Emilie Rousset, artiste associée au Volcan

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Allez, enfonçons des portes ouvertes : le travail d’Emilie Rousset est VRAIMENT, VRAIMENT BIEN !
Sa Reconstitution : le procès de Bobigny, cosignée avec Maya Boquet, est remarquable.

Le spectateur n’est pas dans la salle mais sur le plateau. Placement libre est-il écrit sur le billet mais il faudrait ajouter un « s ». Tout au long des 2h30 de spectacle, on change plusieurs fois de place.
12 emplacements sont délimités : sièges en cercle autour d’une chaise avec un micro.
Au début, on nous a remis une feuille avec les 12 possibles : 12 noms de personnalités et leur définition : ex : » René Frydman – obstétricien-gynécologue » ou « Weronika Smigielskav – féministe activiste polonaise« . On nous a aussi expliqué que, dans le temps imparti, on ne pourrait entendre que 8 témoignages.
On s’installe donc et arrive alors un comédien ou une comédienne qui dit un texte de cette personnalité. Ce texte provient d’archives et de rencontres avec Emilie Rousset, des entretiens qui duraient environ trois heures et qui sont résumés en à peu près un quart d’heure. Les 12 personnes sont très différentes, voire opposées, contre et pour l’IVG. Elles ont du recul ou non : sociologue , professeur de droit public ou militant anti-avortement. Elles disent la situation à l’époque ou depuis, en France métropolitaine ou à La Réunion et  tous ces éléments juxtaposés sont frappants.
Une performance qui nous rend actifs, nous fait réfléchir, comprendre une histoire dont nous ne connaissons, souvent, pas tous les aspects.
Et assez fascinant est le fait de savoir que personne n’a vu ni entendu le même spectacle !

Le Volcan, 11h du matin

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Pourquoi suis-je là ? A une heure pareille ?
C’est pour enfants, à partir de 7 ans !
Qu’est-ce que je fais là ?

Je ne me le demande pas longtemps : je souris tout au long de La belle au bois dormant revue et corrigée par le collectif Ubique.
( le sourire – dont tout d’un coup je m’aperçois –  pendant une pièce, un concert, un ballet, c’est le signe que je suis bien, que c’est pour moi )

La prestation de Ubique, c’est de la musique : un s’occupe des percussions, une du violon et un autre du théorbe. C’est du texte, joué, de leur chaise, par les trois comédiens-musiciens. De leur chaise, oui. Ils sont toujours assis et pourtant c’est bourré d’idées de mise en scène : gestes, sons, intonations, lumières. C’est un tempo : pas d’ennui mais pas non plus de compromis. C’est fait de ruptures de rythme et de registres. C’est enlevé, c’est intelligent, c’est drôle.
Et ça marche, clairement, pour les adultes comme pour les enfants.

En plus, s’appeler Ubique !
Philip K. Dick : Ubik, si vous ne connaissez pas, allez voir

Bon, je ne sais pas ce qui s’est passé

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oui, je ne sais pas comment il se fait que mon texte sur Café crime n’est pas le même sur ma page et sur celle que vous voyez. J’avais ajouté quelques infos sur les livres de Ellory, de Yusuke Kishi et parlé de Ivy Pochoda, l’ Américaine. Mon ordi a fait grève, semble-t-il. Je n’ai donc pas continué sur les polars français, last not least, que je gardais pour la fin.
Espérant la grève terminée (je précise, arrivée sans préavis), voilà :
– de Hugues Pagan, le lauréat des Ancres noires et des Robes noires de 2023, présent au festival du Polar à la Plage au Havre, mi-juin 2024 : Tarif de groupe, en Rivages poche. «  L’usine  »  et ses méandres, l’usine étant la police dont Pagan a été membre. Pagan est un styliste, toute question de littérature de genre, bon ou mauvais, mise à part.

Guerre d’Algérie. Manifestation sur la place de la Concorde, pendant l’émeute à Alger. Paris, 13 mai 1958.

– de Thomas Cantaloube : Requiem pour une république, un des opus d’une trilogie, à la Série noire de Gallimard. Cantaloube travaille sur des faits réels, historiques. Ici, sur le début de la cinquième république, sur la décolonisation de l’Algérie, sur le massacre de Charonne.
– de Jérôme Loubry : Le chant du silence, en livre de poche. Cela se passe et en 1995 et maintenant. Un « page turner » dit la jeune libraire.
– de Armand Cabasson, sur le premier « profiter » de l’histoire, sous le premier empire. En 10-18, Les furieuses.
de Christophe Corvaisier, Opération Némésis : au moment de la chute de l’Irak, Justine qui veut être agent de la DGSE, est manipulée.
– Enfin, un essai : Le goût du crime – enquête sur le pouvoir d’attraction des affaires criminelles d’Emmanuel et Mathias Roux chez Actes Sud, 2023 : le fait divers remplace le mythe.

Café crime – 2ème

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En février (2024), à la Petite Librairie, on parlait, entre Ancres Noires, libraire et lecteurs, de romans noirs, true crimes et thrillers.
C’étaient, pour le polar étranger, des livres :
de L’IslandeTrahison de Lilja Sigurdardottir, paru aux éd. Métailié en 2020, trouvable en poche, traduit par Jean-Christophe Salaün.
Lilja Sigurdardottir, accompagnée de son traducteur, était aux Boréales en novembre 2023. Ce livre évoque une femme qu’on appelle au rôle de ministre à son retour en Islande, après un passage traumatisant comme directrice d’une ONG dans un P V D.
A la suite d’une de ses premières prises de position, en faveur d’une femme, elle se trouve tout à coup menacée dans sa vie personnelle…
Le clan Snaeberg d’Eva Bjorg Aegisdottir chez La Martinière, aussi traduit par Jean Christophe Salaün, tout juste sorti. Un huis-clos, des chapitres avec des personnages narrateurs différents. L’importance des apparences.
d’Italie : L’autre bout du fil d’Andrea Camilleri, au Fleuve noir puis Pocket. Traduit, et c’est important, par Serge Quadruppani. Un Camilleri par un autre traducteur est ABSOLUMENT insupportable. Seul, Quadruppani a su transcrire, sans que ce soit ridicule, le patois sicilien utilisé par cet auteur, mort à 93 ans en 2019. Une belle femme meurt à Vigata sur fond d’arrivée de bateaux de migrants chaque nuit. Le personnage récurrent, Salvo Montalbano, a à résoudre ces deux problèmes et le fait de manière très humaine.
d’Irlande du Nord : le troisième livre d’une trilogie d’Adrian McKinty : Ne me cherche pas demain, traduit par Laure Manceau, chez Actes Sud puis en Babel noir. Cela se passe pendant les troubles. Le personnage principal, catholique, travaille dans la police.
d’Angleterre : mais se passant au nord-est du Canada, Une saison pour les ombres de R.J.Ellory, traduit par Etienne Gomez. En Livre de poche en 2024. Des femmes sont retrouvées mortes. On pense à un ours…
– des Etats-UnisCes femmes-là d’Ivy Pochoda, traduit par Adelaïde Pralon, aux éditions Globe : des femmes, des barmaids, des prostituées, meurent dans les rues de L A. Une policière s’en occupe quand ça n’intéresse pas ses collègues.
– du Japon : La maison noire de Yusuke Kishi, traduit par Diane Durocher, éditions Belfond 2024. Un thriller très lent… très japonais : un enfant retrouvé pendu et le policier ne croit pas au suicide. Du même auteur, La leçon du mal vient de sortir en poche.
Pour le polar français, on revient bientôt, dans un deuxième post… suspens…

M Z : délocalisation partielle

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MZ est une sorte de tiers-lieu, un café culturel imaginé par l’association TocTocToc!
dans une ancienne école, à Thouars dans les Deux-Sèvres.
Leur envie : faire (re)vivre le centre ville, toucher tous les publics.
Et ils y réussissent : tous les âges sont représentés : comme Tintin, de 7 à 77 ans.
Et même, de ce que j’ai vu, avant 7 ans et après 77.

C’est un beau lieu : la déco est class(ieus)e, simple, efficace.
Les vins sont du coin et bons.
Les gens qui s’investissent sont enthousiastes, ouverts à toute proposition honnête.
La librairie Brin de lecture n’est pas loin, tenue par deux autres enthousiastes.
J’ai donc proposé…

 un vin – des livres (non ?!… si !!!!!)
Pas pour remplacer ceux des Vivants, mais en complément.
Momentanément ou plus, si affinités.
La date retenue est le jeudi 4 avril, à partir de 18h.

