Palmarès : je suis sûre que

vous en avez lu un bon nombre :

Les 25 chefs-d’œuvre de la littérature mondiale qui vont marquer le XXIᵉ sièclePALMARÈS. Quels sont les meilleurs livres depuis l’an 2000 ? Pour le savoir, nous avons demandé à soixante écrivains, éditeurs, libraires, traducteurs, critiques français et internationaux de choisir les cinq ouvrages qui ont imprimé à jamais leur mémoire. Verdict.

Publié le 01 avril 2025 à 16h00
Mis à jour le 02 avril 2025 à 11h58
Quels sont, parmi les livres du premier quart du XXIᵉ siècle, les chefs-d’œuvre qui s’inscriront dans l’histoire de la littérature mondiale ? Pour le savoir, Télérama a demandé à soixante personnalités (écrivains, éditeurs, libraires, traducteurs, critiques universitaires français et internationaux) de choisir les cinq ouvrages qui ont imprimé à jamais leur mémoire de lecteur.
Ces milliers de pages — 12 646 exactement, si on aditionne les 25 livres retenus dans ce palmarès – donnent furieusement envie de lire et témoignent d’une création littéraire aussi ambitieuse qu’audacieuse. Le roman n’est pas mort, au contraire, il se joue des frontières et ne cesse d’être réinventé. — Valérie Hurier, directrice de la rédaction

25. “La Carte et le Territoire”, de Michel Houellebecq (2010)

La carte est-elle plus intéressante que le territoire — autrement dit la représentation du réel plus passionnante que le réel lui-même ? C’est notamment autour de cette question que se déploie le cinquième roman de l’écrivain français — qui lui valut le prix Goncourt. Une fiction brillante, tout ensemble ironique et hautement mélancolique, doublée d’un autoportrait extravagant.
Éd. Flammarion.

24. “Une histoire d’amour et de ténèbres”, d’Amos Oz (2002)

L’intime et l’Histoire fusionnent dans les pages de ces sublimes Mémoires du grand écrivain israélien, dont ce récit autobiographique demeurera sans doute le chef d’œuvre. Retour sur son enfance à Jérusalem et sur la naissance concomitante de l’État d’Israël, hommage bouleversant à ses parents et ses aïeux, et à la langue hébraïque qui l’a vu naître écrivain.
Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, éd. Gallimard (2004).

23. “Neige”, d’Orhan Pamuk (2002)

De tous les romans remarquables de l’écrivain turc (Prix Nobel de littérature 2006), Neige est assurément le plus captivant, qui emboîte le pas d’un jeune poète exilé en Allemagne, revenu en Turquie pour s’égarer au fin fond de l’Anatolie. Une odyssée poétique et très politique, jalonnée de sinuosités narratives, scintillante de motifs et de sens, drapée de neige…
Traduit du turc par Jean-François Pérouse, éd. Gallimard (2005).

22. “Les Argonautes”, de Maggie Nelson (2015)

La forme hybride de ces Argonautes, mêlant récit d’une histoire d’amour et réflexions sur le genre, érudition et hypothèses, a érigé l’ouvrage de Maggie Nelson en livre de référence d’une démarche littéraire nouvelle et parfaitement contemporaine. Faisant de l’autrice américaine (née en 1973) une des voix majeures de la non-fiction contemporaine.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Michel Théroux, Éditions du sous-sol (2018).

20. “Purge”, de Sofi Oksanen (2008)

Née d’une mère estonienne et d’un père finlandais, Sofi Oksanen a secoué la planète littéraire avec ce roman éloquent qui embrasse, à travers ses deux personnages féminins, cinquante ans de l’histoire de l’Estonie, des occupations allemande, puis russe, jusqu’à nos jours, passant par l’effondrement de l’URSS. Une tragédie puissante, furieuse — non dénuée de compassion.
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, éd. Stock (2010).

20 ex-aequo. “La Plus Secrète Mémoire des hommes”, de Mohamed Mbougar Sarr (2021)

Écrit par le jeune auteur sénégalo-français, alors âgé de 31 ans, et placé sous le parrainage des Détectives sauvages de Roberto Bolaño, un beau et brillant roman, « livre-monde » tout ensemble complexe formellement et palpitant, cérébral et doucement ironique, foisonnant de thèmes et de personnages, et fondamentalement enclos sur un insaisissable secret.
Éd. Philippe Rey / Jimsaan.

18. “La Bascule du souffle”, de Herta Müller (2009)

Plongée dans l’univers du goulag, observé à travers les yeux d’un jeune narrateur inspiré par le poète Oskar Pastior,La Bascule du souffle a enfin révélé planétairement la beauté tranchante et spectaculaire de l’écriture de l’autrice, Roumaine germanophone émigrée en Allemagne de l’Ouest au mitan des années 1980, lauréate du prix Nobel de littérature en 2009.
Traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éd. Gallimard (2010).

