M Z – juillet 2024 – 1)

Mis en avant

On a parlé de :
– Starlight de Richard Waganese, Zoé poche 2021, traduit par Christine Raguet. Roman inachevé, posthume d’un auteur (1955-2017), Indien ojibwé de Colombie britannique.
Le personnage principal, Frank Starlight, est un Indien, élevé par un blanc qui lui a légué sa ferme. Un pur, amoureux de la nature, photographe animalier. Il va aider Emmy et sa fille qui se sont sauvées d’une vie moche, avec des mecs moches.
Starlight est intégré mais le fait qu’une femme blanche vienne vivre chez lui pose problème à certains. Une blanche… Un Indien… De même, quand on aime ses photos, dans une galerie de Vancouver, c’est son indianité qui joue.
– Tokyo Electrique : 5 nouvelles traduites du japonais, parues chez Autrement puis en poche chez Picquier, (2006) : de 5 auteur.es peu, voire pas traduit.es en français , ni à ce moment-là, ni depuis. 5 ambiances très différentes, 5 écritures. 5 lieux de Tokyo. Ces nouvelles parlent de faits de société (japonais) : l’anonymat dans la grande ville, les immigrés, la femme vis-à-vis de l’homme, le travailleur pauvre.
– King Kasaï de Christophe Boltanski, Stock 2023, collection Ma nuit au musée, maintenant en Folio. Le musée choisi par Boltanski  est Tervuren, en Belgique, lieu d’exposition d’objets africains. Lieu qui représente la colonisation, et qui a été retravaillé. Il en avait besoin, de par sa vétusté mais aussi du fait que le discours devait changer.
Il est question de la façon dont on a pillé le Congo belge, dont on a traité les populations, dont on  a « collecté » des objets, dont on les a présentés, leur enlevant le sens qu’ils avaient pour les peuples à qui on les a volés.

De ce fait, on a évoqué les objets venant d’ex-pays colonisés, leur retour, envisagé ou pas, dans les pays d’origine. Sujet déjà évoqué par Arno Bertina dans Des lions comme des danseuses, éditions de la Contre-allée, 2015, enrichi en 2019. Combat mené pour le patrimoine du Cameroun par une conservatrice d’Angoulême actuellement.

Hello Havrais.es !

Mis en avant

Hello Havrais.es qui lisez et aimez en parler :

voilà deux dates :
A la cabane de Lire à la plage du Havre, le mercredi 7 août à 17h,
avec une ou des Ancres noires,
on parle POLAR

ET
A la boutique de L’Eloge du Monde, le jeudi 19 septembre, à 18h, on reprend nos séances de
Un vin, des livres. C’est au 7, rue Louis-Philippe.
Hélène Lanier sera peut-être avec nous,
Peut-être pas.
Elle nous parlera peut-être d’un ou deux livres qui donne(nt) des envies de voyage.
Peut-être pas.

M Z – juin 2024 – 2)

