Pièce unique 6 : livrée à Jean-Louis Fournier, auteur de TROP, au festival le Goût des autres

A la manière de Lucien Suel (suite),
le polar de Carter Brown, série noire 1963 intitulé : L’ANGE AUX AILES DE PLOMB est devenu LA NAGEUSE PLOMBE DIX « A »… et une page de droite a donné par biffage : « Luxueuse féminité  face à l’état lamentable des hommes », une autre : « Il fait glisser des excuses jusqu’à la lèvre tuméfiée », une autre encore : « Ne perdez pas un lapin, plutôt un doigt ou la mémoire »…etc…
La livraison de la pièce unique n° 6 a eu lieu le samedi 24 janvier, au festival « le goût des autres » où Jean-Louis Fournier venait pour parler de son dernier livre, TROP (évoqué au Chat bleu de janvier, voir le post précédent).
Transcription de ce qu’a dit J.L. Fournier :
« TROP est né à Auchan, une suffocation venue du grotesque d’une société qui propose 11 mètres de brosses à dents. Et tout le monde a l’air de trouver ça normal ! Est-ce qu’on n’est pas dans la connerie, là ? On veut nous vendre du bonheur ? Le bonheur n’est sûrement pas dans les supermarchés, le bonheur, c’est beaucoup plus complexe. Cette société me fait peur. On est des enfants gâtés, gavés. Les pessimistes n’ont pas forcément tort : c’est peut-être de la lucidité de voir que le monde est une foire commerciale ! TROP, c’est un état des lieux. La solution ? Ce serait peut-être essayer de consommer moins, être Épicurien : prendre le plus grand plaisir aux choses les plus simples comme boire lentement un verre d’eau quand il fait chaud.
Ce livre-là est une respiration dans mon travail. Généralement, je donne de mes nouvelles. Le prochain, MA MÈRE DU NORD, est sur ma mère. Je suis en train d’archiver ma vie, je suis le greffier de ma famille. »

Un Monsieur : lucide ? pessimiste ? philosophe plutôt, à sa manière, sans se la jouer, avec un petit livre, joli (p 22), rigolo (p 29-30), nostalgique, caustique, de listes sur nos accumulations, nos frustrations toujours renouvelées et jamais comblées…

Quelque chose que vous pourrez retrouver, dans un tout autre registre, dans le livre de Nadia Bouzid, à paraître, à Rue du Départ Editions : TOUJOURS MOINS.

Prochain CHAT BLEU le 12 février : un vin-des livres

Quart d’heure publicitaire d’abord ! Bientôt… devrait sortir le 5e livre de la collection Voyage noir de Rue du Départ Editions :
TOUJOURS MOINS de Nadia Bouzid. On vous en reparle très vite !

Au Chat Bleu, le 15, nous pouvions boire :
– soit un rouge, puissant, « chargé », parfait avec un plat roboratif, d’un des plus vieux vignobles (il existait déjà au XIVe siècle) un Fitou du Château de Nouvelle, vigneron indépendant,
– soit un vin blanc perlé, léger, à la note florale, aussi d’un vieux vignoble français : un Gaillac.
Nous les accompagniions des livres suivants :
Trop– TROP de Jean-Louis Fournier, éditions La Différence 2014.
Jean-Louis Fournier participe au festival LE GOÛT DES AUTRES qui a lieu ce week-end, du 22 au 25 janvier, au Havre, au Magic Mirrors et a pour thème, cette année, l’humour. Charb aurait dû y participer et une des tables rondes a pour titre : « Rire pour résister au monde »….
J.L.Fournier écrit sans doute pour cela, résister au monde. Ses livres sont souvent liés à sa vie et il fait rire (jaune ? ou noir ? en tous cas, rire), de faits plutôt pesants. Cette fois, il s’agit de petits articles, de listes ou d’anecdotes qui rendent compte du trop plein, du beurre aux livres en passant par les touristes, de notre société de consommation. Lisez  « trop d’applaudissements » ou « trop de places assises » et riez.
Canada– CANADA de Richard Ford, Points, Prix Femina étranger 2013. Deux ambiances : une ville de garnison des années 50 aux USA  et un endroit plus ou moins désaffecté qui fait western avec son hôtel-bar-rendez-vous de chasseurs, au Canada. Voyage initiatique d’un jeune garçon entouré d’adultes peu fiables ou abimés.
– DE TOUTES LES NUITS, LES AMANTS de Mieko Kawakami, Actes sud, 2014 : une immersion dans la non-vie d’une Japonaise trentenaire. Aussi « philosophique » que TROP dans un tout autre genre. Tout se vaut : les vies de consommatrice croulant sous les sacs de magasins, de femme mariée s’ennuyant, de jeune célibataire active et libérée : rien n’assure le bonheur ni n’a vraiment de sens.
Puis il a été question de polars ou romans noirs:
HarryQuebertLA VERITE SUR L’AFFAIRE HARRY QUEBERT, prix Goncourt des lycéens 2012, qui tient en haleine, LE PACTE de Lars Kepler,  L’HOMME QUI AIMAIT LES CHIENS de Leonardo Padura chez Métailié qui évoque l’assassinat de Trotski, LE CHARDONNERET de D.Tart qui partage ses lectrices,
enfin de Steve Tesich, KAROO aux éditions Toussaint-Louverture,  de VIVA, le dernier Patrick Deville qui fait toujours voyager dans le temps et l’espace, ici au Mexique et de L’ENFANT DES MARGES de Frank Pavlof qui entraîne dans le Barcelone 1930.

