Stefan Zweig

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Le wagon plombé, Voyage en Russie, Sur Maxime Gorki : trois textes ensemble dans un livre de poche de la Petite bibliothèque Payot, traduits par Olivier Mannoni, avec une préface conséquente de Sabine Dublin, historienne spécialiste de l’URSS.
C’est la Pièce Unique N° 201.
Zweig aborde là 1) Lénine, 2) le voyage qu’il a pu faire
 » en tant que délégué autrichien à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Tolstoï « , 3) Gorki et l’admiration inconditionnelle qu’il a pour lui.
Au contraire d’autres écrivains venus en URSS, il ne donne pas son avis politique, met en avant l’aspect littéraire, artistique

Quelques « Poèmes Express » issus de ce livre, « écrits » entre le 17 février et le 14 avril 2024 alliés à des informations dénichées dans un deuxième temps, choisies parce qu’elles viennent – pour moi – caramboler avec eux.  Ecrites à la main à même le livre ou découpées et collées, paperoles :

Petite île : hôtels de luxe d’où sort un essaim d’hommes d’affaires –
(assorti d’un collage) :
 T V – Capital – 115 ‘ :  » vacances : peut-on encore s’évader à petits prix ?  »
– La réalité est mugissante. Et cent projecteurs sont braqués sur les rues  –
assorti de : Le Point :
 » Quand Trump promet le « jugement 
dernier » pour ses opposants « 
– 
Cette patience coriace sort et déborde des grappes humaines –
(avec un collage de la N R) :
 » Des milliers de Russes se sont rassemblés vendredi pour 
l’enterrement de l’opposant Alexeï Navalny, mort en prison le 16 février dernier dans des circonstances troubles. »
– Une foule attend le ministre, un monsieur gris et silencieux ressemblant à tout le monde  – (avec Le Point) :
 » Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, dans un livre sorti le 20 mars, appelle à la fin de l’Etat-providence. »

– Avec le déplacement de la population se réveille cette ville de fatigués –
(avec un collage pris dans Libé) :
 » 
Avec le développement des locations touristiques, de plus en plus de propriétaires sont tentés de récupérer leur bien, même au mépris de la loi. « 
– On s’approche d’une barbarie : des scènes de chasse et de défunts visages  –
(avec La Croix):
 » Coup de force de la Russie à l’ONU : La Russie a imposé la dissolution du système de surveillance des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord. »
– Pas une seule image, pas un seul récit à avoir traversé le dernier monde 
(assorti de Radio France) :
« L’autrice franco-rwandaise Beata Umubyeyi Mairesse, dans Le convoi, éditions Flammarion, dit le silence assourdissant de la communauté internationale. »

 

Un François Beaune : P U N° 200 (oui oui, 200 ! )

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L’esprit de famille – 77 positions libanaises de François Beaune, paru en 2018 chez Elyzad.
Beaune, né en 1978, a vu son premier livre publié en 2009 chez Verticales : Un homme louche.
Son travail change à partir des années 2011-2013 avec sa première collecte d’histoires de Méditerranée, devenue La lune dans le puits, Verticales. Depuis, c’est son job, collecteur d’histoires à travers la France (actuellement, à Echirolles, bientôt à Briançon) et le monde : le Liban pour L’esprit de famille, l’Oural pour Slatka ou la conquête de l’est , Le Caire et en projet, le Japon.
La question que pose François Beaune, ici aux Libanais(es) : « Quelle histoire vraie vous a marqué(e), vous est chère ? ».
Et sept fois sur dix, il s’agit d’une histoire de famille.
Mais au Liban, forcément, c’est également une histoire de communauté, de confession. Et cela a une sacrée influence sur la relation amoureuse.

Quelques « Poèmes Express » issus de L’esprit de famille – 77 positions libanaises :
– Les pétards ça stimule le corps, c’est l’absence de solitude.
– Ce type te déteste parce que tu es né dans une voiture toutes options, toit ouvrant et sièges en cuir.
– Partout où il va, il se marie ; la famille est la seule intuition réalisée.
– Il a organisé ses business, une grosse usine de poulets, et gens au pouvoir.
– Je devais mentir, empoisonner le romanesque.
– C’est beau des mots plein la bouche, l’amour au téléphone.
– Laissés sur le carreau des guerres, des hommes sont instruments.

