagant.
Éd. Flammarion.

24. “Une histoire d’amour et de ténèbres”, d’Amos Oz (2002)

L’intime et l’Histoire fusionnent dans les pages de ces sublimes Mémoires du grand écrivain israélien, dont ce récit autobiographique demeurera sans doute le chef d’œuvre. Retour sur son enfance à Jérusalem et sur la naissance concomitante de l’État d’Israël, hommage bouleversant à ses parents et ses aïeux, et à la langue hébraïque qui l’a vu naître écrivain.
Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, éd. Gallimard (2004).

23. “Neige”, d’Orhan Pamuk (2002)

De tous les romans remarquables de l’écrivain turc (Prix Nobel de littérature 2006), Neige est assurément le plus captivant, qui emboîte le pas d’un jeune poète exilé en Allemagne, revenu en Turquie pour s’égarer au fin fond de l’Anatolie. Une odyssée poétique et très politique, jalonnée de sinuosités narratives, scintillante de motifs et de sens, drapée de neige…
Traduit du turc par Jean-François Pérouse, éd. Gallimard (2005).

22. “Les Argonautes”, de Maggie Nelson (2015)

La forme hybride de ces Argonautes, mêlant récit d’une histoire d’amour et réflexions sur le genre, érudition et hypothèses, a érigé l’ouvrage de Maggie Nelson en livre de référence d’une démarche littéraire nouvelle et parfaitement contemporaine. Faisant de l’autrice américaine (née en 1973) une des voix majeures de la non-fiction contemporaine.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Michel Théroux, Éditions du sous-sol (2018).

20. “Purge”, de Sofi Oksanen (2008)

Née d’une mère estonienne et d’un père finlandais, Sofi Oksanen a secoué la planète littéraire avec ce roman éloquent qui embrasse, à travers ses deux personnages féminins, cinquante ans de l’histoire de l’Estonie, des occupations allemande, puis russe, jusqu’à nos jours, passant par l’effondrement de l’URSS. Une tragédie puissante, furieuse — non dénuée de compassion.
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, éd. Stock (2010).

20 ex-aequo. “La Plus Secrète Mémoire des hommes”, de Mohamed Mbougar Sarr (2021)

Écrit par le jeune auteur sénégalo-français, alors âgé de 31 ans, et placé sous le parrainage des Détectives sauvages de Roberto Bolaño, un beau et brillant roman, « livre-monde » tout ensemble complexe formellement et palpitant, cérébral et doucement ironique, foisonnant de thèmes et de personnages, et fondamentalement enclos sur un insaisissable secret.
Éd. Philippe Rey / Jimsaan.

18. “La Bascule du souffle”, de Herta Müller (2009)

Plongée dans l’univers du goulag, observé à travers les yeux d’un jeune narrateur inspiré par le poète Oskar Pastior,La Bascule du souffle a enfin révélé planétairement la beauté tranchante et spectaculaire de l’écriture de l’autrice, Roumaine germanophone émigrée en Allemagne de l’Ouest au mitan des années 1980, lauréate du prix Nobel de littérature en 2009.
Traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éd. Gallimard (2010).

18 ex-aequo. “Underground Railroad”, de Colson Whitehead (2016)

Dans cette éblouissante fiction — sa sixième —, tout ensemble roman d’apprentissage et fable humaniste, l’Américain virtuose se tient aux côtés de Cora, une jeune esclave échappée d’une plantation du Sud, dont il imagine l’odyssée fantastique à travers les États-Unis, jusqu’au nord du pays et l’accès au statut de femme libre.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Serge Chauvin, éd. Albin Michel (2017).

17. “O”, de Miki Liukkonen (2017)

Près de mille pages pour raconter sept journées, au long desquelles se croisent cent personnages souffrant tous d’une psychose : la comète finlandaise Miki Liukkonen (1989-2023), qui mit fin à ses jours à 33 ans, met en œuvre un labyrinthe narratif prodigieux, tout en offrant une méditation aussi hilarante que puissante sur le vertige de la condition humaine.
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, éd. Le Castor astral (2021).

16. “La Fête au Bouc”, de Mario Vargas Llosa (2000)

Le dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina (1891-1961), « père de la patrie » dominicaine, et son régime sanglant qui écrasa le pays durant trois décennies sont au cœur de ce magistral roman politique et polyphonique, qui examine de l’intérieur les ressorts de la tyrannie et ceux de sa mise à bas. Assurément le chef d’œuvre du prix Nobel de littérature 2010.
Traduit de l’espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan, éd. Gallimard (2002).

