Chat bleu : novembre 2019 – 2)

Avec le Julienas, nous avons évoqué d’autres livres que ceux de Santiago Amigorena :

– La couturière de Frances de Pontes Peebles, traduit de l’anglais par Martine Leroy- Batistelli. Le livre sorti en 2008 aux USA y a reçu le prix Elle. On le trouve maintenant en poche, collection Points.
Cette auteure née dans le Nordeste brésilien, vit aux USA.
La couturière parle de deux soeurs dans les années 1930 au Brésil. L’une est enlevée par des « congaceros », des bandits qui exercent la terreur. Les vies séparées et extrêmement différentes de ces femmes.
– Virginia d’Emmanuelle Favier, Albin Michel, 2019 : une biographie subjective, les vingt premières années de Virginia Woolf, l’émergence de l’écriture. Emmanuelle Favier utilise le « nous« . C’est le regard de quelqu’un, maintenant, sur cette écrivaine.
– La beauté des jours de Claudie Gallay, en poche chez Babel : une femme qu’on croirait banale, 45 ans, postière, est une fan de la plasticienne Marina Abramovic qui engage son corps et son existence même dans son travail.
– La chambre des merveilles de Julien Sandrel, un premier roman à 37 ans, chez Calmann-Lévy, 2018 : Un enfant accidenté est plongé dans un coma profond. Sa mère trouve son journal, vit ses envies et vient lui raconter.
– La passagère du silence, texte autobiographique de Fabienne Verdier, paru en 2003, trouvable en Livre de Poche : une jeune fille de 16 ans, peintre, part en Chine et suit des cours de calligraphie. En ce moment, à Aix en Provence, on peut voir une exposition de Fabienne Verdier.
Errance d’Inio Assano, traduit par Thibaud Dosbief, aux éditions Made in : un mangaka entre deux livres. Tout se délite. « super bien », dit F. pour qui c’était le premier manga.

Nous sommes aussi revenus sur des livres déjà appréciés :
– Tropique de la violence de Nathacha Appanah, 2016, maintenant en Folio.
– Une année à la campagne de Sue Hubbell, (1988) aussi en Folio.
– Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee (1960), en J’ai Lu. Un film avec Gregory Peck : Du silence et des ombres et une belle BD sont issus de ce roman sur la période de la grande dépression en Alabama.

Rendez-vous au  jeudi 12 décembre

Chat bleu : novembre 2019 – 1)

D’abord, les prochains rendez-vous :
– Le jeudi 12 décembre, prochain Chat bleu.
– Le vendredi 13 décembre, Au fil des Pages, à 18h30 : rencontre avec Serge Portelli pour Qui suis-je pour juger l’autre ? aux éditions du Sonneur, 2019.

Revenons à novembre :
Le Chat Bleu nous recevait avec deux beaujolais : en rouge, un grand Julienas, Le Bois du Chat, vieilles vignes, du château de Belle Verne, en agriculture raisonnée. Médaille d’or 2019 à la foire internationale du Gamay. Le blanc, cépage chardonnay, était du même domaine.

Ils accompagnaient trois livres de Santiago Amigorena, chez P O L  : Le ghetto intérieur  (2019), le dernier, qui fait un tabac et a été sur la liste de nombreux prix. Mes derniers mots (2015) et Une adolescence taciturne (2002), le presque premier. Amigorena écrit depuis longtemps, avec un peu la même envie que Proust : un grand oeuvre sur un sujet. Son sujet à lui n’est pas le temps mais le langage car Amigorena est un double exilé, parti enfant d’Argentine pour l’Uruguay et arrivé adolescent à Paris.
Le mutisme du grand-père du Ghetto intérieur ricoche sur celui de Santiago, enfant empêché, dans ses nouveaux lieux de vie.
Mes derniers mots a été mon préféré : il s’agit d’un mélange de S F et de poème ou de fable : un seul homme reste vivant. L’espèce humaine a détruit la terre, des bandes ont voyagé pour se sauver mais rien n’y a fait. C’est super-beau et dit en 2015 tout ce que nous entr’apercevons en 2019 !

Un Eric Vuillard : P U N° 91

La Pièce Unique N° 91 est La Bataille d’Occident, paru en 2012, sur la Grande Guerre.
Comme chaque fois chez Vuillard, » branché histoire » autant qu’écrivain, on apprend beaucoup.
Comme chaque fois – dans Congo, L’ordre du jour, 14 juillet et les autres -, il s’agit d’une réflexion politique.

Ici, il nous présente les souverains des pays ennemis et alliés, tous de la même famille, pleins de morgue et de futilité. Il nous montre l’évolution des armements et les hommes qui meurent : p. 158 : » Bientôt tout le monde fut là. Tout un peuple jeune et joyeux fut plongé dans ces trous. (…) Il fallait bien les remplir, ces trous ! Il fallait remplir sept cent cinquante kilomètres de trous, sur six kilomètres de large. Il fallait établir un long collier de chair humaine entre ces deux pays »
Et il finit avec Morgan : p.179 : »banquier de l’entente »… « souverain du Trust de l’acier, le grand pourvoyeur de la guerre. Il prêtait à la France et à l’Angleterre l’argent avec quoi elles lui achetaient des armes. Et plus tard, bien après la guerre, il prêtera à l’Allemagne, et l’Allemagne paiera ses indemnités à la France, et Morgan exigera que la France lui règle ses factures. »


Comme chaque fois, c’est une écriture, pleine d’ironie (le plus réussi) ou d’emphase (quelques fois trop…).

Voilà quelques uns des « poèmes express » qui en sont sortis :
L’autre désire désirer et en prend le temps.
– La reine avait posé ses fesses dans les draps d’un dragon.
– L’Europe des grandes occasions : la guerre jusqu’au plus petit os du corps.
– Ils ont traîné les vagues sur le sable.
– S’envelopper de cheveux dans le grand hiver très froid.
– Des gentils petits mots de grands-pères vont macérer dans le schnaps.

Cette Pièce Unique ( 3 livres en un, texte original, un « poème express » et une actualité par jour) est offerte à Emmanuelle Chevalier, créatrice des éditions caennaises Le Vistemboir, femme enthousiaste et hyper accueillante.

Ouest Track et nous – en novembre 2019

Dans la pastille Autour des livres, le 10 novembre ,

on vous dit qu’on a beaucoup de chance

 

 

Le 24 novembre, on évoque Santiago Amigorena..