Cartographie d’un feu – Nathalie Démoulin

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« La montagne flambe depuis bientôt vingt-quatre heures. La montagne blanche, la montagne de froid et de neige, la montagne de février est en feu. Elle brûle en cercle tout autour de la ville. La peau de glace des sapins se brise à distance, la forêt éclate comme du verre, puis se couvre d’une autre peau, de sa seconde et vraie mort, de résine ardente.
Un anneau de cendres flotte, silencieux et immobile, un peu plus qu’à mi-hauteur du cratère. Dessous, le feu remue dans les congères, immense déjà, et ses flammes grandissent par instants jusqu’à toucher l’anneau, agiter la fumée. »

Voilà les premières lignes du livre de Nathalie Démoulin aux éditions Denoël.
Les personnages sont, par ordre d’apparition : la montagne, l’incendie, le narrateur Jason, le lac. Viennent s’y ajouter : une maison, un peintre du XVII ème siècle, un service à café en faïence d’Ardentes du même siècle, un zeppelin. Ces derniers apparaissent peu mais  sont assez forts et étonnants pour qu’on les mentionne ici. Personnages aussi : Carole, la femme du narrateur, Jonas, le frère « daubot », et hors-champ, mais très présents, très forts : le père et la mère de Jason. Ils délimitent sa faiblesse d’homme fait.
Sont convoqués des toponymes : Cuisance, Furieuse, Mort-Homme.
Et si on cherche, on trouve, existants, des villages en Franche-Comté s’appelant Cusance, La Chapelle-sur-Furieuse.
Si on résume le livre : au cours d’un incendie dans la montagne enneigée, des disparitions. Mais il ne s’agit absolument pas d’un polar. Pas non plus d’un roman fantastique à proprement parler. D’ailleurs, c’est ancré dans un village abimé, lourdement endetté auprès de la Suisse toute proche, avec une usine utilisant des matériaux rares.
Si on devait expliquer pourquoi on en parle :
on VOIT ce texte, ses paysages, sa maison de maître, la femme :
P 94 : (Carole en peignoir)  » dans des couleurs de poudrier. Autour, tout paraît en niveaux de gris. Gris-violet les pavots velus de la tapisserie, gris crevasse les espaces entre les lés fendillant les murs de haut en bas, gris tourterelle l’intérieur de ses poignets, gris réséda ses cheveux accrochés dans les dents d’une grosse pince. »
P 123 : « Dans la montagne, devant nous, les veilleurs promènent les fanaux vacillants de leurs torches. Des bribes brutalement tirées de l’obscurité s’échappent des chamois dans de grands mouvements de branchages, puis les arbres se calment, les palmes d’épines bleues retombent sur la neige. »
P 138 :  » Mais lorsque j’arrive sur le plateau, tout n’est pas bleu. Sur la route, est posé un nuage (…) un nuage blanc, cotonneux, silencieux. Je ralentis avant d’y entrer (…) Je ne vois rien (…) Une odeur d’eau remplit l’habitacle, une turbidité de lac, un froid reptilien, et puis soudain il fait jour à nouveau, grand soleil, le nuage est derrière moi, le regard ne le traverse pas mais le corps oui, le corps si meuble, si docile. »
Vous aussi, vous les voyez ?

Les Vivants – février 2024 – 2)

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Normalement, on ne parle que bouquins
mais là, on a commencé avec les émotions ressenties devant le ballet Gravité d’A. Preljocaj que TOUT LE MONDE a trouvé fabuleux !

Puis, les romans ( d’auteurs venus, pour certains, au Goût des autres ou dans un « after » au CEM avec le DUT Métiers du livre) :
– Cécile Coulon : pour La langue des choses cachées, 2024, éditions L’iconoclaste : histoire d’un fils et sa mère dans un petit village enclavé d’Auvergne. Question de médecines parallèles, de tradition, de non-dits.
Cécile Coulon a livré sa « méthode de travail » : la course qui l’amène à un état hypnotique, l’écriture et, le lendemain, la relecture à voix haute pour entendre si cela va. Elle dit ne pas aimer les textes où tous les détails sont donnés. – Elle devrait aimer Eugene Marten (éditions Quidam) …-
– Thomas B. Reverdy : Le grand secours, 2023, Flammarion : un écrivain va dans le 93 dans une classe. Une émeute a lieu.
– François Bégaudeau : L’amour, 2023, éditions Verticales : l’histoire d’un couple dans sa banalité.
– Gaspard König : Humus, 2023, éditions de l’Observatoire. König est multiple : politique, écologiste, philosophe. Dans ce roman…sur les lombrics…, il montre l’évolution de deux étudiants en agronomie.
– Tiffany McDaniel : Betty, chez Gallmeister, en collection poche Totem, traduit par François Happe : entre Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee et Là où chantent les écrevisses de Della Owens. Dans l’Ohio, une petite fille de père cherokee et mère blanche. « Très poétique »
– Marie Benedict : La femme qui en savait trop, en 10-18, traduit par Valérie Bourgeois. Une fiction à partir de la vie d’Hedi Lamarr, superbe actrice hollywoodienne, mais pas que !
Voilà pour les romans, maintenant les essais :
– Pierre Bayard : pour » l’ensemble de son oeuvre » de Il était deux fois Romain Gary (1990), à Hitchcock s’est trompé  (2023) en passant par Comment parler des livres que l’on n’a pas lus (2006). La plupart des livres de ce professeur de littérature et psychanalyste sont aux éditions de Minuit.
– Chantal Thomas : Comment supporter sa liberté, 1998, Rivages Poche : une réflexion sur l’importance du temps libre, le plaisir de dire non aux obligations.
– Yannick Haenel : Blue Bacon, 2024, dans la collection Une nuit au musée chez Stock. A Beaubourg, son rapport à Francis Bacon et son travail.
– Annette Wieviorka : Tombeaux – autobiographie de ma famille, 2022 au Seuil. Histoire de ces deux familles juives, avant et lors du nazisme.
De la même, en 2021, éditions Stock : Mes années chinoises. Autour de 1970, elle a, comme beaucoup d’intellectuels, été maoïste, et a vécu deux ans à Canton en tant que professeur.
– Anthony Grafton : Les origines tragiques de l’érudition – Une histoire de la note en bas de page, 1998 Seuil. Livre très sérieux qui m’ a fait me souvenir du roman de Nicholson Baker : La mezzanine où les notes en bas de page s’écoulent sur les pages suivantes et supplantent le texte de départ. Un livre très drôle.
On a aussi parlé d’ARPENTAGE, mais on y reviendra..

Prochaine rencontre prévue : jeudi 14 mars, à partir de 18h, aux VIVANTS.

 

Les Vivants – février 2024 – 1)

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Deuxième réunion d’Un vin, des livres aux Vivants, librairie, cave et bar à vins.
Sébastien nous proposait des vins de Loire :
en blanc, un cépage melon de bourgogne : un vin sec à gamme aromatique.
En rouge : un Anjou de St Georges du Layon. Un cépage cabernet franc et grolleau. Très fruité et léger. Ils ont accompagné :

– Le compromis de Sergueï Dovlatov, traduit par Christine Zeytounian-Belous, 2023, éd. La Baconnière. Sergueï Dovlatov, journaliste et auteur est né en 1941 en URSS et mort aux USA en 1990 où il avait émigré en 1978. Ses textes sont d’abord parus en samizdat, ne sont devenus livres qu’à New York. La Baconnière, maison d’édition romande, continue de les traduire.
Dans Le compromis, on a plusieurs récits de « compromis » en tant que journaliste en Estonie, alors colonie russe. C’est plein d’alcool, d’impertinence  et d’humour. Complètement irrévérencieux vis-à-vis du pouvoir, ce qui a entraîné cette invisibilisation de ses romans.
Que s’est-il passé ? d‘Hanif Kureishi, 2023, éditions Christian Bourgois, nouvelles et essais traduits par Florence Cabaret. Ces articles et petites fictions nous donnent à relire l’auteur du Bouddha de banlieue, et aussi scénariste de films de Stephen Frears des années 80 : My beautiful laundrette, Sammy et Rosie s’envoient en l’air. Son métissage (père pakistanais, mère anglaise) lui a fait vivre et montrer l’Angleterre de manière différente d’un Martin Amis, d’un David Lodge ou d’un Ian McEwan.
Là, il est question, entre autres, de la place de la nouvelle génération d’auteurs anglophones venus d’ex-colonies dans l’édition britannique contemporaine, mais aussi d’amis : Bowie, Rushdie…
– Odyssée des filles de l’Est d‘Elitza Gueorguieva, 2024, éd. Verticales : le deuxième livre de cette auteure née en Bulgarie, venue étudier en France, documentariste et écrivaine pleine d’humour. Son premier livre Les cosmonautes ne font que passer est maintenant trouvable en Folio.
C’est franchement drôle et pourtant parle de faits qui ne le sont pas : l’immigration, la relation à une autre langue, la confrontation avec une administration tatillonne et ses fonctionnaires rogues – pléonasme ? -, la prostitution et un moment de l’histoire du XXème siècle de la Bulgarie.

Prochaine réunion prévue le jeudi 14 mars

 

 

Gravité – d’Angelin Preljocaj

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Gravité est un spectacle de 2018 qui tourne de nouveau. C’était hier, 20 février 2024, et est encore ce soir au Volcan, scène nationale du Havre.
Il est difficile d’écrire sur la danse. Comment faire voir les gestes, les enchaînements ?
Juste dire
– que certains de ces « gestes » étaient pour moi étonnants, jamais vus encore
– l’extrême qualité des danseurs et danseuses.
– la diversité des musiques, des ambiances sonores : de Xenakis en passant par Bach et Daft Punk
– la lumière  : seul « décor » et minimale théâtralisation à effet maximal d’Eric Boyer
– le moment un peu Decouflé, un peu rigolo
– l’incroyable  « kaléidoscopisation » du boléro de Ravel. Du Busby Berkeley, ou de l’Esther Williams sans eau.

