M Z – juillet 2024 – 2)

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Il a aussi été question de
– François Cheng : Le dit de Tian-Yi. Pour faire le parallèle entre la notion d’art en Europe et en Asie, et ce qu’on a fait, nous Occidentaux, des objets récoltés en Afrique. Objets que nous avons catalogués « Art ». Ce qui, dans un sens, pourrait dire notre respect mais qui, en fait, dit notre superficialité et notre manque d’intérêt pour le monde de l’autre.
– Les mémoires d’un fou de Gustave Flaubert, édition Allia : Flaubert ne sait pas ce que le lecteur va lire, revient sur des souvenirs, son mal être, sa souffrance d’écrivain. « Merveilleuses : son écriture, sa langue »
Aki Shimazaki, Japonaise vivant au Canada et écrivant en français : 5 livres en coffret chez Babel : Au coeur du Yamato, la même histoire. Dans chaque livre, un personnage principal différent et donc un autre point de vue. Un glossaire, à la fin, aide le lecteur sur des notions coréennes et japonaises. D’autres séries de cette auteure existent, toujours chez Actes Sud.
La cuisine de la consolation  de Stéphanie Schwartzbrod, Actes Sud encore, 2023 : ce que l’on cuisine partout lors des deuils, les recettes et les coutumes liées à ce moment.
de travaux d’artistes : broderies d’Emmanuelle Augereau, pièces d’Anthony Plasse, passionné de Japon.

– des jolies plaquettes des éditions du Dé Bleu : ex : Mon chat, son chien et le cochon du voisin, ou Capitaine des myrtilles.

-de livre pour enfants : Pleine mer d’Antoine Guillopé, éditions Gautier Langereau.
– de romans graphiques :
de Fabien Toulmé, scénariste et dessinateur : une trilogie : L’odyssée d’Akim. l’histoire d’un migrant, de sa femme qui arrive avec le bébé.

Ce n’est toi que j’attendais, chez Delcourt, 2014  : sur son enfant différent, sa petite fille trisomique. Comment il l’accepte ou pas, à certains moments.
On peut faire le parallèle avec l’expérience de Kenzaburo Oé et cette idée selon laquelle « si je vois mon enfant autrement, il peut aller au-delà de ses capacités. »
Les deux vies de Baudouin, chez Delcourt, 2017 : Baudouin est mécontent de son travail, de son quotidien. Luc, son frère, est tout autre et ils partent ensemble en Afrique. Baudouin apprend que la vie a le sens qu’on lui donne. Or, il est malade et n’a que quelques mois à vivre. Il y aura un retournement de situation…
Formellement : les flashback sont dans une couleur différente.
– de Taiyo Matsumoto, chez Futuropolis : Les chats du Louvre. Flocon, un chat caché dans les combles, peut devenir enfant. Marcel et Cécile croient que les tableaux parlent, Patrick, lui, n’y croit pas.
– un roman de Zoé Brisby, Les égarés, édition Michel Lafon. Cette historienne de l’art, propose à la fin de chacun de ses romans un chapitre supplémentaire, accessible sur les réseaux sociaux où on peut aussi la contacter.
Ici, il est question d’un stage de survie sur le GR 20 d’un groupe hétéroclite. Le guide prévu disparaît. Un chapitre par personnage… (un côté Dix petits nègres ?)

La prochaine réunion livres à MZ est prévue le vendredi 23 août, à partir de 18h.

M Z – juillet 2024 – 1)

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On a parlé de :
– Starlight de Richard Waganese, Zoé poche 2021, traduit par Christine Raguet. Roman inachevé, posthume d’un auteur (1955-2017), Indien ojibwé de Colombie britannique.
Le personnage principal, Frank Starlight, est un Indien, élevé par un blanc qui lui a légué sa ferme. Un pur, amoureux de la nature, photographe animalier. Il va aider Emmy et sa fille qui se sont sauvées d’une vie moche, avec des mecs moches.
Starlight est intégré mais le fait qu’une femme blanche vienne vivre chez lui pose problème à certains. Une blanche… Un Indien… De même, quand on aime ses photos, dans une galerie de Vancouver, c’est son indianité qui joue.
– Tokyo Electrique : 5 nouvelles traduites du japonais, parues chez Autrement puis en poche chez Picquier, (2006) : de 5 auteur.es peu, voire pas traduit.es en français , ni à ce moment-là, ni depuis. 5 ambiances très différentes, 5 écritures. 5 lieux de Tokyo. Ces nouvelles parlent de faits de société (japonais) : l’anonymat dans la grande ville, les immigrés, la femme vis-à-vis de l’homme, le travailleur pauvre.
– King Kasaï de Christophe Boltanski, Stock 2023, collection Ma nuit au musée, maintenant en Folio. Le musée choisi par Boltanski  est Tervuren, en Belgique, lieu d’exposition d’objets africains. Lieu qui représente la colonisation, et qui a été retravaillé. Il en avait besoin, de par sa vétusté mais aussi du fait que le discours devait changer.
Il est question de la façon dont on a pillé le Congo belge, dont on a traité les populations, dont on  a « collecté » des objets, dont on les a présentés, leur enlevant le sens qu’ils avaient pour les peuples à qui on les a volés.

De ce fait, on a évoqué les objets venant d’ex-pays colonisés, leur retour, envisagé ou pas, dans les pays d’origine. Sujet déjà évoqué par Arno Bertina dans Des lions comme des danseuses, éditions de la Contre-allée, 2015, enrichi en 2019. Combat mené pour le patrimoine du Cameroun par une conservatrice d’Angoulême actuellement.

Hello Havrais.es !

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Hello Havrais.es qui lisez et aimez en parler :

voilà deux dates :
A la cabane de Lire à la plage du Havre, le mercredi 7 août à 17h,
avec une ou des Ancres noires,
on parle POLAR

ET
A la boutique de L’Eloge du Monde, le jeudi 19 septembre, à 18h, on reprend nos séances de
Un vin, des livres. C’est au 7, rue Louis-Philippe.
Hélène Lanier sera peut-être avec nous,
Peut-être pas.
Elle nous parlera peut-être d’un ou deux livres qui donne(nt) des envies de voyage.
Peut-être pas.

Red team : P U N° 209

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Ces guerres qui nous attendent, tome 1, paru en 2021 aux éditions des Equateurs et Humensis -Université Paris sciences et lettres, puis en poche Harper Collins (un tome 2 est paru en 2023, édité par les mêmes).
Le tout est à l’initiative du ministère des armées. 600 personnes avaient candidaté pour y participer. Seuls, 10 ont été retenues : analystes, chercheurs (Virginie Touray) , auteurs de romans noirs ( DOA), de SF (Laurent Genefort), de BD (François Schuiten),  designeurs (Jeanne Bregeon).
Ce premier tome est sur
– le voyage interplanétaire : P 20 « En 2026, la France s’est engagée, avec 22 partenaires dont 15 pays européens, dans une voie radicalement nouvelle : celle de l’ascenseur spatial guyanais (ASG, parfois appelé KSE pour Kuru Space Elevator »,
– la piraterie : P 77 « En 2057 (…) un groupe de pirates (…) est le premier à prendre le contrôle du cerveau d’un pilote de navire de la CMA-CGM »,
– les villes flottantes,
– la réalité alternative : P 103 : « 2046-2049 : Face au renforcement de l’enfermement de certaines populations dans des zones où des réalités alternatives ont cours, lancement de l’opération « Sécuriser le réel ».
– les drones : P 173 : … »gestion en essaim. Un essaim est traité par l’hyper-IA comme une entité unique. (…) Les ruches ou nourrices de drones légers(…) contiennent des imprimantes 3D et des micro-usines pour réparer certaines pièces endommagées ou à l’usure avancée. »

Et plein d’autres choses qui sont elles aussi déjà là :
– les problèmes climatiques et les migrations consécutives,
– P 116 : « la Grande Mongolie » et le « cheval de Troie »  de ses « outils numériques grand-mongols »
 P 97 : Vous, les Occidentaux, vous êtes faibles parce que vous tenez trop à la vie et vos grandes idées. »

Quelques Poèmes Express qui en viennent :
– L’agence décide de mettre en danger l’université. Objectif ? Retrouver la réflexion.
– L’être humain perdu dans ses balbutiements s’ouvrait à nos jadis.
– Un pays s’autorisait à juguler la croissance des corps.
– Un citoyen capitaliste distribue des goodies : un mini-drone personnel et des pins.
– Neutralisation du cerveau d’un hacker en théorie sécurisé : un précédent.
– Ecran noir … centre volatilisé en sept secondes.
– Ce qui ralentit l’opération de triage : des bulles de rencontre.
– La communication de base laisse le moins de prise possible à un imaginaire.
– Tout peut être attaqué de l’humain : le délai de réaction, l’intuition, la maîtrise.
– Un gourmand de haut niveau bénéficie d’une énergie abondante.

