C’étaient des vins d’Alsace : un rouge frais, un pinot noir et un vin naturel blanc, sec, fruité, presque à goût de cidre, trouble. Un « vin libre », sans soufre, sans sulfite, d’un petit producteur, Beck Hartweg qui pratique l’agriculture raisonnée depuis environ quatre ans et l’agriculture bio depuis deux ans.
Les livres aussi étaient du nord-est : deux d’entre eux étaient d’auteurs islandais et deux autres de la maison d’édition de poésie bruxelloise : Les Carnets du Dessert de Lune. Les Islandais étaient à Caen, aux Boréales. Nous en avons déjà un peu parlé.
– Arni Thorarinsson, avec son polar, L’OMBRE DES CHATS, présente les spécificités de son île : le fait que le mariage homosexuel s’y pratique mais qu’on peut en mourir, que des asiatiques y vivent depuis trois générations mais qu’on les pense toujours étrangers, que des hommes politiques soient corrompus, que la crise économique ait fait perdre leur maison à certains et que les hackers puissent piller ou créer des données dans n’importe quel smartphone. Spécificités ? Non, pas vraiment. L’Islande, bien que petite, lointaine et renfermée sur elle-même, est atteinte par les mêmes faits de société que nous et le personnage récurrent du journaliste Einar doit s’en accommoder.
– Eirikur Orn Norddahl, né en 1978, est poète, romancier, traducteur. Son livre ILLSKA, LE MAL paru en 2015 aux éditions Métailié, a obtenu le prix de la littérature islandaise de 2012. Il se passe maintenant, à Reykjavik, entre trois jeunes gens, Agnès, Omar son compagnon et Arnor, néo-nazi, son amant. Les grands-parents d’Agnès sont morts parce que juifs en Lituanie pendant la seconde guerre mondiale et le livre nous y plonge aussi, dans ses plus beaux et terribles moments. ILLSKA est un roman, très écrit, pas du tout plombant, un livre d’histoire et de politique contemporaine. Norddahl connaît toute l’extrême-droite européenne.
Plus légers, les livres de Carnets de Dessert de Lune ! Cette maison d’édition fondée en 1995 a plus de cent titres. Dans une petite collection sous plastique, de Pierre Autin-Grenier (1947-2014) :
LE POÈTE PISSE DANS SON VIOLON (version symphonique) : des aphorismes :
« C’est quand il n’y a rien à faire qu’il n’y a vraiment pas une minute à perdre. »
(d’actualité ?… COP 21…)
« Peut-être faudrait-il renoncer?…
Mais renoncer à quoi?… »
Ou : « Il ne faut jamais donner des morceaux de chien aux sucres? ça peut les rendre méchants »
Nous avons aussi évoqué des livres de Delphine de Vigan : D’APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE, JOUR SANS FAIM, RIEN NE S’OPPOSE À LA NUIT, un beau portrait d’adolescent dans NOUS SERONS DES HÉROS, de Brigitte Giraud (2015), de nouveau la trilogie d’Anne-Marie Garat (Babel), LE MAL DE PIERRE de Milena Agus (Liana Levi) et un polar brésilien chez Actes noirs : NUIT D’ORAGE À COPACABANA de Luiz Alfredo Garcia-Roza (2015) au personnage d’enquêteur décalé qui fait penser à celui d’Adamsberg.
Les prochains Chats Bleus sont prévus les jeudis 21 janvier, 4 février, 3 et 24 mars.