18 ex-aequo. “Underground Railroad”, de Colson Whitehead (2016)

Dans cette éblouissante fiction — sa sixième —, tout ensemble roman d’apprentissage et fable humaniste, l’Américain virtuose se tient aux côtés de Cora, une jeune esclave échappée d’une plantation du Sud, dont il imagine l’odyssée fantastique à travers les États-Unis, jusqu’au nord du pays et l’accès au statut de femme libre.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Serge Chauvin, éd. Albin Michel (2017).

17. “O”, de Miki Liukkonen (2017)

Près de mille pages pour raconter sept journées, au long desquelles se croisent cent personnages souffrant tous d’une psychose : la comète finlandaise Miki Liukkonen (1989-2023), qui mit fin à ses jours à 33 ans, met en œuvre un labyrinthe narratif prodigieux, tout en offrant une méditation aussi hilarante que puissante sur le vertige de la condition humaine.
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, éd. Le Castor astral (2021).

16. “La Fête au Bouc”, de Mario Vargas Llosa (2000)

Le dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina (1891-1961), « père de la patrie » dominicaine, et son régime sanglant qui écrasa le pays durant trois décennies sont au cœur de ce magistral roman politique et polyphonique, qui examine de l’intérieur les ressorts de la tyrannie et ceux de sa mise à bas. Assurément le chef d’œuvre du prix Nobel de littérature 2010.
Traduit de l’espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan, éd. Gallimard (2002).

15. “La Végétarienne”, de Han Kang (2007)

La Végétarienne, ou l’histoire de Yonghye, la femme qui ne voulait plus ingérer de viande, et qui bientôt souhaita se dépouiller de son corps, s’effacer et devenir végétale… Dix-sept ans avant de recevoir le prix Nobel de littérature, en 2024, l’autrice coréenne livrait, avec cette fable énigmatique, sensuelle et épurée, un diamant noir aux éclats aussi tranchants qu’inquiétants.
Traduit du coréen par Eun-Jin Jeong et Jacques Batilliot, éd. Le Serpent à plumes (2015).

14. “Kafka sur le rivage”, de Haruki Murakami (2002)

Kafka Tamura a 15 ans lorsqu’il s’enfuit de la maison familiale. Ce roman initiatique lui emboîte le pas, ainsi que celui d’un vieillard nommé Nakata. À ces deux fils narratifs, le magicien Murakami suspend une matière romanesque à haut potentiel d’envoûtement. Bâtissant une indémodable fable, tout ensemble triviale et pleine de grâce..
Traduit du japonais par Corinne Atlan, éd. Belfond (2006).

13. “La Maison des feuilles”, de Mark Z. Danielewski (2000)

Une maison dont l’intérieur se dilate en un dédale sans fin, un vieil écrivain aveugle et son mystérieux manuscrit, un jeune intello marginal : voilà pour le décor et les protagonistes majeurs du premier roman de l’Américain Mark Z. Danielewski, vertigineuse quintessence de littérature expérimentale, mais aussi œuvre captivante et de toute beauté.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claro, éd. Denoël (2002).

12. “Solénoïde”, de Mircea Cartarescu (2015)

Un professeur de roumain de Bucarest, qu’une humiliation fait renoncer à l’écriture, tient un journal pour percer l’énigme de l’existence. Dans ce roman d’une force philosophique et poétique hors du commun, Mircea Cartarescu fait de la plongée hallucinée dans le cerveau d’un homme le point de départ d’une odyssée à travers toutes les connaissances.
Traduit du roumain par Laure Hinckel, éd. Noir sur blanc (2019).

11. “Le Lambeau”, de Philippe Lançon (2018)

Grièvement blessé le 7 janvier 2015, lors de l’attaque terroriste contre l’équipe de Charlie Hebdo, Philippe Lançon a tiré de son expérience de la douleur, physique autant que morale, ce remarquable Lambeau, livre calme et déterminé, empreint d’une grande douceur, dans lequel il s’emploie à sonder jusqu’aux abîmes, sans colère ni culpabilité, « la solitude d’être vivant ».
Éd. Gallimard.

10. “Americanah”, de Chimamanda Ngozi Adichie (2013)

Que d’énergie et d’intelligence rassemblées et concentrées dans ce roman brillantissime qui suit l’itinéraire d’Ifemelu, une jeune femme nigériane arrivée aux États-Unis pour y poursuivre ses études. Y découvrant le racisme — l’un des thèmes majeurs de l’autrice africaine, qui fait ici l’objet d’un exposé lucide, jamais dénué d’humour et très incarné.
Traduit de l’anglais (Nigeria) par Anne Damour, éd. Gallimard (2014).

9. “L’Adversaire”, d’Emmanuel Carrère (2000)

Quel effroyable visage du Mal offre-t-il à contempler, cet accusé jugé et condamné en 1996 pour les froids assassinats de ses deux enfants, son épouse et les parents de cette dernière ? Des interrogations intimes qu’a fait surgir en lui l’histoire de Jean-Claude Romand, mythomane et meurtrier, Emmanuel Carrère a nourri cette non-fiction inquiète, métaphysique et magistrale.
Éd. P.O.L.

