Un Gérard Delteil : P U N° 228

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Gérard Delteil est né en 1939 et a BEAUCOUP écrit à partir de 1983 : articles, romans noirs.
K Z retour vers l’enfer est, comme Les années rouge et noir, un de ses bons romans historiques. Paru en 1987 chez un petit éditeur, réédité chez Métailié en 1998, actuellement indisponible en version papier – sauf seconde main -,  réédité numériquement.
On trouve peu d’infos sur ce texte mais l’association des bibliothèques françaises le répertorie dans une liste d’ouvrages sur le fascisme d’hier et d’aujourd’hui  et l’association française Buchenwald Dora et Kommandos le cite comme « un des rares romans s’appuyant sur certains aspects de l’univers concentrationnaire ».
On est en Pologne, en 1945, dans un camp de travail ; les prisonniers, politisés, sont au courant de l’avancée rapide des soviétiques et se révoltent. Les personnages (détenus, comme Kapos, ou militaires) sont bien campés. L’auteur rend compte des croyances politiques d’alors.

Quelques Poèmes Express qui en sont issus :
–  Crânes rasés, rangers : des poussières dans les couloirs de la station les Halles.
Il avait vendu la main d’un Obersturmführer… c’est évidemment un peu plus coûteux que le matériel de série.
Vous êtes placé sous contrôle. Sous le contrôle de la mémoire.
Des lueurs de haine passèrent dans les regards, quelque chose de vieux, de ferme.
– Relâchés pendant la nuit, les visages, traces effacées, pas de transpiration.
– Il administrait des coups à la peau des animaux.
– Dentition répertoriée, victuailles rapportées et de quoi se saouler.
– Il s’efforça de maîtriser la main dans les cheveux d’une coiffeuse à lèvres de magazine.

Dominique, rencontré grâce au MZ, est celui qui a reçu ce « trois  livres en un »

Planètes intérieures au M Z :

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A partir du 9 mai 2025, exposition au M Z
des petites planètes
ou « planètes intérieures »
d‘Eric Enjalbert :
Des intérieurs d’artistes: bdistes, marionnettistes, peintres, collectionneurs, éditeurs…
Des intérieurs en couleur
et sous une forme étonnante

 

Un vin, des livres – avril 2025 – 2)