Cette Pièce Unique est offerte à Sarah Kügel, designer (designeuse ?) de talent, rencontrée à La Baraque à Rouen

Un Mikhaïl Boulgakov : P U N° 208

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Les Récits d’un jeune médecin ont été écrits en 1919, publiés en 1925-26 dans deux revues, jamais en volume du vivant de Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) qui, avant d’être écrivain, fut médecin. De cette première vie, viennent ces textes.
Envoyé dans un dispensaire, loin de tout, à peine ses études terminées, un jeune médecin se retrouve seul et effrayé de toutes les possibilités de maladies pour lesquelles on peut venir le consulter, des opérations qu’il doit accomplir pour la première fois, des diagnostics difficiles qu’il a à poser. Puis il devient plus sûr de lui et se voit confronté à l’ignorance des patients. Les conditions climatiques et la solitude rendent ces moments encore plus durs.
Un deuxième texte est censé parvenir à ce même jeune docteur, arrivé dans une ville plus grande, dans un véritable hôpital. Celui qui a écrit est lui aussi docteur mais est devenu morphinomane. Il nie d’abord sa dépendance puis en rend compte de manière très forte.
Le troisième et dernier texte parle de guerre en Tchétchénie.
Boulgakov :
– a été médecin pendant la la première guerre mondiale puis dans la révolution et dans la guerre civile russe, du côté de l’armée blanche.
– a été un homme courageux, surveillé par Staline. Donc, pas lu de son vivant. Le livre pour lequel il est reconnu comme un des plus grands écrivains russes, Le maître et Marguerite, ne sera édité en URSS que 26 ans après sa mort, et dans sa version intégrale qu’en 1973.

Quelques Poèmes Express en sont issus :
Le papier glacé doit être considéré comme essentiel et contenir l’auteur.
– Pénombre et vent de neige : l’image était simple.
– Veste à plis métalliques, l’homme me colla à lui et m’enroula autour de ses doigts.
– Aujourd’hui est arrivé. Le soir attend son tour.
– Il fallait écouter ! Nous sommes foutus et tout seuls…
– Le bébé ne veut pas voir les yeux des sages-femmes.
– Je vécus une semaine comme dans un tableau. Ensuite, de pire en pire : au fond des couleurs.

 

Ecrivains en bord de mer – 11 au 14 juillet 2024

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C’était la 28ème édition.
Et, de l’avis même de Bernard Martin
– qui s’en inquiétait aussi, n’ayant pas le mode d’emploi -,
elle était spécialement réussie.
Spécialement intense.
De l’ouverture, avec la lecture d’Elitza Gueorguieva
aux rencontres avec les jeunes auteurs: Dimitri Rouchon-Borie au Tripode, Marion Lejeune au Bruit du monde, Adrien Girault aux éditions de l’Ogre,
en passant par la journée sur la traduction avec des « grands » traducteurs aussi auteurs : Jakuta Alikavazovic, Nicolas Richard
et l’après-midi des « fragiles magnifiques » : Chloé Delaume, Alexandre Labruffe.

Justement, revenons sur : Chloé Delaume, là pour deux aspects bien différents de son oeuvre : Pauvre folle au Seuil et Phallers en collection Points. Le premier « plus sur la poésie qu’autre chose » , plein de « réalisme magique » « influencé par l’univers de Boris Vian » et le deuxième : »celui-là, c’est une blague ». Livres différents mais tous deux venant un peu de l’univers de Cronenberg et parlant de « féminicide : mot entré dans le vocabulaire que depuis 2015. Ce qui n’a pas de mot n’existe pas. » 
Chloé Delaume :« Je fais partie des gens que la littérature a sauvés, en tant que lectrice et praticienne. »
Dimitri Rouchon-Borie pourrait sans doute dire la même chose, lui qui, journaliste de chronique judiciaire :  » dix ans dans les horreurs du monde », fait une pause et a « une langue qui est sur la plaie ».
Alexandre Labruffe le dit autrement, avec son humour trash, ses grosses lunettes, sa casquette rose « en phase de test » : « J’ai un problème, c’est Robbe-Grillet » et ses livres « observation du chaos chaque fois, autopsie d’un chaos familial. » … »farce tragique »

On a aussi pu, pendant ces quatre jours, s’inquiéter de la place de l’I A dans la traduction littéraire et découvrir bien d’autres mondes : ceux de Claire Marin, Claire Fercak, Marie Nimier, Lindsay Turner, poètesse américaine dont on tentait, le matin, de traduire quelques textes sous la houlette d’Olivier Brossard, universitaire, directeur de collection chez Joca Séria.

Polar et Lire à la plage

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Le 9 juillet, il faisait un temps de chien ( pourquoi dit-on temps de chien puisque ce sont les hommes qui s’en plaignent ? n’ai jamais entendu un chien en parler !).
On était donc fort peu mais le public était de choix.
On a évoqué deux auteurs venus au festival cette année :
– Jorn Lier Horst : Norvégien, ancien inspecteur de police : il venait dans le cadre européen avec l’éditeur jeunesse Rageot et deux classes ont pu profiter de sa présence. Tout le monde en a été heureux : les élèves, les professeurs des écoles et lui. Par ailleurs, il était aussi au Polar à la plage avec ses livres pour adultes, en Folio policier. Par exemple, L’usurpateur ( paru en 2013 en Norvège, en 2019 en France ). On suit alternativement l’inspecteur William Wisting, personnage récurrent de Horst, et sa fille, journaliste. Une histoire de meurtrier en série sur deux continents. On avance lentement, avec plein de détails, jusqu’à la toute fin où les choses vont avec autant de détails mais à toute vitesse !
– Sylvie Allouche : auteure jeunesse – étant entendu que les livres intéressants pour ados ou enfants le sont également pour adultes. Dans son dernier opus, avec son personnage féminin de commissaire Di Lazio, trois histoires se mêlent : celle d’une femme retrouvée morte, d’un enfant noir retrouvé au même endroit, vivant mais dans un sale état et du fils, qui ne va pas bien, du ministre de l’intérieur. Et c’est un livre qui ouvre à la politique, à l’Europe…
Et puis des auteurs qu’on aimerait bien voir au Havre :
– Loriano Macchiavelli, auteur italien, de Bologne, Les jours de la peur paru en 1974, repris cette année en français par les éditions du Chemin de Fer.
A noter : la beauté de l’objet-livre : la qualité du papier de la jaquette, la couverture, les « illustrations » d’après photos au début et à la fin.
Les années 70-80 ont été meurtrières en Italie. Réellement. Dans le roman, un attentat a lieu. Le sergent Sarti Antonio suit l’affaire mais son supérieur hiérarchique a un peu des idées d’extrême droite… donc des convictions sur les coupables potentiels. C’est politique et plein d’humour.
– Liam McIlvanney, ( fils de William McIlvanney ) : Là où vont les morts. En poche.  Quelques mois avant le referendum sur l’indépendance de l’Ecosse, un journaliste est retrouvé mort, noyé dans sa voiture, mains attachées au volant… Bizarre qu’on conclue au suicide, non ?
Super descriptions de Glasgow, pas celui des touristes, mais des populations pauvres.
– Alan Parks, autre Ecossais : Les morts d’avril, en Rivages noir poche. Le mois de mai vient de paraître en grand format.
Nous sommes dans les années 1970, une bombe artisanale explose. Le terroriste maladroit est tué, un autre homme, blessé, a disparu.
On retrouve le même inspecteur déglingué, copain d’enfance du chef de la pègre, dans tous les mois/livres.
Voilà.
Macchiavelli est né en 1934. Pas sûr qu’il ait envie de venir jusqu’au Havre en 2025.
McIlvanney vit en Nouvelle-Zélande. Sûr que les Ancres noires n’auront pas de subventions suffisantes pour le faire venir.
Alan Parks vient à la Galerne le 18 septembre : qu’on se le dise !

Et maintenant  La Baule et Ecrivains en bord de mer !

Un Julia Deck : P U N°207

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Propriété privée est paru chez Minuit puis en Minuit double.
Le prochain Julia Deck, Ann d’Angleterre, paraît aux éditions du Seuil fin août.
Changement d’éditeur donc,
Et de ton ?
Non, sans doute pas : l’ironie est LE ton de Julia Deck.

Propriété privée se passe dans un nouveau quartier en grande banlieue. Les Caradec arrivent là. C’est elle qui raconte et elle a la dent dure. Annabelle Lecoq, la première voisine rencontrée, aussi…

Histoire de bruit gênant, de barbecue gênant, de chat gênant, de relations obligées ou incongrues, de chien disparu, d’épouse disparue.
Johan Faerber, dans Diacritik a classé le livre dans un nouveau genre : le « roman de voisinage », ce que Julia Deck accepte, en parlant, elle, d’influence de séries comme « les premières saisons de Desperate housewives, un des plaisirs les plus jouissifs des années 2000. » Mais Eric Chauvier s’invite aussi dans le roman.
Sociologie romancée, alors peut-être, mais matinée de roman policier…

Poèmes express tirés de Propriété privée :
– Il s’est remis à briquer le parking de l’Intermarché. Il avait sans doute une bonne raison.
– Tu 
faisais ton travail, tu cherchais le moyen d’arrêter une brosse à dents.
– Nous ne sommes pas des animaux, tu l’exposais pendant que je creusais la terre.
– Tu as suggéré plusieurs corps; tes descriptions manquaient de détails.
– Chaque semaine, s’invitaient les occasions de se prolonger.
– Au jardin après le poulet basquaise, elle avait besoin d’être femme.
– Il exerçait la profession de chat : animal et fourrure.
– J’avais des atouts : enlèvement, séquestration ou plus.
– Elle n’était responsable de rien. J’ai observé son visage transparent. Méduse.
– Semer le doute, le récupérer et l’emporter.

