La pluie jaune
de l’espagnol Julio Llamazares aux éditions Verdier, si « grande-petite » maison,
est la Pièce Unique N°224.
Ce roman est paru en 1985 à Barcelone, a été traduit par Michèle Planel en 1988 et est reparu en poche chez le même éditeur en 2024.
Trois autres de ses livres sont dans leur catalogue.
La pluie jaune raconte la fin d’un village de montagne. Il s’est vidé au fil des années, par morts et départs à la guerre ou vers la ville.
Un homme reste, d’abord avec sa femme et sa chienne, puis seul avec l’animal. En fait, non, pas seul puisque de nombreux fantômes sont là aussi. De sa famille, et d’autres maisons vides. Il en a parfois peur, parfois pas.
Le temps – dans les deux sens du mot – l’accompagne :
(P 35) : « Dans la rue, le brouillard s’accrochait aux murs et l’humidité glacée du givre rendait invisible toute empreinte récente. Un silence immense occupait le village entier, il introduisait sa grande langue sale dans la pénombre des maisons, fourrageant dans la rouille de l’oubli et la poussière accumulée par les ans. »
(P 61) : « …un sombre murmure commença à envelopper la maison et tout le village (…) C’était la rivière, le mugissement de la neige qui fondait, les flots torrentiels débordant dans les chemins et les ravins qui mènent à Ainielle. »
Quelques Poèmes Express qui en sont issus :
– La démence d’un oeil efface la certitude et accroche la pénombre.
– Nous nous réunissions et là les mots servaient.
– Elle essayait sa solitude la nuit.
– Et la lune et le vent continueront, la folie viendra.
– Un fantôme efface de sa mémoire le temps, pas les plaies.
– Les hommes m’emmèneront à l’aube, masse tuméfiée.
– Réapparaît la sueur sans soleil, sans raison ardente ou pression.
– Beaucoup de paroles se défaisaient, se mêlaient et pourrissaient.
Ce trois livres en un est offert à Patrice Robin, auteur de 9 livres chez P O L. Il a travaillé au Havre un temps à la MCH et autour du cinéma. J’avais beaucoup aimé Mon histoire avec Robert (2019) dans lequel il évoquait le cinéaste indépendant Robert Kramer.