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On a aussi parlé de :
Mary Sydney – alias Shakespeare d’Aurore Evain, éditions Talents hauts, 2024 : le livre, fait à partir de travaux universitaires, se présente comme un procès avec preuves à charge et à décharge, et prouverait
– que Shakespeare ne peut avoir écrit les pièces qui lui sont attribuées,
– qu’il fallait une grande culture à laquelle il n’avait pas accès,
– que la personne nantie de cette grande culture, et donc l’auteure, serait Mary Sydney, comtesse de Pembroke. L’argumentaire a totalement convaincu C.
– Le buzz de l’abeille d’Isabelle Renaud, Glénat jeunesse, 2021 : collection # on est prêts
Dans la banlieue de Paris, à Montreuil, une ado fait sa crise d’ado et ses parents leur crise de la quarantaine. Un héritage les fait déménager dans les contreforts du Vercors, changer de vie. L’ado est d’abord contre, elle perd ses copains,  Puis elle est happée comme ses parents par le village à re-dynamiser, la protection de l’environnement – superbe- à assurer. Un livre écologiste, bien fait avec, à la fin, plein d’explications.
Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec Une année à la campagne  de Sue Hubbell (1935-2018), le livre que j’ai le plus offert, trouvable en Folio : pareil, elle n’a pas envie de quitter la ville, c’est son compagnon qui l’entraine, mais quand il se tire, elle reste. Et ce texte autobiographique génial nous apprend plein de choses sur la faune dans ce coin des USA.
– Apaiser nos tempêtes de Jean Hegeland, libretto : le choix, ou pas, de la maternité.
Les nouveaux venus d’Adèle Gascuel, éditions Hors d’atteinte, 2023 : un premier roman, une fiction mais proche de notre monde. Un événement de dingue qui entraîne des résultats de dingue : une tempête amène de « nouveaux venus » à Paris.
Accueillir ou se barricader ?
Parallèles possibles : les migrants, le confinement.
C’est « très subtil, super drôle et vrai  » dit E.
Et des romans graphiques :
– Himawari House de Harmony Becker, traduit en 2023 par Marc Lesage pour les éditions Rue de Sèvres : une colocation rassemblant trois filles à Tokyo : une Singapourienne, une Coréenne du sud et une jeune fille née au Japon mais élevée aux Etats-Unis. Une recherche d’identité.
– L’odyssée d’Hakim en trois volumes chez Delcourt, de Fabien Toulmé : un migrant et son enfant : de la Syrie, à la Turquie, à la Macédoine et à la France.
– Du même Fabien Toulmé, en 2018, chez le même éditeur : Ce n’est pas toi que j’attendais : autobiographie : la naissance d’un enfant trisomique.
– Etienne Davodeau : Le droit du sol, 2021, chez Futuropolis : entre grotte de Pech Merle et Bure…
Ce qui m’a amenée à redire combien Le grand Je de Rachel Deville, 2023, éditions Atrabile, est beau, intelligent et politique lui aussi.

Jeudi 18 juillet, 18h à MZ pour de nouveaux livres avec…, en ce qui me concerne, le vin les trois poiriers…

M Z – Juin 2024- 1)

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Un vin, des livres se tenait le 26 juin au Tiers-lieu M Z
J’apportais, moi,
– de  Michèle Pedinielli, Après les chiens,
éditions de l’Aube, collection poche Mikros noir, 2021,
acheté pendant le festival Polar à la plage 2024 : une histoire de migrant retrouvé mort à Nice, de chiens maltraités, de batte de base-ball et de jeune blonde… Avec le même humour léger et la même détective que dans Sans collier, l’ex-compagnon toujours aimé, mais aussi des copines scandinaves et leur chien, Scorcese.
– de José Vieira : Souvenirs d’un futur radieux, Chandeigne 2024 : récit autobiographique d’un documentariste né au Portugal, arrivé en France en 1965 : la vie, enfant dans un bidonville à Massy, la vision du père venu travailler avec l’idée de repartir, de la mère qui rêve d’une maison avec jardin et qui l’obtiendra plusieurs années plus tard, des enfants qui parlent vite français et se libèrent des croyances paternelles. La manière dont la France recevait ces travailleurs et dont ils parlaient de leur vie française lorsqu’ils retournaient en vacances au Portugal.
Et le parallèle que fait José Vieira entre ce qu’il a vécu et ce que vivent aujourd’hui les Roms.
– de Scott Smith : Un plan simple, paru en 1993 aux Etats-Unis et en 2024 aux belles et marseillaises éditions du Typhon. Traduction de Eric Chédaille.
C’est l’hiver et il neige ferme dans l’Ohio. Nous sommes dans une petite ville, avec un couple Hank et Sarah, tout ce qu’il y a de plus middle class, et bien pensant jusqu’à ce que…
On ne peut que comparer ce roman au travail des plasticiens Fischli et Weiss, présenté au château d’Oiron : Der Lauf des Dinge. Quelque chose arrive qui entraîne quelque chose qui enclenche autre chose etc…sur 467 pages. Délicieusement trash et immoral ou diablement moral, comme on veut.
La suite, bientôt,
et déjà, une autre date à MZ : le Jeudi 18 juillet, à 18h

Un vin, des livres – juin 2024 -2)

