Editions Rue du Départ

Incitation au voyage, du roman noir au poème.

Editions Rue du Départ

Un Roland Dorgelès : P U N° 216

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Roland Dorgelès (1885-1973) s’est engagé en 1914 alors qu’il avait été réformé.
En 1919, paraît Les croix de bois, grand succès, prix Fémina.

Roland Dorgelès, un « mec bien », patriote mais aussi bon écrivain, à la limite du journaliste.
Une belle langue, de l’humour, des informations sur les soldats entre eux, le rapport hommes de troupes / officiers, un esprit de classe. Certains (sous) officiers hors-sol, pas forcément courageux mais prônant le courage, n’aimant ni les intellectuels ni les artistes…
Des descriptions fortes de villages éventrés, de moments de combat ou d’attente.


Quelques Poèmes Express issus de Cabaret de la belle femme de Roland Dorgelès, paru en 1928 chez Albin Michel :
Ventre énorme, blanc fromage, gros godillots, les passants.
D’une voix grêle, les insoumis fendent les gars à la nuque courte.
– On perdait pied, on les entendait rire dans ces décombres.
– La cour à la femme pas bégueule : on arrive aux fesses… mais c’est si peu.
Arrachement de l’orbiculaire palpébral : récit.
– Les livres ? ça ne manque pas…vraiment, c’était encombré, ridicule.
Le secteur de la mort vous attend. Allez-y, il n’y a pas un arbre, pas un champ.
Pour n’être pas gêné, mieux vaut la même chose chaque nuit, sans jamais varier.
– Il avait un grand talent pour l’erreur.
– Jamais on ne le vit, officier à monocle, injurier poète, cycliste et ballets russes.
– De bouche en bouche : – faîtes passer, faîtes passer, puis un muet…
– Un petit air de noce, d’homme saoul. Une discussion confuse. On s’égosille.

L’idée est de l’offrir à Joy Sorman, aussi invitée de la carte blanche de Julia Deck, à la médiathèque de St Etienne, le 30 novembre 2024.

Super d’être dans la carte blanche de Julia Deck !

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Masterclass Julia Deck |

Masterclass Julia Deck

Entretien – dialogue

Le 30/11/2024 de 10:00 à 16:30 CatégorieCulture littéraire

Tarentaize, 24 Rue Jo Gouttebarge, 42000 Saint-Étienne
Conditions : Entrée libre.

Description

Julia Deck s’est imposée comme une figure incontournable de la littérature française contemporaine dès son premier roman, Viviane Élisabeth Fauville, publié en 2012 par les éditions de Minuit.
Avec un style incisif et une grande maîtrise narrative, elle a rapidement attiré l’attention des critiques et des lecteurs.
Julia Deck est l’autrice de plusieurs romans qui explorent avec brio les complexités psychologiques et les intrigues singulières de personnages, souvent en marge.

=> Grand entretien avec Julia Deck : samedi 30 novembre, 10h-12h
Julia Deck débute sa carrière littéraire en 2012 avec Viviane Élisabeth Fauville, un roman qui la propulse sur le devant de la scène littéraire.
Ses oeuvres suivantes, Le Triangle d’hiver (2014), Sigma (2017) et Propriété privée (2019), confirment son talent pour explorer les zones d’ombre de ses personnages.
Elle explore les thématiques de l’identité, de la solitude et de l’aliénation. Ses histoires mettent en lumière les contradictions et les tensions de la vie moderne.
Ann d’Angleterre est son dernier roman paru lors de cette rentrée littéraire au seuil.

En avril 2022, la mère de Julia Deck subit un grave accident. Contre toute attente, elle entame un long processus de convalescence.Julia Deck explore en parallèle la vie de sa mère, une femme issue d’une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui a gravi les échelons sociaux et s’est installée en France, tout en maintenant des relations complexes avec sa famille en Angleterre. Julia découvre une étrangeté dans l’histoire familiale, un secret auquel seule sa mère pourrait répondre.

=> Julia Deck en dialogue : samedi 30 novembre, 14h-16h30
Julia Deck dialoguera avec deux écrivains ou artistes, Joy SORMAN et Catherine HEMERY-BERNET.

