Un Lovecraft : P. U . N° 170

Epouvante et surnaturel en littérature de H. P Lovecraft (1890-1937) est un essai, écrit entre 1925 et 1927, paru pour la première fois dans une revue qui n’eut qu’un numéro, The Recluse.
De son vivant, Lovecraft n’a publié ses nouvelles que dans un « Pulp »: Weird Tales. Et ce n’est que deux ans après sa mort qu’est créée la maison d’édition Arkham House, pour faire reconnaître son oeuvre.
Cet essai est une histoire du « conte fantastique » « aussi vieux que la pensée humaine ». Le panthéon personnel de Lovecraft est constitué de Lord Dunsany, Arthur Machen, Montague Rhodes James, plus intéressants encore selon lui que les justement reconnus Ambrose Bierce, Nathaniel Hawthorne et, évidemment, Edgar Allan Poe.

Quelques « Poèmes Express » tirés de ce texte :
– Renforcer une frayeur grâce à des images de fin de paysages.
– La mode captiva les plus sophistiqués des squelettes.
– Les allusions allusives ne présentent rien au lecteur inattentif.
– Eclate un rire immense surgi d’un très ancien cimetière.
– Peupler le pays avec une multitude de petits Dracula semble original.

Cette Pièce Unique, 3 livres en 1, est offerte à Emma Doude, en master de création littéraire à l’ESADHarR, master sous la direction de Frederic Forte.

Chat Bleu : février 2023 – 2)

En parallèle du post-apocalyptique Brian Evenson L’antre aux éditions Quidam, ont été évoqués : Barjavel et son Ravage, paru en 1943, Malevil de Robert Merle, Emily Saint-John Mandel : Station eleven, le dernier Laurent Gaudé : Chien 51, et autres Damasio.

Ensuite, il a beaucoup été question de la famille, de sa toxicité, dans des romans français :

– Les enfants endormis d’Anthony Passeron, 2022, éditions Globe, Prix Wepler : un oncle atteint du sida au début de la pandémie, dans les années 80. Le déni de l’entourage, dans un milieu de commerçants de bouche en province.
– Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson, 2023, Julliard : Un féminicide du point de vue des enfants. Inspiré de faits réels, un « crime de propriétaire » dit l’auteur, »pas un crime passionnel ». Et donc « un fait politique » dont le roman peut « faire prendre conscience ».
– Même sujet et même point de vue dans Le cri du sablier de Chloé Delaume, auto-fiction parue en 2001, prix Décembre, trouvable en Folio. La langue de Chloé Delaume est remarquable.
Les sources de Marie-Hélène Lafon, 2023, éd. Buchet-Chastel : là encore, un mari violent, mais cette fois  la femme s’échappe avec ses enfants. Trois chapitres : de trois acteurs et trois temps de cette histoire : la femme lors de son mariage, de la vie à la ferme, le mari une vingtaine d’années après et la fille après la vente de l’exploitation. Cela se situe dans le terroir, en moyenne montagne et « la ciseleuse » qu’est M.H. Lafon suggère plus qu’elle ne dit.
– Une somme humaine de Makenzy Orcel, éditions Payot et Rivages, 2022 : le deuxième volet d’une trilogie : une autre superbe langue autour d’une autre vie terrible, celle de la narratrice, une femme morte.
– On a pu parler de Annie Ernaux et de l’essai du sociologue Gerald Bronner : Les origines. Pourquoi devient-on ce que l’on est ?, éditions Autrement, 2023 : sur les transfuges de classe et « la honte » ressentie, ou pas, vis-à-vis de sa classe sociale.
– Les yeux de Milos de Patrick Grainville, en collection Points : roman plein de réflexions sur l’art et les musées, autour de Picasso et de Nicolas de Stael. A Antibes, un étudiant fasciné par ces deux peintres, fascinant par son regard.
Enfin, dans deux romans étrangers :
– encore une histoire de famille mais traitée en thriller : La chute de la maison Whyte, de Katerina Autet, éditions Robert Laffont, 2020. Prix des Enquêteurs.
– A prendre ou à laisser de Lionel Shriver, traduit par Catherine Gibert, chez Belfond. Son dernier livre, pour lequel elle est venue au festival le Goût des autres, au Havre, en janvier. Un couple se promet qu’ils se suicideront quand ils arriveront à leurs 80 ans. L’écrivaine explore les différents scénarios…

Prochain Chat Bleu, jeudi 9 mars, 18h30

La vache !

