Un vin délivre
Cette fois, au Chat bleu, les vins étaient chiliens, produits dans les hauteurs: un Sauvignon blanc et un rouge Carménère, issus du Domaine Laroche des terres de Chablis , frais, intensément fruités.
Des livres, chiliens ou non, les accompagnaient, mais auparavant un post-scriptum espagnol : une grande lectrice-amie voulait dire tout le bien qu’elle pensait de CONFITEOR, le dernier livre de Jaume Cabré, Actes Sud, 2013 : « profondément touchant, brillant, intelligent, virtuose de construction » sur lequel il a travaillé pendant huit ans et dont on sort « durablement impressionné, troublé, ému, admiratif »!!!!!!!
Chili : Le 2 octobre 2013, c’était la sortie nationale du documentaire LES ENFANTS DES MILLE JOURS, de Claudia Soto Mansilla et Jaco Bidermann évoquant les trois ans de gouvernement de Salvador Allende avant sa mort au Palais présidentiel le 11 septembre 1973, avant la dictature d’Augusto Pinochet, certes terminée mais dont la constitution est toujours en vigueur… Anniversaire donc. Il semble que si l’on cherche en France des textes d’auteurs chiliens, on trouve principalement des livres d’émigrés politiques. L’un d’eux, le plus connu peut-être, Luis Sepulveda, fut arrêté, torturé, vécut en exil pendant 14 ans. HISTOIRES D’ICI ET D’AILLEURS, ed. Métailié 2011, repris en poche en collection Points est un ensemble de chroniques d’abord publiées dans un journal en 2009. Elles évoquent l’exil, les amis écrivains, le retour au Chili : « dans le discours officiel, tout a changé : maintenant on appelle ignorance le manque de courage civil et la complicité avec les criminels en uniforme, l’oubli des devoirs élémentaires est devenu de la négligence et l’assassinat, un excès. (….) concours d’euphémismes » (p.10), les mille jours : « chaque Chilien était membre d’au moins trois associations différentes. En y repensant, le mot élire m’a semblé beau et lointain, (…) Et je me suis également rappelé, avec un mélange de douleur et de honte, que j’avais fait partie de ceux qui, avec dans une main les plus douteuses interprétations du marxisme et dans l’autre les plus nobles intentions, avaient porté les premiers coups mortels à cette vie démocratique et saine. » (p.13), la croyance dans le livre comme salvateur quand (p.48), il évoque un adolescent « bibliothécaire volontaire dans une commune pauvre de Santiago », venu demander des livres : « je le regarde s’éloigner, convaincu et décidé. Cet agitateur de la lecture, ce dangereux combattant de la culture : je pleure, parce que tout n’est pas perdu ».
CHIENS FERAUX de Felipe Becerra Calderon né en 1985, est un premier roman et a reçu, à ce titre, le prix Roberto Bolano en 2006. Il est paru en France en 2011 aux éditions Anne Carrière. Ce livre parle aussi de la dictature alors que l’auteur, trop jeune, ne l’a pas vécue. Il dit dans son avant-propos qu’elle est entrée en lui par l’ouïe, avec tous ces gens qui, au cours de longs repas, en parlaient, qu’ils soient du côté des victimes ou des bourreaux. C’est un texte de plus en plus lyrique (p.126-127).
On a aussi évoqué :
– les polars de John Burdett, un ancien avocat d’affaires anglais. Tous se passent à Bangkok, avec un enquêteur métis incorruptible et nous plongent dans la culture bouddhiste… sur fond d’industrie du sexe.
– une merveille, HOME de Toni Morrison
– et une autre merveille, LES TROIS LUMIERES de Claire Keegan.
Le prochain rendez-vous est le jeudi 5 décembre à partir de 18h,
toujours au Chat Bleu parce que le vin délivre!