Un Sigrid Undset : P U N° 108

La Pièce Unique N° 108 est Vigdis la farouche, paru en Norvège en 1909, traduit en 1954 chez Stock par « madame Metzger » (rigolo, non ? Cette femme, traductrice aussi de Selma Lagerlöf, Karen Blixen, se prénomme Marthe)

Sigrid Undset (1882-1949) a reçu le prix Nobel en 1928. Ses livres se partagent entre romans contemporains et romans historiques. Vigdis la farouche fait partie de ces derniers. On est au Moyen-Age, entre Norvège et Islande, entre christianisme et paganisme. L’amour-haine qui lie Vigdis et Ljot s’étire sur une vingtaine d’années.

Voilà quelques Poèmes Express sortis de Vigdis la farouche :
On apporta alors la nuit. Elle paraît avoir besoin d’un toit.
– S’il demande mon amitié, je lui arracherai les dents.
– Mains de glace, genoux de neige, sueur blanche.
– J’ai éprouvé un chagrin brodé.
– La neige cessa. Elle ne sera plus jamais évoquée.
– La main saisit la main et la main rougit la joue.
– Il sauta à l’eau avec les Ecossais qu’on lançait sur eux.

Le livre est envoyé à  Eric Boury, le super traducteur de l’islandais qui nous a permis de lire Arnaldur Indridason comme l’extraordinaire Jon Kalman Stefansson.

 

Un Leïla Sebbar : P U N° 107

Soldats de Leïla Sebbar est sorti en 1999 aux éditions du Seuil puis paru en poche, collection Points. 7 nouvelles composent ce livre. Toutes parlent de guerre, des guerres de partout. Des guerres du XX ème siècle. En Afrique, en Asie, en Europe. Coloniales, civiles, Pour des territoires, pour des idées. Des guerres, quoi ! Avec des hommes acteurs et des femmes souvent victimes.

 

voilà quelques Poèmes Express qui sont sortis de Soldats :
– Manger des pauvres, crever des femmes, les sortir de 
boîtes.
– Si on habille un homme en soldat, il devient matraque, il matraque.
– L’ombre des pales sur la terre sèche de la zone interdite.
– Il les entendait mourir sur les chemins au bord des maïs ; elles criaient.
– Ventre de cafetière en émail bleu sur un tapis.
– Elles ont compris. Elles savent. Ils ignorent. Ils croient.

La Pièce Unique N° 107 est offerte à une femme de conviction, éditrice de livres d’art et de la revue Empreintes, Claude Brabant.

Et c’est moi que je vois

Et c’est moi que je vois  de François David aux éditions Le Vistemboir, 2020

François David est multiple : homme de théâtre, romancier, poète, à l’origine des éditions Motus dont il est maintenant directeur de collection
(si vous ne connaissez pas cette maison d’édition pour enfants – et pas que -, on vous  engage à aller voir ! ).
Il se montre, cette fois, aussi photographe, un drôle de photographe.

Et c’est moi que je vois est
histoire de « réflexion »
un faux « moi-je »
où il se montre sans le faire vraiment,
où il est pudeur
où il dit ce qui empêche,
et ce qui constitue, au plus profond,
ce qui vous rend f(l)ou aux autres et à vous-même.

Et c’est moi que je vois est un recueil de courts textes.
Petits moments autobiographiques, oui mais quand il parle de lui, il parle de nous, de nos manques, de nos peurs, de nos joies.
Petites méditations, pensées poétiques aussi, évidemment.

Forcément l’un de ces textes, au moins un, vous touchera.

« le patrimoine à ma sauce « 2) avec Isabelle Letélié

L’écrivaine et journaliste Isabelle Letélié a proposé , cet été, trois sessions d’ateliers d’écriture en lien avec le patrimoine du Havre. Avec les écrivants, elle a 1) arpenté St François, 2) visité la cathédrale et 3) St Joseph.
Voilà un des résultats de l’atelier 2) de genre fantastique :