15. “La Végétarienne”, de Han Kang (2007)

La Végétarienne, ou l’histoire de Yonghye, la femme qui ne voulait plus ingérer de viande, et qui bientôt souhaita se dépouiller de son corps, s’effacer et devenir végétale… Dix-sept ans avant de recevoir le prix Nobel de littérature, en 2024, l’autrice coréenne livrait, avec cette fable énigmatique, sensuelle et épurée, un diamant noir aux éclats aussi tranchants qu’inquiétants.
Traduit du coréen par Eun-Jin Jeong et Jacques Batilliot, éd. Le Serpent à plumes (2015).

14. “Kafka sur le rivage”, de Haruki Murakami (2002)

Kafka Tamura a 15 ans lorsqu’il s’enfuit de la maison familiale. Ce roman initiatique lui emboîte le pas, ainsi que celui d’un vieillard nommé Nakata. À ces deux fils narratifs, le magicien Murakami suspend une matière romanesque à haut potentiel d’envoûtement. Bâtissant une indémodable fable, tout ensemble triviale et pleine de grâce..
Traduit du japonais par Corinne Atlan, éd. Belfond (2006).

13. “La Maison des feuilles”, de Mark Z. Danielewski (2000)

Une maison dont l’intérieur se dilate en un dédale sans fin, un vieil écrivain aveugle et son mystérieux manuscrit, un jeune intello marginal : voilà pour le décor et les protagonistes majeurs du premier roman de l’Américain Mark Z. Danielewski, vertigineuse quintessence de littérature expérimentale, mais aussi œuvre captivante et de toute beauté.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claro, éd. Denoël (2002).

12. “Solénoïde”, de Mircea Cartarescu (2015)

Un professeur de roumain de Bucarest, qu’une humiliation fait renoncer à l’écriture, tient un journal pour percer l’énigme de l’existence. Dans ce roman d’une force philosophique et poétique hors du commun, Mircea Cartarescu fait de la plongée hallucinée dans le cerveau d’un homme le point de départ d’une odyssée à travers toutes les connaissances.
Traduit du roumain par Laure Hinckel, éd. Noir sur blanc (2019).

11. “Le Lambeau”, de Philippe Lançon (2018)

Grièvement blessé le 7 janvier 2015, lors de l’attaque terroriste contre l’équipe de Charlie Hebdo, Philippe Lançon a tiré de son expérience de la douleur, physique autant que morale, ce remarquable Lambeau, livre calme et déterminé, empreint d’une grande douceur, dans lequel il s’emploie à sonder jusqu’aux abîmes, sans colère ni culpabilité, « la solitude d’être vivant ».
Éd. Gallimard.

10. “Americanah”, de Chimamanda Ngozi Adichie (2013)

Que d’énergie et d’intelligence rassemblées et concentrées dans ce roman brillantissime qui suit l’itinéraire d’Ifemelu, une jeune femme nigériane arrivée aux États-Unis pour y poursuivre ses études. Y découvrant le racisme — l’un des thèmes majeurs de l’autrice africaine, qui fait ici l’objet d’un exposé lucide, jamais dénué d’humour et très incarné.
Traduit de l’anglais (Nigeria) par Anne Damour, éd. Gallimard (2014).

9. “L’Adversaire”, d’Emmanuel Carrère (2000)

Quel effroyable visage du Mal offre-t-il à contempler, cet accusé jugé et condamné en 1996 pour les froids assassinats de ses deux enfants, son épouse et les parents de cette dernière ? Des interrogations intimes qu’a fait surgir en lui l’histoire de Jean-Claude Romand, mythomane et meurtrier, Emmanuel Carrère a nourri cette non-fiction inquiète, métaphysique et magistrale.
Éd. P.O.L.

8. “L’Année de la pensée magique”, de Joan Didion (2005)

L’expérience du deuil de son époux, l’écrivain John Dunne, terrassé par une crise cardiaque fin 2003, a dicté à l’iconique écrivaine et journaliste américaine Joan Didion (1934-2021) ce sobre et cru récit d’une traversée des ténèbres. Un voyage aride, sans consolation, au fin fond des terres désolées de la stupeur, du chagrin et de l’affliction.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Demarty, éd. Grasset (2007).

7. “Les Livres de Jakób”, d’Olga Tokarczuk (2014)

Dans ce roman époustouflant, précis et truculent, la Prix Nobel de littérature 2018 invite à un « grand voyage à travers sept frontières, cinq langues, trois grandes religions ». Une épopée politique et mystique qui plonge son lecteur dans la Pologne décadente du XVIIIᵉ siècle, pour s’attacher au destin extravagant du faux messie juif Jakób Frank (1726-1791).
Traduit du polonais par Maryla Laurent, éd. Noir sur blanc (2018).