Vous aviez beaucoup lu, et surtout des auteurs français ou francophones :
– François Jonquet : D’or et de plomb  éd. Sabine Wespieser, 2024 : un roman – portrait amoureux des artistes Christian Boltanski et Annette Messager, et portrait à charge d’un certain art contemporain
– Laurent Gaudé : Terrasses, chez Actes Sud. Sur le 13 novembre 2015. De nombreux personnages, bien cernés. Dense.cela a été joué au théâtre de la Colline. Laurent Gaudé, le 1er juin, échangeait avec Mohamed Mbougar Sarr, à Terres de paroles.
– Amin Maalouf : Nos frères inattendus, chez Grasset. Dans une île, deux personnes, un dessinateur, une romancière vivent chacun de leur côté. Un jour, c’est le black-out complet…
Philippe Garnier: Neuf mois, 2024, éditions L’Olivier. Ce Havrais qui a beaucoup vécu aux USA et écrit sur la musique et le cinéma, évoque ici la fin de vie de sa femme.
– Edouard Louis : Monique s’évade, au Seuil, 2024 : sur l’emprise qu’a vécue sa mère et  la fuite réussie à laquelle il a aidé.
– Mathieu Belezit : Moi le glorieux, éditions du Tripode, en 2023 Prix du Livre Inter  : dans l’Algérie colonisée, un personnage odieux raconte sa vie : un colon riche qui méprise les Algériens et s’en enorgueillit.
– Sébastien Spitzer : Léonie B aux éditions Albin Michel : un roman à partir de la vie hors norme d’une femme qui, ayant eu une liaison avec Victor Hugo, fit de la prison pour adultère. Pas Hugo qui était pourtant lui aussi marié et partie prenante… Par ailleurs, épouse du peintre François Biard, elle l’accompagna dans une expédition au Pôle nord. Ecrit en narrateur omniscient, jusque dans la chambre…
– la poétesse Pierrine Poget : Inachevée, vivante, éditions La Baconnière, 2024 Ecrit à la première personne du singulier : une femme vit d’abord la soumission, devient mère, attentive à ses bébés et cherche sa liberté. Elle s’appuie sur des artistes, Corot, Vuillard, Heidi Bücher (1926-1993). « Elle a une écriture, une façon de dire les choses vraiment pas courantes, que j’aime beaucoup » dit M-A.
Un peu de textes d’auteurs étrangers aussi :
– Le festin de Margaret Kennedy. En Folio, traduction de Denise van Moppès : en 1947, en Cornouailles, un éboulement de falaise emporte un hôtel et ses clients.
– Le royaume désuni de Jonathan Coe. En Folio, traduction de Marguerite Capelle. En sept parties, on suit plusieurs générations de familles anglaises, de 1945 au Covid et on retrouve le ton de l’excellent Testament à l’anglaise.
– Le silence des tambours
d’Hanna Pylväinen, éditions Paulsen, 2023. Traduit de l’anglais par Emmanuelle Ghez. Histoire au XVII ème siècle de peuples autochtones. Les Samis pouvaient circuler librement jusqu’en 1851, moment où des frontières ont été installées. On a également voulu leur interdire de pratiquer leurs croyances.
Livre à rapprocher des romans policiers contemporains d’Olivier Truc,
et de la mini-série sur Arte, Little bird, sur les peuples premiers du Canada.
– Hans Fallada (1893-1947) : Seul dans Berlin, Folio, traduction d’Alain Virelle et André Vandevoorde. Paru l’année de sa mort à Berlin Est. Une rue dans Berlin, pendant la guerre : persécuteurs et persécutés cohabitent. Une femme est dénoncée. Primo Levi en disait :  » Un des plus beaux livres sur la résistance allemande contre le nazisme« .
– Destins piégés de Goliarda Sapienza (1924-1996), traduction de Nathalie Castagné, éditions du Tripode, 2023. Des nouvelles, de petits textes.

Les mardi 9 juillet et mercredi 7 août, 17h,
à la cabane de Lire à la plage du Havre,
on parle romans policiers et romans noirs,
en lien avec Polar à la plage.
Vous êtes là ? Venez !

Un vin, des livres – juin 2024 – 1)

Nous étions dans un nouveau lieu.
Peut-être nous y retrouverons-nous une autre fois, peut-être pas : c’était bien mais un peu plein de monde donc bruyant. On perd aussi, depuis quelque temps, le côté « vin » : OK, on en boit mais personne ne nous en parle…