22 August 2019, Schleswig-Holstein, Noer: Cows lie and stand on a pasture of the Lindhof sample with measuring instruments on their backs. The ruminants produce methane, a climate-damaging greenhouse gas. Researchers at the University of Kiel want to reduce methane production by using a mixture of herbs. In return, they tie the livestock to a belt of experimental material. Photo: Carsten Rehder/dpa (Photo by CARSTEN REHDER / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP)

« Le géant américain Cargill développe en partenariat avec la start-up britannique Zelp un dispositif en forme de licol. Placé au-dessus des naseaux des vaches, il filtre le méthane pour le transformer en C02, dont l’effet de réchauffement de chaque molécule est bien moindre par rapport à une molécule de méthane. » (…)
« Les premières données sont intéressantes, avec des réductions d’émissions de méthane de moitié », soulignait récemment auprès de l’AFP Ghislain Boucher, responsable du service ruminants chez le fabricant d’aliments pour animaux Provimi (filiale de Cargill). » (Ouest-France 27-10-2021)

« Recours à des races moins émettrices, optimisation des régimes alimentaires, maintien prolongé en production des vaches, captation des émissions du fumier pour les valoriser en biogaz… Autant de leviers que Danone prévoit d’actionner, »(…)
« Danone dit avoir réduit « d’environ 14% » ses émissions de méthane entre 2018 et 2020. » (…)
« Comment compte-t-il faire pour aller plus loin ? Au Maroc, où le groupe collecte du lait auprès de petits producteurs, « il y a énormément de progrès qui peuvent être faits en optimisant la production », a illustré Mme Coombs-Lanot. Concrètement, Danone veut améliorer le rendement laitier de chaque vache. Cela permettra de réduire, à production égale, le nombre d’animaux présents sur une exploitation, et donc les émissions. Il est généralement aussi prescrit d’avancer l’âge auquel les vaches ont leur premier veau, et donc leur lactation, afin de limiter la période pendant laquelle des ruminants sont improductifs. »
(Capital- 17-01-2023)

Comme on se mêle de tout,
comme c’est le salon de l’agriculture,
comme on a vu cette image,

on s’est intéressés au
méthane produit par les vaches quand elles rotent
=
« 40%  du méthane lié aux activités humaines, le reste venant du secteur gazier » (Capital)
Comme d’hab, c’est l’animal qui trinque. Les 60 autres %, on verra plus tard

Un Emilienne Malfatto : P U N° 168

– Accoudé dans un troquet pendant de longues semaines pour tenter de comprendre.
– On croit aux trésors enfouis, aux fruits gonflés.
Les hélicoptères ayant remplacé les gallinacés, « ça » s’est produit sans adultes.
– Un village vacances est terrible pendant les années de guerre.
– Elle s’était faite belle ; il doit y avoir quelque chose de terriblement rassurant dans cela.
– Les autorités se contentent de dire la loi, n’ont qu’une vague idée du chemin.
– Maison bleu ciel, bizarrerie géante, derrière le manguier.

Voilà quelques « Poèmes Express » issus de Les serpents viendront pour toi, d’Emilienne Malfatto, paru aux éditions Les Arènes, 2021 puis en poche en J’ai Lu. Ce livre a reçu le prix Albert Londres.
« Notre métier n’est pas de faire plaisir non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » disait Albert Londres (1884-1932). Emilienne Malfatto, née en 1989, est photo-journaliste. Elle prend la suite des Séverine (1855-1929), Andrée Viollis (1870-1950), Nellie Bly (1864-1922) et autres femmes reporters quelques fois appelées « Muckrakers » (= « fouille-merde »). Dans ce livre, elle parle de Maritza, tuée en Colombie, des années après son mari : « Maritza Quiroz Leiva, 61 ans, mère de 6 enfants, assassinée le 5 janvier 2019. Le cinquième assassinat de leader social de l’année, le cinquième en moins d’une semaine. » (p. 17).
Maritza n’est qu’une parmi beaucoup d’autres « dommages collatéraux ».
Si la guerilla des FARC est censée être finie, les « seigneurs de la drogue » sont toujours là, toujours plus riches, et s’en sortent très bien, bien mieux que leurs victimes :
(P. 64 : )« … Maritza et sa famille quittèrent la Sierra Nevada et vinrent grossir les rangs de ceux qu’on appelle pudiquement « déplacés internes », ceux qui ont tout perdu, à qui l’Etat a failli, qui fuient et terminent généralement dans les bas-fonds des grandes villes, dans une misère crasse et une violence endémique, les déplacés donc, qui, en 2004, représentaient officiellement plus de trois millions de Colombiens – plus de 7% de la population de l’époque. »

La Pièce Unique n° 168 est offerte à Veronica P. qui a choisi de vivre en France et y enseigne avec enthousiasme. Elle vient juste de rentrer de Bogota où elle n’était pas retournée depuis longtemps.