La Pièce Unique n° 207  est offerte à Julia Deck…

M Z – juin 2024 – 2)

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On a aussi parlé de :
Mary Sydney – alias Shakespeare d’Aurore Evain, éditions Talents hauts, 2024 : le livre, fait à partir de travaux universitaires, se présente comme un procès avec preuves à charge et à décharge, et prouverait
– que Shakespeare ne peut avoir écrit les pièces qui lui sont attribuées,
– qu’il fallait une grande culture à laquelle il n’avait pas accès,
– que la personne nantie de cette grande culture, et donc l’auteure, serait Mary Sydney, comtesse de Pembroke. L’argumentaire a totalement convaincu C.
– Le buzz de l’abeille d’Isabelle Renaud, Glénat jeunesse, 2021 : collection # on est prêts
Dans la banlieue de Paris, à Montreuil, une ado fait sa crise d’ado et ses parents leur crise de la quarantaine. Un héritage les fait déménager dans les contreforts du Vercors, changer de vie. L’ado est d’abord contre, elle perd ses copains,  Puis elle est happée comme ses parents par le village à re-dynamiser, la protection de l’environnement – superbe- à assurer. Un livre écologiste, bien fait avec, à la fin, plein d’explications.
Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec Une année à la campagne  de Sue Hubbell (1935-2018), le livre que j’ai le plus offert, trouvable en Folio : pareil, elle n’a pas envie de quitter la ville, c’est son compagnon qui l’entraine, mais quand il se tire, elle reste. Et ce texte autobiographique génial nous apprend plein de choses sur la faune dans ce coin des USA.
– Apaiser nos tempêtes de Jean Hegeland, libretto : le choix, ou pas, de la maternité.
Les nouveaux venus d’Adèle Gascuel, éditions Hors d’atteinte, 2023 : un premier roman, une fiction mais proche de notre monde. Un événement de dingue qui entraîne des résultats de dingue : une tempête amène de « nouveaux venus » à Paris.
Accueillir ou se barricader ?
Parallèles possibles : les migrants, le confinement.
C’est « très subtil, super drôle et vrai  » dit E.
Et des romans graphiques :
– Himawari House de Harmony Becker, traduit en 2023 par Marc Lesage pour les éditions Rue de Sèvres : une colocation rassemblant trois filles à Tokyo : une Singapourienne, une Coréenne du sud et une jeune fille née au Japon mais élevée aux Etats-Unis. Une recherche d’identité.
– L’odyssée d’Hakim en trois volumes chez Delcourt, de Fabien Toulmé : un migrant et son enfant : de la Syrie, à la Turquie, à la Macédoine et à la France.
– Du même Fabien Toulmé, en 2018, chez le même éditeur : Ce n’est pas toi que j’attendais : autobiographie : la naissance d’un enfant trisomique.
– Etienne Davodeau : Le droit du sol, 2021, chez Futuropolis : entre grotte de Pech Merle et Bure…
Ce qui m’a amenée à redire combien Le grand Je de Rachel Deville, 2023, éditions Atrabile, est beau, intelligent et politique lui aussi.

Jeudi 18 juillet, 18h à MZ pour de nouveaux livres avec…, en ce qui me concerne, le vin les trois poiriers…

M Z – Juin 2024- 1)

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Un vin, des livres se tenait le 26 juin au Tiers-lieu M Z
J’apportais, moi,
– de  Michèle Pedinielli, Après les chiens,
éditions de l’Aube, collection poche Mikros noir, 2021,
acheté pendant le festival Polar à la plage 2024 : une histoire de migrant retrouvé mort à Nice, de chiens maltraités, de batte de base-ball et de jeune blonde… Avec le même humour léger et la même détective que dans Sans collier, l’ex-compagnon toujours aimé, mais aussi des copines scandinaves et leur chien, Scorcese.
– de José Vieira : Souvenirs d’un futur radieux, Chandeigne 2024 : récit autobiographique d’un documentariste né au Portugal, arrivé en France en 1965 : la vie, enfant dans un bidonville à Massy, la vision du père venu travailler avec l’idée de repartir, de la mère qui rêve d’une maison avec jardin et qui l’obtiendra plusieurs années plus tard, des enfants qui parlent vite français et se libèrent des croyances paternelles. La manière dont la France recevait ces travailleurs et dont ils parlaient de leur vie française lorsqu’ils retournaient en vacances au Portugal.
Et le parallèle que fait José Vieira entre ce qu’il a vécu et ce que vivent aujourd’hui les Roms.
– de Scott Smith : Un plan simple, paru en 1993 aux Etats-Unis et en 2024 aux belles et marseillaises éditions du Typhon. Traduction de Eric Chédaille.
C’est l’hiver et il neige ferme dans l’Ohio. Nous sommes dans une petite ville, avec un couple Hank et Sarah, tout ce qu’il y a de plus middle class, et bien pensant jusqu’à ce que…
On ne peut que comparer ce roman au travail des plasticiens Fischli et Weiss, présenté au château d’Oiron : Der Lauf des Dinge. Quelque chose arrive qui entraîne quelque chose qui enclenche autre chose etc…sur 467 pages. Délicieusement trash et immoral ou diablement moral, comme on veut.
La suite, bientôt,
et déjà, une autre date à MZ : le Jeudi 18 juillet, à 18h

L’humour dans le polar

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dans le bus de Polar à la plage, Joseph Incardona et Michèle Pédinielli
(tout juste sortie de la rencontre, au centre de la photo)
ont parlé samedi 15 de l’humour dans le polar.
Pourquoi eux ? Parce qu’ils le pratiquent –
comme d’autres auteur(e)s venu(e)s au Havre : Jacky Schwartzmann, Hannelore Cayre, Sébastien Gendron, Anouck Langaney,  Hélène Monfils,
ou pas encore venu(e)s : Benoit Philippon,  Sophie Henaff ou Pascale Dietrich -.

A signaler : il n’existe pas d’entrée « humour » dans le dictionnaire du roman policier de Claude Mesplède  !

On pourrait scinder cet humour en deux genres :
– le comique de situation dans lequel on pourrait ranger Donald Westlake et sa série des Dortmunder, J. Schwartzmann, et La daronne  d’Hannelore Cayre avec sa fonctionnaire de police qui devient dealeuse. C’est dans ce camp que s’inscrit Joseph Incardona avec, dans un de ses premiers romans, le mari qui se fait arrêter parce que les cochons  ne digèrent pas les dents, ou avec son dernier : Stella et l’Amérique où ont lieu miracles un peu spéciaux, et contrats commandités par le Vatican, ou encore son film de 2014, Milky way, qui reprend les codes mafieux avec l’oncle en fauteuil roulant qui dit les règles : « Chacun amène ses bêtes (…) La mise de fond est de 3000 Francs » et le jeune qui assure ses copains : « Je suis sur un gros projet »… alors qu’il ne s’agit pas, comme on le croyait, de combats de chiens ou de coqs mais d’une course d’escargots.
– à signaler : ce n’est pas du tout l’ambiance de Les corps solides, Prix 2024 des Ancres noires : sensible, tendre et noir. Un nouveau On achève bien les chevaux, avec un suspens tenu jusqu’au bout.

– l’humour de mots : et là on pense au Poulpe et à ses titres jeux de mots : de J.B.Pouy et sa Petite écuyère a cafté à J.P. Jody : 20 000 vieux sur les nerfs, tous deux venus au festival. A noter qu’en 2024, paraît  la nouvelle collection La Fille du Poulpe.
C’est dans cette catégorie que se trouve Michèle Pédinielli, aux éditions de l’Aube, dans Sans collier. Avec, par exemple, sa leçon de grammaire, page 15..: raison première de cet échange :
 » Toi et l’enculé, on t’aura (…) c’est choquant.
– Pour le moins.
– La reprise redondante et cataphorique du COD en début de phrase, c’est stylistiquement correct et plus percutant ainsi, mais …
– Mais la conjonction de coordination « et » oblige le pluriel. »

Michèle Pédinielli a fait remarquer très justement que l’humour dans le polar n’est pas fréquent, et pas si bien vu :  « l’humour, ça ne fait pas sérieux »

Un Colson Whitehead : P U N° 205

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Le colosse de New York, paru en 2003 aux Etats-Unis,  traduit par Serge Chauvin en 2020 chez Albin Michel, est maintenant en Livre de poche.
Nathalie Cron en dit dans Télérama :  » Le portrait impressionniste de la ville qui l’a vu naître et grandir ».
Treize courts textes, une belle écriture qui glisse de personnage inconnu en personnage inconnu, qui rend compte de moments de vies new-yorkaises : les nouveaux arrivants à la gare routière, les gens aux heures de pointe dans le métro, dans la rue, sous la pluie, qui boivent dans des bars, qui passent dans Central Park, qui s’impatientent dans les embouteillages, qui changent d’appartement, de quartier, de statut social, qui partent. Les phrases s’entrechoquent, traversent des vies multiples, nous entraînent de l’une à l’autre sans avertissement, en quelques mots. Un texte par touches, plus post-impressionniste qu’impressionniste.
Colson Whitehead aime les mots et aime New York mais il ne se fait pas d’illusion sur cette mégapole et le bonheur de ses habitants : P.153 : « Attendez votre tour, il y a assez d’amertume pour tout le monde. »

Quelques Poèmes Express issus de Le colosse de New York :
– On a du mal, peu de patience et des mauvaises surprises.
– La neige exhume un archéologue, lunettes givrées.
– Sans se rendre compte tout le monde a la même idée : le ressentiment.
– C’est là que plastronnent les chiens. Problème d’hormones, de coup d’état.
– Des adultes piaillent arrêtés dans le tunnel : un mutant essaie de les écraser.
– Ils ont posé des voies jusqu’au centre de la terre, traversé des fantômes, muré le Purgatoire.
– La flaque dans le cycle de l’eau est pour les enfants en bottes rouges.
– La Grande Roue lâche : un boulon mal serré. Pas d’échappatoire.
– Une sirène, le pont passe ses journées à guetter ce moment, et soupire quand il se produit.
– Réveillez votre instinct. Allez au fond de leurs poches.
– Les métros tentent de bifurquer, grondement sous vos pieds, comment voulez-vous ?

La Pièce Unique 205 a été offerte à Michèle Pédinielli, venue au Polar à la plage, les 15 et 16 juin, pour  Sans collier, un livre plein d’allant.