6. “Les Années”, d’Annie Ernaux (2008)

L’admirable « autobiographie impersonnelle » que sont Les Années a permis à chaque lecteur de saisir pleinement ce qui fait d’Annie Ernaux (Prix Nobel de littérature 2022) une écrivaine majeure. À savoir, un geste littéraire : parler de soi pour tendre à l’autre un miroir où se reconnaître ; puiser à sa mémoire pour élaborer « une autobiographie qui se confonde avec la vie du lecteur ».
Éd. Gallimard.

5. “La Tache”, de Philip Roth (2000)

Dans ce roman, troisième volet de la Trilogie de Newark, le grand écrivain américain déroule l’histoire de la vie du professeur de lettres classiques Coleman Silk, construite sur un immense, un sidérant secret… Une narration infaillible, porteuse d’une ironique, froide et implacable dénonciation de « la tyrannie du nous […] qui meurt d‘envie d‘absorber l‘individu ».
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Josée Kamoun (2002).

4. “La Route”, de Cormac McCarthy (2006)

Son austère lenteur et sa lugubre beauté confèrent à La Route la grâce d’un long poème métaphysique. Un chant tout ensemble initiatique et sépulcral où se trouvent condensées les obsessions et les hantises de McCarthy (1933-2023),sans cesse revisitées de livre en livre : la violence des hommes, le rude combat auquel se livrent en ce monde le Bien et le Mal.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par François Hirsch, éd. Christian Bourgois (2008).

3. “La Fin de l’homme rouge”, de Svetlana Alexievitch (2013)

Auscultation du cœur et de l’âme de « l’Homo sovieticus », un individu élevé dans l’utopie socialiste puis passé sans transition du totalitarisme à une nouvelle forme de nihilisme, La fin de l’homme rouge est sans doute le plus magistral des « romans de voix » de l’autrice biélorusse. Un grand livre d’histoire humaniste, infiniment douloureux et formidablement vivant.
Traduit du russe par Sophie Benech, éd. Actes Sud (2013).

2. “Austerlitz”, de W.G. Sebald (2001)

Mêlant étroitement fiction et réalité, narration et méditation, et porté par la voix inconsolée, infiniment émouvante de l’écrivain allemand (décédé en 2001), le destin de Jacques Austerlitz, homme déraciné, perpétuel exilé, a valeur d’interrogation dense et grave sur l’Histoire, le temps vécu comme un processus de délitement, l’opacité de la mémoire. Un chef d’œuvre.
Traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau, éd. Actes Sud (2002).

1. “2666”, de Roberto Bolaño (2004)

La mort prématurée de l’écrivain chilien, en 2003, laissa ce livre, paraît-il, inachevé… On veut bien le croire, mais quel roman pourtant ! Tissant cinq fils narratifs, le magistral 2666 n’en finit pas de surprendre, de digresser, de proliférer de fascinante façon, s’autorisant tous les développements et les changements de point de vue pour méditer sans fin sur le Mal.
Traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio, éd. Christian Bourgois (2008).

CINEMA – au Studio, avec les Ancres Noires – un Maigret

Vendredi 28 mars, à 20h30,
La tête d’un homme de Julien Duvivier (1933) avec Harry Baur
est projeté
au Studio
– super cinéma d’art et essai patrimonial du Havre –
en partenariat avec les Ancres noires.
La séance sera présentée par Emmanuel Burdeau,
ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, qui collabore avec la revue littéraire en ligne En attendant Nadeau.

En avant-première, ici, la présentation de  Patrick Grée :

D’un certain classicisme et des cinéphiles.

D’abord : Duvivier, l’autre ! Face à Renoir. La cinéphilie (plus que la critique, et c’est tant mieux… pour la critique) marche comme ça, par grosses alternatives, binaires forcément ! Le cinéphile est binaire, acceptons-le une fois pour toutes. Donc Duvivier, le Poulidor du cinéma français classique. Pour beaucoup et non des moindres : le préféré en fait, le discret, le modeste, le soi-disant simple artisan mais (forcément) le meilleur. La cinéphilie procède aussi par inversions assez systématiques et violentes : c’est toujours “le moins”, celui de l’ombre, qui en fait vaut le plus, mérite les feux du cinéphile éclairé. Ne renaudons pas trop, cela nous a valu de belles (re)découvertes, voire de véritables révélations. Le bât blesse un peu certes quand l’Université s’en mêle et vire encore plus récupératrice de nanars que le cinéphile ébloui de quartier, ceci avec force gloses… universitaires.

