Finlande et Boréales 2024

–  Message du Festival Les Boréales ce 30 janvier :
« Déjà 9 auteurs finlandais confirmés pour la 32e édition du festival Les Boréales en novembre 2024 !
Sofi Oksanen, Petra Rautiainen, Niillas Holmberg, Pirkko Saisio, Maria Turtschaninoff, Jukka Viikilä, Pajtim Statovci, Satu Ramö et Arttu Tuominen !
Merci au Fili et aux autorités finlandaises pour leur soutien.
Merci aux traducteurs et éditeurs français sans lesquels ces textes ne pourraient rencontrer les lecteurs. »
  • Par ailleurs :
    La Finlande doit élire son président pour 6 ans. Premier tour, le 28 janvier, second tour le 11 février.
    Le président sortant, non rééligible après deux mandats, Sauli Niinistö, a supervisé l’adhésion de son pays à l’OTAN en 2023 pour des raisons de « sécurité » du fait des 1340 km de frontières communes avec la Russie, de la tentative de déstabilisation par un afflux massif de migrants. Les postes frontières sont fermés entre les deux pays, depuis le 30 novembre jusqu’au 11 février au moins.
    Au deuxième tour des élections, Alexander Stubb, ancien premier ministre, du même parti (NCP) que S. Niinistö, se retrouve face à Pekka Haavisto, ancien ministre des affaires étrangères, du Parti Vert.

Les Boréales  programmées du 21 au 30 novembre 2024 seront donc complètement littéraires et politiques, s’inscriront dans le vortex mondial – élections en Finlande, en Russie, aux USA, de l’U E,  guerres et « opérations spéciales »…
Avant même les Boréales, ne manquez pas l’essai de Sofi Oksanen : Deux fois dans le même fleuve – La guerre de Poutine contre les femmes, éditions Stock 2023 !

Francis Nachbar à la Maison de l’avocat

Hier soir, un procureur en retraite présentait son livre au Havre :
Un livre sur l’affaire Fourniret.
Francis Nachbar a travaillé il y a vingt ans sur cette affaire.
Il en est encore empli.
Il a, à l’époque, agi un peu à la marge de sa fonction,
et a pu avoir à en subir les conséquences dans sa carrière.
Il dit avoir pu avancer dans cette affaire
grâce à la police de Belgique,
au fonctionnement de la justice en Belgique.
Son principal combat a été de retrouver les corps des victimes,
de les rendre à leurs familles.
Investi et plein d’empathie,
c’est un homme sans langue de bois,
avec une haute idée de ce que doit être et faire la justice,
qui parlait hier soir à la Maison de l’avocat.

Même si vous n’êtes pas branchés faits divers,
mais que le polar vous intéresse,
allez voir !

Les Vivants -2)

Aux Vivants, on a évoqué :
– Ceux qui appartiennent au jour d‘ Emma Doude Van Troostwijk que plusieurs d’entre nous connaissent puisqu’elle a fait le master de création littéraire du Havre et a proposé des ateliers d’écriture d’une part et des scènes ouvertes, chez Lili, d’autre part. Emma a à peine 24 ans et son premier livre vient de paraître aux éditions de Minuit. Nous sommes dans une famille de pasteurs. Les mots importent et Emma Doude les prend dans ses deux langues, le français et le néerlandais. Certaines expressions sont traduites de l’une à l’autre langue, montrant toute la poésie de chacune. D’autres restent dans leur originalité, blocs de sons, beaux en eux-mêmes.
Elle, comme Emmanuelle Tornero, autre ex-étudiante du master, qui voit sortir son premier roman, Une femme entre dans le champ, chez Zoé (janvier 2024), travaillent par petits paragraphes. Chez Emmanuelle Tornero, il est question d’une femme devenue mère.
Toutes deux, invitées au festival Le goût des autres, hier soir, lisaient des extraits de leurs textes à la médiathèque Oscar Niemeyer. Elles ont par ailleurs déjà eu droit à une belle couverture critique : une émission chez Marie Richeux, sur France Culture, un article dans Le Monde, dans Télérama, dans En attendant Nadeau….
Mais il n’y a pas que les livres tout juste sortis :
des rééditions viennent redonner vie à des auteurs injustement oubliés : Bernard Clavel : L’Espagnol. Sorti en 1959, Albin Michel le fait reparaître. Pendant la 2nde guerre mondiale, un Espagnol arrive dans le Jura. « Un très beau personnage, de très belles descriptions de la terre, des paysages » dit V.
Et puis d’autres :
– La comtesse de Ricotta de Milena Agus, éditions Liana Levi, traduit par Françoise Brun. Nous sommes à Cagliari où vivent trois soeurs. Leur famille a été riche, ce n’est plus le cas. Elles vivent bien dans un palazzo, mais délabré. Elles sont très différentes. Le livre est léger, les personnages pleins de fantaisie.
– Les trois lumières de Claire Keegan, traduit en 2011 par Jacqueline Odin pour Sabine Wespieser. M.H l’a lu en anglais Son titre est alors Foster. « De belles descriptions de la nature. Frais, doux. »
– Corps et âmes de Frank Conroy, chez Gallimard puis en Folio, traduction de Nadia Akrouf. Le personnage EST la musique.