Polar à la plage 2024 : de grands moments

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Jorn Lier Horst au centre de la photo : star norvégienne du polar, ancien flic, était avec nous pour le week-end après deux interventions dans la semaine auprès de classes. Il écrit en effet également des livres pour enfants ( éditions Rageot ). Les élèves, lui, et les enseignantes étaient TRES contents de ces échanges.

Michèle Pédinielli et Joseph Incardona (de dos sur la photo) ont passé un moment avec moi dans le bus pour échanger sur l’humour dans le polar. On y reviendra mais, déjà, sachez qu’on a ri.

Le même Joseph Incardona a reçu le prix des Ancres noires pour Les corps solides  paru en 2022 chez Finitude et trouvable maintenant aussi en poche. Un roman noir très sensible. Un suspens tendu jusqu’au bout.

Eric Fouassier a reçu le prix des Robes noires pour un des tomes de Le bureau des affaires occultes  paru chez Albin Michel.

Patrick Grée avec Véronique Guérin, dans le bus, ont évoqué les genres du polar. On y reviendra. C’était super : concis mais/et éclairant.

A très vite.

Un Leslie Kaplan : P U N° 204

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Le psychanalyste,
édité chez P O L en 1999,
paru ensuite en Folio
=
Pièce Unique N°204

Leslie Kaplan, née en 1943, vient de sortir son 23ème livre : L’assassin du dimanche, chez P O L .
On y retrouve des prénoms de personnages vivant dans Le psychanalyste : Louise, Eva. On y retrouve Kafka qui « dit qu’écrire, c’est sauter en dehors de la rangée des assassins (…) c’est mettre une distance avec ce monde habituel, la distance d’un saut. »

…et   » il y a aussi ses assassins à soi, intérieurs » disait Leslie Kaplan dans l’émission Affaires Culturelles en 2022.
Et forcément, dans Le psychanalyste, ce sont eux les plus importants, les « assassins intérieurs ».
Des chapitres se passent dans le cabinet du psy Simon Scop, lors de séances. On entend Louise, Eva, Edouard et d’autres. Simon Scop lance quelques  « Oui ? » après certaines phrases, au coeur de certains silences.
Dans d’autres chapitres, nous sommes dans des moments de vie des patients, ou de Simon Scop

Quelques Poèmes Express qui en sont issus
(il y en a beaucoup, le Folio fait un peu plus de 600 pages…) :
Le conférencier saute dans les mots et c’est comme s’il avait fait cela à son insu.
– Dresser une liste de tes cauchemars et te détester. C’est pas rentable.
– Un kangourou dormait. Quelques hommes discutaient sport. C’était à la fois très ordinaire et pas du tout normal.
– Le monde était petite maison pleine de poussière et gros silences.
– Freud aimait Freud, c’est sûr, cet homme si vieux et enfoncé dans l’analyse.
– Plus rien n’existait sauf les grandes grilles : grille et grande.
– Un jeune catatonique s’absente, me laisse et s’enferme dans sa peau.
– Atelier de théâtre : petite moustache, petit ventre se met à gueuler comme un gros bébé.
– Dans les flaques de bière et saleté de sentiments, tout se mélangeait.
– Transgressif, l’esprit-bretelles. Transgressif, le pas sexy.
– Un clochard, cinq montres au poignet, avait abandonné le temps.
– Je n’ai que ça dans la tête, mes pieds. Je suis bête comme mes pieds.
– On ne peut pas guérir du truc. Ou c’est la fin du truc.
– Il a répété le nom de l’auteur qui était descendu de ma bouche.
– La vie avait pris le métro; elle fixait les rails.

Vous avez dit groupie ?

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Oui : groupie littéraire.
Et la semaine dernière, groupie comblée :
un soir avec Florian, un des deux créateurs des éditions du Typhon, au Havre, grâce à Sébastien qui, s’il ferme les Vivants, n’arrête pas d’être libraire.

La maison d’édition le Typhon est installée depuis 2018 à Marseille. Pas la porte à côté, mais elle reviendra en Normandie, dans le cadre d’une résidence d’éditeur à Hérouville St Clair, avec, en octobre 2024, une exposition du travail de l’illustrateur Tristan Bonnemain pour le livre Dans la nuit d’E T A Hoffmann.

Au catalogue de ces éditions, on trouve
– des auteurs connus et oubliés, « écrivains du passé qui parlent au présent » : comme les Allemands Ernst Wiechert (1887-1980), Wolfgang Koeppen, la Néerlandaise Dola de Jong (1911-2003) ou André Masson (1921-1988). En nouveauté : Tout est jazz de Lili Grün sur le Berlin des années 20
– des écrivains contemporains : dont Scott Smith : Un plan simple, Lucie Baratte : Chien noir. En nouveauté : le premier roman de Bibiana Candia : Azucre.

– des semi-poches, somptueux – les couvertures sont du graphiste Adrien Bargin – qui reprennent certains textes déjà parus chez eux comme : Irmgard Keun : Une vie étincelante ou l’auteur caribéen Edgar Mittelholzer : Eltonsbrody.

Une soirée très sympathique avec un éditeur investi, et un bon vin blanc …

 

 

Et un soir avec Arno Bertina à La Baraque, à Rouen, 59 rue du Pré de la Bataille, pour son film L’héritage de Jack London. Le film s’est fait avec l’association Désirdelire, à Sigonce, Haute-Provence. Il présente des personnes qui, de là où elles sont, dans leur métier, dans leur vie, agissent pour  » freiner la violence du monde, rendre la vie plus douce » . Avec l’apiculteur, éleveur de poules et plus grand  lecteur de Jack London de la région, l’éleveuse de chèvres qui fait vivre ses bêtes autrement que comme des machines à lait, le retraité qui avait rejoint les gilets jaunes, le journaliste Alex Robin qui a su voir la complexité des événements, le marionnettiste émigré qui aide maintenant les migrants, Arno rassemble des gens avec qui « le monde est plus habitable ». Au départ, un ami comédien devait les rencontrer, mais, après un passage de témoin par poule interposée, c’est Arno Bertina qui, devant la caméra, les écoute et leur pose des questions. Un joli moment d’humanité accompagné d’un bon chili

Si vous n’êtes pas avec nous, à l’Aub’art, pour Un vin, des livres, jeudi 30 mai,
il y a, lecture de Ceux qui trop supportent d’Arno Bertina par la Compagnie Les Mots ont la Parole, à La Baraque, 59 rue du Pré de la Bataille, Rouen.
Sinon, Ceux qui trop supportent est à lire !

MZ – mai 2024 – 1)

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Au MZ, on peut déguster « les trois poiriers »,
un Chenin blanc du domaine des Terres Blanches, à Oiron
– haut lieu de l’art contemporain mais pas que, il y a des vignes aussi -.
Sec, notes citronnées et salines
Pour accompagner :
– Le musicien de Charles Reznikoff (1894-1976), son deuxième roman. Paru aux USA après sa mort, une première fois chez P O L en 1986 et réédité maintenant chez Héros-Limite avec la même traduction, de Claude Richard et Emmanuel Hocquard.
Reznikoff n’est pas connu pour cela mais pour ses poèmes, « objectivistes », Et plus particulièrement Testimony (1965) à partir d’archives de tribunaux américains de la fin du XIXème siècle, ou Holocaust (1975), dont une traduction par André Marlowicz existe aux  éditions Unes en 2017, à partir des archives du procès de Nüremberg. Il opère là par sélection, montage, découpe, sans y ajouter de mots.
Avec Le musicien, nous sommes dans les années 30 aux USA. Deux hommes se retrouvent par hasard, le narrateur qui écrivait et est devenu représentant et un autre, Jude Dalsimer, musicien qui tire le diable par la queue. On s’accorde à dire que ces deux personnages sont deux faces de Reznikoff qui n’a jamais vécu de sa plume. Les amis se revoient plusieurs fois. L’évolution de la situation économique et artistique de Dalsimer est le sujet du livre.
– Prison d’Emmy Hennings (1885-1948), aux éditions Monts Métallifères, collection de poche.
Traduit par Sacha Zilberberg.
Encore une femme longtemps oubliée ! Elle a pourtant participé à la création du Cabaret Voltaire à Zürich en 1916, y a été aussi performante, en tant que « diseuse », chanteuse, que son compagnon Hugo Ball, Arp ou Tristan Tzara. Avec Prison (1919), de même qu’avec La flétrissure (1920), paru cette année dans la même maison d’édition, nous sommes dans des textes autobiographiques mais qui disent aussi magnifiquement  l’ambiance de ces années en Allemagne. Elle va être emprisonnée pour avoir volé, va se prostituer pour vivre et se rebeller de manière très actuelle contre des lois qui mettent tout sur le dos de la « séductrice » et non du client.
(sur la photo, Emmy Hennings et Hugo Ball)
– Ne me cherche pas demain d’Adrian McKinty, paru à Londres en 2014, chez Actes Sud en 2021. Trouvable en Babel noir.
McKinty est né en 1968 à Belfast, a fait des études de droit, sciences-politiques et philo à Oxford et s’est installé aux USA. Son premier roman est sorti en 1998 mais ce n’est qu’en 2004 qu’il aborde le roman noir, et en 2012, la série de « romans historiques« , sur les troubles, années 1980 – 1990, en Irlande du Nord. Le personnage récurrent des huit livres est Sean Duffy, un flic catholique en Ulster. C’est documenté et McKinty rend très bien l’ambiance de ces années pour les avoir vécues. Ce livre est le troisième de la série mais on peut les lire séparément. A noter aussi, l’humour. C’est « dark » ET « funny ».