Un Marie Cosnay : P U N° 197

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Au moment où meurt Robert Badinter,
où on parle du « droit du sol à Mayotte »,
où Marie Cosnay sort le troisième livre aux éditions de l’Ogre : Des îles – mer d’Alboran 2022-2023,

se finit la Pièce Unique N° 197
à partir de :
Entre chagrin et néant  – audiences d’étrangers
paru aux éditions Cadex en 2011

« C’est une part importante de ma vie d’être sensible à ma frontière et aux frontières, tout comme je suis sensible à l’inégalité radicale à laquelle nous sommes confrontés, moi qui peux aller où je veux avec mon passeport, alors que d’autres ne le peuvent pas. L’écriture avait toujours été un endroit de traduction ou de fiction, mais jamais un endroit dans lequel je pouvais faire récit des histoires qui m’arrivaient. Je pense que si je fais récit aujourd’hui de mes enquêtes autour des paroles des migrants, et de ce qu’on fabrique aux frontières, c’est parce que ça nous dépasse et que c’est urgent.  »
Marie Cosnay, 2021, France-Culture

« Travail énorme auquel Marie Cosnay prend part, avec des associations d’aide, des représentants locaux des communautés d’immigrés, des ONG. Il faut chercher des actes de naissance dans les pays de départ, faire établir des actes de décès, écarter les escrocs, lutter contre l’inertie administrative et la mauvaise volonté. On évitera ainsi que les corps soient mis anonymement dans des fosses communes, ou alors, ça ne s’invente pas, incinérés « pour le bon fonctionnement » des crématoires. »
extrait de l’article d’Alain Nicolas dans l’Humanité du 14 février 2024

Marie Cosnay vit à Bayonne et y a été confrontée à la manière dont l’Europe et la France traitent les personnes voulant entrer sur son territoire.
C’est le sujet de ses livres, le sujet de Entre chagrin et néant qui est un journal des audiences d’étrangers présentés au Juge des Libertés et des Détentions de sa ville en 2008, journal de leur « étrange légalité » : P 147 :  » Robert Badinter décida que ces étrangers qui avaient commis une infraction aux règles du séjour n’avaient rien à faire en prison. (…)  Le gouvernement socialiste décida alors de créer des CRA, des lieux créés spécifiquement pour la privation de liberté des étrangers qui étaient reconnus n’avoir commis aucun délit. La rétention devint administrative. ». P. 149 : « …Dans le cas des étrangers dont la rétention administrative de 48h va être prolongée par un juge judiciaire (le seul habilité à prolonger une rétention), on assiste à un glissement du rôle du juge. » P. 150 : «  Des lieux d’enfermement pour étrangers, un code pour étrangers (CESEDA), une justice, qui tord la justice, pour étrangers. »
Sont entendus dans ces audiences de drôles de cas : des inconscients, arrêtés en France parce qu’ils ne savent pas que, même s’ils ont des papiers leur permettant de vivre dans un pays de l’U E, cela ne leur donne pas le droit de voyager dans l’U E …

Quelques Poèmes Express venus de Entre chagrin et néant :
– Echapper à ce texte, à ce qu’il nomme.
– Paf la juge. Dans le dos.
– Les policiers rient. L’asile a été refusé.
– Il ne sait pas s’il comprend quand elle parle. Il est possible que non.
– Rien qui puisse établir une fille. Si, un homme.
– Il montre la poitrine de la juge, se demande qui l’attend.
– Prolonger la première prolongation. Prolonger.
– Rendre dociles dans des espaces sans contrôle.
– Ce serait intéressant de savoir quelle est la valeur de l’absurdité.

 

Eugene Marten

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Les éditions Quidam viennent de publier un deuxième livre d’Eugene Marten : En aveugle, après Ordure, tous deux traduits par Stéphane Vanderhaeghe.
L’Américain Eugene Marten ne nomme pas son personnage principal et narrateur. Et nous le suivons à l’aveugle nous aussi.
P16 : dans une gare routière : « De temps en temps un haut-parleur crachait soigneusement ses parasites, au milieu desquels seuls les noms de ville étaient audibles. Les gens s’en allaient ou pas, selon, comme s’ils avaient fini par entendre ce qu’il leur fallait entendre. »
Il arrive quelque part, dans une ville qu’il semble connaître et qui a connu des jours meilleurs :
P 34 : « L’immeuble en face avait des airs de bâtiment qui aurait dû être condamné, et peut-être l’avait-il été, sauf que des gens étaient aux fenêtres, alors peut-être qu’eux aussi l’étaient. »
Il y cherche un logement, un travail. Il apprend sur le tas le métier de serrurier, va avec son patron dépanner des gens, propriétaires – ou non – de la voiture, de la maison ou du coffre à ouvrir.
Peu à peu, on comprend qu’il y a eu prison et pourquoi.
La prison : P 84: «  De l’autre côté du fleuve, c’est la même boîte privée qui gère les choses. » Les prisonniers :  » trois contre un avec leurs noms de personnage de dessin animé » (…)  » Dans leur dessin animé, tout le monde ne se relève pas toujours. Croiser un regard est un accident malencontreux. »
Le « pourquoi », on ne le dira pas, il faut le lire.
Il y a dans En aveugle
– des descriptions de lieux qui disent tout : P.78 : « On est passé devant un barbecue taillé dans un fût de deux cent litres, qui grésillait en face d’un restau à emporter. Laverie. Salon de beauté dont la musique se heurtait à celle qui braillait déjà sur le parking. On est passés devant un tripot, quelqu’un nous a demandé si on avait besoin de quelque chose, quelqu’un nous a appelés chéris. Epicerie édifiée comme s’il s’agissait d’un poste avancé pris d’assaut dans un territoire hostile. Etroites fentes en guise de fenêtres, piquets jaunes poussant sur le trottoir tous les cinquante centimètres – de sorte qu’il était impossible de partir avec les Caddie. Pas de portes, mais le grincement des tourniquets qui allaient du sol au plafond. »
des situations de violence verbale, physique, morale :
P. 213 : «  J’ai demandé pour le gosse que j’avais entendu au téléphone.
« Son père l’a emmené faire un tour. » Elle a précisé que nous étions tous les deux, que je pouvais vérifier. Je lui ai demandé si elle était mariée.
« C’est pas un problème, a-t-elle dit. Il est au courant. »
– Beaucoup de serrurerie.
– Une importance donnée à ce qu’on entend. C’est ce qui dit la violence. Assez incroyable est la scène, pages 169-170, où tout est suggéré par des sons assez anodins.

« Suggéré«  : est sans doute le mot qui dit le mieux comment nous parvient le récit. A nous de bosser, on a les éléments ( dont je ne vous ai pas donné le quart du dixième ) mais l’ordre des informations et la manière dont elles sont fournies, ou pas, ne nous donnent pas de certitude. Et c’est fort !

 

Rabat-joie – 5)

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Dans la rubrique rabat-joie : de l’utilisation des réseaux sociaux.
Ah c’est facile ! direz-vous.
Oui et, là, j’ai deux exemples précis :

1) au niveau local : on se chamaille, s’écharpe, se charcute autour d’une salle de cinéma, de bon cinéma qui, depuis des années, permet de (re)voir des classiques ou de montrer combien certains films deviennent des classiques, à quelques 10 ou 20 ans de leur réalisation. Une histoire d’asso qui tourne mal, comme beaucoup d’associations à un moment. Histoire d’appropriation, ou de légitimité. histoire qui peut faire capoter quelque chose de beau, quelque chose de rare et qui fonctionne. Histoire complexe mais deux camps se sont formés, deux camps qui savent qu’un seul a raison, le leur.
Que les personnes en interne se mobilisent, pas de problème.
Que d’autres, extérieures, jugent et comme d’habitude ce faisant, accusent à tour de bras et simplifient, c’est énervant. Ainsi, l’un d’eux pousse au boycott de la salle …!

2) au niveau national : on se chamaille, s’écharpe, se charcute autour de l’émission d’Alain Finkielkraut, sur France Culture, du 10 février : étaient invités à propos de ce qui se passe à Gaza depuis le 7 octobre, Benjamin Barthe et Armand Laferrère. Je ne connaissais ni l’un ni l’autre. J’appréciais les paroles du premier qui renvoyait à une Histoire (avec sa grande hache) vieille de plus de soixante ans, et avais du mal avec celles du second qui lui rétorquait que ce qu’il présentait comme causes était des effets. Ecoutez l’émission pour plus de compréhension peut-être… Là n’est pas vraiment le problème.
Enfin si, mais non.
Sur les réseaux sociaux, ensuite, des personnes se sont chamaillées, écharpées, charcutées et ont, pour certaines, été insultantes vis-à-vis de Benjamin Barthe, l’accusant de parti pris, le disant Palestinien – ce qui est faux – donc sans recul et sans aveu, travaillant pour un journal de vendus – Le Monde -…
Je vous la fais polie. C’était bien plus haineux.

Avoir un avis tranché, pourquoi pas ?
un avis retranché derrière sa position, qui va immédiatement à l’invective, ben non !
Le far west, à balles réelles, à mots faux, ben non !

