Un Dino Buzzati : P U N° 87

L’image de pierre de Dino Buzzati (1906-1972) est le seul livre de S F de cet auteur, surtout reconnu pour son Désert des tartares (1940). Il était aussi peintre  et journaliste au Corriere della sera.
D’abord paru en revue en 1959, ce texte est publié par Mondadori en 1960 et, l’année suivante, aux éditions Robert Laffont.
L’histoire se passe en 1972. Buzzati, à propos de ce livre : «  Il me semble que le fantastique doit être aussi proche que possible du journalisme » avec les mots « les plus simples et les plus concrets possibles ». Un universitaire en électronique est approché pour une mission ultra-secrète de deux ans. On l’emmène avec sa femme sur les lieux. Il y retrouve d’autres scientifiques qui travaillent autour d’un édifice-automate.
Si on retrouve le schéma bien connu de la créature qui échappe à son créateur, cette histoire est étonnante par d’autres aspects.

Voilà quelques Poèmes Express qui en sont issus :
Il se heurtait à son décolleté : un véritable et grand danger.
Faire âme, appuyer sur une mémoire, se placer sous la femme.
– Un symptôme n’était peut-être qu’une idée qui parle.
– Les insectes allèrent se promener en petit maillot et sandale.
– Un militaire viendra dans la zone 36 et sera à vous, ma chérie.
– Le lendemain était peu facile, devenait de plus en plus gris.

La Pièce Unique n° 87 est offerte à Mo S.
Cette médecin, dans une autre vie paysagiste, a dessiné à Lanzarote. Quelques uns de ses croquis accompagnent les poèmes de François David dans le livre-carnet Minutes d’été, aux éditions Rue du Départ.

Chat Bleu de juillet 2019

Nous avions le choix entre un Saint Amour et un Beaujolais blanc pour accompagner nos livres :
Une ville de papier d’Olivier Hodasava, aux éditions Inculte, 2019 : le vrai/le faux, décidément est une question très contemporaine. La ville de Rosamond en est une preuve. Copyright trap ou réelle ? Oeuvre de la General Drafting, lieu d’un fait divers, intéressant Walt Disney ou non ?
Vous le saurez – ou pas – en lisant Olivier Hodasava qui se dit un des membres fondateurs de l’Oucarpo…
Le Tibet sans peine de Pierre Jourde, Gallimard 2008 : récit de voyage « qui s’annonçait saugrenu« , de voyageur qui ne se la joue pas, voire qui ignore dangereusement, habillé en promeneur, les difficultés de l’expédition. Mais ce n’est pas que cocasse :  » Je repasse des cols verticaux signalés par des chortens ou des stupas, je croise les lamaseries blanches, mais ce n’est pas cela, ce n’est jamais cela. Je ne retrouve pas le bon chemin. Le véritable Tibet était ailleurs. Mes rêves s’épuisent à vouloir revenir à ce qui fut une fois, ils en sont convaincus, la beauté à l’état pur, et qui peut-être n’a jamais existé ailleurs que dans leur nostalgie. » (p. 116). Dépaysement et belle écriture.

Il a aussi été question
de romans étrangers :
– Le pouvoir du chien de Thomas Savage paru en 1967 aux USA, chez Gallmeister, collection de poche Totem en 2019, traduit par Laura Derajinski : nous sommes en 1920 au Montana et deux frères s’opposent. Un must !
– Dans le silence enterré de Tove Alsterdal, 2015 éditions du Rouergue. Trouvable en Babel noir. Prix des Ancres noires 2018.
La mafia russe en Finlande dans les années 20. Du point de vue suédois.
– L’oratorio de Noël de Göran Tunström ((1937-2000), Traduit par Lena Grumbach. Chez Babel. Un beau livre touffu sur les musiciens, qui parle aussi de l’auteure Selma Lagerlöf.
– It de Catherine Grive, éditions Gallimard, 2019 : sur les enfants trans-genres. Construit comme un roman pour ados.

de témoignages ou d’essais :
– Mon fils en rose de Camilla Vivian, traduit de l’italien par Hazel Goram et Nino S Dufour, éditions La Contre Allée, 2017, sur le même thème que It. « 1% des enfants sont flottants », ne savent pas ce qu’ils sont.
– Quinze causeries en Chine de J. M Le Clezio, Gallimard 2019 : une belle pensée autour de la littérature, fondatrice de notre humanité et moyen de partage des cultures.
– Le Kamel Daoud dans la collection Ma nuit au musée, Le peintre dévorant la femme, éditions Stock 2018 : l’auteur enfermé au musée Picasso livre une belle réflexion sur ce peintre, l’amour vécu comme un meurtre, l’art en Occident et en Orient.