Malgré tout en tant que cinéphile je préfère Duvivier, sa noirceur légendaire mais surtout ses “flash”, ses éclairs d’hystérie dans le naturalisme poétique des années trente : la course sur les toits de M. Hire campé par un Michel Simon particulièrement inspiré, la danse tragique d’Aimos, à nouveau sur un toit, dans La Belle Equipe, et toujours dans La Belle Equipe les copains allongés sur le toit (décidément) en plein orage pour protéger leur guinguette. Il faut dire que ces situations perchées permettaient à Duvivier les cadrages de traviole (il les qualifiait lui-même ainsi) qu’il affectionnait particulièrement. Mais c’est aussi le lyrisme réellement adolescent de Marianne de ma jeunesse (revoir d’urgence ce grand Meaulnes bavarois) ou le chien de Gérard Blain qui bouffe littéralement la garce géniale, Danièle Delorme (Viviane Romance n’était pas mal non plus dansPanique) dans Voici le temps des assassins, son meilleur opus années cinquante.

Et puis Harry Baur ! Un des fameux monstres sacrés de cette époque, tout habités qu’ils étaient du complexe de Cyrano :  » l’ai-je bien éructé ? « . Il peut en faire des tonnes le Baur même dans la retenue : ça s’appelle la sobriété m’as-tu vu ! Mais là quand même, chapeau ! La méthode Simenon-Maigret de l’imprégnation n’a jamais été aussi bien montrée : les cercles concentriques dans l’approche du suspect, de son milieu. Saluons au passage les seconds rôles prégnants, ici encore plus qu’ailleurs… et pourtant : relisons les notices du Barrot-Chirat* pour nous convaincre que Rignault et Inkijinoff n’étaient en rien des cas isolés. Même si Baur n’est sans doute pas le Maigret le plus fidèle à l’original, nécessairement plus neutre, plus “ fonctionnaire” comme le rêvait Simenon lui-même. Et là, attention ! : n’accordons pas un crédit définitif aux déclarations du grand romancier, fin stratège, excellent comédien lui-même, interprète émérite de sa propre personne (un peu à la Renoir tiens !), trop habile à se forger une légende, fabuleux vendeur de son œuvre et de ses prolongements, jamais à une contradiction près pour vanter les mérites du film qui fait l’actualité. Un coup le meilleur Maigret c’est Gabin (il en a tout de même tourné trois) et puis une autre fois c’est Pierre Renoir (le frangin). Fidèle ou pas l’interprétation de Baur est la plus marquante ! Baur au destin tragique et mystérieux. Mais là… je vous laisse enquêter.

Patrick Grée, le 21 mars 2025

PS (Patrick scriptum)

*Barrot-Chirat : Le très riche et remarquablement rédigé recueil de portraits d’acteurs français des années 30-40 d’Olivier Barrot et Raymond Chirat )… De préférence dans une de ses dernières mises à jour (Noir et blanc, 250 acteurs du cinéma français 1930-1960, Flammarion 2010).

Solène Langlais au Tetris – Le Havre

Samedi 1er mars,
après un atelier d’écriture et de mise en voix avec l’écrivaine Shane Haddad ( 2 livres parus chez P O L ), et organisé par deux jeunes femmes en service civique au Tetris,
avait lieu une performance de Solène Langlais.
C’était le vernissage et beaucoup d’anciens élèves de l’ESADHaR et du master de création littéraire étaient là.
Solène Langlais est graphiste ; elle a dessiné le logo de Ouest-Track Radio.
Elle a passé son diplôme en 2019 avec un travail sur la famille parfaite, « le mode de vie hétéro-normal ». La pièce Family relaxing on sofa se présentait ainsi : 2000 pages sur un socle et proposait « d’épuiser cette image normale de manière collective. Chaque visiteur.euse est invité.e à se saisir d’une feuille, faisant ainsi diminuer le stock et décomposant la famille jusqu’à sa disparition. »

Ringside seat, visible au Tetris au Havre jusqu’au 29 mars 2025, est la première exposition personnelle de Solène Langlais. Le sujet, servi par deux vidéos – un cut-up à partir de treize films parlant de boxe et une sorte de chorégraphie qui « reprend les codes du shadow boxing »-, des objets, et des textes, est la boxe que la jeune femme pratique en amateure.

La performance consistait en la présentation et l’installation dans l’espace de textes brefs par Solène Langlais marchant posément, voire lentement, en talons hauts argentés, court short rouge et petit haut blanc. Ces textes sur « dix panneaux recto-verso reprenant des répliques de films de boxe. Initialement adressées aux boxeurs, elles prennent un double sens sorties de l’écran. A travers cette oeuvre, elle interroge le Male Gaze. »
Cette performance : pour moi,
un moment d’audace par le temps long recherché, le rythme lent voulu, dans un monde où si cela ne va pas vite, c’est mort, vu notre faible capacité de concentration et/ou notre envie de toujours plus vite passer à autre chose.
Mais ce n’est pas que ça :c’est aussi la place des corps, de la femme et de l’homme dans ce sport.
Un moment de courage puisque, même si le public ici était un public de vernissage, constitué presque uniquement de créateurs ou assimilés, de copains, ils et elles ont vite parlé, bu un pot, mangé un morceau pendant ce temps…

Une belle pièce, pleine de sens. A ne pas survoler, à voir, à lire vraiment. Dans chacun de ses éléments.