→ Joy SORMAN

Après avoir enseigné la philosophie, Joy Sorman se tourne vers l’écriture et publie son premier roman Boys, boys, boys en 2005, qui lui vaut le prix de Flore. Membre du collectif d’écrivains Inculte de 2005 à 2011, elle a également été chroniqueuse de télévision et animatrice radio.
Avec Le témoin, denier roman publié aux éditions Flammarion, début 2024, Joy Sorman poursuit, cette fois à travers la fiction, son exploration de nos « lieux communs », ceux qui racontent le monde et jettent une lumière crue et acérée sur la société dans laquelle nous vivons.
Dans ce roman mâtiné de réel, l’auteure imagine qu’un homme, nommé Bart, pénètre à l’intérieur du Palais de Justice de Paris et décide de s’y installer clandestinement. Caché la nuit dans un plafond et arpentant le jour les salles d’audience, il assiste au spectacle de la justice – ou est-ce plutôt à celui de l’injustice ? Mais pour quelle raison Bart a-t-il quitté sa vie et organisé sa disparition ? Que cherche-t-il dans ce lieu inhabitable ?L’œuvre de Joy Sorman se caractérise par une écriture singulière et un goût prononcé pour l’immersion. Ses thèmes de prédilection ont trait au corps, à l’identité, à l’altérité et aux façons d’habiter la ville. Ses romans, souvent hybrides et très documentés, mêlent fiction, observation et sciences humaines.
Quelques-uns de ses ouvrages  :
Boys, boys, boys (2005)
• Du bruit (2007)
• Comme une bête (2013, prix François-Mauriac de l’Académie française)
• La Peau de l’ours (2014)
• Sciences de la vie (2017)
• À la folie (2021)
• Seyvoz (2022, co-écrit avec Maylis de Kerangal)
Le témoin  (2024);

 

→ Catherine HEMERY-BERNET

A la manière de Lucien Suel et ses « Poèmes Express » et de l’artiste André Cadéré (1934 -1978) qui venait déposer ses oeuvres dans les expositions des autres, et qui a maintenant ses « bâtons » dans des musées d’art moderne du monde entier, Catherine Hemery-Bernet, artiste plasticienne française contemporaine, squatte le travail d’écrivains et d’écrivaines.
Les Pièces Uniques sont faites à partir de livres existants, d’auteurs reconnus, publiés.
Trois livres en un – un livre objet : qu’elle envoie à des « gens de la profession », bouteille à la mer, avec réaction en retour ou non.La réaction de Julia Deck est cette invitation dans notre médiathèque !

 

Modération de Guénaël Boutouillet, conseiller littéraire de la fête du livre de Saint-Étienne.

32 ème festival Les BOREALES

Les Boréales, c’est de la musique, de la danse, du théâtre, du cinéma, des expos et la LITTERATURE.
Cette année, le pays mis en avant est la Finlande.
Mais il n’y a pas que des auteurs finlandais.
Les Islandais étaient nombreux ce week-end : Hallagrimur Helgason, Thora Hjörleifsdottir, Sigridur Hagalin Björnsdottir et Jon Kalman Stefansson.
Des Norvégiens également, tous deux chez Gallmeister : Maren Uthaug et Lars Elling.

De Finlande,
– le poète, musicien, et activiste same, Jalvvi Niillas Holmberg, auteur de La femme grenouille, paru au Seuil en 2024..
– Pirkko Saisio, auteure multi-cartes, dont deux tomes d’un « journal intime » La trilogie de Helsinki viennent de paraître chez Robert Laffont en 2024.
Ces deux auteurs sont traduits par Sébastien Cagnoli
– Maria Turtschaninoff, Finlandaise suédophone autrice de Nevabacka chez Paulsen 2024. Traduction de Marina Helde et Johanna Kuningas.

A remarquer : les Sames prennent place dans la littérature de ces contrées.
Holmberg voit son livre comme la continuité de son activisme contre le colonialisme qu’a vécu ce peuple, sous forme de christianisme autrefois et maintenant d’écologie. Les peuples autochtones en ont assez qu’on choisisse pour eux, assez de l’extraction minière, des coupes massives de forêts, assez qu’on les tienne éloignés des décisions.
Son livre évoque la dualité de deux modes de valeurs, la vision moderne et la culture originelle.
Maren Uthaug (en blanc et noir sur la photo) est à demi Same mais elle insiste, elle, dans son livre, 11 %sur le féminisme. Elle le fait de manière complètement humoristique et radicale.

Remarquable et féministe aussi : Magma de Thora Hjörleifsdottir, aux éditions Agullo,, traduit par Jean-Christophe Salaün. Cette auteure a, auparavant, publié de la poésie. Le texte se présente en courts chapitres, de plus en plus courts, montrant que Lilja commence à s’effacer. Très frontal, cru, il a pour but de dénoncer la violence invisible, psychologique dans une relation toxique. Lilja est une jeune femme ordinaire,  sans fragilité, avec un socle social solide.
Thora Hjörleifsdottir a eu, à l’époque de la publication en Islande, un peu peur des réactions, a été la première surprise de la réception hyper-positive du livre. Il est maintenant traduit en treize langues et Oprah Winfrey en a parlé en 2021.
Sigridur Hagalin Björnsdottir et Jon Kalman Stefansson ont clos le week-end. Avec le charme (oui, je sais…) et l’humour qu’on connait à l’auteur de Mon sous-marin jaune, éd. Christian Bourgois et à son traducteur Eric Boury.

au Studio avec les Ancres Noires : un Fred Zinneman

Toutes querelles tues : pouvoir admirer Zinneman.

