Un vin, des livres – février 2025 -2)

On avait beaucoup lu : il faudra sans doute un 3 ème volet.
En  romans étrangers, on a parlé de :
– Impossibles adieux  de Han Kang, Prix Nobel de littérature 2024, traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou. « Un texte très poétique. Il neige tout le temps. On a des images qui créent des sensations : des pieux noirs dans un paysage de neige, un oiseau. L’histoire de deux femmes. Combien l’histoire habite les générations suivantes. »
– Propre
d’Alia Trabu Eco Zeran, éditions Robert Laffont. Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet : Une petite bonne se raconte, et, évidemment, ça parle du rapport entre les classes sociales.
– Une vie étincelante d’Irmgard Keun (1905-1982) , traduit par Dominique Autrand, retrouvé par les éditions marseillaises du Typhon, créées en 2018 par les frères Torrès : un roman des années 30 qui parle d’une jeune femme rebelle qui, dans les années 30, à Berlin, veut fuir sa pauvreté. « Le style est moderne, plein d’humour. Cela évoque aussi le désastre qui s’annonce. »
des romans policiers étrangers :
– les Abir Mukherjee : 4 existent en poche, chez Folio. « tous sont bons, Le premier, L’attaque du Calcutta Darjeeling, traduit par Fanchita Gonzalez-Battle, sur le déclin du Raj britannique est super ».
– Les Craig Johnson et son personnage récurrent : Walt Longmire . ou chez Gallmeister ou en 10-18, traduit par Sophie Aslanides. « Ici, Longmire encore adjoint shérif, rentre du Vietnam et se trouve face à des meurtres dans un train qui ne transporte que des shérifs en congrès. »
– Les Peter May, dont  L’île des chasseurs d’oiseaux, paru au Rouergue, trouvable en Babel noir, premier d’une trilogie. Traduit par Jena-René Lastugue.  » un enquêteur arrive sur une petite île au nord de l’Ecosse. Il en est originaire, n’y était pas revenu depuis longtemps. Les paysages, extraordinaires, sont un élément très présent. »
– Le diable dans la ville blanche
d’ Erik Larson, éd du Cherche Midi en 2011, trouvable en Livre de poche, traduit par Hubert Tézénas. Larson, journaliste, évoque Chicago au moment de l’Exposition Universelle, Holmes et le premier serial-killer américain.
Et ça ricoche avec un des essais dont il a été question :
– Abattoirs de Chicago de Jacques Damade aux éditions de la Bibliothèque : l’histoire de ces abattoirs, du train, de la rivalité entre Chicago et Cincinatti. « On apprend beaucoup de choses. »
– Dans la même maison, du même auteur : Du côté du Jardin des Plantes », paru en 2022, l’histoire de la création de ce jardin.
– Les émotions cachées des plantes de Didier van Cauwelaert, J’ai lu, 2020 : « Il y raconte de façon farfelue des choses scientifiques. »
– Le roman des artistes, de Dan Franck, 2024, Grasset : le premier volume de quatre prévus : la vie d’auteurs et de peintres du XIXè siècle. « enthousiasmant ».
– L’histoire de la solitude – de l’ermite à la célibattante, de l’historienne Sabine Melchior-Bonnet, P U F , 2023. Entre autres, sur le deuil, la vieillesse.
– Le voyage avec l’enfant d’André Hirt, aux toutes nouvelles éditions rouennaises Les Grands Détroits : une très belle maquette de Colombe de Dieuleveult. Un récit. L’auteur, philosophe qui écrit aussi sur la musique, est à la recherche de son histoire, dans les Vosges.
– Le barman du Ritz  de Philippe Collin, éd. Albin Michel, 2024 : un barman juif pendant la seconde guerre mondiale, au Ritz où viennent collaborateurs et officiers allemands. « C’est bien, simple à lire. Je m’attendais à quelque chose de plus fouillé, de moins lisse. »

Il y a effectivement besoin d’un 3 ème volet !
Sinon, au jeudi 6 mars !

Un vin, des livres – février 2025 – 1)

Au moment
– enfin presque, il sort début mars –
où la Peuplade publie le deuxième livre de Cristian Fulas, La pire espèce,
on reparle de Iochka, paru en 2022 à La Peuplade,
traduit du roumain par Floria Couriol et Jean-Louis Couriol
et trouvable en 10-18 :
Un livre-conte autour du personnage de Iochka, jusqu’à sa rencontre avec Ilona, sa vie avec elle, et le temps sans elle.
Une très belle écriture. De l’amour et de l’humour. Mais aussi du politique.