8. “L’Année de la pensée magique”, de Joan Didion (2005)

L’expérience du deuil de son époux, l’écrivain John Dunne, terrassé par une crise cardiaque fin 2003, a dicté à l’iconique écrivaine et journaliste américaine Joan Didion (1934-2021) ce sobre et cru récit d’une traversée des ténèbres. Un voyage aride, sans consolation, au fin fond des terres désolées de la stupeur, du chagrin et de l’affliction.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Demarty, éd. Grasset (2007).

7. “Les Livres de Jakób”, d’Olga Tokarczuk (2014)

Dans ce roman époustouflant, précis et truculent, la Prix Nobel de littérature 2018 invite à un « grand voyage à travers sept frontières, cinq langues, trois grandes religions ». Une épopée politique et mystique qui plonge son lecteur dans la Pologne décadente du XVIIIᵉ siècle, pour s’attacher au destin extravagant du faux messie juif Jakób Frank (1726-1791).
Traduit du polonais par Maryla Laurent, éd. Noir sur blanc (2018).

6. “Les Années”, d’Annie Ernaux (2008)

L’admirable « autobiographie impersonnelle » que sont Les Années a permis à chaque lecteur de saisir pleinement ce qui fait d’Annie Ernaux (Prix Nobel de littérature 2022) une écrivaine majeure. À savoir, un geste littéraire : parler de soi pour tendre à l’autre un miroir où se reconnaître ; puiser à sa mémoire pour élaborer « une autobiographie qui se confonde avec la vie du lecteur ».
Éd. Gallimard.

5. “La Tache”, de Philip Roth (2000)

Dans ce roman, troisième volet de la Trilogie de Newark, le grand écrivain américain déroule l’histoire de la vie du professeur de lettres classiques Coleman Silk, construite sur un immense, un sidérant secret… Une narration infaillible, porteuse d’une ironique, froide et implacable dénonciation de « la tyrannie du nous […] qui meurt d‘envie d‘absorber l‘individu ».
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Josée Kamoun (2002).

4. “La Route”, de Cormac McCarthy (2006)

Son austère lenteur et sa lugubre beauté confèrent à La Route la grâce d’un long poème métaphysique. Un chant tout ensemble initiatique et sépulcral où se trouvent condensées les obsessions et les hantises de McCarthy (1933-2023),sans cesse revisitées de livre en livre : la violence des hommes, le rude combat auquel se livrent en ce monde le Bien et le Mal.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par François Hirsch, éd. Christian Bourgois (2008).

3. “La Fin de l’homme rouge”, de Svetlana Alexievitch (2013)

Auscultation du cœur et de l’âme de « l’Homo sovieticus », un individu élevé dans l’utopie socialiste puis passé sans transition du totalitarisme à une nouvelle forme de nihilisme, La fin de l’homme rouge est sans doute le plus magistral des « romans de voix » de l’autrice biélorusse. Un grand livre d’histoire humaniste, infiniment douloureux et formidablement vivant.
Traduit du russe par Sophie Benech, éd. Actes Sud (2013).

2. “Austerlitz”, de W.G. Sebald (2001)

Mêlant étroitement fiction et réalité, narration et méditation, et porté par la voix inconsolée, infiniment émouvante de l’écrivain allemand (décédé en 2001), le destin de Jacques Austerlitz, homme déraciné, perpétuel exilé, a valeur d’interrogation dense et grave sur l’Histoire, le temps vécu comme un processus de délitement, l’opacité de la mémoire. Un chef d’œuvre.
Traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau, éd. Actes Sud (2002).

1. “2666”, de Roberto Bolaño (2004)

La mort prématurée de l’écrivain chilien, en 2003, laissa ce livre, paraît-il, inachevé… On veut bien le croire, mais quel roman pourtant ! Tissant cinq fils narratifs, le magistral 2666 n’en finit pas de surprendre, de digresser, de proliférer de fascinante façon, s’autorisant tous les développements et les changements de point de vue pour méditer sans fin sur le Mal.
Traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio, éd. Christian Bourgois (2008).

Un vin, des livres – mars 2025 – 2)