Il y a quelque temps, sur les mêmes réseaux sociaux, quelqu’un que je connais et aime plutôt bien par ailleurs s’est moqué de mon « centrisme », synonyme de mollesse, de tiédeur, de ni chair ni poisson, voire de bêtise … Ben oui !

Un Robert Walser : Pièce Unique N° 196

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Retour dans la neige de Robert Walser (1878-1956), éditions Zoé, traduction de Golnaz Houchidar :
ensemble de 25 textes écrits entre 1899 et 1920,
d’abord publiés en revues, en Allemagne ou en Suisse alémanique : courtes fictions, et proses descriptives de paysages, de villages, le plus souvent.
ex : extrait P 85 de Le Greifensee (1899) : « …; c’est un doux silence bleu et chaud et c’est le matin ; un beau, beau matin. Je ne trouve pas de mots et pourtant il me semble que j’emploie déjà trop de mots. Je ne sais pas de quoi parler, car tout est si beau, se trouve là seulement pour la beauté. Le soleil embrase le ciel jusqu’au lac qui devient à son tour soleil dans lequel les ombres somnolentes de la vie alentour se bercent doucement. Rien ne dérange, tout sourit, si près, mais aussi dans le lointain le plus vague ;… »

Quelques Poèmes Express issus de Retour dans la neige :
– Me faire enfant quelques jours pour interpréter journaux et revues.
– Celui qui comprend toute cette pauvre terre pleure.
– Vous veillez, présence dans un brouillard épais.
– Les dames doivent. Les femmes doivent. On attend d’une femme.
– Il pleut toujours et on a vu quelque chose de triste.
– De bruyantes statues ont un langage de fureur.
– Je traversai des beautés, une sensation de beau à mourir.

Cette Pièce Unique est envoyée à Cécile C,
libraire à Lyon,
qui a accepté d’en recevoir une.

 

Hemley Boum

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Hemley Boum : un nom étonnant, amusant, éclatant, un nom que je n’avais jamais entendu avant le 27 décembre 2023. A l’émission Cultures monde sur France Culture, elle parlait de son livre, alors à paraître chez Gallimard : Le rêve du pêcheur, et ça ouvrait des pans entiers d’inconnu pour moi : sur le Cameroun, sur l’indépendance et ses suites.
Hemley Boum a fait des études d’anthropologie et… de commerce international, ce qui lui permet d’évoquer, dans Le rêve du pécheur comme dans d’autres livres, les problèmes liés à l’internationalisation des ressources, à la manière d’en profiter .

Vient de sortir en Folio : Les jours viennent et passent, de 2019, prix Ahmadou Kourouma 2020. Histoire de mères et filles entre Europe et Cameroun, évocation des années 70 et de maintenant, avec la secte Boko-Haram.
Boko-Haram que je ne situais pas dans ce pays mais au Tchad, Niger et Nigéria. Sauf que tout vient des frontières, posées n’importe comment par les colonisateurs. Ces pays sont limitrophes et la secte joue de l’éloignement des zones où elle agit, avec les lieux de pouvoir et de la misère dans laquelle on laisse ces populations.
Plus que déprimante, comme toujours, la vie des femmes dans ces circonstances. Doublement victimes des « souillures » que les hommes leur infligent. Même principe qu’en Ukraine (cf Sofia Oksanen), on s’attaque violemment, sexuellement, aux femmes des combattants
qui les tuent
quand on les relâche …
Les femmes que la secte envoie en avant pendant les attaques, habillées en treillis, ou chargées d’une bombe qu’un homme, de loin, fait exploser…

Je sais, j’y reviens toujours, c’est lassant.
Oui, c’est lassant que les femmes paient toujours les pots cassés par les hommes. Que, par exemple, elles mettent des enfants au monde dans des circonstances atroces en ce moment dans la bande de Gaza, qu’elles soient éternellement victimes de leur mari ou plus généralement de la gent masculine en Afghanistan, en Iran etc… C’est vrai, c’est lassant !

Mais je le défends mal, ne croyez pas que ce livre soit plombant. Si j’en extrais, moi, ce qui me turlupine, il a d’autres aspects.
D’ailleurs, il nous offre une référence : V.Y. Mudimbe, son deuxième roman de 1976 : Le bel immonde que Hemley Boum rapproche de A la courbe du fleuve de V.S. Naipaul (que j’avais beaucoup aimé).

 

Vider les lieux – Olivier Rolin – 2ème :

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On trouve de tout chez … Olivier Rolin :
des mots qu’on ne comprend pas : « les livres madréporiques » et qu’on est toujours pas très sûre de comprendre même quand on a trouvé la définition…
des listes de livres, à lire en voyage dans leur pays d’origine, ou pas :
– Vie d’Arseniev de Bounine ((1927)
– Djann de Platonov (1935)
– Heros et tombes de Sabato (1961) (que j’ai dû lire sous le titre d’Alejandra)
– Atlas d’un homme inquiet de Christoph Ransmayr
–  Frêle bruit de Leiris (1976)
– Livres en feu de Lucien X. Polastron
mais aussi des impressions de gémellité :
par tout ce qu’il conserve : P. 64 : « ce travers archiviste c’est une volonté de s’assurer qu’on a bien existé. Il arrive qu’on en doute. »  ou P. 66 : « Il y a tout le reste, empilé dans des placards, symptôme d’une crainte maladive des administrations (…) On a gardé tout ça parce qu’on est si ridiculement inhabile à comprendre ces tracasseries qu’on craint à tout moment d’être pris en faute, sommé sans préavis de fournir des preuves de sa bonne foi. »
par l’importance donnée aux livres : P 120 :  » « manipuler des objets de culture », feuilleter, classer des livres, dit Leiris dans Frêle bruit , répond à l’espoir, d’essence alchimique, que quelque chose du savoir et de l’art qu’ils enferment passera en nous, « par sympathie » « 
par l’idée, P 54,  qu’ « En chaque objet sont enchâssés des lieux, des visages, du temps passé. (…) Un espace aussi clos qu’un appartement enferme une multitude de lieux du monde, de moments de nos vies … »

Bon, mais lui, il aime l’avion et a énormément voyagé.
Voyagé dans des pays qui m’ont attirée mais que je n’ai vu qu’à travers … encore …, des livres… La Russie ou l’ex-URSS : fabuleuse description de chambre d’hôtel ( P 116-117 ) et analyse : « Je crois que cette laideur, ce défaut répandus dans les choses et certains êtres font partie d’une esthétique générale dont le camp du Goulag était le centre obscur. Elles font partie d’un immense travail de domestication du peuple – d’apprentissage de la résignation – dont la terreur était la forme la plus violente, mais l’habitude du moche et de l’insuffisant une autre composante, plus insidieuse et omniprésente. (…) Aucun pays n’a mieux maîtrisé l’art de la destruction de l’âme de ses citoyens que la Russie » : écrit Brodsky. » (c’est moi qui souligne – parce que le beau aide)

Bref, lisez Vider les lieux, c’est plutôt beau, vous l’aurez compris.
Mais vient de sortir Jusqu’à ce que mort s’en suive, du même Rolin et il y a tous ceux d’avant.

Les Vivants -2)

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Aux Vivants, on a évoqué :
– Ceux qui appartiennent au jour d‘ Emma Doude Van Troostwijk que plusieurs d’entre nous connaissent puisqu’elle a fait le master de création littéraire du Havre et a proposé des ateliers d’écriture d’une part et des scènes ouvertes, chez Lili, d’autre part. Emma a à peine 24 ans et son premier livre vient de paraître aux éditions de Minuit. Nous sommes dans une famille de pasteurs. Les mots importent et Emma Doude les prend dans ses deux langues, le français et le néerlandais. Certaines expressions sont traduites de l’une à l’autre langue, montrant toute la poésie de chacune. D’autres restent dans leur originalité, blocs de sons, beaux en eux-mêmes.
Elle, comme Emmanuelle Tornero, autre ex-étudiante du master, qui voit sortir son premier roman, Une femme entre dans le champ, chez Zoé (janvier 2024), travaillent par petits paragraphes. Chez Emmanuelle Tornero, il est question d’une femme devenue mère.
Toutes deux, invitées au festival Le goût des autres, hier soir, lisaient des extraits de leurs textes à la médiathèque Oscar Niemeyer. Elles ont par ailleurs déjà eu droit à une belle couverture critique : une émission chez Marie Richeux, sur France Culture, un article dans Le Monde, dans Télérama, dans En attendant Nadeau….
Mais il n’y a pas que les livres tout juste sortis :
des rééditions viennent redonner vie à des auteurs injustement oubliés : Bernard Clavel : L’Espagnol. Sorti en 1959, Albin Michel le fait reparaître. Pendant la 2nde guerre mondiale, un Espagnol arrive dans le Jura. « Un très beau personnage, de très belles descriptions de la terre, des paysages » dit V.
Et puis d’autres :
– La comtesse de Ricotta de Milena Agus, éditions Liana Levi, traduit par Françoise Brun. Nous sommes à Cagliari où vivent trois soeurs. Leur famille a été riche, ce n’est plus le cas. Elles vivent bien dans un palazzo, mais délabré. Elles sont très différentes. Le livre est léger, les personnages pleins de fantaisie.
– Les trois lumières de Claire Keegan, traduit en 2011 par Jacqueline Odin pour Sabine Wespieser. M.H l’a lu en anglais Son titre est alors Foster. « De belles descriptions de la nature. Frais, doux. »
– Corps et âmes de Frank Conroy, chez Gallimard puis en Folio, traduction de Nadia Akrouf. Le personnage EST la musique.