David Foster Wallace

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Voilà un tout petit échantillon de David Foster Wallace (1962-2008), l’homme au roman de quelques 1400 pages, écrit en au moins dix ans, entre 1986 et 1996, L’infinie comédie, sorti en 2015 aux éditions de l’Olivier…
On en est loin avec les deux nouvelles – 87p – traduites par Charles Recoursé.
En J’ai Lu, à partir d’un recueil plus important paru aux USA en 1989 et en France, au Diable Vauvert en 2010, soit deux ans après la mort de l’auteur.

– Ici et là-bas est à deux voix, celles d’un jeune homme et d’une jeune femme et dit ainsi leur relation et, surtout, la personnalité complexe de cet homme.
– La fille aux cheveux étranges : un homme parle. Il est complètement décomplexé. Par la drogue qu’il a ingérée mais aussi par sa position sociale. Il est à un concert de Keith Jarrett avec des amis, des punks. Et tout peut arriver.

De même qu’un journaliste a parlé d' »impressionnisme » pour se moquer, un critique américain, James Wood, a parlé de « réalisme hystérique » face au travail de David Foster Wallace et quelques autres : Franzen, Eugenides, Eggers et autres Zadie Smith.

Quelques « Poèmes Express » (aussi « hystériques » ?) qui en sont issus :
Vous trouverez un intérêt à devenir généreux de loin. Confortablement.
– Carburer à la pizza pour dormir : sa thèse, c’est sur les systèmes de transfert d’énergie.
– Vouloir disparaître et laisser derrière moi le supermarché.

– Des tresses terminent la pauvre vieille assise à la table de la cuisine
– Une Porsche intérieur cuir sur la Pacific Coast Highway dans un palmier.
– Je suis devenu bol de punch. Cette action a privé d’air l’avocat. J’étais content.
– On s’est tous reculés pour laisser de la place à des déchets radioactifs.

Cette Pièce Unique est envoyée à Guillaume Mélère qui a créé en 2021 les éditions des Monts métallifères. Je viens de lire deux textes d’Emmy Hennings (1885-1948) : Prison et La flétrissure qu’il a publiés.
Si elle a fait autant que son compagnon, Hugo Ball, pour le Cabaret Voltaire, lieu Dada créé à Zürich en 1916, on l’avait oubliée.

Mais on reviendra bientôt sur Emmy Hennings.

Un Claro

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Tous les diamants du ciel de Claro est paru en 2012 chez Actes Sud, et est trouvable en Babel. Il est devenu la Pièce Unique N° 202

Claro, auteur, traducteur, éditeur.
Claro qui aime le somptueux de la langue comme peu d’auteurs contemporains.
Claro qui s’intéresse rarement au plaisant,
Claro qui va souvent au pire de l’homme, à ses pires erreurs, volontaires ou pas.
Claro a pu ainsi s’intéresser à la chaise électrique, à la radioactivité.
Claro, ici, prend un fait divers de 1951 : une petite ville sans histoire, Pont Saint-Esprit, qui devient folle.
P. 17 : « On n’entend rien mais parfaitement. Sur le parvis de l’église St Saturnin, un chien s’effraie d’une chose qui n’a pas encore d’ombre et aboie sans conviction. Dans la rue, les fenêtres aspirent l’air chaud, l’air chaud meuble l’obscurité, l’obscurité se détache des pierres, tout est cycle et sensuel, » (…)
P. 32 :« Et voilà que soudain ils voient autre chose que la peau du lait, que la buée du carreau, la sueur des fronts, voilà qu’ils voient ce qu’ils entendent »
P 33 : « Le chat de madame Moulin, le gros tigré, après une longue halte devant son écuelle où la mie avale le lait, cherche à coups de tête dans le mur une faille que ses yeux étrécis ont cru voir, mais la pierre ne cède pas, et il se fracasse jusqu’aux derniers os sans même miauler, son corps chiffon presque brûlant quand sa maîtresse le ramasse, d’une paume incrédule. »

le livre nous entraîne de France aux Etats-Unis avec trois personnages : Antoine, Lucy et Wen Kroy. Des poupées gonflables, le LSD et le FBI les accompagnent.

Quelques Poèmes express qui en sont issus :
Voilà le sacre d’une forme, la fête d’un geste.
– Le sang d’un être frais avait échappé à sa plaie.
– Le créateur avait une idée vague de la peine de la créature.
– La mort se changeait en réalité. Poussait dur..
– Au fond il avait du mal à devenir. 
Ça demande du temps et un cerveau.
– Quand il voulut l’attraper, la réalité dérapa et s’imagina.
– Un rapport daté de 1959, épatant, s’est nourri des souvenirs, des délires de…1962…

La Pièce Unique n° 202 a été offerte à Dominique Quelen, venu lire quelques extraits de ses textes, à La Baraque, à Rouen, le jeudi 25 avril. Dominique Quelen qui, pour évoquer un peu ses méthodes de travail, les contraintes qu’il se donne, dit  » Il faut bien s’empêcher pour réussir à y arriver ».

Les prochains Chat Bleu

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Les dates prévues pour le quatrième trimestre de 2023 sont :

  • 19 octobre
  • 9 novembre
  • 14 décembre

Au Chat Bleu, on parle de livres, et pas seulement de romans, on trouve de nouvelles idées de lecture, on gagne des livres,
on boit  – l’autre nom de ces rencontres est : Un vin, des livres -… et on goûte aux belles idées de N’senga.

Un Umberto Eco : P U N° 180

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Numéro zéro, paru en Italie, et en France dans la traduction de Jean-Noël Schifano en 2015 est la Pièce Unique N° 180 (180, quand même ! )
Umberto Eco (1932-2016) avait au moins deux surnoms : » il professore » et « il tuttologo ». Tout fait sens et, en amoureux de savoir, ce septième roman mélange faits historiques et théories du complot.
Plus intéressant encore, il y décrypte avec humour les dérives d’un journal sous capitaux privés, « Domani », appartenant au « Commandeur Vimercate » – Au moment de la ressortie du JDD, c’est à lire… –  Vimercate // Berlusconi // B… également propriétaires de télévisions…

Quelques Poèmes Express venus de Numéro zéro :
– Perdez votre latin, entraînez-vous.
– Rêver d’un jacuzzi est moins cher que le payer.
– Personne ne paraissait avoir envie de durer.
– Fou était romanesque. Folie était collector.
– Chaussettes vert petit pois : en déduire un personnage.
– La vie avait renoncé et l’avait montré.
– On ne veut pas finir au tribunal pour une rumeur roulant des hanches.
– Recevoir un chèque pour ne pas écrire.

Ce Numéro zéro additionné de Poèmes Express et d’informations a été offert,
lors de Pirouésie 2023 – on en parle bientôt –
à Coraline Soulier, enseignante, animatrice d’ateliers d’écriture
et Oulipophile
à Pirou comme à Lille, dans Zazie mode d’emploi.

Un Jean Birnbaum : P U N° 179

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 Le courage de la nuance de Jean Birnbaum paru au Seuil et trouvable en collection Points, prix François Mauriac en 2021.
Jean Birnbaum est journaliste, essayiste, directeur du supplément Le Monde des Livres. Dans ce texte, né d’un « sentiment d’étouffement », il évoque les écrivains qui ont voulu voir et dire le monde en gris (coloré), qui ont refusé la simplification de l’extrême, au risque de n’avoir que des adversaires, d’être vus comme « tièdes », « lâches ». Camus, Barthes, Bernanos, Arendt, Aron ont fait preuve de l' »héroïsme du doute », chose très mal vue actuellement, entre autres ou surtout sur les réseaux sociaux.

Des « Poèmes Express » sont nés dans Le courage de la nuance :
– Peler un silence.
– Des hommes libres que nous avons 
regroupés ont le sentiment que nous avons un   monde à refaire.
– Tranquille sincérité du démon : informe, toxique et véritable.
– Il a appris à vomir dans la dentelle.
– Le destin a produit des banalités : les enterrements.

Trois livres en un donc :1) le Jean Birnbaum = l’essentiel
et, accessoires mais là…,
2) les  » Poèmes Express » qui ricochent avec 3) des infos (inter)nationales.
Exemple : Bras tendu, un fils de bonne famille affiche un engagement assez banal ricoche avec « Procès du projet d’attentat néo-nazi » trouvé ultérieurement dans la presse,
ou encore : Le carnage, effet de cisaille, engage l’irréparable va avec Violence et police : un problème d’encadrement juridique, pris dans The Conversation France
Cette Pièce Unique est offerte à un homme politique qui écrit,
pas B. L M., pas F. H., ni N. S.

Save the date : 12 octobre !

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Evénement :

Victor del Arbol, en tournée promotionnelle en France, vient à La Galerne le 12 octobre 2023 pour son dernier livre traduit par Claude Bleton,
chez Actes-Sud.

Save the date, ses livres claquent ;
il est beau (… je sais…, comme critique littéraire, c’est moyen…) et sympathique. Les Ancres Noires ont déjà eu la chance de le recevoir.

Autour des livres- dimanche

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track.com/podcasts/viva-culture-217/1

Au programme 

ENTRETIEN avec Josepha Cuvier, présidente de I love LH, Par Isabelle Royer

AUTOUR DES LIVRES par Catherine Hémery-Bernet : Editions do, Olivier Desmettre, éditeur

AGENDA CULTUREL  : Philippe Mayaux, Songe d’un jour d’été, exposition au Portique jusqu’au 17 septembre 23

https://asso-maisondelaculture.fr/

23 juillet 2023 à 11h – Viva Culture

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DO – Les éditions DO
j’aime beaucoup l’humour de cet éditeur : allez sur son site, vous verrez, sa lettre à ceux qui voudraient envoyer un manuscrit est extrêmement drôle et basée sur un fait si vrai.
Mais pas que, bien sûr,
DO, c’est un beau catalogue, étonnant : entre Stefan Sulzer : Le jour où ma mère toucha Robert Ryman et Malacqua de Nicola Pugliese, vous trouverez forcément votre bonheur de lectures
Ecoutez la pastille sur les éditions DO
à Autour des livres
dans Viva culture
sur Ouest Track radio
dimanche 23 juillet à 11 h
et ensuite en podcast.