Ce n’était ni le thème du jour ni de ces lectures mais voilà trois livres qui parlent plus ou moins de guerre…
– Sarajevo Blues de Semezdin Mehmedinovic, traduit du bosnien par Chloé Billon, éditions Le Bruit du Monde, 2024. Ce texte était paru initialement en 1995 mais jamais en France. C’est une sorte de journal de guerre, constitué de poèmes en prose ou de courts articles et cela rend compte du siège de Sarajevo. L’auteur, né en 1960, journaliste, écrivain, n’est parti aux Etats-Unis qu’ensuite, en 1996 et n’est revenu en Bosnie qu’en 2020. Bernard-Henri Lévy y apparaît, moqué, Radovan Karadzic  se voit consacrer dix pages qui le montrent poète raté, à rapprocher de Hitler recalé de la peinture. On VOIT la ville abimée. Mehmedinovic diagnostique : « Nous vivons dans une région malade de son excédent d’Histoire. » Et cela se vérifie encore aujourd’hui.
La zone verte d’Eugène Dabit (1898-1936), paru chez Gallimard en 1935, réédité par L’Echappée en 2023. On connaît surtout de cet auteur Hôtel du Nord… le film de Marcel Carné, avec Jouvet et Arletty, à partir de son livre du même nom. Dabit qui a reçu, en 1931, le prix du roman populiste, parle des pauvres gens. Ici, un homme sort de Paris à pied, la veille du 1er mai, pour aller cueillir du muguet qu’il vendra au retour. Il se retrouve dans la grande banlieue et y reste un temps. Il est partagé entre une idéalisation de la campagne et ce qui s’y vit. D’autres ne rêvent que de Paris. Il est question de chômage, de droit des ouvriers, de place des femmes, de guerre qui pointe son nez. P 200 : » Si la campagne est restée forte, silencieuse, immuable dans son aspect, comment ne pas songer avec une angoisse plus pressante que les hommes ont changé, eux… que les ambitions et les folies de quelques uns sont devenues plus menaçantes, que les foules sont plus près de la guerre et de la mort, souffrent encore davantage de la faim, du froid – l’hiver a été rude. »
– Retour de barbarie de Raymond Guérin (1905-1955) , éditions Finitude, 2022. Comme Dabit, Guérin est passé par plusieurs métiers avant d’écrire. Comme lui aussi, il a été publié chez Gallimard. Ce Retour de barbarie raconte la fin en 1944 de sa captivité – qui a duré plus de trois ans en Allemagne – et le retour en France occupée, d’abord à Paris où il retrouve son éditeur, Gallimard, Arland, et rencontre, entre autres, Camus, Queneau, puis dans la zone sud. Journal littéraire et, plus largement, de l’état du pays : le marché noir, les spectacles, les résistants de la dernière heure, les procès de collaborateurs…
La personne Raymond Guérin est un mélange étonnant de vanité et de complexe d’infériorité mais son texte a une vraie valeur littéraire et historique.

La suite, bientôt.

 

Les Vivants : mai 2024 – 3)

Et des livres français :
– Alain Damasio : Vallée du silicium, Villa Albertine-Le Seuil, 2024, écrit à la suite d’une résidence à la Villa Albertine : sept essais, sept regards différents sur l’I A et une nouvelle de S F  dans laquelle il condense ce qu’il déplore dans ces essais. Damasio « qui se sait Gaulois » est allé à San Francisco, dans la Silicon Valley, à la rencontre des développeurs, des cadres chez les GAFA,  avec un a priori politique et économique. » iI a quelques moments d’optimisme mais le modèle économique et la gouvernance qui est derrière font que non, ça ne va pas. »
« Ses fictions ont pour thème la résistance. Il travaille vraiment la langue et,
 chez lui, on trouve science, fiction et une bonne dose de philosophie. » dit S.
– Jean-Paul Dubois : L’origine des larmes , éditions L’Olivier 2024 : dans la série des pères toxiques. Entre comédie burlesque et drame. Et de lui aussi, vous avez cité : Vous plaisantez mr Tanner ou encore L’Amérique m’inquiète.
Virginie Linhart : Une sale affaire chez Flammarion. Sur la place des enfants dans les familles de soixante huitards connus. Elle a travaillé sur son père puis sur sa mère, ce qui  a donné lieu à un procès.
– Louis Vendel : Solal ou la chute des corps, Le Seuil. Autobiographique. Il s’en veut de ne pas avoir aidé son ami bipolaire. Comme chez S. Tesson, une chute a lieu puis un voyage, en marchant.
– Akira Mizubayashi, Suite inoubliable chez Gallimard. Musique, virtuosité et amour sous les bombes dans le Japon de 1945.
– Pour réhabiliter les autrices du matrimoine, la collection Les Plumées, aux éditions Talents hauts, dont : Lucie Delarue-Mardrus  Ex-voto, roman du début du XXème siècle repris en 2023. Honfleur, une jeune fille dans un milieu pauvre. Dialogues en normand.
– Philippe Mouche : Bons baisers d’Europe, éditions Gaïa, 2023. Un migrant, Fergus Bond, va apprendre les 24 langues de l’U E et être nommé ambassadeur du multilinguisme. De l’humour, un prétexte pour parler de l’Europe.