Un Luis Sepulveda : P U N° 199

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La folie de Pinochet de Luis Sepulveda n’est pas un roman, ni même un essai comme le présente Métailié mais un ensemble d’articles qui vont de fin 1998 à fin 2001.
Cet écrivain chilien, connu par beaucoup pour son premier roman, Le vieux qui lisait des romans d’amour, né en 1949, victime de la Covid en 2020, a été emprisonné et torturé sous Pinochet. Sa femme également.
Les articles rassemblés ici ont été publiés dans des journaux en Italie, en Argentine et en Espagne où ils s’étaient exilés. Ils ont pour point de départ un moment d’espoir fabuleux : l’arrestation d’Augusto Pinochet à Londres le 16 octobre 1998, grâce à l’implication du juge espagnol Baltasar Garzon . Un moment où Sepulveda croit en la possibilité d’un procès par la Cour Pénale Internationale pour tous les morts, les disparus de la dictature chilienne et leurs familles. Les textes expliquent ce qui s’est passé dès 1973 avec l’aide de la CIA, ce qui est arrivé ensuite, quand Pinochet n’était « plus que » sénateur à vie et enfin, quand il a été renvoyé parce que gravement malade à Santiago et … s’est levé du fauteuil roulant sur le tarmac …

Quelques Poèmes express issus de La folie de Pinochet :
– Les bouches se transformaient en boutons ridés dans les contes.
– Les cachots gonflent et des générations souffrent atrocement.
– Dans le palais, les fanatiques.
– Le message n’a pas convaincu : il n’y a pas d’idées.
– Quelque part, des centaines de soldats ont nourri les casernes.
– Juges et avocats voyaient que mentir se savait.
– Un vieil homme sous les caresses de la vieille a parlé daïquiris.
– Des hommes cherchent dans les médias des droits. Les pauvres.

Un Fabien Clouette – P U N° 198 :

Quelques rides de Fabien Clouette, son premier livre aux éditions de L’ Ogre, 2015. Depuis, d’autres sont sortis : Le bal des ardents en 2016, Speed boat, manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée en 2019 avec Quentin Leclerc et Tombant en 2022. C’est cette année-là, à Ecrivains en bord de mer que j’ai entendu et vu Fabien Clouette pour la première fois. Un jeune homme (né en 1989) complet, complexe : diplômé de l’EHESS en sociologie, il fait des recherches sur l’évolution du monde de la pêche, écrit des fictions, des essais, filme des documentaires, propose des spectacles vivants, enseigne.
Un des éditeurs de L’Ogre dit de la maison qu’elle cherche à montrer « une littérature qui provoque l’effritement du réel, qui déconstruise le réel. »

Et c’est ce que fait Quelques rides :
On a des personnages, Capvrai, Cashon, Devaux, la muette…
On a des lieux, en bord de mer, un hôtel, un chantier …
On a des actions : une plongée, une partie de chasse, un trajet en bus…
Mais rien n’est certain et ce n’est pas le plus important.
F. Clouette définit ce travail :  » la description, l’échelon un de l’échelle de Beaufort (…) texte (…) qui essaie de cadrer les phénomènes qui sont la variété même, l’indescriptible. L’étape 1, c’est l’étape où tout se brouille, où on a l’effet des choses, pas les choses mêmes. » Ce qui l’intéresse :  « la manière d’écrire les événements plus que les événements ».

Comme chez Eugene Marten par exemple, le lecteur a
à travailler
ou
à se laisser aller, juste profiter des la langue et des images qu’elle crée.