32 ème festival Les BOREALES

Les Boréales, c’est de la musique, de la danse, du théâtre, du cinéma, des expos et la LITTERATURE.
Cette année, le pays mis en avant est la Finlande.
Mais il n’y a pas que des auteurs finlandais.
Les Islandais étaient nombreux ce week-end : Hallagrimur Helgason, Thora Hjörleifsdottir, Sigridur Hagalin Björnsdottir et Jon Kalman Stefansson.
Des Norvégiens également, tous deux chez Gallmeister : Maren Uthaug et Lars Elling.

De Finlande,
– le poète, musicien, et activiste same, Jalvvi Niillas Holmberg, auteur de La femme grenouille, paru au Seuil en 2024..
– Pirkko Saisio, auteure multi-cartes, dont deux tomes d’un « journal intime » La trilogie de Helsinki viennent de paraître chez Robert Laffont en 2024.
Ces deux auteurs sont traduits par Sébastien Cagnoli
– Maria Turtschaninoff, Finlandaise suédophone autrice de Nevabacka chez Paulsen 2024. Traduction de Marina Helde et Johanna Kuningas.

A remarquer : les Sames prennent place dans la littérature de ces contrées.
Holmberg voit son livre comme la continuité de son activisme contre le colonialisme qu’a vécu ce peuple, sous forme de christianisme autrefois et maintenant d’écologie. Les peuples autochtones en ont assez qu’on choisisse pour eux, assez de l’extraction minière, des coupes massives de forêts, assez qu’on les tienne éloignés des décisions.
Son livre évoque la dualité de deux modes de valeurs, la vision moderne et la culture originelle.
Maren Uthaug (en blanc et noir sur la photo) est à demi Same mais elle insiste, elle, dans son livre, 11 %sur le féminisme. Elle le fait de manière complètement humoristique et radicale.

Remarquable et féministe aussi : Magma de Thora Hjörleifsdottir, aux éditions Agullo,, traduit par Jean-Christophe Salaün. Cette auteure a, auparavant, publié de la poésie. Le texte se présente en courts chapitres, de plus en plus courts, montrant que Lilja commence à s’effacer. Très frontal, cru, il a pour but de dénoncer la violence invisible, psychologique dans une relation toxique. Lilja est une jeune femme ordinaire,  sans fragilité, avec un socle social solide.
Thora Hjörleifsdottir a eu, à l’époque de la publication en Islande, un peu peur des réactions, a été la première surprise de la réception hyper-positive du livre. Il est maintenant traduit en treize langues et Oprah Winfrey en a parlé en 2021.
Sigridur Hagalin Björnsdottir et Jon Kalman Stefansson ont clos le week-end. Avec le charme (oui, je sais…) et l’humour qu’on connait à l’auteur de Mon sous-marin jaune, éd. Christian Bourgois et à son traducteur Eric Boury.

Arno Bertina nous invite

 
« Hello, hello,
Le mardi 5 novembre à 17h30, l’Ehess inaugure la chaire de création artistique en organisant une rencontre autour de mes livres. Elle se tiendra dans le grand hall du 54 boulevard Raspail, à Paris. Des chercheuses et des chercheurs de l’Ecole ont accepté d’échanger avec moi (Anne Lafont, Pascale Barthélémy, Marielle Macé et Gisèle Sapiro), ce qui me touche infiniment. La rencontre est en accès libre, on ne vous demandera pas votre carte d’étudiant.e, pas non plus votre déclaration d’impôt ou votre dernier bilan sanguin. Je serais vraiment très heureux de vous apercevoir à cette rencontre un peu hors-norme, et de trinquer avec vous ensuite – que le verre soit offert par l’Ecole ou par moi (il suffirait alors de traverser la rue). Vous notez la date du 5 ? Il sera surtout question de « Des lions comme des danseuses », de « L’âge de la première passe », « Des Châteaux qui brûlent » et « Ceux qui trop supportent », mais peut-être aurai-je aussi à coeur de renvoyer vers leurs travaux respectifs… Allez, dites-moi que vous avez noté la date du 5 ? »
Certaines d’entre vous se rappelleront du déjeuner avec Arno Bertina à la cantine du fort, de sa gentillesse, de son énergie, de son investissement.
Des lions comme des danseuses est à lire en parallèle du film Dahomey..
L’âge de la première passe
parle de jeunes femmes africaines et de leurs corps utilisés.
Des châteaux qui brûlent théâtralisé et présenté au Volcan était l’occasion de la venue d’Arno au Havre. Mais lisez le livre, en Folio !
Ceux qui trop supportent est un document fondamental sur le fonctionnement capitaliste  : production et ouvriers moins importants que bourse et actionnaires.