En essais, il a été question de trois ouvrages que l’on peut lire comme des dictionnaires, par articles, au gré de ses envies :
–  Courir, méditations physiques du philosophe Guillaume Le Blanc, en collection Champ Flammarion, 2012.
– Sur les routes du jazz d’André Manoukian, Harper Collins poche 2023 : on peut y apprendre par exemple le lien entre le quadrille et le jazz.
– Mères-filles une relation à trois de Catherine Eliatcheff et Nathalie Heinich, en livre de poche ( 2003 ) : un essai sociologique en sept parties qui prend ses exemples dans le cinéma et la littérature.
Enfin, Les ingénieurs du chaos de Giuliano da Empoli, trouvable en Folio. Une analyse de la politique et Internet. Comment elle est fagocitée par les trolls, les réseaux sociaux, comment on se sert des ressentiments.

L’un d’entre nous a, à la suite de cela, parlé de la situation actuelle dans l’Argentine de Milei où les deux ministères, de la culture et de la femme, ont disparu.
Une autre a mis cela en parallèle avec l’essai de Sofi Oksanen, super documenté et effrayant, éditions Stock 2023. Mais on y reviendra sans doute ; ce livre est trop important.

Prochaine réunion à Les Vivants prévue le jeudi 22 février à 18 h

Un Alfred Döblin : Pièce Unique n° 194

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L’empoisonnement (1922)
d’Alfred Döblin ( 1878-1957 )
m’a permis de savoir que Döblin, en plus d’être écrivain, était psychiatre.
Actes Sud l’avait publié en 1988, traduit par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize. Très court texte d’un auteur connu principalement pour Berlin Alexanderplatz paru en Allemagne en 1929.

L’empoisonnement  est inspiré d’un véritable procès qui fit sensation. Alfred Döblin est peut-être un des premiers écrivains à la Emmanuel Carrère : écrivain qui rend compte de faits divers qui deviennent des faits de société.
En l’occurence, une femme violentée par son mari l’a tué. Elle avait tenté de le quitter, avait été ramenée par son père au domicile conjugal, avait encore voulu divorcer mais était revenue en arrière.
Donc, cas de violence faite aux femmes mais,
et c’est là le vrai sujet,
accompagné d’amours homosexuelles.
Culpabilité double. Scandale.
Elli Link est attirée par une autre femme avec qui elle échange de nombreuses lettres et qu’on considère comme également coupable.
Le moment du procès est particulièrement « intéressant » : les « experts » et leur langage ampoulé se succèdent. Porteurs de morale ou de « savoir » : P 86 : « L’expert H., le médecin et spécialiste le plus compétent dans le domaine de l’amour homosexuel » (…) « Selon lui, l’inversion sexuelle des pulsions ne résultait pas d’une volonté criminelle, mais d’un malencontreux mélange de chromosomes »…

Quelques Poèmes Express qui viennent de L’empoisonnement :
– Il faudrait s’empêcher. Il y a un attrait singulier à se retenir.
– Aucune des deux femmes n’était en état de tuer.
– Il m’arrache la tête : avec un peu de gentillesse tu obtiendrais de meilleurs résultats.
– A la fin d’une époque effroyable, un homme droit tend à des excès.
– On vivait de faibles passions, on pouvait en se mariant.

L’empoisonnement revisité est offert à Fanette Arnaud, modératrice de rencontres littéraires (Grenoble, Manosque…) !

Les prochains Chat Bleu

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Les dates prévues pour le quatrième trimestre de 2023 sont :

  • 19 octobre
  • 9 novembre
  • 14 décembre

Au Chat Bleu, on parle de livres, et pas seulement de romans, on trouve de nouvelles idées de lecture, on gagne des livres,
on boit  – l’autre nom de ces rencontres est : Un vin, des livres -… et on goûte aux belles idées de N’senga.

Un Umberto Eco : P U N° 180

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Numéro zéro, paru en Italie, et en France dans la traduction de Jean-Noël Schifano en 2015 est la Pièce Unique N° 180 (180, quand même ! )
Umberto Eco (1932-2016) avait au moins deux surnoms : » il professore » et « il tuttologo ». Tout fait sens et, en amoureux de savoir, ce septième roman mélange faits historiques et théories du complot.
Plus intéressant encore, il y décrypte avec humour les dérives d’un journal sous capitaux privés, « Domani », appartenant au « Commandeur Vimercate » – Au moment de la ressortie du JDD, c’est à lire… –  Vimercate // Berlusconi // B… également propriétaires de télévisions…

Quelques Poèmes Express venus de Numéro zéro :
– Perdez votre latin, entraînez-vous.
– Rêver d’un jacuzzi est moins cher que le payer.
– Personne ne paraissait avoir envie de durer.
– Fou était romanesque. Folie était collector.
– Chaussettes vert petit pois : en déduire un personnage.
– La vie avait renoncé et l’avait montré.
– On ne veut pas finir au tribunal pour une rumeur roulant des hanches.
– Recevoir un chèque pour ne pas écrire.

Ce Numéro zéro additionné de Poèmes Express et d’informations a été offert,
lors de Pirouésie 2023 – on en parle bientôt –
à Coraline Soulier, enseignante, animatrice d’ateliers d’écriture
et Oulipophile
à Pirou comme à Lille, dans Zazie mode d’emploi.

Un Jean Birnbaum : P U N° 179

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 Le courage de la nuance de Jean Birnbaum paru au Seuil et trouvable en collection Points, prix François Mauriac en 2021.
Jean Birnbaum est journaliste, essayiste, directeur du supplément Le Monde des Livres. Dans ce texte, né d’un « sentiment d’étouffement », il évoque les écrivains qui ont voulu voir et dire le monde en gris (coloré), qui ont refusé la simplification de l’extrême, au risque de n’avoir que des adversaires, d’être vus comme « tièdes », « lâches ». Camus, Barthes, Bernanos, Arendt, Aron ont fait preuve de l' »héroïsme du doute », chose très mal vue actuellement, entre autres ou surtout sur les réseaux sociaux.

Des « Poèmes Express » sont nés dans Le courage de la nuance :
– Peler un silence.
– Des hommes libres que nous avons 
regroupés ont le sentiment que nous avons un   monde à refaire.
– Tranquille sincérité du démon : informe, toxique et véritable.
– Il a appris à vomir dans la dentelle.
– Le destin a produit des banalités : les enterrements.

Trois livres en un donc :1) le Jean Birnbaum = l’essentiel
et, accessoires mais là…,
2) les  » Poèmes Express » qui ricochent avec 3) des infos (inter)nationales.
Exemple : Bras tendu, un fils de bonne famille affiche un engagement assez banal ricoche avec « Procès du projet d’attentat néo-nazi » trouvé ultérieurement dans la presse,
ou encore : Le carnage, effet de cisaille, engage l’irréparable va avec Violence et police : un problème d’encadrement juridique, pris dans The Conversation France
Cette Pièce Unique est offerte à un homme politique qui écrit,
pas B. L M., pas F. H., ni N. S.

Save the date : 12 octobre !

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Evénement :

Victor del Arbol, en tournée promotionnelle en France, vient à La Galerne le 12 octobre 2023 pour son dernier livre traduit par Claude Bleton,
chez Actes-Sud.

Save the date, ses livres claquent ;
il est beau (… je sais…, comme critique littéraire, c’est moyen…) et sympathique. Les Ancres Noires ont déjà eu la chance de le recevoir.

Autour des livres- dimanche

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track.com/podcasts/viva-culture-217/1

Au programme 

ENTRETIEN avec Josepha Cuvier, présidente de I love LH, Par Isabelle Royer

AUTOUR DES LIVRES par Catherine Hémery-Bernet : Editions do, Olivier Desmettre, éditeur

AGENDA CULTUREL  : Philippe Mayaux, Songe d’un jour d’été, exposition au Portique jusqu’au 17 septembre 23

https://asso-maisondelaculture.fr/

23 juillet 2023 à 11h – Viva Culture

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DO – Les éditions DO
j’aime beaucoup l’humour de cet éditeur : allez sur son site, vous verrez, sa lettre à ceux qui voudraient envoyer un manuscrit est extrêmement drôle et basée sur un fait si vrai.
Mais pas que, bien sûr,
DO, c’est un beau catalogue, étonnant : entre Stefan Sulzer : Le jour où ma mère toucha Robert Ryman et Malacqua de Nicola Pugliese, vous trouverez forcément votre bonheur de lectures
Ecoutez la pastille sur les éditions DO
à Autour des livres
dans Viva culture
sur Ouest Track radio
dimanche 23 juillet à 11 h
et ensuite en podcast.