Au 30 mai !

Les Vivants : mai 2024 – 2)

C’était notre dernière fois aux Vivants
et on est tristes, même si on sait que Sébastien va continuer, autrement.
Nous essaierons Aub’art le jeudi 30 mai, à 18h.-

Vous aviez beaucoup lu :
en textes étrangers :
–  Mon sous-marin jaune de J.K.Stefansson, traduit par Eric Boury, chez Bourgois : « si imaginatif et poétique », « Fantaisie et mélancolie » : assez autobiographique : la perte de la mère, l’incommunicabilité avec le père. La religion violente. L’Islande d’autrefois, encore repliée sur elle-même.Et puis le dialogue avec Paul McCartney, la rencontre avec les livres qui entraînent la résurrection.
– Le fils du père
de Victor des Arbol, Actes Sud, traduit par Claude Bleton et Emilie Fernandez : L’Espagne : trois générations d’hommes maudits, des années 30 à nos jours. En lien avec la guerre civile, puis avec ceux qui sont allés combattre en URSS aux côtés des Allemands. Des personnages abimés, cassés et donc violents avec leur femme, leurs fils qui, eux-mêmes….
– Peter May : Tempête sur Kinlochleven, éditions du Rouergue, traduit par Ariane Bataille : un polar classique dans une Ecosse très froide, sur fond de changement climatique. Ce qu’il annonce comme son dernier livre.
– Mary Lynn Bracht : Filles de la mer : un premier roman, traduit par Sarah Tardy, trouvable en Pocket : la Corée de 1943 et les » femmes de réconfort« .
– Higashino Keigo : Un café maison, Babel. Polar de 2010 qui reçut au Japon le prix Naoki.
– Viola Ardone : Le choix, 2022, traduit par Laura Brignon, chez Albin Michel : un petit village dans la Sicile des années 60.
– Bernard Schlink : La petite fille, éditions Gallimard 2023, traduit par Bernard Lortholary : dans l’ex-Allemagne de l’Est, la troisième génération.
– R.L. Stevenson : Voyage avec un âne dans les Cévennes paru pour la première fois en 1879. En GF, traduit par Léon Bocquet.
Colum McCann Diane Foley : American mother chez Belfond, traduit par Diane Foley : cette mère de journaliste décapité par Daech, très croyante, a voulu rencontrer l’assassin. Elle lui donne son pardon. L’auteur accompagne cette rencontre.
McCann était au Goût des autres 2024.
Les textes français : une 3ème partie à venir, bientôt …

Les Vivants – mai 2024 – 1)

Tout d’abord, un petit plaisir :
Slate nous dit : « Les personnes qui lisent de la fiction ont un cerveau plus performant. »

Puis, pour assurer la suite : le prochain rendez-vous :
Le jeudi 30 mai, à 18h à l’Aub’art, rue Victor Hugo.