En essais, il a été question de trois ouvrages que l’on peut lire comme des dictionnaires, par articles, au gré de ses envies :
–  Courir, méditations physiques du philosophe Guillaume Le Blanc, en collection Champ Flammarion, 2012.
– Sur les routes du jazz d’André Manoukian, Harper Collins poche 2023 : on peut y apprendre par exemple le lien entre le quadrille et le jazz.
– Mères-filles une relation à trois de Catherine Eliatcheff et Nathalie Heinich, en livre de poche ( 2003 ) : un essai sociologique en sept parties qui prend ses exemples dans le cinéma et la littérature.
Enfin, Les ingénieurs du chaos de Giuliano da Empoli, trouvable en Folio. Une analyse de la politique et Internet. Comment elle est fagocitée par les trolls, les réseaux sociaux, comment on se sert des ressentiments.

L’un d’entre nous a, à la suite de cela, parlé de la situation actuelle dans l’Argentine de Milei où les deux ministères, de la culture et de la femme, ont disparu.
Une autre a mis cela en parallèle avec l’essai de Sofi Oksanen, super documenté et effrayant, éditions Stock 2023. Mais on y reviendra sans doute ; ce livre est trop important.

Prochaine réunion à Les Vivants prévue le jeudi 22 février à 18 h

Les Vivants – 1)

Nous étions à Les Vivants, un joli endroit, 64 rue Paul Doumer au Havre, pour la première fois hier, et c’était très très sympathique !

Sébastien nous a présenté la philosophie du lieu :
Les Vivants, c’est une librairie, une cave et un bar à vins, et c’est ouvert depuis mi-septembre 2023.
– Le côté livres est spécialisé dans
des essais sur l’écologie au sens large, la question sociale, le féminisme (NON, ce n’est pas un gros mot). et
en fiction , la littérature européenne, nordique, israélienne avec de très bonnes maisons d’édition indépendante moins médiatisées mais tout aussi intéressantes. Exemple : Le Typhon, installées à Marseille, hyper travaillées autant au niveau de la qualité des textes que de leur esthétique.
– la cave à vins : des vins naturels, des vins en bio-dynamie avec des vignerons qui travaillent souvent aussi d’autres produits que la vigne, avec des méthodes ancestrales, très peu de sulfites ajoutés.

Pour cette première fois d’Un vin, des livres dans son lieu, Sébastien nous a proposé des vins de Gaillac, dans le Tarn. En blanc, un cépage mauzac, très fruité, et léger. En rouge, un vin tout aussi léger (12°) et très travaillé dans le fruit. Ils étaient accompagnés de produits venant de deux magasins de la même rue : l’épicerie italienne et le fromager.

On vous parle des livres évoqués dans un prochain post.

un retour sympathique

Merci à Caroline qui a posté sur les réseaux !

Pour ceux qui ne connaissent pas : les bâtons de Cadéré… Cherchez le lien et vous trouverez !

 

 

Un Ramon Sender : Pièce Unique N° 193

Requiem pour un paysan espagnol  de l’écrivain aragonais Ramon Sender (1901-1982) date de la fin des années 30.  Il y est question de la guerre civile espagnole qui enleva à Sender sa femme et un frère et le fit s’exiler aux USA.
Il ne revint, ponctuellement, en Espagne qu’à partir de 1974, à la condition que ce livre y soit publié.

