Pirouésie 2021, c’était la 15ème édition mais c’étaient aussi les 60 ans de l’Oulipo : ça se fête. Et à Pirouésie, quand on fête quelque chose, on ne rigole pas !
SIX OULIPIENS étaient présents : Paul Fournel, Eduardo Berti, Jacques Jouet, Olivier Salon, Daniel Levin Becker, Etienne Lécroart.
Et on s’est rendus le 5 août à la ferme La Prioudière pour des ateliers. Vaches, paille, Oulipiens ci-dessus nommés et nombreux Oulipophiles étaient rassemblés. Certes, il faisait froid et humide mais on l’a vite oublié.
Déjà allée dans des ateliers avec E. Berti, J. Jouet et O. Salon, j’ai eu la chance de pouvoir participer à celui de Paul Fournel qui nous a proposé un « Exercices de style« .
Voilà le texte souche de l’un d’entre nous, choisi démocratiquement :
« A marée haute, une dame âgée de 73 ans alla se baigner dans la Manche. L’eau était fraîche mais bonne. Elle y resta 45 minutes puis elle en sortit pour se sécher. Elle constata alors qu’elle avait perdu une bague à laquelle elle tenait. L’eau froide avait rétréci le diamètre de son annulaire. »
Nous avons tous décidé d’ une manière de le réécrire : bègue, livres Arlequin, épistolaire, point de vue du bulot, policier, à la Fénéon, commentaire sportif, enfantin etc… Et on a beaucoup ri.
voilà les miens, (juste pour vous rendre compte) :
1) onomatopéique (ou clownesque) :
« Ouah ! La dame. Glouglou. Elle rentre dans l’eau. Glagla. Plouf la bague! Ouin la dame! »
2) mélodramatique :
« Par une matinée morose de brouillard et de bruine, une femme déjà fort triste, perclue d’arthrose et rhumatismes, se glisse dans les eaux froides, sombres et alguées. Elle nage, d’abord heureuse puis douloureuse. Glacée terriblement, elle se laisse flotter et réagit in extremis. Une crampe atroce l’a prise. Elle a failli couler.
Enfin, elle arrive au bord et, chancelante, sort de l’onde. Elle se sèche en tremblant et c’est alors qu’elle s’aperçoit de l’épouvantable fait : sa bague, ce symbole de leur défunt mais toujours important amour, a disparu dans les profondeurs insondables. »

L’auteur d’Exercices de style,
Raymond Queneau en 1976.
OULIPO, OULIPO quand tu nous tiens !
Une lettre au courrier, une écriture de médecin… Michel Simonot parle de son ressenti sur sa Pièce Unique. Et c’est super gentil ! :
Tout bouge autour de moi raconte la catastrophe mais évoque aussi l’histoire de l’île, la manière dont elle est vue dans le monde. Première à revendiquer son indépendance, on lui en veut et on ne retient d’elle que son image de misère et de violence : p. 78 : « Il n’y a pas un seul film sur la plus grande guerre coloniale de tous les temps, celle qui a permis à des esclaves de devenir des citoyens par leur seule volonté. » (…) « Je vois poindre un nouveau label qui s’apprête à nous enterrer complètement : Haïti est un pays maudit. »
Partir léger, un an de chroniques dans Libération, paru chez Actes sud en 2020 est la Pièce Unique N° 131. Pas un roman, donc mais de courts textes en lien avec le voyage. Interviewé sur France Inter, Pierre Ducrozet disait : « Voyager, c’est apprendre que l’on n’est rien du tout. » Il doit avoir besoin de le ré-apprendre assez souvent puisque il en est à plusieurs « tours du monde ». Dans celui-ci, il dit la vie du corps sur l’ Anapurna comme dans Kao San Road à Bangkok, nous fait côtoyer Henri Michaud et Nicolas Bouvier, dit son admiration de Patrick Deville. Il parle aussi d’écologie, de politique et un peu de la pandémie puisqu’elle a arrêté son périple au Japon.


