Chat bleu de décembre, suite.

En blanc, nous avons pu boire du Gewurtztraminer, une « Cuvée de l’Ours », d’agriculture bio, une des meilleures cuvées de France (dixit N’senga). Mis en fût pour avoir un peu plus de charpente, il a un arôme de raisin très mûr, un peu fruit confit, figue ou fruit de la passion. Il se marie très bien avec des plats sucrés-salés de Thaïlande ou de la Réunion, avec des fromages.
En rouge, un pinot noir, bio, pas filtré. Mis en cuve d’inox pour qu’il reste très fruité, il vient d’un sol de grès et roches volcaniques. Très dans le fruit, avec une belle présence de tanin et une légère sensation gazeuse à l’ouverture de la bouteille, il se boit légèrement frais.

Et les livres :
la-peau-meme-en-offrandekozameh-alicia – La peau même en offrande d’Alicia Kozameh, 2013, de la maison d’édition Zinnia, de Lyon, qui était notre voisine au salon l’Autre Livre en novembre. Zinnia est spécialisée dans la littérature d’Amérique latine. Alicia Kozameh, argentine, a été détenue de 1975 à 1978 et ces huit textes sont en lien avec cette période : la détention en tant que prisonnière politique. Les camarades. Comment elles réussissent ensemble à survivre aux brimades, à la bêtise. Puis leurs retrouvailles à l’extérieur et les intimidations qu’elles continuent à subir. Une belle écriture. On pense à Charlotte Delbo.
– Le pays où les arbres n’ont pas d’ombre de Katrina Kalda, 2016, Gallimard. Vue aux Boréales de Normandie, cette jeune femme, estonienne, a écrit là son troisième roman, entre S F et histoire de dictature, stalinienne par exemple. 3 femmes de la même famille, de 3 générations racontent chacune leur tour, leur vie dans « la plaine » où elles ont été déportées. « La ville » ne leur est plus accessible mais vit grâce à leur travail de recyclage.
De la même auteure, L’Arithmétique des dieux, son deuxième roman, un peu autobiographique mais distancié : l’arrivée en France d’une famille qui, en Estonie, vivait dans un appartement communautaire et qui reçoit les lettres d’une amie en relégation.
Les petits vieux d’Helsinki mènent l’enquête de Mina Lindgren, aussi présente aux Boréales. Amusant certes mais pas que… sur la vieillesse dans les maisons de retraite. Et puis aussi : La garçonnière d’Hélène Grémillon, roman qui se passe aussi en product_9782070146376_195x320Argentine. Le dernier Véronique Ovaldé : Soyez imprudents les enfants. De Sylvain Tesson, Les chemins noirs : analyse de la ruralité et sa rééducation par la marche. De Margaret Atwood : La servante écarlate. De Joyce Maynard, Les Règles d’usage.

Prochains Chats Bleus : les 5 janvier, 2 février, 2 mars !

Ce Chat Bleu était exceptionnel

31864-hr_Exceptionnel parce que nous avions un invité surprise : Ziad Medoukh, poète palestinien, directeur du département de français de l’Université Al-Aqsa de Gaza.
Exceptionnel parce que, invité depuis 2011 par l’Université du Havre, il n’a eu le droit de sortir que cette année.De même, pressenti pour le prix Gandhi International créé en Inde, il n’avait pu s’y rendre.
Ziad Medoukh, parfait francophone, a écrit quatre recueils de poèmes parus en France et au Québec, tous en lien avec l’occupation. Se qualifiant de « maladif optimiste », il oeuvre à établir des ponts avec le monde entier, les universitaires, les associations, la société civile et, s’il a perdu espoir du fait de la place grandissante de l’extrême-droite israélienne, il croit en la solidarité internationale.

Nous reviendrons sur cette séance où nous avons évidemment aussi parlé livres, mais voilà déjà les dates des prochains Chats Bleus : les jeudis 5 janvier, 2 février, 2 mars.

 

Pièce unique n° 26, à Francis Tabouret

Pièce unique constituée à partir de L’herbe rouge de Boris Vian, paru en 1962 chez Jean-Jacques Pauvert.
Tout le monde connaît Vian (1920-1959) sous au moins un aspect : trompettiste, chanteur, parolier, pataphysicien, pasticheur de roman noir américain, auteur de L’écume des jours…

30079_1632755L’herbe rouge paraît au premier abord tout à fait absurde. Puis philosophico-mélancolique. Peut-être autobiographique.
Wolf, le personnage principal, revisite sa vie, son rapport (pas terrible) à la famille, aux études, à la religion, à l’amour, grâce à une machine. Il prétend qu’on ne serait pas heureux si l’on obtenait sur le champ ce qu’on désire le plus au monde. Etre comblé vous anéantirait .

Voilà quelques poèmes express sortis du roman :
– Waterloo, en fort peu de mots, c’était du self-contrôle.
– On est tenté de rire de la figure du vieux qui s’envole dans un claquement doux.
– Après tout, être, c’est une absence spéciale.
– Une mouche a une belle situation. C’est du camouflage.
– Pour les intéresser, il faut une femme bête, un éclair blanc et ça donne la force d’un ensemble.
– Le soleil était en lainage pervenche mousseux dans le ciel vide.

le_tigreNous l’avons envoyé à Francis Tabouret, rencontré à Pirouésie. De son métier, transporteur par route, par avion, par cargo, de chevaux (il a pu travailler pour Bartabas) – et une fois, exceptionnellement, d’un taureau et de moutons…- Branché écriture et Oulipo, il a été membre de l’étonnante et maintenant défunte revue TIGRE. Que d’animaux !

 

Bon, encore un animal : le prochain Chat Bleu, c’est jeudi 8 décembre.