Auteurs français  dont on a (re)parlé :
Fabien Drouet : « je serai jamais morte« , éditions des Lisières : L’histoire de sa cohabitation avec sa grand-mère. Une grand-mère pleine d’énergie, née en Tunisie, Des moments collectés.
– Clémentine Mélois : Alors, c’est bien, éd. Gallimard. sur son père mort, mais pas triste du tout.
– Bérénice Pichat : La petite bonne, éd. Les Avrils. « On s’attend à quelque chose et c’est autre chose qui arrive. » dit M-H. « Une écriture, un rythme »
Eric Chacour : Ce que je sais de toi, éd. Philippe Rey, un premier livre. « Une très belle histoire ». Le prix Terres de paroles 2024
– Marion Brunet : L’été circulaire. « un roman social, un grand texte ». Dans le sud, deux ados et une famille peu aimante.
 Nina Léger : Mémoires sauvées de l’eau, éd. Gallimard. Prix du roman historique. Californie, entre la ruée vers l’or et les incendies de 2025.
– Alexis Jenni : Le passeport de Mr Nansen, éd. Paulsen : années 1920, la famine en RussieDes milliers de personnes ont bénéficié de ce passeport créé légalement. Des inconnus mais aussi : Chostakovitch, Chagall, Stravinsky, Rachmaninov…
– Edouard Philippe : du polar politique qui fonctionne : Dans l’ombre, en poche
_ Mona Cholet : Sorcières, la puissance invaincue des femmes : la chasse aux sorcières à partir de la Renaissance (et non du Moyen-Age). Ce qui subsiste de l’idée de sorcière dans la société contemporaine : la femme vieillissante, indépendante ou sans désir d’enfants. « complètement scotchée sur le niveau » dit M-A
– Vanessa Springora : Patronyme, éd. Grasset : Le père de V S est mort quand le premier livre est sorti. Il vivait dans un grand désordre. L’histoire du grand-père qui a pris ce nom pour changer d’identité, ayant été nazi.
– Jeanne Benameur : Vers l’écriture, éd. Actes Sud. « un super style ! » Sur les ateliers d’écriture qu’elle a menés, une écriture pour soi, pas en vue de publication. « De toute façon, tous ses livres sont beaux » dit V.
– Rose-Marie Lagrave x Annie Ernaux, Une conversation , éd. EHESS. La sociologue et l’auteure, prix Nobel sont deux « transfuges de classe »
Quelques auteurs étrangers :
– Boualem Sansal : toujours emprisonné… 5 ans de prison requis pour… avoir juste dit ce qu’il pense… : Le serment des barbares en Folio, sur l’Algérie post-coloniale.
– Max Lobe : La danse des pères, éd. Zoé. Max Lobe est d’originaire camerounaise mais vit depuis ses 18 ans en Suisse. Parle de cela, d’un jeune homosexuel, au père grandi sans parents, pas tendre.« des personnages féminins forts; un style : du métissage linguistique » dit B.
– David Grann : les naufragés du Wager, en collection Points. Vers 1750, au Cap Horn, un bateau de la Royal Navy, le journal d’officiers restés à bord plusieurs mois, puis revenus par des voies différentes en Angleterre. Roman historique bien documenté.
– Iouri Bouida : Le train zero, L’imaginaire-Gallimard : dans une petite ville, une petite communauté pauvre. Une gare. Tous les jours, un train plombé. D’où vient-il ? Et où va-t-il ?
– Anna Enquist : Quatuor, Actes Sud, 2016. Un roman psychologique. Une femme de 80 ans, psychanalyste et violoniste. La disgrâce de la vieillesse. La musique qui console. Parallèlement, le démantèlement de la culture et de la santé aux Pays-Bas.
– Marwan Bakhti : Comment sortir du monde, premier livre aux nouvelles éditions du Réveil. « très touchant, plein de sensibilité » dit M-C. De père maghrébin et de mère française, le personnage découvre son homosexualité, cherche à partir mais est aussi attaché à la campagne où il vit.Il se réfère un peu à Edouard Louis mais son écriture est différente.

Un Julio Llamazares : P U N° 224

Mis en avant

La pluie jaune 
de l’espagnol Julio Llamazares aux éditions Verdier, si « grande-petite » maison,
est la Pièce Unique N°224.
Ce roman est paru en 1985 à Barcelone, a été traduit par Michèle Planel en 1988 et est reparu en poche chez le même éditeur en 2024.
Trois autres de ses livres sont dans leur catalogue.
La pluie jaune raconte la fin d’un village de montagne. Il s’est vidé au fil des années, par morts et départs à la guerre ou vers la ville.
Un homme reste, d’abord avec sa femme et sa chienne, puis seul avec l’animal. En fait, non, pas seul puisque de nombreux fantômes sont là aussi. De sa famille, et d’autres maisons vides. Il en a parfois peur, parfois pas.
Le temps – dans les deux sens du mot – l’accompagne :
(P 35) : « Dans la rue, le brouillard s’accrochait aux murs et l’humidité glacée du givre rendait invisible toute empreinte récente. Un silence immense occupait le village entier, il introduisait sa grande langue sale dans la pénombre des maisons, fourrageant dans la rouille de l’oubli et la poussière accumulée par les ans. »
(P 61) : « …un sombre murmure commença à envelopper la maison et tout le village (…) C’était la rivière, le mugissement de la neige qui fondait, les flots torrentiels débordant dans les chemins et les ravins qui mènent à Ainielle. »

Quelques Poèmes  Express qui en sont issus :
– La démence d’un oeil efface la certitude et accroche la pénombre.
– Nous nous réunissions et là les mots servaient.
– Elle essayait sa solitude la nuit.
– Et la lune et le vent continueront, la folie viendra.
– Un fantôme efface de sa mémoire le temps, pas les plaies.
– Les hommes m’emmèneront à l’aube, masse tuméfiée.
– Réapparaît la sueur sans soleil, sans raison ardente ou pression.
– Beaucoup de paroles se défaisaient, se mêlaient et pourrissaient.

