Et comme on se mêle de tout : 4) l’expo de Paul Graham

au BAL,
(joli nom, non?),
association des amis de Magnum,
6 impasse de la Défense 75018, près de la place Clichy et du cinéma des cinéastes,
(joli endroit aussi!) : café, librairie de photographie et galerie :
on peut voir jusqu’au 9 décembre, le travail du photographe Paul Graham : petite rétrospective, après Londres et Essen, qui va de « Beyond caring » (1984-85) à « the present » (2011).

« Beyond caring »,c’est une enquête sociale dans l’Angleterre de Margaret Thatcher: photos couleur – ce qui, vu le sujet, dérange alors –  prises dans des lieux improvisés d’aide sociale. On lui a refusé le droit de photographier. Il déclenche sans viser, l’appareil au sol ou sur une chaise. Et ce qui saute aux yeux, c’est la laideur des lieux, la tristesse des attitudes, la juxtaposition des solitudes. Etrange effet que de regarder, en 2012, dans un bel espace (bobo?), une exposition sur un tel sujet, historique certes mais aussi actuel…
« The present » montre des scènes de rue dans  New York : elles vont par deux, captées à quelques secondes l’une de l’autre.
Le travail engagé de Paul Graham, loin du bavardage et des fioritures,  passe par le spectaculaire « American night » (1998-2002) où il montre la diversité des USA en surexposant ses images des quartiers défavorisés au point de les rendre pratiquement invisibles.
Une  expo intelligente aux sujets toujours contemporains.

 

Et comme on se mêle de tout : 3) Le dernier film de Noémi Lvovsky!

Si on cherche « fraîcheur » dans un dictionnaire de synonymes, on trouve par extension : « grâce ».
CAMILLE REDOUBLE, c’est ça :
une grande fraîcheur, (de) la grâce,
parce que le film est basé sur une jolie idée : le retour en enfance, en sachant la suite et surtout parce que Noémi Lvovsky joue parfaitement, ou plutôt ne joue pas.
Elle est Camille, à 16 comme à 40 ans.

Un livre nous a plu : « Dans l’ombre »

un presque faux polar,
un presque vrai livre de politique,
un roman à quatre mains, le deuxième
d’Edouard Philippe, actuel maire du Havre et Gilles Boyer.
En France, une élection présidentielle pleine de danger après des primaires où il semble qu’il y ait eu fraude. C’est l’apparatchik du présidentiable, narrateur, qui révèle les coulisses d’une campagne électorale avec morts.
Un ton plein d’humour mais pas seulement :
impression de sincérité au royaume assumé de l’insincère, impression qu’au-delà de l’histoire policière qui fonctionne, on nous parle, de l’intérieur, tous camps confondus, vraiment, de ce milieu-là, de ces moments-là.
(ed.J.Cl.Lattès 2011, livre de poche 2012)

Et comme on se mêle de tout… : 2) CINEMA!

On adore la bande-annonce de rentrée du cinéma 2012 faite par la fédération des cinémas français et BNP Paribas. Allez voir!
Bonne rentrée en émotions!

Et comme on se mêle de tout : 1) la Dokumenta 13, à Kassel

Beaucoup d’entrées possibles, évidemment, dans cette énorme expo quinquennale dont la commissaire est, cette fois, Caroline Christov-Bakargiev : bien sûr, l’écologie mais aussi par exemple, l’histoire, l’engagement.

Première remarque : des mots en abondance à la Dokumenta, dans les travaux souvent, sur les cartels toujours. En anglais, en allemand.
Et ils sont indispensables puisque, nous l’avouons…., dans leur écrasante majorité, les noms des artistes nous étaient inconnus. Insuffisance personnelle ou appartenance à des histoires nationales de l’art. Resituer le travail, parler de la pièce est plus qu’utile. Elle ne se suffit souvent pas à elle-même, a besoin de son contexte pour éviter le contresens. D’autant que sont mêlés dans les mêmes lieux d’exposition, les espaces – artistes du monde entier – et les temps – XXè et XXIè siècles -.

Deuxième remarque : la volonté d’évoquer l’œuvre d’artistes disparues plus ou moins militantes, de les extraire de leur contexte historique national, de montrer leur vraie place, leur modernité : tapisseries politiques des années 30 d’Hannah Ryggen, travaux de 1927

Charlotte Salomon

Les cahiers de Charlotte salomon

de l’australienne Margaret Preston sur les « objets indigènes », pièces « ethniques » de Doreen Reid Nakamarra australienne elle aussi mais du peuple pintupi ou cahiers de Charlotte Salomon, alliage d’histoires personnelle et mondiale.
Une forme de féminisme? et alors?
D’ailleurs, superbe, la définition qu’en donne Rebecca West dans une pièce de Susan Hiller : « Je n’ai moi-même jamais été capable de découvrir ce qu’est le féminisme, je sais seulement que les gens me disent féministe chaque fois que j’exprime des sentiments qui me différencient d’un paillasson… »
Superbe aussi la pièce de Susan Hiller : « 100 chansons pour les 100 jours de la Dokumenta ». Installation sonore avec jukebox, textes au mur des chants qui ont marqué les nations du monde entier au XXè siècle et livre redonnant le contexte politique, sociologique, d’apparition de ces chants. C’était drôle, les gens restaient, écoutaient, faisaient leur choix sur le jukebox. Les jukebox, on les retrouvait dans deux cafés de Kassel, sans explication mais utilisables gratuitement.

Autre belle pièce, et nous finirons sur elle, l’installation dans le Karlsaue (n°98) « Light and belief », 2012, sur la guerre du Vietnam: sont rassemblés des portraits, scènes de guerre au crayon ou à l’aquarelle faits à l’époque par des artistes qui, dans une vidéo actuelle, parlent de ces dessins, de leur utilité alors.

Bien d’autres choses encore sont à voir à Kassel jusqu’à mi-septembre.