 


Les USA à la Galerne

Richard Ford, mardi 1er octobre, Joyce Maynard, le 2 et Craig Johnson le 3 !
Richard Ford était accompagné de sa traductrice, Josée Kamoun, auteure du Dictionnaire amoureux de la traduction.
Ford comprend le français mais préfère répondre en anglais. Il est là pour le cinquième roman ayant pour personnage Frank Bascombe : Le paradis des fous, éditions de l’Olivier : » Je n’ai pas vraiment de relation avec Frank Bascombe. (…) Je n’ai pas eu de vie intéressante, j’ai juste écrit des livres intéressants. (…) il y a des années, ma femme – depuis 57 ans -, alors que j’avais publié deux romans que personne n’avait lus, des livres « faulkneriens », m’a suggéré d’écrire sur quelqu’un d’heureux. C’est un grand sujet. (…)
Le peu plausible est un bon point de départ. »
Dans ce livre, Bascombe, 74 ans, voyage avec son fils, Paul, 47 ans, mourant. « A mesure que je vieillis, j’éprouve de plus en plus d’intérêt pour la mort. »
Ils vont au mont Rushmore, voient le Corn Palace dans le Dakota, « une sorte de Kremlin, une salle des fêtes très très bizarre. J’y suis allé une fois et je voulais l’avoir dans le livre. C’est OK parce que si ça m’intéresse, ça va être bon pour le lecteur. »
Richard Ford a de l’humour, et quand on lui parle de la situation politique américaine peu évidente, il rétorque :  » Pensez-vous que, en France aujourd’hui, vous pouvez dire que tout est clair ? »

Craig Johnson et son stetson, pour la deuxième fois ici. La première était en 2012. Le 3 octobre est le premier jour, et de sa tournée en France, et de la sortie, chez Gallmeister, traduit par Sophie Aslanides, de Le dernier combat, son 22è roman.
Johnson a fait plein de boulots, dont policier à New York. Né dans une famille de conteur d’histoires, avec une mère d’origine française, professeur et bibliothécaire, il a réellement commencé à vivre avec l’écriture. Ses « damaged heroes »  ont du Athos ou du Jean Valjean. « Je trouvais que, dans le roman noir, les hommes étaient différents des policiers que je fréquentais. » D’où le personnage de Walt Longmire, shérif du 24è comté du Wyoming, comté fictif, le plus vide.
Craig Johnson a un doctorat d’études dramatiques et pour lui, le dialogue est très important pour caractériser un personnage. « On ne le décrit physiquement qu’une fois mais sa voix, son ton, ses mots disent tout de lui. »
Une série d’après son oeuvre existe, mais « l’imagination du lecteur est bien plus efficace que la série »
Ce roman a pour point de départ un tableau : Le dernier combat de Custer, popularisé par le brasseur Budweiser. Ce combat est un massacre d’Indiens, la bataille de Little Big Horn, un lieu historique qui n’est pas loin de sa ferme, dans le Wyoming, où il est « voisin de Cheyennes, de Crows et de Lakotas. Après cette bataille, ils n’ont plus eu de lieu où aller. On a parqué ces tribus ennemies dans des réserves proches les unes des autres en espérant qu’ils s’entretuent. Mais ils ont réussi à s’entendre. Ils sont magnifiques dans leur culture, leurs croyances (…) Il y a actuellement d’excellents auteurs et pas seulement en fiction. Parmi eux, beaucoup de « native writers » dans la région, et ils donnent un (autre) sens à l’Ouest. »

 

Alan Parks était à La Galerne

En France pour quelques jours seulement, arrivé de Glasgow l’après-midi même, Alan Parks était à La Galerne le 25 septembre. Il y présentait Joli mois de mai, paru en français aux éditions Rivages, alors que le 6ème, To die in june, (à paraître en France en février 2025est déjà sorti au Royaume-Uni et que le 7ème est déjà écrit.