– Le journaliste et l’assassin de Janet Malcolm, sorti aux Etats-Unis en 1990, repris aux éditions du Sous-Sol, en 2024 dans une traduction de Lazare Bitoun, et préfacé par Emmanuel Carrère (« Je suis du bâtiment, depuis quinze ans j’écris des livres de non-fiction« ).
De la « littérature du réel »donc. Une histoire en trois temps et trois procès : celui d’un homme accusé d’avoir tué femme et enfants, innocenté, puis rejugé et, à ce moment et pendant quatre ans, accompagné par un journaliste qui écrira un livre sur lui et son histoire. Ce journaliste joue à l’ami mais sort un livre à charge. D’où le troisième procès : intenté par le prisonnier au journaliste, pour tromperie.
Janet Malcolm, elle, écrit un livre sur ce cas, sur « la relation entre un auteur de non-fiction et son sujet », sur la vérité et l’écriture, fût-elle d’un journaliste.
– Les choses que nous avons vues de Hanna Bervoets au Bruit du monde, 2022. Traduit par Noëlle Michel, ce texte était paru en Hollande en 2021. Une jeune femme parle de ses boulots, au téléphone, service clientèle puis, surtout, dans une entreprise de « modérateurs de contenus ». Très documenté, une bibliographie finale l’atteste, le livre raconte ce que voient ces personnes, ce qu’elles ont pour mission de censurer, de laisser passer, en quel temps, à quel rythme, en quoi cela les impacte.
– Au paradis je demeure d’Attica Locke, paru en 2019 aux USA, en 2022 chez Liana Levi. Maintenant en Folio Policier. Traduit par Anne Rabinovitch. On retrouve le personnage de ranger noir de Bluebird bluebird, aux prises avec le même genre de problème : le racisme. D’autant que, cette fois, nous sommes à Jefferson, capitale du Missouri qui fut un état esclavagiste « de première » et où vivent toujours autant de suprémacistes blancs et de trumpistes décomplexés.
Il a cette fois à retrouver un enfant blanc disparu…

La suite, bientôt !

MZ – mai 2024 – 1)

Mis en avant

Au MZ, on peut déguster « les trois poiriers »,
un Chenin blanc du domaine des Terres Blanches, à Oiron
– haut lieu de l’art contemporain mais pas que, il y a des vignes aussi -.
Sec, notes citronnées et salines
Pour accompagner :
– Le musicien de Charles Reznikoff (1894-1976), son deuxième roman. Paru aux USA après sa mort, une première fois chez P O L en 1986 et réédité maintenant chez Héros-Limite avec la même traduction, de Claude Richard et Emmanuel Hocquard.
Reznikoff n’est pas connu pour cela mais pour ses poèmes, « objectivistes », Et plus particulièrement Testimony (1965) à partir d’archives de tribunaux américains de la fin du XIXème siècle, ou Holocaust (1975), dont une traduction par André Marlowicz existe aux  éditions Unes en 2017, à partir des archives du procès de Nüremberg. Il opère là par sélection, montage, découpe, sans y ajouter de mots.
Avec Le musicien, nous sommes dans les années 30 aux USA. Deux hommes se retrouvent par hasard, le narrateur qui écrivait et est devenu représentant et un autre, Jude Dalsimer, musicien qui tire le diable par la queue. On s’accorde à dire que ces deux personnages sont deux faces de Reznikoff qui n’a jamais vécu de sa plume. Les amis se revoient plusieurs fois. L’évolution de la situation économique et artistique de Dalsimer est le sujet du livre.
– Prison d’Emmy Hennings (1885-1948), aux éditions Monts Métallifères, collection de poche.
Traduit par Sacha Zilberberg.
Encore une femme longtemps oubliée ! Elle a pourtant participé à la création du Cabaret Voltaire à Zürich en 1916, y a été aussi performante, en tant que « diseuse », chanteuse, que son compagnon Hugo Ball, Arp ou Tristan Tzara. Avec Prison (1919), de même qu’avec La flétrissure (1920), paru cette année dans la même maison d’édition, nous sommes dans des textes autobiographiques mais qui disent aussi magnifiquement  l’ambiance de ces années en Allemagne. Elle va être emprisonnée pour avoir volé, va se prostituer pour vivre et se rebeller de manière très actuelle contre des lois qui mettent tout sur le dos de la « séductrice » et non du client.
(sur la photo, Emmy Hennings et Hugo Ball)
– Ne me cherche pas demain d’Adrian McKinty, paru à Londres en 2014, chez Actes Sud en 2021. Trouvable en Babel noir.
McKinty est né en 1968 à Belfast, a fait des études de droit, sciences-politiques et philo à Oxford et s’est installé aux USA. Son premier roman est sorti en 1998 mais ce n’est qu’en 2004 qu’il aborde le roman noir, et en 2012, la série de « romans historiques« , sur les troubles, années 1980 – 1990, en Irlande du Nord. Le personnage récurrent des huit livres est Sean Duffy, un flic catholique en Ulster. C’est documenté et McKinty rend très bien l’ambiance de ces années pour les avoir vécues. Ce livre est le troisième de la série mais on peut les lire séparément. A noter aussi, l’humour. C’est « dark » ET « funny ».