                                                  Palissandre
Un manchot*. Dans un sous-sol ou une mine ou dans le ventre d’une salle des machines. De la vapeur. Des hommes, beaucoup, s’activent. Et ce manchot qui ne fait rien, qui les fixe, comme un commandeur. De l’eau, beaucoup, à flots, qui monte, monte. Le manchot n’est plus là. Il n’a peut-être pas pu nager. Il est peut-être sous ces tonnes d’eau. Du feu aussi, du feu et des soldats, du feu et de l’eau. Des soldats dans l’eau. Des soldats, mais absents : sous l’eau ? Le manchot surgit, Neptune mais un seul bras et une gueule, une vraie gueule. Tout est accéléré, comme 24 images/ seconde qui passeraient en 72. Tout est muet. Non, tout était muet. Maintenant, sur le feu, l’eau, le manchot, il y a ce bruit, ce grincement, comme si on traînait du métal sur un sol grumeleux et ça s’impose, ça devient de plus en plus fort. A crier.
Ca sonne, ça grince, ça frotte. C’est froid, c’est sombre. Je ne comprends pas. Le son s’allonge, fluctue, fort, étouffé, inquiétant, comme si… comme si c’était…. je ne sais pas. J’ai l’impression que je connais ce bruit mais à chaque fois que je crois l’identifier, les mots me fuient. Les mots fuient mais la sensation reste : désagréable, bien plus que ça : épouvantable. Oui, c’est ça, je sens l’épouvante qui monte. Le son continue et l’horreur monte. Je n’ai jamais vécu cette montée ni la sensation qu’elle ne peut pas s’arrêter. Sensation atroce. Ça grince, c’est sombre, j’ai froid. Il n’y a personne que moi, ici. Il est tard. Il fait presque nuit. Et puis, ce son, à rendre fou.
Face à ce panneau de palissandre, celui-là. C’est devant celui-là que ça a commencé. Rien devant les onze autres. Ce panneau qui provient de la chapelle du paquebot Normandie*. Le plus luxueux paquebot de l’histoire de la navigation française, « Ruban bleu », le seul de France. Enorme, décoré par les plus grands : Lalique, Dunand, Ruhlmann et ces bas-reliefs de Le Bourgeois*. Les années 30 en majesté. Une courte exploitation, quatre ans de vie et deux moments de mort, au moins deux. Deux morts et mon père a assisté à l’une d’elles. Il était là en 1942, quand le feu a pris. Il travaillait. Il n’y avait presque plus rien à enlever du décor pour faire de tout ce luxe un vulgaire transport de troupes. Une étincelle minuscule et des tonnes d’eau pour tenter de réparer, réparer quoi ? l’irréparable.
Et moi, le petit Américain, plus de cinquante après, je me retrouve, touriste bête, dans cette ville-port, devant ce panneau et ça crie, ça hurle.
Je ne savais rien de ces objets dispersés dans des musées, des collections, une cathédrale.
Je ne savais pas non plus que l’un d’eux me « parlerait ».
                                                      ……………………
* : Blaise Cendrars a voyagé sur le Normandie (et aussi Mohamed V, Douglas Fairbanks, Marlène Dietrich).
* : Le Normandie a effectué 140 traversées entre Le Havre et New York de 1935 à 1939. Elles se faisaient en 4 jours, avec plus de 1300 membres d’équipage et jusqu’à 1971 passagers.
Fin 1941, il a été réquisitionné par les USA et rebaptisé USS Lafayette pour devenir transport de troupes. Le 9 février 1942, 3 000 hommes travaillent à bord et un incendie éclate. 6 000 tonnes d’eau sont déversées par les pompiers et il chavire. Il ne reflotte que fin octobre 1943, est vendu pour démolition en octobre 1946 et démoli de janvier à octobre 1947.
* : Le sculpteur Gaston Le Bourgeois (1880-1946) a créé le Chemin de Croix de la chapelle du bateau, maintenant installé dans la cathédrale du Havre.

« Anachroniques »

 

SOUSCRIPTION

La lune, les laitues et moi.

Anachroniques d’un maraîcher

Clément Lechartier

Illustrations et maquette Eric Enjalbert

Un maraîcher revient sur ses dix dernières années de pratique au sein d’une Amap de la ville du Havre. En une cinquantaine de chroniques, il nous raconte son cheminement pour résoudre les problèmes concrets qui se posent dans la production bio, et son questionnement sur une agriculture paysanne. Mais son texte va bien au-delà. Clément le maraîcher cultive l’humour et les panais, la poésie et les laitues, la tendresse pour les patates qui germent, la sagesse de l’installation perpétuelle.

« Pour marcher droit, accroche ta charrue à une étoile. » dit un proverbe chinois. C’est ce que fait Clément. Et dès lors, ses légumes prennent une autre saveur. Un livre à consommer sans modération.

En souscription jusqu’au 15 septembre 2020 : 10 euros.

Prix de vente après le 15/09 : 13 euros

Chèque à l’ordre de : association La buse du Tôt, à envoyer à l’adresse du siège de l’association, avec vos coordonnées : La Buse du Tôt/Clément Lechartier, 36 Hameau du Tôt, 76280 Gonneville-la-Mallet, ou en espèces auprès d’un des membres de l’association.

Sortie prévue en septembre 2020.

 

Pirouésie au meilleur de sa forme

de

Marie La Gouache

, grâce à Camille Philibert-Rossignol en atelier #Pirouésie avec Olivier Salon

MISE À L’INDEX
Cherche un médicament qui soignerait mes ex
tombés les malheureux ! en déréliction.
Mais je n’en trouve hélas ! aucun dans le Codex
qui puisse mettre fin à leur dépression.
Le Ferdinand qu’était déjà pauvre en cortex
Que lui recommander ? L’irradiation ?
Le cher Bertrand qu’était un grand fan du latex,
vaudrait-il mieux qu’il le prenne en décoction ?
Marie t’as plongé dans l’affabulation,
tes amours sont gravées dans le verre Pyrex,
dans la tête c’est sûr t’as un vélo-solex !
Quand je te vois fringuée dans ta cote en lurex
qui te fait ressembler au pire des T-Rex :
des sexes c’est l’impossible réunion.
(Que Marot et Ronsard me pardonnent !)