Voilà une annonce de la rentrée de DO :

Éditions do
Connues et même reconnues pour la qualité de leurs publications littéraires, souvent empreintes d’une délicate insouciance et d’un humour subtil, les éditions do ont choisi de poursuivre dans la veine qui a fait leur succès en publiant ce jeune primo-romancier qui porte le désormais remarquable patronyme de Luc Dagognet.
Il est inutile aujourd’hui de cacher qu’une douce effervescence, qui pourrait même se prolonger jusqu’à une fébrilité certaine, s’est emparée du monde littéraire autour de ce drôle de roman au titre chargé de tant de promesses : Fraternité.
Et même si on sait depuis longtemps l’éditeur au cœur d’un délicat conflit d’intérêt quand il fait la promotion d’un roman qu’il a justement choisi de publier, cela ne doit pas l’empêcher de dire ici, à cette période où de nombreux regards sont de toute façon tournés vers des horizons plus insouciants que littéraires, combien ce premier roman de seulement deux-cents pages conjugue de qualités, mêlant tout à la fois l’humour subtil à la délicate insouciance dont sont souvent empreintes les publications des éditions do.
On se souvient d’ailleurs que lors de sa présentation à la presse et aux professionnels de la littérature, réunis à l’occasion d’une croisière gourmande effectuée dès le début du printemps sur un paquebot loué à ce seul effet, ont été prononcés ces mots si bien choisis destinés à les convaincre de ces nombreuses qualités réunies en deux centaines de pages seulement : « S’il commence comme un film d’action, Fraternité se poursuit en une valse joyeuse, pleine de rebondissements, de courses-poursuites et de rencontres étonnantes, de portes dérobées et de souterrains mystérieux. »
Fraternité ne paraît que le 17 août 2023.
Pour beaucoup cela doit sembler une éternité.

Un Oliver Rohe : P U N° 178

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Défaut d’origine d’Oliver Rohe : Pièce Unique N°178.

Oliver Rohe était à Ecrivains en bord de mer
– où je lui ai donné cette P. U., trois livres (dont le sien) en un … Le pauvre … –
et où il est intervenu deux fois : la première, avec Mathias Enard, un des amis cofondateurs de la revue Inculte, la deuxième, pour évoquer Chant balnéaire sorti chez Allia en 2023, un retour sur le Liban / au Liban. Chant balnéaire est la deuxième partie du presse-livres, la première étant Défaut d’origine, paru en 2003.

Tout Défaut d’origine se passe à bord d’un avion et surtout dans le for intérieur d’un passager-narrateur qui évoque un pays en guerre jamais nommé, la place de la langue, l’ami Roman : un autre lui-même, le rapport aux autres : le mimétisme, à la mère : une mère / araignée qui retient. Un monologue, un flux de conscience.

Quelques « Poèmes express » nés dans Défaut d’origine :
– Dans ce siège il est convenu de penser à penser.
– Les habitants au cimetière imaginent sous leurs 
pieds des os d’habitants.
– Ils déboulent un jour en bas de leurs délires.
– Il nous faut du clinquant, de la mode, ne pas rester à l’écart des Mercedes.
– Elle accumulait secrets et mensonge en couches bien épaisses de fiches.
– Depuis sa tombe, il croyait naïvement être débarrassé de ses frustrations.
– Dès que je me trouvais seul je courais me fondre tout entier dans ma tête. Mon corps était de trop.

Chat Bleu – juin 2023 – 1)

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Avec un St Nicolas de Bourgueil ou un « Chemin blanc« , un chenin d’Afrique du Sud, on a parlé de :
Sans collier de Michèle Pedinielli, édition de L’Aube, collection L’Aube noire, 2023 : une histoire de chantier mortel, mais aussi un polar plein d’humour. On y retrouve le personnage récurrent de Giulia Boccanegra, une femme-détective à Nice :
 » detectiv particular ? C’est drôle
– C’est drôle pourquoi ?
– Parce que vous êtes une femme.
Il faut savoir évaluer les moments où entamer un débat féministe est totalement inutile. Celui qui implique un dealer de coke moldave et son gigantissime garde du corps en est un. » 
( p. 161)
– Les vaches de Staline de Sofi Oksanen, paru en 2011 chez Stock, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli. Actuellement en Livre de poche. Un livre d’une énorme force. Une histoire qui s’étend de 1940 à 1984 environ, sur trois pays : Finlande, Estonie et Sibérie. C’est le premier livre d’Oksanen mais paru en France après Purge. Ses personnages ne sont pas sympathiques : pas plus Anna que Katariina, pas plus la fille que la mère. Celle-ci est une pro de la débrouille dans le système soviétique. L’autre n’a pas d’autre choix que contrôler son image à travers son rapport à la nourriture. Etre femme est un problème dans un pays communiste, dans un pays envahi, comme dans un pays où l’on fuit. Un grand livre !
– Une saison à Venise de Wlodzimierz Odojewski (1930-2016). Paru en 1976 en Pologne, en 2000 et 2006 aux éditions Les Allusifs. Traduction d’Agnès Wisniewski et Charles Zaremba. Trouvable maintenant chez Rivages. Un joli texte, une fable : l’imagination peut nous sauver. Nous sommes en Pologne, en août 1939, dans une maison familiale. Les femmes et les enfants se retrouvent là. De l’eau apparaît dans la cave et monte, et tante Barbara y invente Venise.

Prochain Chat Bleu prévu le jeudi 14 septembre 2023. Mais on a évoqué beaucoup d’autres livres et on vous en parle bientôt ici.

Chat Bleu mai 2023 – 1)

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Le grand écart : un polar qui se passe au Japon, un moment dans l’Autriche de la fin du XIXème siècle et une femme, pendant tout un week-end, enfermée dans des toilettes :
– Tokyo mirage d’Anne Rambach, 2002 éd. Calmann-Levy
– Vienne au crépuscule d’ Arthur Schnitzler, paru en 1908
– N’être personne de Gaëlle Obiegly, 2017, éd. Verticales

étaient les 3 premiers livres proposés le 25 mai au Chat Bleu.

  •  Vienne au crépuscule est une merveille. Entouré d’intellectuels juifs, un jeune noble, le baron de Wergenthin, doué en musique mais dilettante, vit. Il vient de finir une relation, en commence une autre. La jeune femme, de bonne famille, attend bientôt un enfant. Il ne la laisse pas seule face au problème mais ne lui propose pas le mariage.
    Pourquoi une merveille ? Parce qu’il parle si bien des nombreuses possibilités des hommes face aux situations sans issue des femmes. Parce qu’il montre que le « problème » d’être juif est omniprésent dans cette Autriche fin de siècle, encore et encore évoqué dans toutes les conversations entre ces créateurs, politiciens, fonctionnaires.
  • N’être personne est une digression sur 300 pages. Sans sujet. Plein de la vie d’une femme qui écrit mais ne gagne pas sa vie par son écriture. Pas une auto fiction, bien plus distant que ça, théorique : p 101 : « Quand j’écris – un livre éventuellement- je ne m’adresse à personne, je parle avec l’inconnu, auquel je ne dis rien.(…) Le langage met le réel à distance. C’est cela même qu’interroge mon écriture.(…) Tout ce qui est écrit est fiction. La réalité n’y est pas. La réalité est ce qui est vécu, pas ce qui est relaté. Ce qui est écrit, ce qui est relaté, même oralement, subit une transformation. »
    – Tokyo mirage  : Un homme tué au sabre. Histoire agrémentée de pachinko, tsunami, yakuzas, services de police ennemis et industriels malhonnêtes.

Mais on n’a pas parlé que de ça : deuxième partie bientôt.
Prochain Chat Bleu prévu le 22 juin

IMEC – Georges Didi-Huberman

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« Aimer fait travailler » a dit Georges Didi-Huberman lors de l’ouverture, le 4 mai, de cette exposition titrée Tables de montage à l’abbaye d’Ardenne.

Y est montré « l’artisanat », le travail avant l’oeuvre : à partir du découpage des fiches, l’écriture sur ces fiches, avant les livres. Plus de 20 000 existent. 4 000 sont montrées : 2 000 de mots et 2 000 d’images, qui se correspondent.
Une approche très émouvante, un rite qui ouvre le processus de pensée et d’écriture.
Un homme, aussi, émouvant et ému devant cette installation : « Il n’y a qu’ici que cela était possible. »

L’exposition est jusqu’au dimanche 22 octobre 2023, du mercredi au dimanche, de 14 à 18 h

Retour sur la P U N° 155 : youhou !

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tardivement, très, car déplacements multiples et l’objet-livre caché facétieusement glissé entre et entre, mais retrouvé

donc lu maintenant,
picoré
avec appétit
et déjà merci pour la pensée de l’envoi
de ce 155ème
objet multiple en effet
et mystérieux
(sachant que j’ignore qui est robert wyatt)
(et que donc l’étrangeté est absolue, d’un livre sur qui je ne connais pas)
(comme une biographie inventée)
(quelque chose de totalement fictionnel)

(et s’arrêtant sur un album que je ne connais pas non plus)
(mais qu’écoutant ce matin je reconnais bien sûr) (alors c’est donc lui)
(mais pourquoi lui alors, en dehors de la maquette qui vous plaît)
une sorte de folie borgesiennne
qui immédiatement
et ludiquement
m’a rappelé ces découpages qu’enfant on faisait
de silhouettes à habiller
de différentes tenues qu’on clipait, qu’on changeait
(je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans…)
mais aussi les mille milliards de poèmes
ces lectures en tout sens
pulvérisant l’ordre narratif, le recomposant
drôlement aussi
entre art brut et poésie minimale
entre humour et absurde (le verso découpé de certains collages est aussi signifiant dans ses manques)
aussi merci catherine
oui
amicalement
ea&fd = Emmanuel Adely et Frédéric Dumond !!!!!