Au moment – enfin presque, il est sorti fin 2024 –
où Flammarion a publié La mer intérieure. En quête d’un paysage effacé, de Lucie Taïeb,
on parle de Capitaine Vertu, paru aux éditions de l’Ogre en 2022 et en Pocket en 2023.
Estampillé « Sélection Prix Nouvelles Voix du Polar », acheté dans une station-service, avec l’intention don quichottesque de permettre … par mon achat… qu’on ne trouve pas là que du Coben ou du Bussi…
C’est quand même loin du polar, même du noir.
Quoique, pour le noir, faut voir : il y a du social dans Capitaine Vertu.
Le personnage principal est d’abord policière : on parle de sa façon de travailler, efficace avec les coupables, moins avec les victimes, de sa disparition volontaire, de sa vie d’après, du pourquoi.
Et ce pourquoi, c’est peut-être LA raison d’écrire le livre : le fait de vivre dans un pays où vos parents ne sont pas nés, ce qu’ils en attendent et ce qu’ils attendent de vous, dans ce nouveau pays.

Prisonnière à Téhéran de Fariba Abdelkhah, Le Seuil, 2024 :
un document : cette ethnologue franco-iranienne a été arrêtée en 2019 en allant chercher un ami, sociologue français, à l’aéroport. Lui aussi a été arrêté.
Elle a été libérée en 2023, vit en France, mais rêve de retourner en Iran pour poursuivre son travail sur le religieux.
Elle a voulu faire de ce temps de détention à Evin un temps de travail. Elle décrit les lieux, évoque les prisonnières, la vie selon les services responsables de l’emprisonnement. Elle montre le côté ubuesque de situations et de décisions. Elle alerte sur la dureté plus grande encore pour les prisonnier.es qui ne parlent pas la langue. Une Française est là-bas, aujourd’hui et depuis environ trois ans dans ces conditions, Cécile Kohler.

Je reviens
mais le prochain Un vin des livres est programmé le jeudi 6 mars, 18h, à  l’ Art Hotel

Un Nicole Krauss : P U N° 222

Forêt obscure de Nicole Krauss est paru aux USA en 2017, en France en 2018, aux éditions de l’Olivier, traduit par Paule Guivarch.
Deux histoires se tressent.
Deux personnages qui n’ont aucun lien, qui ne se rencontreront jamais, partent de New York et passent un temps en Israel.
Un homme riche, âgé, se défait de ses biens, s’efface.
Une écrivaine, là pour écrire, est contactée par un inconnu qui lui « révèle », à partir du vrai procès sur les manuscrits de Kafka, la « vraie » fin de vie de celui-ci…
Un livre sur l’incertain, l’inconnu, dans lequel faits et possibilités s’étaient.

Quelques éléments semblent dire ce que ressent Nicole Krauss sur ce pays ( à l’époque en tous cas, avant le 7 octobre ) :
p. 255 en collection Points : « …chaque voiture était contrôlée par des soldats (…) adolescents en treillis exécutant des ordres à peu près dénués de sens pour eux (…) Le garçon, lui, était trapu, velu et arrogant, trop imbu de l’autorité que lui conférait la situation. Friedman, déjà tendu, s’impatienta très vite contre l’interrogatoire, ce qui ne fit qu’attirer l’arrogance du garçon – difficile de l’appeler un homme, et là peut-être était le problème, ou l’un des problèmes. »
Et p. 324 : «  A un moment, ma fièvre recommença à monter et c’est ce qui retint finalement l’attention des médecins. En fait, ce fut l’Arabe au balai serpillière et au stéthoscope qui remarqua mon état. » …

Quelques Poèmes Express issus de Forêt obscure :
– L’oeuvre est mince mais pousse à la mort.
– Il avait eu affaire à quantité de corps, et il n’en avait pas fini.
– Sensation de la moquette sous mes jambes et conscience des murs autour de nous.
– Avoir la gentillesse de chercher les pantoufles taille enfant dans un monde trop grand.
– Un mouton longtemps enfermé passa en trombe. De nouveaux missiles avaient explosé, 7 ou 8 personnes faisant quelques « waouh ! »
– Approchait l’heure et je me sentais vraiment mort.
– Ecrire, c’est danser, se rendre disponible pour l’émotion de la forme.
– Dans la tête, des gens âgés effectuant leurs lentes longueurs de bassin. J’aurais préféré un sommeil sans rêves.

La Pièce Unique n° 222 a été offerte à Madé, plasticienne
dont l’oeuvre passe par le gris
– dont le « gris de Payne » que j’ai entendu comme « gris de peine »-

 

Parler de livres la veille de la St Valentin …

un dessin de Franco Matticchio
pour dire l’importance des livres
pour parler de la très jolie exposition Dominotés :  éphémères couvertures de papier à Rouen, jusqu’au 15 mars
pour représenter, sans trier, sans situer, sans tout dire de ce qui a été présenté la fois dernière…, des textes – quelques fois en poche –  de 2024 :
– Bristol de Jean Echenoz,
– Un perdant magnifique de Florence Seyvos qui se passe au Havre,
– Viendra le temps du feu de Wendy Delorme,
– Cabane d’Abel Quantin,
– blackouts de Justin Torres,
– Anne d’Angleterre de Julia Deck,
– Reprendre corps, premier roman de Déborah Costes,
– Série noire  de Bertrand Schefer.

Prochaine réunion le 13 février à l’Art Hotel, 18h

Super réponse de Milène Tournier

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