Exemple : P 16 :  » Il ne faut pas risquer trop de choses à 80 mètres de fond. D’autant plus que les masques-enfants se détachent facilement, et qu’on prend vite de l’eau dans le nez. On est peu habitué aux si grands groupes. D’ici on peut voir le mérou géant immobile, sonné par les coups; la grosse peau grise et verte. Les guides le disaient tous – plus de taches jaunes à cet âge. On ne sait pourquoi il a grandi là, sans sortir du bac, grand maintenant comme une petite voiture, incapable de quitter l’épave. C’est une aubaine pour la compagnie de plongée. Il commence à connaître le déroulement des journées de la fosse ; toujours les têtes de petits poissons coupées, les roussettes déchiquetées qu’ils lancent à travers plusieurs grilles. »

Des « Poèmes Express » nés de Quelques rides :
– Le ciel voyage à côté de la voiture. 
Ça cogne au nord.
– Sur les mollets, le tatouage : une biche et un nuage.
– Le calme du bois n’égaie pas les jours vides.
– Il avait cassé le couple. On fait plus résistant que ça.
– Ressemblaient à l’idée que je me fais des mots « plage », « maillot », des photographies.
– Il avait été facile de commencer ce texte. Il faut maintenant faire traîner.
– On sert de la viande. Du hachis de chevaux. C’est le silence sur les assiettes.
– On s’était enfoncé vers les sables mouvants. Et personne ne vient. C’est pas juste.
– Plusieurs villages collent au chemin de boue.

Un Marie Cosnay : P U N° 197

Au moment où meurt Robert Badinter,
où on parle du « droit du sol à Mayotte »,
où Marie Cosnay sort le troisième livre aux éditions de l’Ogre : Des îles – mer d’Alboran 2022-2023,

se finit la Pièce Unique N° 197
à partir de :
Entre chagrin et néant  – audiences d’étrangers
paru aux éditions Cadex en 2011

« C’est une part importante de ma vie d’être sensible à ma frontière et aux frontières, tout comme je suis sensible à l’inégalité radicale à laquelle nous sommes confrontés, moi qui peux aller où je veux avec mon passeport, alors que d’autres ne le peuvent pas. L’écriture avait toujours été un endroit de traduction ou de fiction, mais jamais un endroit dans lequel je pouvais faire récit des histoires qui m’arrivaient. Je pense que si je fais récit aujourd’hui de mes enquêtes autour des paroles des migrants, et de ce qu’on fabrique aux frontières, c’est parce que ça nous dépasse et que c’est urgent.  »
Marie Cosnay, 2021, France-Culture

« Travail énorme auquel Marie Cosnay prend part, avec des associations d’aide, des représentants locaux des communautés d’immigrés, des ONG. Il faut chercher des actes de naissance dans les pays de départ, faire établir des actes de décès, écarter les escrocs, lutter contre l’inertie administrative et la mauvaise volonté. On évitera ainsi que les corps soient mis anonymement dans des fosses communes, ou alors, ça ne s’invente pas, incinérés « pour le bon fonctionnement » des crématoires. »
extrait de l’article d’Alain Nicolas dans l’Humanité du 14 février 2024

Marie Cosnay vit à Bayonne et y a été confrontée à la manière dont l’Europe et la France traitent les personnes voulant entrer sur son territoire.
C’est le sujet de ses livres, le sujet de Entre chagrin et néant qui est un journal des audiences d’étrangers présentés au Juge des Libertés et des Détentions de sa ville en 2008, journal de leur « étrange légalité » : P 147 :  » Robert Badinter décida que ces étrangers qui avaient commis une infraction aux règles du séjour n’avaient rien à faire en prison. (…)  Le gouvernement socialiste décida alors de créer des CRA, des lieux créés spécifiquement pour la privation de liberté des étrangers qui étaient reconnus n’avoir commis aucun délit. La rétention devint administrative. ». P. 149 : « …Dans le cas des étrangers dont la rétention administrative de 48h va être prolongée par un juge judiciaire (le seul habilité à prolonger une rétention), on assiste à un glissement du rôle du juge. » P. 150 : «  Des lieux d’enfermement pour étrangers, un code pour étrangers (CESEDA), une justice, qui tord la justice, pour étrangers. »
Sont entendus dans ces audiences de drôles de cas : des inconscients, arrêtés en France parce qu’ils ne savent pas que, même s’ils ont des papiers leur permettant de vivre dans un pays de l’U E, cela ne leur donne pas le droit de voyager dans l’U E …