Voilà une annonce de la rentrée de DO :

Éditions do
Connues et même reconnues pour la qualité de leurs publications littéraires, souvent empreintes d’une délicate insouciance et d’un humour subtil, les éditions do ont choisi de poursuivre dans la veine qui a fait leur succès en publiant ce jeune primo-romancier qui porte le désormais remarquable patronyme de Luc Dagognet.
Il est inutile aujourd’hui de cacher qu’une douce effervescence, qui pourrait même se prolonger jusqu’à une fébrilité certaine, s’est emparée du monde littéraire autour de ce drôle de roman au titre chargé de tant de promesses : Fraternité.
Et même si on sait depuis longtemps l’éditeur au cœur d’un délicat conflit d’intérêt quand il fait la promotion d’un roman qu’il a justement choisi de publier, cela ne doit pas l’empêcher de dire ici, à cette période où de nombreux regards sont de toute façon tournés vers des horizons plus insouciants que littéraires, combien ce premier roman de seulement deux-cents pages conjugue de qualités, mêlant tout à la fois l’humour subtil à la délicate insouciance dont sont souvent empreintes les publications des éditions do.
On se souvient d’ailleurs que lors de sa présentation à la presse et aux professionnels de la littérature, réunis à l’occasion d’une croisière gourmande effectuée dès le début du printemps sur un paquebot loué à ce seul effet, ont été prononcés ces mots si bien choisis destinés à les convaincre de ces nombreuses qualités réunies en deux centaines de pages seulement : « S’il commence comme un film d’action, Fraternité se poursuit en une valse joyeuse, pleine de rebondissements, de courses-poursuites et de rencontres étonnantes, de portes dérobées et de souterrains mystérieux. »
Fraternité ne paraît que le 17 août 2023.
Pour beaucoup cela doit sembler une éternité.

Un Oliver Rohe : P U N° 178

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Défaut d’origine d’Oliver Rohe : Pièce Unique N°178.

Oliver Rohe était à Ecrivains en bord de mer
– où je lui ai donné cette P. U., trois livres (dont le sien) en un … Le pauvre … –
et où il est intervenu deux fois : la première, avec Mathias Enard, un des amis cofondateurs de la revue Inculte, la deuxième, pour évoquer Chant balnéaire sorti chez Allia en 2023, un retour sur le Liban / au Liban. Chant balnéaire est la deuxième partie du presse-livres, la première étant Défaut d’origine, paru en 2003.

Tout Défaut d’origine se passe à bord d’un avion et surtout dans le for intérieur d’un passager-narrateur qui évoque un pays en guerre jamais nommé, la place de la langue, l’ami Roman : un autre lui-même, le rapport aux autres : le mimétisme, à la mère : une mère / araignée qui retient. Un monologue, un flux de conscience.

Quelques « Poèmes express » nés dans Défaut d’origine :
– Dans ce siège il est convenu de penser à penser.
– Les habitants au cimetière imaginent sous leurs 
pieds des os d’habitants.
– Ils déboulent un jour en bas de leurs délires.
– Il nous faut du clinquant, de la mode, ne pas rester à l’écart des Mercedes.
– Elle accumulait secrets et mensonge en couches bien épaisses de fiches.
– Depuis sa tombe, il croyait naïvement être débarrassé de ses frustrations.
– Dès que je me trouvais seul je courais me fondre tout entier dans ma tête. Mon corps était de trop.

Chat Bleu – juin 2023 – 1)

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Avec un St Nicolas de Bourgueil ou un « Chemin blanc« , un chenin d’Afrique du Sud, on a parlé de :
Sans collier de Michèle Pedinielli, édition de L’Aube, collection L’Aube noire, 2023 : une histoire de chantier mortel, mais aussi un polar plein d’humour. On y retrouve le personnage récurrent de Giulia Boccanegra, une femme-détective à Nice :
 » detectiv particular ? C’est drôle
– C’est drôle pourquoi ?
– Parce que vous êtes une femme.
Il faut savoir évaluer les moments où entamer un débat féministe est totalement inutile. Celui qui implique un dealer de coke moldave et son gigantissime garde du corps en est un. » 
( p. 161)
– Les vaches de Staline de Sofi Oksanen, paru en 2011 chez Stock, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli. Actuellement en Livre de poche. Un livre d’une énorme force. Une histoire qui s’étend de 1940 à 1984 environ, sur trois pays : Finlande, Estonie et Sibérie. C’est le premier livre d’Oksanen mais paru en France après Purge. Ses personnages ne sont pas sympathiques : pas plus Anna que Katariina, pas plus la fille que la mère. Celle-ci est une pro de la débrouille dans le système soviétique. L’autre n’a pas d’autre choix que contrôler son image à travers son rapport à la nourriture. Etre femme est un problème dans un pays communiste, dans un pays envahi, comme dans un pays où l’on fuit. Un grand livre !
– Une saison à Venise de Wlodzimierz Odojewski (1930-2016). Paru en 1976 en Pologne, en 2000 et 2006 aux éditions Les Allusifs. Traduction d’Agnès Wisniewski et Charles Zaremba. Trouvable maintenant chez Rivages. Un joli texte, une fable : l’imagination peut nous sauver. Nous sommes en Pologne, en août 1939, dans une maison familiale. Les femmes et les enfants se retrouvent là. De l’eau apparaît dans la cave et monte, et tante Barbara y invente Venise.

Prochain Chat Bleu prévu le jeudi 14 septembre 2023. Mais on a évoqué beaucoup d’autres livres et on vous en parle bientôt ici.

Chat Bleu mai 2023 – 1)

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Le grand écart : un polar qui se passe au Japon, un moment dans l’Autriche de la fin du XIXème siècle et une femme, pendant tout un week-end, enfermée dans des toilettes :
– Tokyo mirage d’Anne Rambach, 2002 éd. Calmann-Levy
– Vienne au crépuscule d’ Arthur Schnitzler, paru en 1908
– N’être personne de Gaëlle Obiegly, 2017, éd. Verticales

étaient les 3 premiers livres proposés le 25 mai au Chat Bleu.

  •  Vienne au crépuscule est une merveille. Entouré d’intellectuels juifs, un jeune noble, le baron de Wergenthin, doué en musique mais dilettante, vit. Il vient de finir une relation, en commence une autre. La jeune femme, de bonne famille, attend bientôt un enfant. Il ne la laisse pas seule face au problème mais ne lui propose pas le mariage.
    Pourquoi une merveille ? Parce qu’il parle si bien des nombreuses possibilités des hommes face aux situations sans issue des femmes. Parce qu’il montre que le « problème » d’être juif est omniprésent dans cette Autriche fin de siècle, encore et encore évoqué dans toutes les conversations entre ces créateurs, politiciens, fonctionnaires.
  • N’être personne est une digression sur 300 pages. Sans sujet. Plein de la vie d’une femme qui écrit mais ne gagne pas sa vie par son écriture. Pas une auto fiction, bien plus distant que ça, théorique : p 101 : « Quand j’écris – un livre éventuellement- je ne m’adresse à personne, je parle avec l’inconnu, auquel je ne dis rien.(…) Le langage met le réel à distance. C’est cela même qu’interroge mon écriture.(…) Tout ce qui est écrit est fiction. La réalité n’y est pas. La réalité est ce qui est vécu, pas ce qui est relaté. Ce qui est écrit, ce qui est relaté, même oralement, subit une transformation. »
    – Tokyo mirage  : Un homme tué au sabre. Histoire agrémentée de pachinko, tsunami, yakuzas, services de police ennemis et industriels malhonnêtes.

Mais on n’a pas parlé que de ça : deuxième partie bientôt.
Prochain Chat Bleu prévu le 22 juin

IMEC – Georges Didi-Huberman

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« Aimer fait travailler » a dit Georges Didi-Huberman lors de l’ouverture, le 4 mai, de cette exposition titrée Tables de montage à l’abbaye d’Ardenne.

Y est montré « l’artisanat », le travail avant l’oeuvre : à partir du découpage des fiches, l’écriture sur ces fiches, avant les livres. Plus de 20 000 existent. 4 000 sont montrées : 2 000 de mots et 2 000 d’images, qui se correspondent.
Une approche très émouvante, un rite qui ouvre le processus de pensée et d’écriture.
Un homme, aussi, émouvant et ému devant cette installation : « Il n’y a qu’ici que cela était possible. »

L’exposition est jusqu’au dimanche 22 octobre 2023, du mercredi au dimanche, de 14 à 18 h

Retour sur la P U N° 155 : youhou !

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tardivement, très, car déplacements multiples et l’objet-livre caché facétieusement glissé entre et entre, mais retrouvé

donc lu maintenant,
picoré
avec appétit
et déjà merci pour la pensée de l’envoi
de ce 155ème
objet multiple en effet
et mystérieux
(sachant que j’ignore qui est robert wyatt)
(et que donc l’étrangeté est absolue, d’un livre sur qui je ne connais pas)
(comme une biographie inventée)
(quelque chose de totalement fictionnel)

(et s’arrêtant sur un album que je ne connais pas non plus)
(mais qu’écoutant ce matin je reconnais bien sûr) (alors c’est donc lui)
(mais pourquoi lui alors, en dehors de la maquette qui vous plaît)
une sorte de folie borgesiennne
qui immédiatement
et ludiquement
m’a rappelé ces découpages qu’enfant on faisait
de silhouettes à habiller
de différentes tenues qu’on clipait, qu’on changeait
(je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans…)
mais aussi les mille milliards de poèmes
ces lectures en tout sens
pulvérisant l’ordre narratif, le recomposant
drôlement aussi
entre art brut et poésie minimale
entre humour et absurde (le verso découpé de certains collages est aussi signifiant dans ses manques)
aussi merci catherine
oui
amicalement
ea&fd = Emmanuel Adely et Frédéric Dumond !!!!!