Ce trois livres en un est offert à Patrice Robin, auteur de 9 livres chez P O L. Il a travaillé au Havre un temps à la MCH et autour du cinéma. J’avais beaucoup aimé Mon histoire avec Robert (2019) dans lequel il évoquait le cinéaste indépendant Robert Kramer.

CINEMA – au Studio, avec les Ancres Noires – un Maigret

Vendredi 28 mars, à 20h30,
La tête d’un homme de Julien Duvivier (1933) avec Harry Baur
est projeté
au Studio
– super cinéma d’art et essai patrimonial du Havre –
en partenariat avec les Ancres noires.
La séance sera présentée par Emmanuel Burdeau,
ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, qui collabore avec la revue littéraire en ligne En attendant Nadeau.

En avant-première, ici, la présentation de  Patrick Grée :

D’un certain classicisme et des cinéphiles.

D’abord : Duvivier, l’autre ! Face à Renoir. La cinéphilie (plus que la critique, et c’est tant mieux… pour la critique) marche comme ça, par grosses alternatives, binaires forcément ! Le cinéphile est binaire, acceptons-le une fois pour toutes. Donc Duvivier, le Poulidor du cinéma français classique. Pour beaucoup et non des moindres : le préféré en fait, le discret, le modeste, le soi-disant simple artisan mais (forcément) le meilleur. La cinéphilie procède aussi par inversions assez systématiques et violentes : c’est toujours “le moins”, celui de l’ombre, qui en fait vaut le plus, mérite les feux du cinéphile éclairé. Ne renaudons pas trop, cela nous a valu de belles (re)découvertes, voire de véritables révélations. Le bât blesse un peu certes quand l’Université s’en mêle et vire encore plus récupératrice de nanars que le cinéphile ébloui de quartier, ceci avec force gloses… universitaires.

Malgré tout en tant que cinéphile je préfère Duvivier, sa noirceur légendaire mais surtout ses “flash”, ses éclairs d’hystérie dans le naturalisme poétique des années trente : la course sur les toits de M. Hire campé par un Michel Simon particulièrement inspiré, la danse tragique d’Aimos, à nouveau sur un toit, dans La Belle Equipe, et toujours dans La Belle Equipe les copains allongés sur le toit (décidément) en plein orage pour protéger leur guinguette. Il faut dire que ces situations perchées permettaient à Duvivier les cadrages de traviole (il les qualifiait lui-même ainsi) qu’il affectionnait particulièrement. Mais c’est aussi le lyrisme réellement adolescent de Marianne de ma jeunesse (revoir d’urgence ce grand Meaulnes bavarois) ou le chien de Gérard Blain qui bouffe littéralement la garce géniale, Danièle Delorme (Viviane Romance n’était pas mal non plus dansPanique) dans Voici le temps des assassins, son meilleur opus années cinquante.

Et puis Harry Baur ! Un des fameux monstres sacrés de cette époque, tout habités qu’ils étaient du complexe de Cyrano :  » l’ai-je bien éructé ? « . Il peut en faire des tonnes le Baur même dans la retenue : ça s’appelle la sobriété m’as-tu vu ! Mais là quand même, chapeau ! La méthode Simenon-Maigret de l’imprégnation n’a jamais été aussi bien montrée : les cercles concentriques dans l’approche du suspect, de son milieu. Saluons au passage les seconds rôles prégnants, ici encore plus qu’ailleurs… et pourtant : relisons les notices du Barrot-Chirat* pour nous convaincre que Rignault et Inkijinoff n’étaient en rien des cas isolés. Même si Baur n’est sans doute pas le Maigret le plus fidèle à l’original, nécessairement plus neutre, plus “ fonctionnaire” comme le rêvait Simenon lui-même. Et là, attention ! : n’accordons pas un crédit définitif aux déclarations du grand romancier, fin stratège, excellent comédien lui-même, interprète émérite de sa propre personne (un peu à la Renoir tiens !), trop habile à se forger une légende, fabuleux vendeur de son œuvre et de ses prolongements, jamais à une contradiction près pour vanter les mérites du film qui fait l’actualité. Un coup le meilleur Maigret c’est Gabin (il en a tout de même tourné trois) et puis une autre fois c’est Pierre Renoir (le frangin). Fidèle ou pas l’interprétation de Baur est la plus marquante ! Baur au destin tragique et mystérieux. Mais là… je vous laisse enquêter.

Patrick Grée, le 21 mars 2025

PS (Patrick scriptum)

*Barrot-Chirat : Le très riche et remarquablement rédigé recueil de portraits d’acteurs français des années 30-40 d’Olivier Barrot et Raymond Chirat )… De préférence dans une de ses dernières mises à jour (Noir et blanc, 250 acteurs du cinéma français 1930-1960, Flammarion 2010).