Chat Bleu de février 2023 – 1)

En l’honneur de ce temps de carnaval, N’senga nous proposait du Beaumes de Venise en rouge, un vin vegan, nommé simplement Venitia,
et, en blanc, un côte catalane, Magda, muscat sec du domaine de Bezombes

Ils accompagnaient :
– L’antre de Brian Evenson, traduit par Stéphane Vanderhaeghe, 2023, aux éditions Quidam. Une « fable apocalyptique« , parue en 2016 aux USA, mais rien d’une S.F sanglante, à rebondissements, vaisseaux spatiaux et bombes à neutrons. Enfin, si, sans doute qu’une telle bombe a explosé avant la première page. On est plus dans un monde à la Becketttechnologie en mauvais état, « surface désolée » pratiquement vide de vivant – gens, animaux, végétaux -. Les personnages sont très peu nombreux et ne sont pas obligatoirement des « personnes ».
– Nourrir la bête. Portrait d’un grimpeur d’Al Alvarez, 2001 Métailié, Points en 2021. Traduction d’Anatole Pons-Remaux. Al Alvarez (1929-2019) a été critique littéraire pour des revues comme le New Yorker, professeur d’université puis s’est consacré à des sujets qui lui tenaient à coeur comme l’escalade. Ce livre est le beau portrait d’un homme, Mo Antoine, spécialiste de très haute montagne, bon vivant, avec une vraie philosophie sur le risque, et sur la vie ensemble pour atteindre les sommets.
209 rue St Maur Paris Xè – autobiographie d’un immeuble de Ruth Zylberman, Seuil- Arte éditions, 2020 : venu du documentaire du même nom, sorti à Arte en 2018.
Ruth Zylberman reconstitue l’histoire d’un immeuble, de ses habitants, principalement pendant et depuis la guerre de 1939-1945. Ce sont alors des immigrés, des Juifs et elle tente de savoir ce qui leur est arrivé, de retrouver les vivants, les interroger. Moments d’émotion d’adultes revenant sur des lieux quittés dramatiquement. C’est aussi l’évolution du bâti dans une capitale : de la Commune à nos jours, la situation du quartier dans la ville, la bobo-isation, les travaux, le confort et  les surfaces des appartements.

Suite de février bientôt,
et prochain Chat Bleu, programmé le jeudi 9 mars, à 18h30

 

Un Delerm : P U N° 169

Un peu de désordre : le n°168 sera envoyé plus tard, la récipiendaire étant partie quelques semaines dans son pays d’origine, le pays dont parle la Pièce Unique N° 168.
Je ne suis pas claire… ? Pas grave ! « Sauts et gambades », les Pièces Uniques…

Je ne pensais pas un jour en produire une à partir de Philippe Delerm. La couverture du livre chez Folio a eu raison de moi : un détail de tableau de Tiepolo, le fils.
Le livre est fin (118 p.), écrit assez gros, avec au moins quatre sujets différents : ce peintre, les restes de la guerre en Italie, les livres qui marchent et surtout, Venise. C’est beaucoup…
Et moi qui en rajoute avec mes « poèmes express » … :
– Ne rien lire. Faire : le trottoir, la tête, du voilier.
– Un peu enfoncé dans la peinture, un rond noir,, brun à la rigueur. Tout rond.
– Jardin sombre, paysages saisis, route bleue.
– La vie, territoire d’aversion, se diluait en mots.
Un rouge écaillé, un bleu presque mauve dans un voyage.

La Pièce Unique N°169 est offerte à Robert de Laroche, éditeur rencontré au Salon du Livre de Paris avec sa collection de textes sur le cinéma, La Tour Verte. Robert vit maintenant à Venise et son dernier livre en tant qu’auteur vient de sortir en Folio policier.

Ouest Track radio – le retour

Sur Ouest Track radio, dimanche 19 février, à 11 h et ensuite, en podcast, on peut entendre ma si émouvante et profonde voix, mes si extraordinaires et intelligents propos sur une maison d’éditions :  La Peuplade.
Bon, soyons sérieux, ma voix non, mes propos non, enfin si,
mais la Peuplade,
oui, c’est sûr, c’est à connaître, à suivre, à lire !

