Chat Bleu : octobre 2020 – 1)

Dur de choisir entre
un rouge : Montagne Saint Emilion avec « pas mal de caractère », au tanin présent mais soyeux
et
un rosé : d’hiver, grain de glace, vendangé de nuit pour conserver les arômes !

Dur mais on a bien vu que personne n’était perdant !

Et nous voilà partis pour :

  L’Islande avec La fenêtre au sud de Gurdir Eliasson, aux éditions québécoises La Peuplade, traduit par Catherine Eyjolfsson, 2020. Un écrivain, seul pendant quatre saisons dans une maison prêtée au bord de la mer, a du mal à travailler : (p 19) « Je tâte le clavier d’une main hésitante, cherchant à retrouver les mots. Mes personnages sont restés tout ce temps à l’hôtel de montagne, sans bouger. Ils sont couchés tous deux, immobiles comme des morts. Je martèle des mots à la machine : REVEILLEZ-VOUS. Ils ne bronchent pas. »
Il marche beaucoup, ne parle à personne ou presque.
Ce livre, c’est une ambiance : (p104) «  La montagne est de plus en plus rarement visible. Les brouillards d’automne s’y sont posés et, certains jours, c’est tout juste si je peux voir quoi que ce soit par la fenêtre. Derrière ce gris camouflage, se cache la mer, grise elle aussi. »
Vladivostok et Oulan-Oude avec Vladivostok Circus d’Elisa Shua Dusapin, éditions Zoé, 2020. C’est le 3ème roman de cette auteure. Chaque fois, une jeune femme dit « je ». Chaque fois, pourtant, c’est un personnage un peu » opaque ». Chaque fois, l’action est infime. Et, bizarrement, c’est ce qui est attirant. Cette fois, le personnage est une costumière venue travailler pour un trio à la barre russe, dans un cirque. (p34) : » Au coeur de la piste, enroulée sur elle-même, la tête sous le ventre, la femme fait onduler ses membres comme une anémone de mer. »
L’Europe des années 1940 avec La décision de Brandes du Catalan Eduard Marquez, paru aux éditions do en 2017, dans une traduction d’Edmond Raillard. Marquez parle d’Histoire et d’Histoire de l’art, de Cranach à « l’art dégénéré », à travers l’histoire intime d’un peintre. La fin est un baume contre le mépris.

Un Philip K. Dick : P U N° 112

Siva  de Philip K. Dick, paru aux USA en 1980 et chez Denoël en 1981 est un texte EXTRAORDINAIRE !
Ecrit deux ans avant sa mort, Siva n’est ni essai, ni roman, ni autobiographie. Ou est un peu tout ça.
C’est sa dernière période, très controversée par les puristes de la S F. Il y parle de la transcendance et de lui. C’est totalement fou, personnel  et super intelligent.

Voilà quelques Poèmes Express qui en sont issus : Occupé à essayer de tuer, il se souciait uniquement de la méthode.
– S’en branle un crétin, de l’orthographe d’oxymoron.
– La cervelle consommée provoqua chez lui une colère acide.
– Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de trous dans les hommes pour dégager la vérité… ?
– Le monde était en réanimation. Personne ne savait cela.
– Le déterminisme est cassé. Une petite vieille brise l’Empire.
– Un sein a une vie et s’en rend compte.

Cette Pièce Unique sera offerte à Elodie Boyer, des très belles éditions Non Standard.  Elle va se demander ce qui lui arrive, elle qui propose des livres si graphiques.
Elle fait d’ailleurs partie de la Saison Graphique 2020, au THV jusqu’au 31 octobre.