La guerre civile, oui, mais évoquée à travers la pensée d’un curé, Mosen Millan, un an après la mort d’un de ses paroissiens. La guerre au coeur d’un village avec, pour protagonistes, ce curé, les propriétaires terriens, des jeunes gens qui arrivent d’ailleurs et Paco qui veut agir sur des inégalités, des injustices ancestrales.
Une histoire toute simple, une écriture incroyablement douce et efficace. Douce, parce que tout est dans l’implicite. Sender nous laisse juges…

Quelques « Poèmes Express » qui en sont issus :
– Les parents sont diaboliques et les enfants pas bien non plus.
– Je suis le père de mon fils. C’est bien qu’il rêve, dit la grand-mère.
– Le suivant souvent manquait. Ces jours-là on avait accès au mystère.
– Il commençait à faire nuit. Une femme baissait la tête, tendait la poitrine.
– La dernière fois qu’il se mit à parler d’été, il exagéra.
– Ils firent des discours bras levé et main tendue ; la nuit, silence apeuré.
– Etre étonné par la minceur de l’âme du prêtre.

Et c’est offert à Arno Bertina pour son indignation, dans un certain sens, la même que celle que porte ce livre.

 

Le musée des redditions sans condition – Dubravka Ugresic

Dubravka Ugresic (1949-2023),
écrivaine croate a passé
30 ans de sa vie en exil : de 1993 à sa mort.
Elle l’évoque dans Le musée des redditions sans condition, un livre de 1997 : P 192 : « l’exil, ou du moins la forme que j’en ai connue, le vivant jusqu’à l’épuisement, »
P. 233 : « j’avais moi-même miné ma demeure. Il m’avait échappé que la guerre et la dictature sont soeurs, ce que le vieux Remarque savait. Oui, j’avais écrit quelque chose qu’il ne fallait pas (…) davantage parce que j’étais incapable de m’adapter au mensonge ambiant que parce que j’avais envie de devenir un héros. »

Ce livre est constitué d’un ensemble de textes : sur la photo et l’autobiographie, sur des artistes reconnus (comme Ilia Kabakov) ou pas du tout, comme le traducteur fou de Shakespeare Ivan Dorogatsev, sur des résidences partagées avec plus ou moins de bonheur, sur des gens rencontrés, sur sa mère, sur la première fois à New York : P 58 : « …Je ne ressentais rien en arpentant ses rues. (…) Puis je suis montée dans un taxi (où la radio jouait très fort) et le pare-brise m’est apparu comme une sorte d’écran. Je suis restée sans souffle (…) magie de cette espèce de séance de cinéma que m’offrait le taxi (…) j’ai reconnu la ville. ».
Sur l’écriture de qualité…, P. 63 : avec beaucoup d’humour, à partir de l’exercice scolaire de la « rédaction libre » qui « pour des raisons inconnues, commençait très souvent par l’évocation de la pluie (…) et se terminait par un vrai déluge. (…) Ces rédactions détrempées ont marqué de leur sceau aqueux la perception esthétique de la plupart des lecteurs. Ce sceau a été apposé au début de leur scolarité par quelque institutrice romantique et les élèves ont ensuite quitté l’école avec un goût littéraire élaboré, en sachant indéniablement ce qui est beau, puisque les bonnes notes l’avaient confirmé. Certains d’entre eux sont eux-mêmes devenus instituteurs, et ils ont à leur tour apposé le sceau aqueux sur leurs élèves, dont certains sont devenus instituteurs »… 