Quelques Poèmes Express venus de Entre chagrin et néant :
– Echapper à ce texte, à ce qu’il nomme.
– Paf la juge. Dans le dos.
– Les policiers rient. L’asile a été refusé.
– Il ne sait pas s’il comprend quand elle parle. Il est possible que non.
– Rien qui puisse établir une fille. Si, un homme.
– Il montre la poitrine de la juge, se demande qui l’attend.
– Prolonger la première prolongation. Prolonger.
– Rendre dociles dans des espaces sans contrôle.
– Ce serait intéressant de savoir quelle est la valeur de l’absurdité.

 

Un Robert Walser : Pièce Unique N° 196

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Retour dans la neige de Robert Walser (1878-1956), éditions Zoé, traduction de Golnaz Houchidar :
ensemble de 25 textes écrits entre 1899 et 1920,
d’abord publiés en revues, en Allemagne ou en Suisse alémanique : courtes fictions, et proses descriptives de paysages, de villages, le plus souvent.
ex : extrait P 85 de Le Greifensee (1899) : « …; c’est un doux silence bleu et chaud et c’est le matin ; un beau, beau matin. Je ne trouve pas de mots et pourtant il me semble que j’emploie déjà trop de mots. Je ne sais pas de quoi parler, car tout est si beau, se trouve là seulement pour la beauté. Le soleil embrase le ciel jusqu’au lac qui devient à son tour soleil dans lequel les ombres somnolentes de la vie alentour se bercent doucement. Rien ne dérange, tout sourit, si près, mais aussi dans le lointain le plus vague ;… »

Quelques Poèmes Express issus de Retour dans la neige :
– Me faire enfant quelques jours pour interpréter journaux et revues.
– Celui qui comprend toute cette pauvre terre pleure.
– Vous veillez, présence dans un brouillard épais.
– Les dames doivent. Les femmes doivent. On attend d’une femme.
– Il pleut toujours et on a vu quelque chose de triste.
– De bruyantes statues ont un langage de fureur.
– Je traversai des beautés, une sensation de beau à mourir.

Cette Pièce Unique est envoyée à Cécile C,
libraire à Lyon,
qui a accepté d’en recevoir une.

 

un retour sympathique

Merci à Caroline qui a posté sur les réseaux !

Pour ceux qui ne connaissent pas : les bâtons de Cadéré… Cherchez le lien et vous trouverez !

 

 

Un Ramon Sender : Pièce Unique N° 193

Requiem pour un paysan espagnol  de l’écrivain aragonais Ramon Sender (1901-1982) date de la fin des années 30.  Il y est question de la guerre civile espagnole qui enleva à Sender sa femme et un frère et le fit s’exiler aux USA.
Il ne revint, ponctuellement, en Espagne qu’à partir de 1974, à la condition que ce livre y soit publié.

La guerre civile, oui, mais évoquée à travers la pensée d’un curé, Mosen Millan, un an après la mort d’un de ses paroissiens. La guerre au coeur d’un village avec, pour protagonistes, ce curé, les propriétaires terriens, des jeunes gens qui arrivent d’ailleurs et Paco qui veut agir sur des inégalités, des injustices ancestrales.
Une histoire toute simple, une écriture incroyablement douce et efficace. Douce, parce que tout est dans l’implicite. Sender nous laisse juges…

Quelques « Poèmes Express » qui en sont issus :
– Les parents sont diaboliques et les enfants pas bien non plus.
– Je suis le père de mon fils. C’est bien qu’il rêve, dit la grand-mère.
– Le suivant souvent manquait. Ces jours-là on avait accès au mystère.
– Il commençait à faire nuit. Une femme baissait la tête, tendait la poitrine.
– La dernière fois qu’il se mit à parler d’été, il exagéra.
– Ils firent des discours bras levé et main tendue ; la nuit, silence apeuré.
– Etre étonné par la minceur de l’âme du prêtre.

Et c’est offert à Arno Bertina pour son indignation, dans un certain sens, la même que celle que porte ce livre.

