Le Chat Bleu, c’était ce jeudi. Le prochain, c’est le 16 avril.
Comme le 12 mars, nous étions tout près du 8 mars, journée de la femme … (une seule journée ?… comme les baleines ?) et en plein cœur du Printemps des poètes (7 au 22 mars),
nous avons parlé de :
– TOUJOURS MOINS (le dossier de presse est ici) de Nadia Bouzid – on le rappelle, présente sur le stand Normandie le samedi 21 mars entre 17 h 30 et 19 h – : trois histoires courtes qui parlent de se désengager, se défaire. Trois tons différents mais tous les trois, forts.
– AVEC DESSUS DESSOUS de Jany Pineau, aux éditions Gros Textes (05380 Châteauroux-les-Alpes) : une femme, de la poésie. En prose, sur les mots. Jany Pineau travaille dans une scène nationale, va à Pirouésie depuis plusieurs années, a déjà publié EN TRAIN DE DERAILLER aux éditions Asphodèle. Voilà de tout petits extraits : (p 31) « Commencer par le titre, la désillusion et y aller. N’en pas revenir encore, faire marche arrière, en avant toute. Question de survie. La surprise est passée, la sidération reste« …., (p 39) « Non pas toi ni toi, trop forts, hors de propos à côté indécents, et toi et toi pas assez, morveux minuscules ridicules, et toi trop moyen sans âme pas de sens ou en manque de contraire »…, (p 44) « Des mots blancs tombent à gros flocons, étourdissants de légèreté ». Allez voir le tout!
– LA BONTÉ DES FEMMES de J.G.Ballard, ed.Tristram. Ballard, peut-être le connaissez-vous par le cinéma : CRASH de D. Cronenberg est tiré d’un de ses livres. Défini souvent comme auteur de S F, il parle pourtant beaucoup de nous, des banlieues, des lieux de consommation. Ce livre, différent, est un roman autobiographique qui commence à Shanghaï où, séparé de ses parents, il a été interné dans un camp japonais pendant la guerre. Il n’insiste pas sur cette période mais montre combien toute sa vie en découle.
De très beaux passages, par ex, p 95 à 97 (au début d’études de médecine bientôt quittées, la dissection de cette femme médecin, j’ai bien dit : « de », pas « par »)
Avec ces livres, nous buvions, en blanc, un Soave classico, parfait à l’apéritif ou avec des fruits de mer, en rouge, un Baume de Venise du domaine des Garances : une note finale un peu sur le réglisse ou le fruit confit, des arômes soyeux. Ces vignerons indépendants produisent depuis au moins quatre générations.
Nous avons aussi évoqué :
LE CAPITAL AU XXIe siècle de Thomas Piketty, Seuil, 2013 :
montrant que le Capital l’a toujours emporté sur le travail, que la période de pire inégalité a été la mal nommée Belle Époque, que la création de la notion de cadre après 1945 et la croyance en la méritocratie, en l’ascenseur social pendant les 30 Glorieuses ont repoussé les inégalités qui reprennent actuellement, quand les revenus des capitaux sont supérieurs à la croissance. Limpide présentation d’un livre qui l’est aussi, parait-il.
LE DÉSORDRE DU MONDE d’Amin Maalouf auteur libanais, réflexion philosophique et historique.
Puis des romans : CHARLOTTE de D. Foenkinos, très différent de ses livres précédents par sa forme, vie d’une femme peintre juive morte en camp. LA NUIT de L’ORACLE de Paul Auster. VOIX ENDORMIES de Dulce Chacon, maintenant en poche, « magnifique », ont dit deux lectrices. L’EMBELLIE et ROSA CANDIDA d’Audur Ava Olafsdottir, chez Zulma. LE COLLIER ROUGE de J.Ch. Rufin. LES ANNÉES d’ Annie Ernaux : nos petites histoires dans la grande. SUR PLACE TOUTE PEUR SE DISSIPE de Monika Held, très beau livre sur l’amour au temps de la dénazification. LE FILS DU VENT d’H. Mankell dans lequel il joint ses deux lieux de vie : Suède et Afrique.
Grand plaisir de ces rencontres : le dialogue qui s’instaure entre personnes qui viennent sans trop savoir si cela leur plaira, reviennent, ne se connaissent pas, se voient de loin en loin, se découvrent des affinités, notent des titres, proposent d’autres lectures !