Un Maja Thrane : P U N° 167

Petit traité de taxidermie : une histoire de maison, de gens qui vivent dans cette maison et de ceux qui y ont vécu auparavant, plus ou moins fantômes. Rien de fantastique, une évocation comme normale. Un des habitants a été « l’intendant » , ce qui en Suède est le nom donné à un conservateur de musée. August Wilhelm Malm (1821-1882) a réellement existé. Ce sont des photos d’un de ses travaux qui ont amené ce texte que Maja Thrane dit avoir mis dix ans à écrire. Ces photos, on en trouve deux dans le volume des éditions Agullo et, oui, elles sont étonnantes, voire impossibles croit-on. Pourtant, non, ce ne sont pas des montages, pas des « fake » : on a bien une baleine qui sort de la façade partiellement démontée d’une maison, une baleine tirée de là par un cheval. Malm a effectivement taxidermisé l’animal. La baleine est toujours visible, dans un musée du sud de la Suède.
Petit traité de taxidermie, ce sont de courts chapitres qui nous mènent dans l’histoire de ces gens, Vera et Björn, de leur vie au cours des saisons, de leurs sensations et activités.

Voilà quelques Poèmes Express venus de ce texte :
Sur la neige, dans le noir, un gant rouge.
La corneille a le bourdon, la pie pense à sa vie.
Des heures à tripoter Lena, lourdement. Quelqu’un les observe.
Une grotte et, s’introduisant de plus en plus profond, l’imagination.
Envahi par les boules, le canal.

La P U N° 167 est envoyée à S. Bernet en souvenir  d’Etienne Bernet (1939-2022), architecte dans une première vie puis historien de marine, qui a écrit sur la pêche à Terre-Neuve mais aussi sur la chasse à la baleine. Il était un des responsables de la revue Les annales du patrimoine de Fécamp. Le dernier numéro   vient de sortir et lui rend hommage.

Chat Bleu – janvier 2023 -2)

Il a aussi été question de romans policiers :
– La disparition de Perek d’Hervé Le Tellier : un Poulpe de 1997.
Le Poulpe est une création de Jean-Bernard Pouy, une collection de polars à contraintes : on doit par exemple y trouver des personnages récurrents : Gabriel Lecouvreur, sa copine coiffeuse Cheryl. Le titre est forcément un jeu de mots. Le premier, de Pouy, s’intitulait La petite écuyère a cafté. Jean-Paul Jody a pu titrer 20 000 vieux sur les nerfs
J.B. Pouy a dit de ces livres : « Un Poulpe, tu fais ça en deux mois ou tu oublies ». N’empêche : c’est drôle et souvent réussi.
– Tout Tanguy Viel, mais plus précisément  Article 353 du code pénal, éditions de Minuit. Tanguy Viel a participé au scénario de L’innocent, film de 2022 de Louis Garrel. On n’est pas vraiment dans le polar mais pas loin.
– Hervé Le Corre : L’homme aux lèvres de saphir, roman policier historique, une merveille parue en 2004 chez Payot et Rivages. En 1870, à Paris, des meurtres…
et de « patrimonial » :
– Blaise Cendrars, l’auteur-voyageur, fasciné par Sarah Bernhardt, proche des Delaunay, de Fernand Léger avec Emmène-moi au bout du monde !…, éditions Denoël, 1956, et Aujourd’hui, une compilation d’articles parus entre 1914 et 1930. Un écrivain dans son temps.
– Françoise Héritier, le goût des autres,un bel hommage de Laure Adler à celle qui fut la première femme anthropologue au Collège de France. Ses sujets d’études se sont concentrés sur la domination masculine. Elle a aussi agi contre cette domination avec le « bus des femmes », créé pour aider les prostituées.

Prochain Chat Bleu prévu jeudi 9 février à 18h30. Le suivant, le 9 mars. 

Le photographe Alain Keler à la Galerne

A l’occasion d’un colloque ( ouvert au public, les 26 et 27 janvier 2023, aux Affaires Internationales de l’Université ), organisé par Anouk Guiné, professeure spécialiste du Pérou, le photographe Alain Keler est de retour au Havre.
Ses deux derniers livres sont sur L’Amérique, celle de New York et la Latine, tous deux parus aux éditions de Juillet installées en Bretagne. Belle couverture toilée, reliure originale, beaux noirs !
Alain Keler a aussi travaillé sur les Roms, sur les ex-pays communistes d’Europe. Beaucoup sur des terrains de guerre ( Pérou – où ses travaux sont censurés – Salvador, Uruguay, Liban, Tchétchénie, etc…). Toujours sur les minorités, sur les populations en difficulté : « Je me suis aperçu que j’allais sur ma propre histoire » dit ce petit-fils d’émigrés polonais déportés et jamais revenus. Passionné de géopolitique, il voit « la photographie comme une manière de vivre, une philosophie à part entière. »