Un Kéthévane Davrichewy : P. U. N° 223

Mon premier Kéthévane Davrichewy.
Un super nom, hyper exotique, hyper attirant.
Quatre murs est, dans un sens, peu exotique puisque c’est une histoire de famille.
OK, on se retrouve en Grèce à la fin du livre,
mais le sujet est la famille, son intérieur, ses tripes même, son intimité, ses non-dits, son importance, presque excessive, limite anormale.
Il y a eu des morts. Un accident qui change tout. Des relations (trop) fortes. Des secrets.
On assiste aux retrouvailles de quatre frères et soeurs adultes. On suit leurs chemins pour y parvenir… ou non…
Le livre est de 2014, aussi trouvable en 10-18.

Quelques Poèmes Express issus de Quatre murs :
– Il est allé loin. Toujours plus, l’attrait du vide. De longues heures.
– Mon corps cherche l’immensité de la solitude, son terme.
– Ne pas regarder, ne pas admirer. Allumer les flammes.
– Je sais. Rien à dire. Pas les mots, pas maintenant.
– Il s’était précipité dans la mer, tenté de, au fond, dormir.
– Qu’on lui foute la paix était le besoin, toutes ces années.

La Pièce Unique N° 223 est offerte à Philippe Georjon qui nous a si bien accueillies, Julia Deck et moi, en novembre à la médiathèque Tarentaize de Saint Etienne.

Un vin, des livres – mars 2025 – 1)

  • Mascarade de Robert Coover (1932-2024), traduit par Stéphane Vanderhaeghe, éditions Quidam, 2025 :
    un roof-top luxueux, une party monstre, un ascenseur qui monte mais ne descend pas, des tas de gens.
    Ce que je préfère : la fin, extraordinaire !
    Déjà, en 1988, paraissait Gerald reçoit de Robert Coover, aux éditions du Seuil  : comme Mascarade, le roman entier était le récit d’une soirée avec beuverie, sexe, chahut. Unité de lieu et de temps.
    Mascarade a un côté surréaliste : la bonne soeur, les corps, la mort.
    L’intérêt du texte est dans sa construction : sans paragraphes, sans ponctuation, sans crier gare, un flot de paroles et des changements de locuteur fréquents mais presque invisibles à un lecteur distrait.
  • Le créateur de poupées de Nina Allan, traduction de Bernard Sigaud, 2021 chez Tristram, comme les autres romans traduits en français de cette auteure : La course, La fracture, Conquest.
    Dans tous les livres de Nina Allan, on est dans la vie « normale », et tout à coup, un peu, pas beaucoup, on glisse dans le fantastique.
    Ici, le narrateur, personnage principal, est un nain, collectionneur puis créateur de poupées. Il a une relation épistolaire avec une jeune femme, elle aussi collectionneuse et veut la rejoindre. Voyage dans une Angleterre rurale.
    Entre les moments où il raconte sa vie et son périple, sont reproduits dans leur intégralité les textes d’une écrivaine, Ewa Chaplin.
    S’il s’agit d’une écrivaine fictive, on a pourtant des éléments de réel : sa biographie, ses nouvelles.
  • Neiges intérieures d’Anne-Sophie Subilia, éditions Zoé, 2022 : comme dans L’épouse, on est dans un lieu assez clos, un bateau de petite taille sur lequel cohabitent pour un travail de recherche dont on ne saura pas grand-chose six personnes – deux femmes, quatre hommes – qui ne se connaissaient pas auparavant. Ils descendent quelques fois à terre, dans une zone arctique.
    Nous lisons le journal d’une des passagères qui a ses failles, et qui conte la promiscuité, les alliances, les idées préconçues, les relations homme/femme.

Le prochain Un vin, des livres, est prévue le jeudI 3 avril à L’ART HOTEL

Et, avant, bientôt… les autres livres dont il a été question

Solène Langlais au Tetris – Le Havre

Samedi 1er mars,
après un atelier d’écriture et de mise en voix avec l’écrivaine Shane Haddad ( 2 livres parus chez P O L ), et organisé par deux jeunes femmes en service civique au Tetris,
avait lieu une performance de Solène Langlais.
C’était le vernissage et beaucoup d’anciens élèves de l’ESADHaR et du master de création littéraire étaient là.
Solène Langlais est graphiste ; elle a dessiné le logo de Ouest-Track Radio.
Elle a passé son diplôme en 2019 avec un travail sur la famille parfaite, « le mode de vie hétéro-normal ». La pièce Family relaxing on sofa se présentait ainsi : 2000 pages sur un socle et proposait « d’épuiser cette image normale de manière collective. Chaque visiteur.euse est invité.e à se saisir d’une feuille, faisant ainsi diminuer le stock et décomposant la famille jusqu’à sa disparition. »

Ringside seat, visible au Tetris au Havre jusqu’au 29 mars 2025, est la première exposition personnelle de Solène Langlais. Le sujet, servi par deux vidéos – un cut-up à partir de treize films parlant de boxe et une sorte de chorégraphie qui « reprend les codes du shadow boxing »-, des objets, et des textes, est la boxe que la jeune femme pratique en amateure.