de la rentrée littéraire, grâce à Caroline de Au Fil des Pages, venue nous rejoindre :
– Girl d’Edna O’Brien, traduction d’Aude de St Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, éditions Sabine Wespieser : l’auteure irlandaise a cette fois pour héroïne une jeune Nigériane enlevée par Boko Haram mais s’intéresse comme toujours aux maltraitances faites aux femmes avec son écriture précise, sans pathos.
– L’arbre d’obéissance  de Joël Baqué, chez P O L : un monastère en Syrie au Vème siècle : la radicalité d’un choix.
et puis le Julia Deck sur l’éco-responsabilité entre voisins, Le Marie Darrieussecq sur la crise des migrants, un Sorj Chalandon sur le cancer, un Valentine Goby, un Laurent Binet…

Lisez bien !
Prochain Chat Bleu, le jeudi 3 octobre !

Ouest Track et nous, cet été 2019

A partir
– du 21 juillet et ensuite en podcast, dans Viva Culture, vous pouvez entendre une pastille d’Autour des livres sur : Lettre à B de Patrick Pécherot, aux éditions du petit écart
– du 4 août :  « Hommage à Art Pepper No Limit », aux éditions petit à petit.
– du 18 août :  la revue Empreintes et la contribution de Véronique Garrigou au n° 33.

Un Friedrich Dürrenmatt : P U N° 86

Grec cherche Grecque de Friedrich Dürrenmatt (1921-1990), paru en 1966 chez Albin Michel, est la Pièce Unique n° 86.
Dürrenmatt est un Suisse allemand dont on connaît peut-être plus le théâtre : La visite de la vieille dame (1956) ou les « polars » comme La panne. Ici, nous sommes dans une espèce de fable : Arnolphe Archilochos, sans âge, anti-alcool, anti-tabac, croyant, petit employé de l’entreprise Petit-Paysan qui fabrique des armes et…des forceps, est, lui, à la section des forceps. Un jour, il met une annonce pour trouver une épouse. Il a tout de suite une réponse d’une jeune et jolie femme. Et là, tout lui sourit : promotion incroyable, reconnaissance du président, de l’évêque, des plus riches citoyens.
Dürrenmatt s’amuse bien et propose deux fins, une négative, une positive…pour les bibliothèques publiques.

Voilà quelques Poèmes Express issus de ce livre :
Des nuits où nageaient les autos, les amours se collaient entre les jambes des gens.
– Septième crayon derrière l’oreille de l’évêque du dernier rang.
– Dans un royaume, voleraient superbes généraux, discrète collection de Poussin.
– Des canons atomiques étaient sur de moëlleux coussins dans une église.
– Lancer des lubrifiants, c’est l’avenir. Perdre l’ensemble de vue, c’est odieux.
– Croyez en un chrétien dans un peignoir à rayures bleues.

Cette Pièce Unique est offerte à Chantal D., travaillant dans le design, adepte de  l’Oulipo et donc évidemment rencontrée à Pirouésie.

Un Tanguy Viel : P U N° 85

Cinéma, suivi de Hitchcock, par exemple est la Pièce Unique n° 85.
Cinéma est le deuxième livre de cet auteur, le premier étant Le Black note en 1998. Presque tous les livres de Tanguy Viel sont chez Minuit, et maintenant dans la collection de poche Minuit double.
Ce livre comprend deux textes, tous deux sur le cinéma. Tous deux sont le monologue allumé d’ un narrateur cinéphile mono-maniaque. Le premier est entièrement basé sur le film de Joseph L. Mankiewicz, Le limier, tourné en 1972 . Le second essaie de faire la  liste impossible des 10 films préférés d’un amateur, peut-être le même.

Voilà quelques poèmes express tirés de Cinéma :
– Peut-être que retraduire l’anglais en anglais, c’est rater des subtilités.
– Il suppose qu’il suppose, conclut et s’en va.
– Le hasard est une blague et le réel, c’est pareil.
– Une gangrène pousse dans l’image.
– Je comprends la mauvaise foi : c’est seulement ouvrir la case du cerveau prévue pour ça.
– On se fait avoir tout le temps, mais avoir avoir !

Cette Pièce Unique n° 85, ce sont trois livres en un =
– l’original de Tanguy Viel,
– les Poèmes express qui en naissent sur chaque page de droite,
– et une actualité en lien avec, ou bien cette page, ou bien le livre en son entier.
Elle  est offerte à Daniel F., écrivant assidu à Pirouésie, lieu d’ateliers oulipiens où, cette année, était invité Eduardo Berti, le premier Argentin entré à l’Oulipo… grâce à Julio Cortazar qui n’a jamais, on ne sait pourquoi, répondu à l’invitation qui lui avait été faîte.