C(ART)ollage

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C(ART)ollage
(suite et fin :  était annoncé… mais pas complet.
Il est maintenant prêt )

Voilà un des éléments de C(ART)ollage pour accompagner les voeux de Rue du Départ :

voeux pour
un 2023 plus heureux que vous ne pouvez l’imaginer à l’heure actuelle, mais VRAIMENT bien bien plus heureux … ! …

c(ART)ollage de Marie Thémenet :

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c(ART)ollage, c’est un ensemble de 16 collages qu’on peut voir comme :
cadreurs – « effriteurs » – « enfileurs » – « exfolieurs » – « exhorteurs » – « exileurs » – exportateurs –  extracteurs – faiseurs – inséminateurs – « métaboliseurs » – monteurs – producteurs – profiteurs – « sublimeurs »
de
rêves – fariboles – perles – mensonges – folies – fantasmes – songes – possibles – sublime – ludions – rêveries – verbe – plus – fadaises – signifiés – inattendu.
c(ART)ollage, c’est un luxe de possibilités de sens ou d’insensé.

C(ART)ollage est arrivé

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Qu’on se le dise !
Dans la collection Voyageur,
C(art)ollage
est là.

Marie Thémenet nous a concocté 16 cartes postales  à partir de collages.
Qu’on se le dise !
Elles sont étonnantes.

C(art)ollage
 est en tirage limité, signé par M. T.

Bout portant par Françoise Sergeant

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Babelio  FrancineS
FrancineS   20 juin 2022
Tout commence dans une voiture, la tension est palpable. Au volant, un homme jeune. Côté passager, une femme armée. A l’arrière trois petits vieux terrorisés, ou presque. Car au fil des pages, on ne sait plus vraiment qui sont les méchants de l’histoire ! L’histoire justement ? Une sombre affaire de vol, de kidnapping, de show business même !
En moins d’une centaine de pages, l’auteur nous emporte, de sa plume acérée, dans un road movie aussi statique que critique, de notre société et du monde du livre. Plus qu’un roman, une tuerie, nette et sans bavure.

« Bout portant » et des lecteurs – suite

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Jeunes, moins jeunes,
femmes ou hommes,
amateurs ou professionnels
du polar ou de la retraite,
impactés donc
– ou pas –
par le problème,
ils en disent ceci :

A. D . : « J’ai lu Bout Portant : totalement amoral et réjouissant »
L. B : « ça claque. C’est drôle mais pas que »
C. P : « vu mon métier, je ne pouvais pas passer à côté, je l’ai lu d’une traite. »

« Bout portant » et des lecteurs

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M-C. J : «  La couverture est superbe ! »
(ça n’est peut-être rien pour vous, mais pour nous, c’est beaucoup. Que ces livres soient beaux est, depuis le début, un de nos buts)
M.S : « J’ai déjeuné avec : il est de bonne compagnie »
(
c’est sûr, avec Bout portant, on veut vous faire rire… de choses sérieuses…)
L. B : «  Chaque personnage a du caractère. Un peu excessif… et on en rit  »
( oui, Louis, Nicole et Joséphine ont du mordant, et ça réconforte dans ce monde de brutes)

« 

article dans Ouest-France

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Ouest-France

Pascal Millet publie une comédie noire pour adultes

L’auteur Pascal Millet est déjà connu pour ses nouvelles, romans noirs et livres pour enfants. Aujourd’hui, il publie dans un autre genre, une comédie noire intitulée Bout Portant, illustrée par Eric Enjalbert.  Un texte humoristique qui traite de sujets sérieux comme la vieillesse et la littérature. 

L’histoire se passe en huis clos dans l’habitacle d’une vieille Volvo. Trois petits vieux ont créé une fausse maison d’édition afin de recevoir gratuitement des manuscrits. Ils sont alors menacés par une jeune femme qui cherche son frère et surtout le manuscrit de ce dernier qui a été publié, après corrections, par ces trois vieillards.  Pour le paysage, je me suis inspiré de Trégastel, de l’île Renote , ​ajoute l’auteur.

Dans son ouvrage, Pascal Millet nous parle d’Ehpad et de littérature avec le cheminement d’un manuscrit, le travail de l’édition et la commercialisation.  On va retrouver des références littéraires, des critiques sur le monde littéraire et audiovisuel et on va comprendre le refus de finir sa vie dans un mouroir​, souligne-t-il.

Bout Portant, de Pascal Millet, éditions Rue du départ, 10 €. À commander en librairie.

 

 

Bout portant de Pascal Millet est sorti

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« À lire absolument….juste déjanté comme il faut et… à la réflexion… »
dit une primo-lectrice.

Et on lui répond : « Bang Bang »… 

Vous pouvez nous le commander,
le commander à votre libraire préféré,
le trouver à la Galerne seulement, pour le moment.
le trouver au salon Epoque, à Caen, les 21 et 22 mai,
sur le stand de Rue du Départ : on vous y attend.

Pascal Millet : Bout portant

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Il a l’air sympa, Pascal Millet…
Pourtant, il a écrit Bout portant.
une comédie où des vieillards sont capables de pensées délétères, de mauvaises actions.  ET d’imagination..

Bout portant : Pascal Millet

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Quand trois petits vieux décident de survivre loin des Ehpad, rien ne les arrête.
Une comédie noire qui parle autant de vue qui baisse que de littérature.

Bout portant de Pascal Millet

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Bout portant, livre farceur de Pascal Millet, illustré par Eric Enjalbert, est actuellement chez l’imprimeur.

Bout portant est d’actualité…
Bout portant parle de personnes âgées qui veulent éviter les Ehpad, privés comme publics, et on les comprend. Bon, leur méthode n’est peut-être pas très éthique…
Bout portant s’amuse du monde du livre.
Bout portant n’est pas sérieux mais dit des choses ô combien sérieuses.

 

ça bouquine ? 3)

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La troisième émission du podcast Ça bouquine ? est sortie : elle aborde la transmission du goût de la lecture. Vous pourrez choisir une plateforme d’écoute en cliquant sur ce lien : https://linktr.ee/cabouquine .

C’est trouvable sur Youtube. C’est fait par un groupe d’étudiantes et c’était très sympathique d’enregistrer avec elles.

Et on y est avec le Chat Bleu et nos séances un vin, des livres,
et avec « ça va? ça va... », le petit dernier de Rue du Départ, né d’un atelier d’écriture. Bientôt avant-dernier : on travaille à Bout portant: de Pascal Millet 

Heureuses fêtes !

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à côté de Percival Everett ! de Paul Auster !

cette année, c’est avec  ça va ? ça va… 
le mini-table book plein d’esprit (si si), le petit-cadeau-d’assiette mais bien plus que ça aussi…
Et, pour les gens d’ici, presque 100% d’ici…

ça va ? ça va… : il est arrivé… alors, ça va

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Le petit nouveau de Rue du Départ est arrivé..
Plus bordeaux ou prune ou lie de vin que cerise, mais ça ( lui ) va ( bien ). Et ça ne veut pas dire qu’il y a à boire et à manger dedans.
« ça va ? » : une question qu’on ne pose pas vraiment.
 » ça va » : une réponse qu’on n’attend pas vraiment. Ou plutôt si. Il vaut mieux que vous ne vous mettiez pas à raconter tout ce qui, réellement, ne va pas.
Un échange qui n’en est pas un, dit une amie allemande qui s’en énerve. Un « wie geht es ihnen ? » est une vraie question qui, elle, attend une vraie réponse. Un peu d’attention, quoi ! De l’empathie. Un partage. Pas un glissement vers autre chose. Pas une politesse de surface.

Donc,  ça va ? ça va… est là : petites histoires, micro-nouvelles, réflexions courtes, anecdotes sur un état du monde ou de soi. Pas plombant. On s’en amuse aussi.

ça va ? ça va… la préface :

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cracked road concrete close up

Un livre contient une histoire, évidemment, au moins une.

Mais un livre vient aussi d’une histoire, au moins une.
Ce livre contient plein d’histoires
et est né de deux histoires.
Celle de Trace2mains : un atelier d’écriture composé de plus d’hommes que de femmes – c’est assez rare pour le noter -, créé autour de Francis Pedu, personnage attachant, auteur d’un recueil de haïkus, aujourd’hui décédé mais toujours vivant dans la mémoire du groupe.
Une rencontre mensuelle. Un bon repas. De bons vins. De bons copains. Tous branchés arts. L’un d’entre eux anime, pas toujours le même.
Voilà ce qui a amené ce petit livre : le sujet de » la catastrophe pour vous », donné après lecture d’extraits des derniers livres de Gaëlle Obiegly, Une chose sérieuse et Olivia Rosenthal, L’éloge des bâtards aux éditions Verticales.
La deuxième histoire est un voyage à Marseille, la visite du FRAC et l’achat de deux micro-livres d’art de Stéphane Le Mercier pour leur humour. Au retour, la recherche de ses travaux sur le net, la trouvaille du « Timbre Walser », un de ses multiples.
Ici reproduit, il évoque lui aussi une catastrophe : la mort dans la neige de l’écrivain suisse allemand Robert Walser, interné pendant des années.