C(ART)ollage

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C(ART)ollage
(suite et fin :  était annoncé… mais pas complet.
Il est maintenant prêt )

Voilà un des éléments de C(ART)ollage pour accompagner les voeux de Rue du Départ :

voeux pour
un 2023 plus heureux que vous ne pouvez l’imaginer à l’heure actuelle, mais VRAIMENT bien bien plus heureux … ! …

c(ART)ollage de Marie Thémenet :

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c(ART)ollage, c’est un ensemble de 16 collages qu’on peut voir comme :
cadreurs – « effriteurs » – « enfileurs » – « exfolieurs » – « exhorteurs » – « exileurs » – exportateurs –  extracteurs – faiseurs – inséminateurs – « métaboliseurs » – monteurs – producteurs – profiteurs – « sublimeurs »
de
rêves – fariboles – perles – mensonges – folies – fantasmes – songes – possibles – sublime – ludions – rêveries – verbe – plus – fadaises – signifiés – inattendu.
c(ART)ollage, c’est un luxe de possibilités de sens ou d’insensé.

C(ART)ollage est arrivé

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Qu’on se le dise !
Dans la collection Voyageur,
C(art)ollage
est là.

Marie Thémenet nous a concocté 16 cartes postales  à partir de collages.
Qu’on se le dise !
Elles sont étonnantes.

C(art)ollage
 est en tirage limité, signé par M. T.

Bout portant par Françoise Sergeant

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Babelio  FrancineS
FrancineS   20 juin 2022
Tout commence dans une voiture, la tension est palpable. Au volant, un homme jeune. Côté passager, une femme armée. A l’arrière trois petits vieux terrorisés, ou presque. Car au fil des pages, on ne sait plus vraiment qui sont les méchants de l’histoire ! L’histoire justement ? Une sombre affaire de vol, de kidnapping, de show business même !
En moins d’une centaine de pages, l’auteur nous emporte, de sa plume acérée, dans un road movie aussi statique que critique, de notre société et du monde du livre. Plus qu’un roman, une tuerie, nette et sans bavure.

« Bout portant » et des lecteurs – suite

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Jeunes, moins jeunes,
femmes ou hommes,
amateurs ou professionnels
du polar ou de la retraite,
impactés donc
– ou pas –
par le problème,
ils en disent ceci :

A. D . : « J’ai lu Bout Portant : totalement amoral et réjouissant »
L. B : « ça claque. C’est drôle mais pas que »
C. P : « vu mon métier, je ne pouvais pas passer à côté, je l’ai lu d’une traite. »

« Bout portant » et des lecteurs

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M-C. J : «  La couverture est superbe ! »
(ça n’est peut-être rien pour vous, mais pour nous, c’est beaucoup. Que ces livres soient beaux est, depuis le début, un de nos buts)
M.S : « J’ai déjeuné avec : il est de bonne compagnie »
(
c’est sûr, avec Bout portant, on veut vous faire rire… de choses sérieuses…)
L. B : «  Chaque personnage a du caractère. Un peu excessif… et on en rit  »
( oui, Louis, Nicole et Joséphine ont du mordant, et ça réconforte dans ce monde de brutes)

« 

article dans Ouest-France

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Ouest-France

Pascal Millet publie une comédie noire pour adultes

L’auteur Pascal Millet est déjà connu pour ses nouvelles, romans noirs et livres pour enfants. Aujourd’hui, il publie dans un autre genre, une comédie noire intitulée Bout Portant, illustrée par Eric Enjalbert.  Un texte humoristique qui traite de sujets sérieux comme la vieillesse et la littérature. 

L’histoire se passe en huis clos dans l’habitacle d’une vieille Volvo. Trois petits vieux ont créé une fausse maison d’édition afin de recevoir gratuitement des manuscrits. Ils sont alors menacés par une jeune femme qui cherche son frère et surtout le manuscrit de ce dernier qui a été publié, après corrections, par ces trois vieillards.  Pour le paysage, je me suis inspiré de Trégastel, de l’île Renote , ​ajoute l’auteur.

Dans son ouvrage, Pascal Millet nous parle d’Ehpad et de littérature avec le cheminement d’un manuscrit, le travail de l’édition et la commercialisation.  On va retrouver des références littéraires, des critiques sur le monde littéraire et audiovisuel et on va comprendre le refus de finir sa vie dans un mouroir​, souligne-t-il.

Bout Portant, de Pascal Millet, éditions Rue du départ, 10 €. À commander en librairie.

 

 

Bout portant de Pascal Millet est sorti

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« À lire absolument….juste déjanté comme il faut et… à la réflexion… »
dit une primo-lectrice.

Et on lui répond : « Bang Bang »… 

Vous pouvez nous le commander,
le commander à votre libraire préféré,
le trouver à la Galerne seulement, pour le moment.
le trouver au salon Epoque, à Caen, les 21 et 22 mai,
sur le stand de Rue du Départ : on vous y attend.

Pascal Millet : Bout portant

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Il a l’air sympa, Pascal Millet…
Pourtant, il a écrit Bout portant.
une comédie où des vieillards sont capables de pensées délétères, de mauvaises actions.  ET d’imagination..

Bout portant : Pascal Millet

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Quand trois petits vieux décident de survivre loin des Ehpad, rien ne les arrête.
Une comédie noire qui parle autant de vue qui baisse que de littérature.

Bout portant de Pascal Millet

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Bout portant, livre farceur de Pascal Millet, illustré par Eric Enjalbert, est actuellement chez l’imprimeur.

Bout portant est d’actualité…
Bout portant parle de personnes âgées qui veulent éviter les Ehpad, privés comme publics, et on les comprend. Bon, leur méthode n’est peut-être pas très éthique…
Bout portant s’amuse du monde du livre.
Bout portant n’est pas sérieux mais dit des choses ô combien sérieuses.

 

ça bouquine ? 3)

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La troisième émission du podcast Ça bouquine ? est sortie : elle aborde la transmission du goût de la lecture. Vous pourrez choisir une plateforme d’écoute en cliquant sur ce lien : https://linktr.ee/cabouquine .

C’est trouvable sur Youtube. C’est fait par un groupe d’étudiantes et c’était très sympathique d’enregistrer avec elles.

Et on y est avec le Chat Bleu et nos séances un vin, des livres,
et avec « ça va? ça va... », le petit dernier de Rue du Départ, né d’un atelier d’écriture. Bientôt avant-dernier : on travaille à Bout portant: de Pascal Millet 

Heureuses fêtes !

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à côté de Percival Everett ! de Paul Auster !

cette année, c’est avec  ça va ? ça va… 
le mini-table book plein d’esprit (si si), le petit-cadeau-d’assiette mais bien plus que ça aussi…
Et, pour les gens d’ici, presque 100% d’ici…

ça va ? ça va… : il est arrivé… alors, ça va

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Le petit nouveau de Rue du Départ est arrivé..
Plus bordeaux ou prune ou lie de vin que cerise, mais ça ( lui ) va ( bien ). Et ça ne veut pas dire qu’il y a à boire et à manger dedans.
« ça va ? » : une question qu’on ne pose pas vraiment.
 » ça va » : une réponse qu’on n’attend pas vraiment. Ou plutôt si. Il vaut mieux que vous ne vous mettiez pas à raconter tout ce qui, réellement, ne va pas.
Un échange qui n’en est pas un, dit une amie allemande qui s’en énerve. Un « wie geht es ihnen ? » est une vraie question qui, elle, attend une vraie réponse. Un peu d’attention, quoi ! De l’empathie. Un partage. Pas un glissement vers autre chose. Pas une politesse de surface.

Donc,  ça va ? ça va… est là : petites histoires, micro-nouvelles, réflexions courtes, anecdotes sur un état du monde ou de soi. Pas plombant. On s’en amuse aussi.

ça va ? ça va… la préface :

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cracked road concrete close up

Un livre contient une histoire, évidemment, au moins une.

Mais un livre vient aussi d’une histoire, au moins une.
Ce livre contient plein d’histoires
et est né de deux histoires.
Celle de Trace2mains : un atelier d’écriture composé de plus d’hommes que de femmes – c’est assez rare pour le noter -, créé autour de Francis Pedu, personnage attachant, auteur d’un recueil de haïkus, aujourd’hui décédé mais toujours vivant dans la mémoire du groupe.
Une rencontre mensuelle. Un bon repas. De bons vins. De bons copains. Tous branchés arts. L’un d’entre eux anime, pas toujours le même.
Voilà ce qui a amené ce petit livre : le sujet de » la catastrophe pour vous », donné après lecture d’extraits des derniers livres de Gaëlle Obiegly, Une chose sérieuse et Olivia Rosenthal, L’éloge des bâtards aux éditions Verticales.
La deuxième histoire est un voyage à Marseille, la visite du FRAC et l’achat de deux micro-livres d’art de Stéphane Le Mercier pour leur humour. Au retour, la recherche de ses travaux sur le net, la trouvaille du « Timbre Walser », un de ses multiples.
Ici reproduit, il évoque lui aussi une catastrophe : la mort dans la neige de l’écrivain suisse allemand Robert Walser, interné pendant des années.