La performance consistait en la présentation et l’installation dans l’espace de textes brefs par Solène Langlais marchant posément, voire lentement, en talons hauts argentés, court short rouge et petit haut blanc. Ces textes sur « dix panneaux recto-verso reprenant des répliques de films de boxe. Initialement adressées aux boxeurs, elles prennent un double sens sorties de l’écran. A travers cette oeuvre, elle interroge le Male Gaze. »
Cette performance : pour moi,
un moment d’audace par le temps long recherché, le rythme lent voulu, dans un monde où si cela ne va pas vite, c’est mort, vu notre faible capacité de concentration et/ou notre envie de toujours plus vite passer à autre chose.
Mais ce n’est pas que ça :c’est aussi la place des corps, de la femme et de l’homme dans ce sport.
Un moment de courage puisque, même si le public ici était un public de vernissage, constitué presque uniquement de créateurs ou assimilés, de copains, ils et elles ont vite parlé, bu un pot, mangé un morceau pendant ce temps…

Une belle pièce, pleine de sens. A ne pas survoler, à voir, à lire vraiment. Dans chacun de ses éléments.

Un vin, des livres – février 2025- 3)

Déjà, un oubli dans les textes étrangers :
Les romans historiques de l’Américaine Marie Benedict qui redonnent leur place aux femmes:
Madame Einstein,
La femme qui en savait trop 
sur Hedy Lamarr
L’affaire Mitford

Romans français – presque que de femmes ! – :
– Anatole Bernolu a disparu de Pauline Toulet, éditions Le Dilettante. Un premier livre : un jeune fait un travail d’anthropologie sur les marabouts à Paris, écrit sur Levi-Strauss, possible assassin de ses collègues. Par ailleurs, « Perecien », il ne prend et ne descend que dans les stations de métro sans E…
On l’a compris : loufoque et sympathique.
– Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette, 2024, chez J.C. Lattès. Prix Goncourt des Lycéens 2024. « très bien écrit ». dans un petit village paumé, dans un temps indéfini mais qui pourrait être le Moyen-Age, une sorte de conte. Une fille rebelle fait bouger les lignes.
– Frapper l’épopée d’Alice Zeniter, Flammarion 2024. Cela se passe en Nouvelle-Calédonie. Une enseignante revient sur cette île et travaille dans une classe avec des jumeaux kanaks.
– Pietra viva de Leonor de Recondo, 2013 chez Sabine Wespieser, trouvable en Folio. 1500 : Michel Ange quitte Rome pour trouver à Carrare le marbre pour le tombeau du pape Jules II. « Superbe ; j’adore tout ce qu’elle écrit » 
– Il n’y aura pas de sang versé de Maryline Desbiolles, 2023 Sabine Wespieser, trouvable en Livre de poche : la première grève de femmes. A Lyon, deux ans avant la Commune. L’histoire de 4 femmes « ovalistes », une Italienne et trois Françaises d’origine très modestes. « très humain et féministe »
– Les roses fauves de Carole Martinez, Gallimard 2020, et en Folio. Ecrit comme un conte, faisant écho à son premier roman, Le coeur cousu. Trois histoires se mêlent, celle de l’auteure écrivant ce roman, d’une postière en Bretagne, de ce qui s’est passé en Andalousie.
Quand même … deux textes d’hommes :
– La barque de Masao, dernier livre sorti d’Antoine Choplin, éd. La fosse aux ours. Mais TOUT Choplin est de la même délicatesse et donc à lire.
– Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek, éditions Michel Lafon. Son premier non-polar. Sur la guerre en 1939, entre la toute petite Finlande et la très grande URSS, avec Simo, un petit paysan, transformé en sniper, surnommé « la mort blanche » et devenu une légende. Evident parallèle avec l’actualité.

Le Jeudi 6 mars, 18h, prochain Un vin, des livres.

Un vin, des livres – février 2025 -2)