Un Jakuta Alikavazovic : P U N° 195

Dans la collection « Nuit au musée » des éditions Stock : Comme un ciel en nous de Jakuta Alikavazovic : sa nuit au Louvre, près de la Vénus de Milo où, un jour, enfant, son père l’avait oubliée.
Joli livre, prix Médicis essai 2021 :
sur l’art (elle aime le Land Art, Walter de Maria et son champ de paratonnerres)
mais surtout sur son père,
et sur le fait d’être étranger : P 59 : du « juré de prix littéraire qui m’a chuchoté un soir J’ai beaucoup beaucoup aimé votre livre, mais je n’ai pas voté pour lui. J’aurais eu trop peur d’avoir à prononcer votre nom. » à, P. 95 : « En raison de mon nom, quand je disais enfant, que mon père aimait peindre, il est arrivé qu’on le prenne, tout naturellement, pour un peintre en bâtiment ; et moi j’étais la fille du peintre en bâtiment, une petite d’une vivacité et d’une intelligence incroyables étant donné les circonstances »...en passant par,  P 105 : « on ne me fera pas croire qu’en arrivant sans un sou en poche, sans relations, sans même parler la langue du pays, on ne se cogne pas. Je pense qu’au contraire, on se cogne sans cesse. Aux mots qui résistent, aux institutions qui résistent, aux regards des autres, ceux qui se savent chez eux et n’ont même pas à y penser. »

Quelques Poèmes Express qui en sont issus :
– Il me faudra des années pour apprendre à être étranger.
– Attirer l’oeil du pharaon : faire une pyramide.
– Je cours, je sème un lion : qui peut en dire autant ?
– Je me suis retranchée dans les amours et les alcools compliqués.
– La raison pour laquelle je suis dans une salle d’attente ? Y chercher la trace d’une   phrase.
– Sortis de l’obscurité des crânes : des souvenirs : ce qui reste : la poussière.

Offert à V R qui me parlait de mes Pièces Uniques et se demandait comment cela se faisait .

Un Alfred Döblin : Pièce Unique n° 194

L’empoisonnement (1922)
d’Alfred Döblin ( 1878-1957 )
m’a permis de savoir que Döblin, en plus d’être écrivain, était psychiatre.
Actes Sud l’avait publié en 1988, traduit par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize. Très court texte d’un auteur connu principalement pour Berlin Alexanderplatz paru en Allemagne en 1929.

L’empoisonnement  est inspiré d’un véritable procès qui fit sensation. Alfred Döblin est peut-être un des premiers écrivains à la Emmanuel Carrère : écrivain qui rend compte de faits divers qui deviennent des faits de société.
En l’occurence, une femme violentée par son mari l’a tué. Elle avait tenté de le quitter, avait été ramenée par son père au domicile conjugal, avait encore voulu divorcer mais était revenue en arrière.
Donc, cas de violence faite aux femmes mais,
et c’est là le vrai sujet,
accompagné d’amours homosexuelles.
Culpabilité double. Scandale.
Elli Link est attirée par une autre femme avec qui elle échange de nombreuses lettres et qu’on considère comme également coupable.
Le moment du procès est particulièrement « intéressant » : les « experts » et leur langage ampoulé se succèdent. Porteurs de morale ou de « savoir » : P 86 : « L’expert H., le médecin et spécialiste le plus compétent dans le domaine de l’amour homosexuel » (…) « Selon lui, l’inversion sexuelle des pulsions ne résultait pas d’une volonté criminelle, mais d’un malencontreux mélange de chromosomes »…

Quelques Poèmes Express qui viennent de L’empoisonnement :
– Il faudrait s’empêcher. Il y a un attrait singulier à se retenir.
– Aucune des deux femmes n’était en état de tuer.
– Il m’arrache la tête : avec un peu de gentillesse tu obtiendrais de meilleurs résultats.
– A la fin d’une époque effroyable, un homme droit tend à des excès.
– On vivait de faibles passions, on pouvait en se mariant.

L’empoisonnement revisité est offert à Fanette Arnaud, modératrice de rencontres littéraires (Grenoble, Manosque…) !

Arrière toutes !

Total renversement de la vapeur.
Voilà un post où il n’est plus du tout question de féminisme, de la place des femmes problématique dans notre monde.
Mais……………………………………. de restes de romantisme, de rêve « girly », d’image toute rose de la vie amoureuse, de la relation idéale Homme/Femme ……………………………………………..

Je m’explique et rougis – si si ! – :
quand j’étais jeune,  » I was in love with him »,
alors… qu’il était déjà mort depuis un bon bout de temps.  :
Gary Cooper : beau, racé, calme, protecteur, intègre … Le contraire d’un bourrin, d’un masculiniste.

Sur lui, aux éditions Capricci, sort un livre, trouvable en librairie le 19 janvier