Parks a longtemps travaillé dans l’industrie du disque à London Records. Il y créait le visuel de pochettes. Et on trouve de la musique dans ses romans.
Il n’a commencé à écrire qu’à 53 ans. D’abord pour la TV puis un roman : « Je me sens un peu coupable face à ceux qui ont du mal à se faire publier ; je n’ai jamais eu ce problème.(…)
J’ai tendance à écrire trop et en même temps, avoir peur que les gens s’ennuient
: il est plus facile d’en faire plus et d’en enlever que le contraire.(…)
Au début, j’avais l’idée de faire un livre documentaire sur les logements sociaux à Glasgow  puis je me suis dit que cela n’allait pas intéresser grand monde. C’est comme ça que je suis arrivé au roman noir. Mon personnage Harry McCoy, 30 ans dans le premier, était le produit de la contre-culture des années 60, ce qui faisait un contraste avec le reste de la police. Il a des fêlures, a grandi en foyer. Mc Coy n’est pas moi, même si on a des points communs : on fréquente les mêmes pubs…
Cela se passe à Glasgow parce que c’est une ville que je connais bien, et dans les années 70 parce que c’étaient des années difficiles pour cette ville et l’Ecosse : toute l’industrie s’était effondrée et on vivait une grosse crise sociale. J’aime écrire sur les laissés pour compte. Un sans-abri vivait dans la gare, McIlvanney l’a mis dans un de ses romans, Laidlaw. Je me suis aperçu que je le connaissais, qu’on pouvait écrire sur quelque chose de proche,  et pas forcément des histoires de pirates (…)
Les méchants, je les aime plutôt bien, les méchants dont c’est le travail d’être méchants.
(…) Je n’ai pas besoin de silence, je travaille partout, dans les cafés, dans les trains (Glasgow-Londres : 5 heures de trajet, c’était un bon moment pour écrire toutes les semaines), les avions, les aéroports – Mais ça peut avoir des aspects négatifs : j’ai oublié une fois mon ordi dans celui d’Amsterdam avec, dedans, le manuscrit d’un texte terminé dont je n’avais aucune copie… Heureusement, on me l’a renvoyé !… et je pense un peu plus à faire des sauvegardes –
Je ne fais pas vraiment de plan ; le point de départ, ce sont des lieux : je veux les intégrer et je dois trouver la raison de les placer dans le livre.

On aimerait beaucoup le voir, les 14 -15 juin 2025, au festival du Polar à la plage. 
On a essayé… On verra.

Paul Sartre traduisait ce soir comme la veille David Joy, pas plus gêné semble-t-il par l’accent écossais … que par celui des Appalaches.

Et le feu d’artifice continue : Richard Ford  est attendu à la Galerne mardi 1er octobre !!!!!

David Joy : donner des voix à des sans voix

Un long corps, une barbe rousse sous une casquette, David Joy est à la Galerne, au Havre. Il est arrivé de Caroline du Nord la veille. Il est en France pour un mois.
Il vit au coeur de la nature, « où il voit peu de gens mais beaucoup d’ours. » Il écrit sur cet endroit. « j’essaie d’écrire une histoire très humaine à l’endroit que je connais. Je viens de gens à qui on n’a jamais donné la parole. »

Le point de départ des livres dépend de chaque histoire : la première est née d’une image : celle d’un très jeune garçon qui se tient avec son père devant un sanglier. Le père veut qu’il le tue. Lui, ne le veut pas. Pour le dernier roman, je voulais écrire sut la suprématie blanche. Le pays est fondé sur la suprématie et ceux qui bénéficient de ce système, ne veulent pas l’admettre. Je voulais les y obliger. 
(…)  Le silence est de la complicité mais je ne pense pas que la littérature doive s’engager . Elle a à susciter une réponse émotionnelle (…) à mettre en lumière les aspects de la condition humaine. (…)
je voulais rendre le lecteur blanc mal à l’aise. (…)
Les deux visages du monde
est un roman noir parce que  » je suis influencé par des écrivains : Larry Brown, Ron Rash..
Ce roman vient d’une idée, Je suis fier d’être de Caroline depuis douze générations mais c’est très compliqué : ces gens ont eu des esclaves. C’est un endroit très puissant pour créer de la fiction. La fiction bénéficie énormément du conflit.
Mon père a grandi dans la pauvreté. Il est dur de regarder un homme comme ça et lui dire qu’il a vécu une vie de privilèges, mais c’est vrai, il n’a pas été arrêté par la police, a toujours eu un meilleur salaire que son collègue noir.
Les fins heureuses ne m’intéressent pas. Les Américains les aiment, n’ont pas envie d’être mal à l’aise.
C’est pour ça que mes livres sont plus appréciés en France qu’aux USA où on veut des livres d’aéroport. Les Français demandent plus de l’art.
J’ai tendance à écrire sur des personnes dos au mur. (…)

Chaque roman a été écrit différemment : le premier, la nuit, entre 22h et 4 h du matin. C’était une nécessité, j’avais deux métiers. Maintenant, je n’ai plus besoin de faire ça.. Je n’écris pas tous les jours mais j’ai confiance.(…)
Je n’avais jamais fait de plan  mais celui-là est différent, j’ai essayé de faire une histoire avec du mystère. Là, un plan est nécessaire.(…)
Oui, je détruis beaucoup : pour le 1er livre, j’ai brûlé 15 000 mots, pour le 2ème 30 000, pour le 3ème toute la première version… « I’m getting worse…(rire)
En
 ce moment, je travaille sur un livre à la première personne. Et je joue avec l’idée d’une fin heureuse ! »

Et David Joy finit par :« Les librairies indépendantes attirent de bonnes personnes. Ce sont des sanctuaires. Je vois comme vous êtes fiers de me recevoir. Ce n’est pas possible ailleurs. Amazon ne peut pas faire ça. »

Ça fait un peu longtemps

Pas de Pièce Unique terminée en vue.