Hélène Gaudy et la P U N° 65

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Hélène Gaudy, l’auteure de ce magnifique livre, entre autres :
Il y a deux ou trois ans, sans doute un peu avant le festival Lettres d’automne de Montauban dont Christian Garcin assurait la programmation, j’ai reçu par la poste ce livre qu’il a écrit avec Éric Faye. Il était couvert du papier qu’on voit sur la photo, abondamment annoté, émaillé de collages, et surtout, sur plusieurs pages, de mots surlignés en jaune qui venaient y tracer des poèmes. Je n’ai aucune idée de l’identité de la personne qui en a fait un objet unique et me l’a envoyé. En rangeant mon bureau, je suis retombée dessus et me suis demandé si ce mystérieux expéditeur ne serait pas tout simplement sur Facebook… MP dans ce cas pour lever le mystère ? Sinon, il restera entier et ce sera bien aussi…
  • Le mystère est donc levé ! Merci à C H B pour ce geste poétique. Je découvre, du coup, le site des éditions Rue du Départ et cette pratique qui me ravit : envoyer des livres choisis, de manière anonyme, après en avoir fait, ainsi, des P U, des pièces uniques. Très heureuse d’avoir l’une d’entre elles dans ma bibliothèque !

    C H B : tu as le n° 65, on en est au 123. L’idée est aussi de réussir, si possible, à envoyer le livre qui correspond bien au récepteur.

     

Un article de Jean-Pierre Suaudeau sur sa Pièce Unique ! Merci !

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VERTIGE DE LA LITTERATURE
« Ce massage de purs » de

Catherine Hémery Bernet

.

Depuis 2014,

Catherine Hémery Bernet

créé des livres singuliers nommés « Pièce unique » et réalisés, comme on s’en doute, en un seul exemplaire. Ce livre unique vous arrive un jour au bon soin de la Poste par la grâce désintéressée de l’autrice.

Celui qui m’est parvenu, le 101ème, s’intitule « Ce massage de purs », anagramme du titre du livre de Jean-Loup Trassard « Campagnes de Russie », paru en 1989, sur lequel il vient s’adosser.
Le dispositif choisi par

Catherine Hémery Bernet

semble simple : d’un livre existant, elle prélève quelques mots, quelques lettres au besoin, en les surlignant sur chaque page impaire, écrivant ainsi son propre texte, soit, ici,133 « poèmes express». Simple et cependant d’une force qui suffit à subvertir toute lecture, à dynamiter l’idée même de littérature et à ouvrir un abîme temporel sous nos yeux de lecteurs subjugués.

Ces « poèmes » se font, au gré des jours, tantôt humoristiques : « Une dame russe cherchait un cinéma. Plus d’un an après on en localise un. » (p 11), « Nous enlevons nos chaussettes sur le canapé et je vois bien la déception » (p 81), fantaisistes : « les cerises répondent non aux petites mouches » (p 189), « une énorme patte appelle les petits pois, marche dans ce vert tendre » (p 241), sensibles : « Le rose très pâle vient jusqu’au bord du rouge » (p 141), « deux tracteurs soulèvent deux nuages, petites usines qui fument » (p 185), saisissants : « Une femme, sur le char, attend dans un paletot de peur » (p 69), aussi bien sensuels : « ce qui m’intéresse, c’est la peau » (p 153), « forte odeur de femmes et robe rouge à pois blancs » (p 187), prennent la forme d’adages : « Quand est malade le vétérinaire, grince le chien » (p 223), d’incipits de romans : « Deux femmes repoussent sur le canapé un étranger à l’air malcommode » (p 55), ou de polars : « Dix-neuf millions dans un bocal de verre ? c’est pas beaucoup. » (p 73), et pensées qu’on imagine influencées par le confinement : « Remerciements au Livre parce que les livres sont toujours là » (p 159, 29 mars), « Nous demandons le possible demain. » (p 215, 26 avril), « On se demande comment reprendre » (p 225, 1er mai).
Le lecteur ignorera si les créations quotidiennes de

Catherine Hémery Bernet

t répondent à un cahier des charges précis, à une série de contraintes oulipiennes ou si l’humeur créative prévaut. Et qu’importe : on se laisse guider, porter par les images qui en surgissent, amusé, ému, étonné, entraîné par le plaisir évident de l’autrice à se saisir des mots, à les faire parler, sonner, s’entrechoquer : la langue, le livre devenus terrain de jeux.

ll est indispensable d’évoquer également le livre de Jean-Loup Trassard, l’écrivain-paysan, journal d’une singulière résidence en Russie encore soviétique se déroulant du 11 mai au 5 juin 1986. Résidence qu’il a voulu rurale, afin de visiter fermes et installations agricoles, d’échanger avec ceux celles qui y travaillent, en connaisseur. Ce journal passionnant donne à voir la Russie des campagnes, avec précision, humour, sens de la notation, attention aux gens et aux paysages. Rien n’échappe à l’écrivain. Passionnant et instructif carnet de voyage, témoignage autant historique sur la Russie soviétique à l’aube de la chute du mur qu’humain tant abondent les portraits attachants, « visages cloués sur la paroi du temps »1. Livre captivant. Puissant. Et il le faut pour résister aux interventions malicieuses de Catherine Hémery Bernet qui en bousculent la lecture selon un dispositif à la fois simple et complexe qu’il est nécessaire de décrire précisément pour en saisir toute la portée.
Le dispositif comporte en effet plusieurs strates : la première, déjà évoquée, est composée de « poèmes » distillés à l’intérieur même du texte d’origine ; la deuxième accueille en marge haute des fragments d’actualité sourcée (en l’occurrence surtout consacrée à la Russie contemporaine, actualité rien moins que réjouissante sous l’ère Poutine) ; la troisième enfin, en bas de page, révèle les dates de ses interventions quotidiennes (soit du 1er janvier au 27 mai 2020). Interventions auxquelles elle joint parfois un article, une photo, collés en haut de page.
Le lecteur se trouve dès lors confronté à une profusion d’informations qui se chevauchent, se télescopent, le convient à un voyage enjambant temps et espace : la Russie soviétique et rurale de 1986, circonscrite aux territoires forcément réduits visités par Trassard ; celle de 2020 aux tentacules mondiaux dont l’autrice nous donne des nouvelles en haut de pages ; les « poèmes express » réalisés dans les cinq premiers mois de 2020 (lesquels recoupent la période de confinement) ; à quoi on ajoutera le temps de notre lecture, décalé de quelques semaines, qui met en perspective ces différentes temporalités à l’heure du déconfinement. Le champ de cette lecture s’en trouve considérablement élargi à la fois dans le temps (mai-juin 1986, janvier-mai 2020, juin 2020) et dans l’espace (Biélorussie soviétique, Russie de Poutine, le monde en temps de pandémie), nous obligeant à de continuels allers-retours entre différentes couches de temps, entre divers espaces qui charrient une épaisseur, une densité troublantes, aussi vives et décapantes qu’un vent d’est.
Si

Catherine Hémery Bernet

dit s’inspirer des « poèmes express » de Lucien Suel, elle procède cependant tout autrement. Lucien Suel en effet biffe, noircit sur la page du livre d’origine mots et phrases jusqu’à y substituer par soustraction son propre texte.

Catherine Hémery Bernet

se contente elle de désigner sur la page les mots nécessaires à ses créations, organisant ainsi un double trajet de lecture. Le résultat n’en est que plus saisissant, au point de ne plus savoir si c’est « Campagnes de Russie » qui préexistait au texte de Hémery Bernet ou si « Ce massage de purs » était enfoui sous celui de Trassard. Le lecteur assisterait alors à une opération de mise à jour, un travail d’archéologie de la langue, de patient déblaiement. Laissant sourdre l’idée insistante qu’aussi bien d’autres textes seraient encore à découvrir dissimulés dans celui de Trassard qui les masque, textes dans le texte qu’on aurait ignorés sans l’intervention de

Catherine Hémery Bernet

. C’est tout l’univers de la littérature qui est ainsi interrogé en une subtile leçon borgésienne : chaque texte en contient d’autres à l’infini, chaque livre contient à lui seul tous les livres selon une combinatoire qu’il suffit de modifier pour qu’ils surgissent. Vertigineuse expérience de lecture.

Travail époustouflant, rien moins qu’anecdotique, constitué par ces 101 recueils, ces 101 pièces uniques, œuvre précieuse semée aux quatre vents que Catherine Hémery Bernet élabore à bas bruit avec modestie, inventivité, intelligence, humour… et générosité. On en reste subjugué.

Suite n° 11

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Suite n°11 vient de sortir,
Suite n°11 est de Pascal Millet, auteur de polar mais pas que !
Suite n°11 est un poème narratif sur les débuts d’une relation amoureuse. C’est l’homme qui parle, de son histoire particulière.
Suite n°11, c’est, face à ce texte contemporain, des images de corps féminin, des détails de sculptures, des courbes, des nuques, des seins, des mains de tous les temps et de lieux différents. Un éternel féminin, fabuleusement photographié par Eric Enjalbert. Certaines pierres sont des peaux !
Suite n°11, c’est une histoire particulière face à La Femme.

A Lire à la plage

Bon,
ce n’est pas Libé
ce n’est pas tout à fait un tour du monde
ce n’est pas vraiment le Polar à la plage
mais
à la cabane de Lire à la plage du Havre,
mardi 9 juillet, à 17h
c’est une heure où
on ( = une ou des Ancres Noires)
lit des passages,
parle,
et écoute parler
de romans policiers,
surtout
de ceux qu’on a, ou que vous avez aimés
et voulez recommander .

Venez !