Hélène Gaudy et la P U N° 65

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Hélène Gaudy, l’auteure de ce magnifique livre, entre autres :
Il y a deux ou trois ans, sans doute un peu avant le festival Lettres d’automne de Montauban dont Christian Garcin assurait la programmation, j’ai reçu par la poste ce livre qu’il a écrit avec Éric Faye. Il était couvert du papier qu’on voit sur la photo, abondamment annoté, émaillé de collages, et surtout, sur plusieurs pages, de mots surlignés en jaune qui venaient y tracer des poèmes. Je n’ai aucune idée de l’identité de la personne qui en a fait un objet unique et me l’a envoyé. En rangeant mon bureau, je suis retombée dessus et me suis demandé si ce mystérieux expéditeur ne serait pas tout simplement sur Facebook… MP dans ce cas pour lever le mystère ? Sinon, il restera entier et ce sera bien aussi…
  • Le mystère est donc levé ! Merci à C H B pour ce geste poétique. Je découvre, du coup, le site des éditions Rue du Départ et cette pratique qui me ravit : envoyer des livres choisis, de manière anonyme, après en avoir fait, ainsi, des P U, des pièces uniques. Très heureuse d’avoir l’une d’entre elles dans ma bibliothèque !

    C H B : tu as le n° 65, on en est au 123. L’idée est aussi de réussir, si possible, à envoyer le livre qui correspond bien au récepteur.

     

Un article de Jean-Pierre Suaudeau sur sa Pièce Unique ! Merci !

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VERTIGE DE LA LITTERATURE
« Ce massage de purs » de

Catherine Hémery Bernet

.

Depuis 2014,

Catherine Hémery Bernet

créé des livres singuliers nommés « Pièce unique » et réalisés, comme on s’en doute, en un seul exemplaire. Ce livre unique vous arrive un jour au bon soin de la Poste par la grâce désintéressée de l’autrice.

Celui qui m’est parvenu, le 101ème, s’intitule « Ce massage de purs », anagramme du titre du livre de Jean-Loup Trassard « Campagnes de Russie », paru en 1989, sur lequel il vient s’adosser.
Le dispositif choisi par

Catherine Hémery Bernet

semble simple : d’un livre existant, elle prélève quelques mots, quelques lettres au besoin, en les surlignant sur chaque page impaire, écrivant ainsi son propre texte, soit, ici,133 « poèmes express». Simple et cependant d’une force qui suffit à subvertir toute lecture, à dynamiter l’idée même de littérature et à ouvrir un abîme temporel sous nos yeux de lecteurs subjugués.

Ces « poèmes » se font, au gré des jours, tantôt humoristiques : « Une dame russe cherchait un cinéma. Plus d’un an après on en localise un. » (p 11), « Nous enlevons nos chaussettes sur le canapé et je vois bien la déception » (p 81), fantaisistes : « les cerises répondent non aux petites mouches » (p 189), « une énorme patte appelle les petits pois, marche dans ce vert tendre » (p 241), sensibles : « Le rose très pâle vient jusqu’au bord du rouge » (p 141), « deux tracteurs soulèvent deux nuages, petites usines qui fument » (p 185), saisissants : « Une femme, sur le char, attend dans un paletot de peur » (p 69), aussi bien sensuels : « ce qui m’intéresse, c’est la peau » (p 153), « forte odeur de femmes et robe rouge à pois blancs » (p 187), prennent la forme d’adages : « Quand est malade le vétérinaire, grince le chien » (p 223), d’incipits de romans : « Deux femmes repoussent sur le canapé un étranger à l’air malcommode » (p 55), ou de polars : « Dix-neuf millions dans un bocal de verre ? c’est pas beaucoup. » (p 73), et pensées qu’on imagine influencées par le confinement : « Remerciements au Livre parce que les livres sont toujours là » (p 159, 29 mars), « Nous demandons le possible demain. » (p 215, 26 avril), « On se demande comment reprendre » (p 225, 1er mai).
Le lecteur ignorera si les créations quotidiennes de

Catherine Hémery Bernet

t répondent à un cahier des charges précis, à une série de contraintes oulipiennes ou si l’humeur créative prévaut. Et qu’importe : on se laisse guider, porter par les images qui en surgissent, amusé, ému, étonné, entraîné par le plaisir évident de l’autrice à se saisir des mots, à les faire parler, sonner, s’entrechoquer : la langue, le livre devenus terrain de jeux.

ll est indispensable d’évoquer également le livre de Jean-Loup Trassard, l’écrivain-paysan, journal d’une singulière résidence en Russie encore soviétique se déroulant du 11 mai au 5 juin 1986. Résidence qu’il a voulu rurale, afin de visiter fermes et installations agricoles, d’échanger avec ceux celles qui y travaillent, en connaisseur. Ce journal passionnant donne à voir la Russie des campagnes, avec précision, humour, sens de la notation, attention aux gens et aux paysages. Rien n’échappe à l’écrivain. Passionnant et instructif carnet de voyage, témoignage autant historique sur la Russie soviétique à l’aube de la chute du mur qu’humain tant abondent les portraits attachants, « visages cloués sur la paroi du temps »1. Livre captivant. Puissant. Et il le faut pour résister aux interventions malicieuses de Catherine Hémery Bernet qui en bousculent la lecture selon un dispositif à la fois simple et complexe qu’il est nécessaire de décrire précisément pour en saisir toute la portée.
Le dispositif comporte en effet plusieurs strates : la première, déjà évoquée, est composée de « poèmes » distillés à l’intérieur même du texte d’origine ; la deuxième accueille en marge haute des fragments d’actualité sourcée (en l’occurrence surtout consacrée à la Russie contemporaine, actualité rien moins que réjouissante sous l’ère Poutine) ; la troisième enfin, en bas de page, révèle les dates de ses interventions quotidiennes (soit du 1er janvier au 27 mai 2020). Interventions auxquelles elle joint parfois un article, une photo, collés en haut de page.
Le lecteur se trouve dès lors confronté à une profusion d’informations qui se chevauchent, se télescopent, le convient à un voyage enjambant temps et espace : la Russie soviétique et rurale de 1986, circonscrite aux territoires forcément réduits visités par Trassard ; celle de 2020 aux tentacules mondiaux dont l’autrice nous donne des nouvelles en haut de pages ; les « poèmes express » réalisés dans les cinq premiers mois de 2020 (lesquels recoupent la période de confinement) ; à quoi on ajoutera le temps de notre lecture, décalé de quelques semaines, qui met en perspective ces différentes temporalités à l’heure du déconfinement. Le champ de cette lecture s’en trouve considérablement élargi à la fois dans le temps (mai-juin 1986, janvier-mai 2020, juin 2020) et dans l’espace (Biélorussie soviétique, Russie de Poutine, le monde en temps de pandémie), nous obligeant à de continuels allers-retours entre différentes couches de temps, entre divers espaces qui charrient une épaisseur, une densité troublantes, aussi vives et décapantes qu’un vent d’est.
Si

Catherine Hémery Bernet

dit s’inspirer des « poèmes express » de Lucien Suel, elle procède cependant tout autrement. Lucien Suel en effet biffe, noircit sur la page du livre d’origine mots et phrases jusqu’à y substituer par soustraction son propre texte.

Catherine Hémery Bernet

se contente elle de désigner sur la page les mots nécessaires à ses créations, organisant ainsi un double trajet de lecture. Le résultat n’en est que plus saisissant, au point de ne plus savoir si c’est « Campagnes de Russie » qui préexistait au texte de Hémery Bernet ou si « Ce massage de purs » était enfoui sous celui de Trassard. Le lecteur assisterait alors à une opération de mise à jour, un travail d’archéologie de la langue, de patient déblaiement. Laissant sourdre l’idée insistante qu’aussi bien d’autres textes seraient encore à découvrir dissimulés dans celui de Trassard qui les masque, textes dans le texte qu’on aurait ignorés sans l’intervention de

Catherine Hémery Bernet

. C’est tout l’univers de la littérature qui est ainsi interrogé en une subtile leçon borgésienne : chaque texte en contient d’autres à l’infini, chaque livre contient à lui seul tous les livres selon une combinatoire qu’il suffit de modifier pour qu’ils surgissent. Vertigineuse expérience de lecture.

Travail époustouflant, rien moins qu’anecdotique, constitué par ces 101 recueils, ces 101 pièces uniques, œuvre précieuse semée aux quatre vents que Catherine Hémery Bernet élabore à bas bruit avec modestie, inventivité, intelligence, humour… et générosité. On en reste subjugué.

Suite n° 11

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Suite n°11 vient de sortir,
Suite n°11 est de Pascal Millet, auteur de polar mais pas que !
Suite n°11 est un poème narratif sur les débuts d’une relation amoureuse. C’est l’homme qui parle, de son histoire particulière.
Suite n°11, c’est, face à ce texte contemporain, des images de corps féminin, des détails de sculptures, des courbes, des nuques, des seins, des mains de tous les temps et de lieux différents. Un éternel féminin, fabuleusement photographié par Eric Enjalbert. Certaines pierres sont des peaux !
Suite n°11, c’est une histoire particulière face à La Femme.