Chat bleu : février 2020

Nous pouvions boire :
en rouge, un Saint Amour, La Madone, Château Belleverne : d’un petit producteur indépendant en conversion bio, dans le Beaujolais, médaille d’or 2019,
en blanc, un petit Bourgogne très dans le fruit.
Nous avons parlé de :
– Extérieur monde d’Olivier Rolin, 2019, Gallimard : un livre nostalgique, un peu crépusculaire, des mémoires qui évoquent le vieillissement, la place des femmes et bien sûr les voyages. P. 61 : « Il n’y a pas de bout du monde, le monde est parfaitement cousu à lui-même, ». P. 301 : « On a vu des pays, des gens, entendu bruisser des langues, abattu des milliers de Km »…
– Floride de Lauren Groff, 2019, L’Olivier : des nouvelles traduites par Carine Chichereau comme les autres livres de cette auteure américaine. Une ambiance chaque fois un peu étrange, éventuellement inquiétante. Des reptiles. De beaux personnages de femmes, ambigus. Des mères qui ont du mal à l’être.
La dernière histoire se passe à Yport.
Les services compétents de Iegor Gran, 2020, P O L : c’est plein d’humour même si cela parle de ce qui a changé sa vie et celle de ses parents : l’arrestation de son père, André Siniavski, après la longue recherche, par le KGB, de cet auteur de textes contraires à la ligne du parti. Nous sommes en URSS du temps de Krouchtchev, moment de relatif dégel, de marché noir incroyable (l’épisode du « jazz sur ossements » !) C’est jubilatoire.

 

 

Ouest Track et nous :

Le 1er mars 2020, à 11h, et ensuite en podcast, dans la pastille Autour des livres  de Viva Culture, ce proverbe nigérian : « Si la proie ne donne pas son avis sur l’histoire, le prédateur sera toujours le héros de l’histoire »
en regard du livre de Iegor Gran chez P O L : Les services compétents.

Iegor Gran, ce soir, mardi 11 février, à 18h30 à la librairie Au fil des pages !

Ouest Track et nous :

  • Le 16 février, à 11h et ensuite en podcast dans la pastille Autour des livres de Viva Culture : Carol Dunlop, Julio Cortazar, Alexandre Labruffe : aires d’autoroute et station service.

Un Marie Ndiaye : P U N° 98

Un temps de saison est paru  aux éditions de Minuit en 1994, quatrième roman d’une auteure de 27 ans !
Herman est professeur. C’est la rentrée, le moment de partir, mais sa femme Rose et leur fils ont disparu dans le village où ils passent leurs vacances. Il reste pour les retrouver évidemment. Personne ne l’aide. On l’engage à s’installer. Au début, son seul souhait est que ça cesse puis il s’habitue, d’autant qu’il les revoit…

Plein de choses intéressantes dans ce livre inclassable : l’engourdissement d’Herman, la séparation entre ceux qui restent et ceux qui veulent partir, un fantastique quotidien.

Voilà quelques uns des Poèmes Express qui en sont issus :
Il était temps de rassurer les femmes quand on était mari.
– Les événements seraient joyeux. Mais serrées, les cuisses.
– Un sanglot s’échapperait des lèvres molles. Indécence. Air ennuyé.
– Femmes rembourrées et galanterie. Chair amollie et sueur.
– Le village semblait de plus en plus rouge et inventait le regard haineux.
– Vous auriez pu prévenir que le ciel était toujours en guerre.

La Pièce Unique n° 98 est offerte à Caroline L.qui travaille avec moi et qui a tellement d’envies qu’une seule vie ne peut pas suffire !