Pas de réunion bouquins récente  – la prochaine est le jeudi 19 septembre, à 18 h, à L’éloge du monde. Un lieu tenu par Hélène qui prépare des voyages cousus main. On essaiera jeudi de voyager un peu aussi…

Pas d’énervement autour d’une expo.
Au contraire, une belle journée à Caen, de vraies joies, joie devant les peintures et sculptures de Sean Scully, dans l’église St Nicolas
et plaisir de continuer à l’artothèque, avec le résultat de la résidence de deux jeunes artistes : Justine Eliès et Arthur Heilporn : un travail très graphique, très fin, léger et ludique . Je suis fan de leur « vis de forme » : jeu avec les mots : petit multiple en verre…en forme de vis.

Quant à l’expo au musée des Beaux-Arts, Le spectacle de la marchandise- art et commerce 1860-1914, elle était très, très intéressante. Peu de peintures vraiment « belles » et même quelques unes de GRANDS peintres, franchement moches et peu représentatives de leur travail… Mais un ensemble documentaire, historique de qualité.
Et puis quand même, entre autres, un Walter Sickert, La blanchisserie (1885), un Café parisien de 1906 d’Albert Weisgerber, un adorable petit Vuillard : enfant avec écharpe rouge (environ 1891), une super gravure sur bois de VallottonLes modistes (1894).

Depuis,
aussi sur l’art,
le film de Mati Diop : « Dahomey »
C’est à voir et il faut se presser : vous savez bien, la première semaine est décisive pour un film et nous n’étions que quatre à la séance à laquelle j’assistais…
Un documentaire, un moyen-métrage : le retour de 26 « objets » au Bénin : du musée français du Quai Branly, où ils étaient » emprisonnés » – longs couloirs gris – plus qu’abrités, au palais présidentiel où ils sont exposés. Plein de questions naissent de et dans ce film, posées par les étudiants : pourquoi 26, alors que ce sont des milliers de pièces qui sont dans nos musées ? Comment les voir, les montrer ? Quel est leur statut : oeuvres d’art ou objets religieux ? A qui les rendre ? etc…

Bof !

Aller voir du David Hockney. Son Normandism… En être déçue, enfin non, parce que jamais trop aimé. Mais là, quand même, pire !
Regarder autour : les grandes machines de ce musée des beaux-arts de Rouen :
des tableaux XXXL. Scènes de grand genre – religion, mythologie -. Non, pas les regarder…puisque ne pas voir l’intérêt. Continuer ailleurs : l’impressionnisme … forcément !…Lire les cartels et voir, voir que ce ne sont pas souvent des achats, ou alors pas de l’époque, plus souvent des dons, des legs ou des dépôts de musées nationaux. Donc voguer plus loin et trouver des sujets d’étonnement :
– le « Voltaire assis » de Jean-Antoine Houdon (1741-1828) version en papier mâché exécutée dans l’atelier d’après le marbre conservé à la Comédie française.
– Des « miroirs-luminaires », peut-être italiens, du XVIIIème siècle dont la fonction « n’est pas de servir de miroir mais de créer avant tout de la luminosité » Un bras avec chandelle manque mais le miroir est couvert de dessins et le produit de techniques : « verre (…) églomisé, c à d qu’il a reçu au revers le décor d’une feuille d’argent » puis « étamé avec un amalgame d’étain et de mercure ». Fait donc, non pour « réfléchir » mais pour « miroiter ».
– La manière de ce musée de nommer les salles : avec un nom de « vedette » : Velasquez, Caravage, faisant croire que la salle contient DES Velasquez, DES Caravage. Eh ben non ! Une seule oeuvre et des suiveurs.
Mais très belle, cette Flagellation du Christ à la colonne de Caravage. Magnifique ce Christ musculeux, un vrai corps.
Trouver aussi, quand même, des sujets d’admiration ou de contemplation : ce Caravage très humain, presque « bad boy », deux petites huiles de raisins noirs et blancs de Louis-Léopold Boilly (1761-1845), des études de Jacques-Emile Blanche, bien bien plus belles que ses toiles achevées. Le portrait de Mauriac, par exemple. Enfin, un bronze de Jacques Lipschitz de 1923 : la tête de Raymond Radiguet.

Toujours de mauvaise foi…
Il y a évidemment plus que cela d’intéressant
dans ce musée…
« bourgeois » …