A bientôt !

Prochain CHAT BLEU le 15 janvier ; un vin-des livres

Heureuse année de livres à tous ceux qui passent ici !

Nous sommes en retard : vous qui n’y étiez pas, ne savez rien du CHAT BLEU de décembre !
Nsenga nous a surpris avec le concept « Gourmandie », une sorte de marque déposée et deux… vins normands :
– l’un est un cépage auxerrois de raisin blanc : « les arpents du soleil », vin blanc sec, à expression de fruit, rare et bon.
– L’autre est plus étrange, pas un vin en fait mais un « cidre de glace », d’environ 10°, sucré, BœufCidreà boire frappé avec du foie gras ou un dessert. Le producteur s’appelle François-Xavier Craquelin, installé à Villequiers. Vous avez pu voir sur lui des articles et il sera dans le Thalassa de février sur la Normandie parce qu’il est vraiment original, cet homme qui, aussi éleveur, nourrit ses bœufs au cidre et voit leur viande arriver chez des chefs étoilés dont Tartarin.

En livres, nous étions aussi normands avec Julia Deck et son deuxième livre : LE Puvoirs_N° 119TRIANGLE D’HIVER aux éditions de Minuit, 2014. Normands parce que le livre commence et finit au Havre qu’elle décrit beaucoup et qu’elle a mis une phrase d’Auguste Perret en exergue. Histoire de femme, histoire contemporaine de recherche de travail et d’identité, ancrée dans le réel donc mais s’en échappant radicalement dans le même temps.
Normands encore avec le dernier livre de Jérôme Leroy, originaire de Rouen et attendu au festival du Polar à la Plage en juin 2015 : L’ANGE GARDIEN, Gallimard, collection série noire, 2014. On retrouve, de loin, des personnages du livre précédent : LE BLOC et le sujet : la politique mais le ton est plus humoristique. Berthet, « l’ange-gardien », est un tueur mais  esthète, poétophile : p48-49 :  » Tuer un lecteur de Michaux. Cela devenait de plus en plus dur, cette histoire. (…)Tuer un lecteur de Michaux. Quand même. Tuer un lecteur de Michaux, l’Unité croyait qu’il y en avait combien en France ? »
PluieEtVentPlus exotique : PLUIE ET VENT SUR TÉLUMÉE MIRACLE de Simone Schwartz-Bart paru en 1972, prix Elle 1973. On y suit l’alternance de bonheurs et malheurs vécue par plusieurs générations de femmes en Guadeloupe. C’est surtout une écriture belle et forte.

Ont aussi été évoqués : LADIVINE de Marie N’diaye, « beau », « extraordinaire », « mieux encore que TROIS FEMMES PUISSANTES », aussi histoire de transmission et de générations, aussi une écriture, ciselée. Les derniers Serge Joncourt, Lola Lafon, Sorj Chalandon. L’auteur Richard Brautigan. LES 12 TRIBUS D’HATTIE, premier roman d’Ayana Mathis aux éditions Gallmeister.
A bientôt !