On avait beaucoup lu : il faudra sans doute un 3 ème volet.
En  romans étrangers, on a parlé de :
– Impossibles adieux  de Han Kang, Prix Nobel de littérature 2024, traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou. « Un texte très poétique. Il neige tout le temps. On a des images qui créent des sensations : des pieux noirs dans un paysage de neige, un oiseau. L’histoire de deux femmes. Combien l’histoire habite les générations suivantes. »
– Propre
d’Alia Trabu Eco Zeran, éditions Robert Laffont. Traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet : Une petite bonne se raconte, et, évidemment, ça parle du rapport entre les classes sociales.
– Une vie étincelante d’Irmgard Keun (1905-1982) , traduit par Dominique Autrand, retrouvé par les éditions marseillaises du Typhon, créées en 2018 par les frères Torrès : un roman des années 30 qui parle d’une jeune femme rebelle qui, dans les années 30, à Berlin, veut fuir sa pauvreté. « Le style est moderne, plein d’humour. Cela évoque aussi le désastre qui s’annonce. »
des romans policiers étrangers :
– les Abir Mukherjee : 4 existent en poche, chez Folio. « tous sont bons, Le premier, L’attaque du Calcutta Darjeeling, traduit par Fanchita Gonzalez-Battle, sur le déclin du Raj britannique est super ».
– Les Craig Johnson et son personnage récurrent : Walt Longmire . ou chez Gallmeister ou en 10-18, traduit par Sophie Aslanides. « Ici, Longmire encore adjoint shérif, rentre du Vietnam et se trouve face à des meurtres dans un train qui ne transporte que des shérifs en congrès. »
– Les Peter May, dont  L’île des chasseurs d’oiseaux, paru au Rouergue, trouvable en Babel noir, premier d’une trilogie. Traduit par Jena-René Lastugue.  » un enquêteur arrive sur une petite île au nord de l’Ecosse. Il en est originaire, n’y était pas revenu depuis longtemps. Les paysages, extraordinaires, sont un élément très présent. »
– Le diable dans la ville blanche
d’ Erik Larson, éd du Cherche Midi en 2011, trouvable en Livre de poche, traduit par Hubert Tézénas. Larson, journaliste, évoque Chicago au moment de l’Exposition Universelle, Holmes et le premier serial-killer américain.
Et ça ricoche avec un des essais dont il a été question :
– Abattoirs de Chicago de Jacques Damade aux éditions de la Bibliothèque : l’histoire de ces abattoirs, du train, de la rivalité entre Chicago et Cincinatti. « On apprend beaucoup de choses. »
– Dans la même maison, du même auteur : Du côté du Jardin des Plantes », paru en 2022, l’histoire de la création de ce jardin.
– Les émotions cachées des plantes de Didier van Cauwelaert, J’ai lu, 2020 : « Il y raconte de façon farfelue des choses scientifiques. »
– Le roman des artistes, de Dan Franck, 2024, Grasset : le premier volume de quatre prévus : la vie d’auteurs et de peintres du XIXè siècle. « enthousiasmant ».
– L’histoire de la solitude – de l’ermite à la célibattante, de l’historienne Sabine Melchior-Bonnet, P U F , 2023. Entre autres, sur le deuil, la vieillesse.
– Le voyage avec l’enfant d’André Hirt, aux toutes nouvelles éditions rouennaises Les Grands Détroits : une très belle maquette de Colombe de Dieuleveult. Un récit. L’auteur, philosophe qui écrit aussi sur la musique, est à la recherche de son histoire, dans les Vosges.
– Le barman du Ritz  de Philippe Collin, éd. Albin Michel, 2024 : un barman juif pendant la seconde guerre mondiale, au Ritz où viennent collaborateurs et officiers allemands. « C’est bien, simple à lire. Je m’attendais à quelque chose de plus fouillé, de moins lisse. »

Il y a effectivement besoin d’un 3 ème volet !
Sinon, au jeudi 6 mars !

Un vin, des livres – février 2025 – 1)

Au moment
– enfin presque, il sort début mars –
où la Peuplade publie le deuxième livre de Cristian Fulas, La pire espèce,
on reparle de Iochka, paru en 2022 à La Peuplade,
traduit du roumain par Floria Couriol et Jean-Louis Couriol
et trouvable en 10-18 :
Un livre-conte autour du personnage de Iochka, jusqu’à sa rencontre avec Ilona, sa vie avec elle, et le temps sans elle.
Une très belle écriture. De l’amour et de l’humour. Mais aussi du politique.

Au moment – enfin presque, il est sorti fin 2024 –
où Flammarion a publié La mer intérieure. En quête d’un paysage effacé, de Lucie Taïeb,
on parle de Capitaine Vertu, paru aux éditions de l’Ogre en 2022 et en Pocket en 2023.
Estampillé « Sélection Prix Nouvelles Voix du Polar », acheté dans une station-service, avec l’intention don quichottesque de permettre … par mon achat… qu’on ne trouve pas là que du Coben ou du Bussi…
C’est quand même loin du polar, même du noir.
Quoique, pour le noir, faut voir : il y a du social dans Capitaine Vertu.
Le personnage principal est d’abord policière : on parle de sa façon de travailler, efficace avec les coupables, moins avec les victimes, de sa disparition volontaire, de sa vie d’après, du pourquoi.
Et ce pourquoi, c’est peut-être LA raison d’écrire le livre : le fait de vivre dans un pays où vos parents ne sont pas nés, ce qu’ils en attendent et ce qu’ils attendent de vous, dans ce nouveau pays.

Prisonnière à Téhéran de Fariba Abdelkhah, Le Seuil, 2024 :
un document : cette ethnologue franco-iranienne a été arrêtée en 2019 en allant chercher un ami, sociologue français, à l’aéroport. Lui aussi a été arrêté.
Elle a été libérée en 2023, vit en France, mais rêve de retourner en Iran pour poursuivre son travail sur le religieux.
Elle a voulu faire de ce temps de détention à Evin un temps de travail. Elle décrit les lieux, évoque les prisonnières, la vie selon les services responsables de l’emprisonnement. Elle montre le côté ubuesque de situations et de décisions. Elle alerte sur la dureté plus grande encore pour les prisonnier.es qui ne parlent pas la langue. Une Française est là-bas, aujourd’hui et depuis environ trois ans dans ces conditions, Cécile Kohler.

Je reviens
mais le prochain Un vin des livres est programmé le jeudi 6 mars, 18h, à  l’ Art Hotel