Les tenants de la politique des auteurs l’ont bien méprisé! Et il ne figurait pas parmi les chouchous des cinéphiles. Zinneman académique, lourd, thésard, trop insistant dans son esthétique : l’aura-t-on entendu! Le train sifflera trois fois, western préféré de ceux qui n’aiment pas le western, même si Bazin le préférait à “L’Homme des vallées perdues”.

Et pourtant l’hommage que vient de lui rendre le Festival Lumière aide à réviser ces anathèmes. Il faut dire que la critique de cinéma revient vite sur ses erreurs . Qui sait ? : parce qu’arrivée tard pour éclairer une forme d’expression elle-même tardive ?

Et puis il y a Acte de violence que j’aimerais mettre en pendant à son tout dernier film, trop oublié, l’excellent Cinq jours ce printemps-là. Les deux méritent franchement votre détour. Le premier parfaitement inscrit dans un genre, le film noir américain, dont il respecte les codes, en particulier l’expressionnisme visuel (Zinneman aussi venait de cette Europe-là) servi ici par la photo du grand Robert Surtees. Apprécions aussi une parfaite gradation “des” suspens reposant sur un scénario très élaboré qui ménage les zones d’ombre et introduit de beaux personnages secondaires. La tension y est permanente, relevée d’une dramatisation propre au réalisateur qui aime évoquer (ici à l’arrière plan mémoriel notamment) des thèmes forts : trahison, vengeance, montée des fascismes. Il adapta, rappelons-le, La Septième Croix d’Anna Seghers et Julia d’après Lillian Hellman, un de ses derniers grands films avec, donc, le très amer et mélancolique Cinq jours ce printemps-là, ultime opus intimiste sous la belle lumière des Alpes suisses saisie par Giuseppe Rotunno.

Patrick Grée, Rouen-Le Havre, 13 – 19 novembre 2024

Un Victor Serge : P U N° 215

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S’il est minuit dans le siècle de Victor Serge (1890-1947), écrit entre 1936 et 1938, est paru en 1939 chez Grasset.
C’est un livre d’une grande force et assez incroyable, de la part d’un homme qui, s’il croit toujours au communisme, juge le régime de Staline et le dit dès ce moment. Un livre sur la folie d’un système, un roman qui met en évidence l’absurdité et la misère, montre que tout peut servir à vous perdre et entraîner une arrestation, que la surveillance est permanente, que les dénonciations sont la norme et qu’on n’est jamais quitte.

Quelques Poèmes Express  qui en sont issus :
Un petit hôtel aux portes de la mort. Pressentiment. Même au lit.
Le soir quelque part au-dessus, un fantôme, trente fantômes s’agitaient, possibles et fictifs.
– C’étaient des petits rectangles précis à la surface de la vie ordinaire.
– Il y a un geste sans savoir dans le poing, du brut.
– On paie et l’on a quelques idées imprimées dans le cerveau.
– Bourdonnaient les secrétaires, acquiesçait le politique, ordonnaient les cabinets.
Six millimètres d’acier pointu dans la nuque. Dans le cadre de la parfaite exécution du plan.
– L’envie de rire montait, dépassait la bouche de l’homme en uniforme.
Au fond de la chair, un dégoût quelque part entre séant et nuque.
Il suivit un étroit chemin, se rapprocha des mots, de leur chair.

La Pièce Unique n° 215 est envoyée à Guenaël Boutouillet qui, à St Etienne, le 30 novembre, animera la rencontre autour de Julia Deck.
Julia Deck ayant carte blanche, nous a invitées Joy Sorman et moi-même. Inutile de dire que j’en suis extrêmement fière et reconnaissante !!!!!

Julia Deck, Joy Sorman et moi

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Julia Deck qui avait reçu une Pièce Unique à partir de l’un de ses livres, m’a proposé de les accompagner, elle et Joy Sorman, dans une master-class à la Médiathèque Tarentaize, à Saint-Etienne le 30 novembre 2024.

Petit rappel de ce que sont les Pièces Uniques :

A la manière de
Lucien Suel et ses « Poèmes Express »
et de
l’artiste André Cadéré (1934 -1978) qui venait déposer ses oeuvres dans les expositions des autres, et qui a maintenant ses » bâtons » dans des musées d’art moderne du monde entier,
je squatte le travail d’écrivain.es.
Les « Pièces Uniques » sont faites à partir de livres existants, d’auteurs reconnus, publiés.
Mon intervention : je lis deux pages par jour du livre choisi, j’appose la date, je sur-ligne des mots qui constituent un début de narration autre. Puis je cherche dans les actualités quelque chose ( image ou texte collé ou écrit à la main) qui vient ricocher avec ce qui est sur-ligné.
Cela donne un double carambolage. 
Trois livres en un – un livre objet 
que j’envoie à des « gens de la profession », bouteille à la mer,
avec réaction en retour,
ou non.

La réaction de Julia Deck est cette invitation à St-Etienne !

Julia Deck est aussi, pour Ann d’Angleterre aux éditions du Seuil, à La Galerne, ce mercredi,  6 novembre.