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Aussi, un peu de livres étrangers :
– Dossier Akhmatova du Mexicain Alberto Rey Sanchez, aux éditions Les fondeurs de briques, 2023, Toulouse. Traduit par Marianne Millon. Livre primé en 2022 au Mexique. Un roman-biographie, avec une construction mosaïque, sur la poétesse russe Anna Akhmatova, sa vie très dure sous Staline, son oeuvre.
– Les éblouissements de Pierre Mertens (1939-2025), paru au Seuil en 1987. Prix Médicis. Sur un autre grand auteur méconnu : Gottfried Ben (1886-1956).
– Les trois femmes de la Baltique d’Ann Christin Antell. Traduit par Sébastien Cagnoli, éditions Hachette. 2 tomes de cette trilogie sont sortis. Nous sommes en Finlande au XIXème siècle, alors qu’elle fait partie du grand duché de Russie. Les faits historiques sont très présents. C’est féministe, malgré la 1ère de couv’, ce n’est  » pas du tout à l’eau de rose. C’est un livre de détente par un grand écrivain » dit Gérard Collard, le libraire de la Griffe noire.
– Un thriller tordu, sanglant : La leçon du mal de Yusuke Kishi. Traduction du japonais de Diane Durocher.
– Un livre à part : Atlas inutile de Paris, de Vincent Périat, éditions Le Tripode, 2024 : 100 cartes de Paris. Oeuvre de piéton. Cartes toutes plus étonnantes les unes que les autres, pas forcément utiles mais amusantes.
Et beaucoup de livres français, de femmes :
– Les vivants d’Ambre Chalumeau, éd. Stock : écriture légère, d’ado, sur l’amitié, la mort d’un ami, la découverte de l’âge adulte.
– Les séparées de Kethevan Davrichevy, chez Sabine Wespieser, 2012 : dans les années 80,  l’amitié fusionnelle de deux filles pendant l’enfance. Des malentendus. La perte et la fin d’un temps.
– Nos insomnies de Clothilde Salles, dans la collection l’Arbalète, Gallimard 2025. Un premier roman. « Une écriture magnifique » dit D. Une petite fille raconte la vie dans sa famille. Tous sont insomniaques parce que le père l’est. Il est tout le temps excédé. Les choses ne sont jamais nommées mais…
– L’oiseau des Français de Yasmine Liassine, chez Sabine Wespieser, 2024. Premier roman, dans la sélection de Terres de paroles 2025 : des Français sont retournés en Algérie après 1962. Différents points de vue, portraits. L’enfermement des femmes.
– Depuis toujours nous aimons les dimanches de Lydie Salvayre, Points, 2025 : un éloge de la paresse comme acte politique, contre la consommation. De l’humour, de l’impertinence.
– Gaelle Josse : plusieurs livres : Le dernier gardien d’Ellis Island, éd. Noir sur Blanc, un roman émouvant qui fait revivre la crainte au moment des passages, des coups de tampon à l’entrée sur le territoire. Aussi : De nos blessures un royaume, éd. Buchet Chastel : une danseuse qui veut continuer à vivre. Une déclaration d’amour à l’art, la littérature pour réussir à se battre.
– Avant que ça commence  de M. Laure Brunel-Durin  et Valérie Peronnet, J’ai lu, 2024. L’une est commissaire et profileuse, l’autre, journaliste. C’est « drôle et glauque », ça parle des femmes dans le milieu.
– Sourdre de Zoé Bescond de Senneville : poésie autobiographique venue du fait qu’elle est devenue sourde à 30 ans, aux éd. Maelström Révolution. Elle était présente aux journées de la poésie organisées à Danton dernièrement.
Aussi quelques hommes :
– Le rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy, 2024, Payot-Rivages : à partir de 1900, trois générations au Vénézuéla. « ce style ! coloré ! »
– Photo sur demande de Simon Chevrier, Stock, 2025. Sur l’homosexualité, le mal être. Premier roman d’un élève du master de création littéraire. Goncourt du premier roman.
– Un essai de Peter Turchin, anthropologue : Le chaos qui vient,éditions du Cherche-Midi 2024. Né en URSS, installé aux USA en 1977, il a créé la « cliométrie » la science de la complexité, en 2003. Les choses se reproduisent en cycles. Il y a trop d’élites, des riches rares mais tellement riches et des gens pauvres nombreux, désespérés.
– Patrice Autréaux chez Gallimard : « j’ai lu tous ses livres. J’adore son style » : L’époux, Dans la vallée des larmes.
– François Cheng : Une nuit au cap de la Chèvre, Albin Michel, 2025 : invité pour une lecture en Bretagne, il y reste seul pour méditer. Cela donne ces poèmes.

Le prochain Un vin, des livres : le 15 mai !

Poésie-bagarre

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Poésie-bagarre est un beau titre. C’est celui du recueil de Sarah Kügel, paru aux éditions Baraques en 2025.
Baraques, comme Baraques Walden où, chaque jeudi et vendredi soirs, à Rouen, 59 rue du Pré de la Bataille, on peut écouter des textes, des musiques.

Sarah Kügel est graphiste et c’est elle qui a réalisé cette première de couverture, dessin et typo.
Le titre, l’image disent la personnalité de Sarah Kügel qui écrit et se bat mais de manière rigolote ou soft avec la langue, le corps, la relation amoureuse.

C’est un livre de poésie du plaisir, du désir, un ensemble érotico-punchy, d’amour physique et pas que.

Voilà quelques traces de son écriture – mais des poèmes entiers comme Digression douce (p 47) montrent encore mieux combien l’auteure aime les mots –  :
 » les pavés turbulents pleins de soiffeurs joyeux » (p 11)
«  ça durerait des heures à se lécher les petits détails » (p 35)
 » l’heure des hommes-goûters » (p 43)
«  je te trempe et je te déguste » (p 126)
«  sous la bouscule des doigts » (p 135)