 

Un Jakuta Alikavazovic : P U N° 195

Dans la collection « Nuit au musée » des éditions Stock : Comme un ciel en nous de Jakuta Alikavazovic : sa nuit au Louvre, près de la Vénus de Milo où, un jour, enfant, son père l’avait oubliée.
Joli livre, prix Médicis essai 2021 :
sur l’art (elle aime le Land Art, Walter de Maria et son champ de paratonnerres)
mais surtout sur son père,
et sur le fait d’être étranger : P 59 : du « juré de prix littéraire qui m’a chuchoté un soir J’ai beaucoup beaucoup aimé votre livre, mais je n’ai pas voté pour lui. J’aurais eu trop peur d’avoir à prononcer votre nom. » à, P. 95 : « En raison de mon nom, quand je disais enfant, que mon père aimait peindre, il est arrivé qu’on le prenne, tout naturellement, pour un peintre en bâtiment ; et moi j’étais la fille du peintre en bâtiment, une petite d’une vivacité et d’une intelligence incroyables étant donné les circonstances »...en passant par,  P 105 : « on ne me fera pas croire qu’en arrivant sans un sou en poche, sans relations, sans même parler la langue du pays, on ne se cogne pas. Je pense qu’au contraire, on se cogne sans cesse. Aux mots qui résistent, aux institutions qui résistent, aux regards des autres, ceux qui se savent chez eux et n’ont même pas à y penser. »

Quelques Poèmes Express qui en sont issus :
– Il me faudra des années pour apprendre à être étranger.
– Attirer l’oeil du pharaon : faire une pyramide.
– Je cours, je sème un lion : qui peut en dire autant ?
– Je me suis retranchée dans les amours et les alcools compliqués.
– La raison pour laquelle je suis dans une salle d’attente ? Y chercher la trace d’une   phrase.
– Sortis de l’obscurité des crânes : des souvenirs : ce qui reste : la poussière.

Offert à V R qui me parlait de mes Pièces Uniques et se demandait comment cela se faisait .

Un Alfred Döblin : Pièce Unique n° 194

L’empoisonnement (1922)
d’Alfred Döblin ( 1878-1957 )
m’a permis de savoir que Döblin, en plus d’être écrivain, était psychiatre.
Actes Sud l’avait publié en 1988, traduit par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize. Très court texte d’un auteur connu principalement pour Berlin Alexanderplatz paru en Allemagne en 1929.

L’empoisonnement  est inspiré d’un véritable procès qui fit sensation. Alfred Döblin est peut-être un des premiers écrivains à la Emmanuel Carrère : écrivain qui rend compte de faits divers qui deviennent des faits de société.
En l’occurence, une femme violentée par son mari l’a tué. Elle avait tenté de le quitter, avait été ramenée par son père au domicile conjugal, avait encore voulu divorcer mais était revenue en arrière.
Donc, cas de violence faite aux femmes mais,
et c’est là le vrai sujet,
accompagné d’amours homosexuelles.
Culpabilité double. Scandale.
Elli Link est attirée par une autre femme avec qui elle échange de nombreuses lettres et qu’on considère comme également coupable.
Le moment du procès est particulièrement « intéressant » : les « experts » et leur langage ampoulé se succèdent. Porteurs de morale ou de « savoir » : P 86 : « L’expert H., le médecin et spécialiste le plus compétent dans le domaine de l’amour homosexuel » (…) « Selon lui, l’inversion sexuelle des pulsions ne résultait pas d’une volonté criminelle, mais d’un malencontreux mélange de chromosomes »…

Quelques Poèmes Express qui viennent de L’empoisonnement :
– Il faudrait s’empêcher. Il y a un attrait singulier à se retenir.
– Aucune des deux femmes n’était en état de tuer.
– Il m’arrache la tête : avec un peu de gentillesse tu obtiendrais de meilleurs résultats.
– A la fin d’une époque effroyable, un homme droit tend à des excès.
– On vivait de faibles passions, on pouvait en se mariant.

L’empoisonnement revisité est offert à Fanette Arnaud, modératrice de rencontres littéraires (Grenoble, Manosque…) !