Polar à la plage 2024 : de grands moments

Jorn Lier Horst au centre de la photo : star norvégienne du polar, ancien flic, était avec nous pour le week-end après deux interventions dans la semaine auprès de classes. Il écrit en effet également des livres pour enfants ( éditions Rageot ). Les élèves, lui, et les enseignantes étaient TRES contents de ces échanges.

Michèle Pédinielli et Joseph Incardona (de dos sur la photo) ont passé un moment avec moi dans le bus pour échanger sur l’humour dans le polar. On y reviendra mais, déjà, sachez qu’on a ri.

Le même Joseph Incardona a reçu le prix des Ancres noires pour Les corps solides  paru en 2022 chez Finitude et trouvable maintenant aussi en poche. Un roman noir très sensible. Un suspens tendu jusqu’au bout.

Eric Fouassier a reçu le prix des Robes noires pour un des tomes de Le bureau des affaires occultes  paru chez Albin Michel.

Patrick Grée avec Véronique Guérin, dans le bus, ont évoqué les genres du polar. On y reviendra. C’était super : concis mais/et éclairant.

A très vite.

Polar à la plage 2024 – suite :

Au Muma, à 15h30 :
un court-métrage : Pull, de J. Desaubry et M. Obione
et
un long-métrage de C. Bron et Joseph Incardona

Polar à la plage – 21ème !

Du 12 au 16 juin, on retrouve le « Polar à la plage », des auteurs, des signatures sur la plage, une lecture musicale au Bistro (et non aux Vivants, ceux-ci ayant malheureusement fermé), des films au Muma, des conférences dans le bus.

Première rencontre : à la médiathèque Niemeyer, demain, pour un « tribunal des flagrants des livres ». Des avocats défendent les livres de la sélection. Rappelons que, cette année, comme l’an dernier, il y a deux prix : le prix des Ancres Noires et le prix des Robes Noires décerné par un jury de professionnels de la justice.
Allez, un scoop ! : en 2023, les Ancres et les Robes étaient d’accord sur LE prix : Hugues Pagan, unanimement, avait été choisi par les deux jurys. Cette année, ce sont deux auteurs  différents.

Un vin, des livres – juin 2024 – 1)

Nous étions dans un nouveau lieu.
Peut-être nous y retrouverons-nous une autre fois, peut-être pas : c’était bien mais un peu plein de monde donc bruyant. On perd aussi, depuis quelque temps, le côté « vin » : OK, on en boit mais personne ne nous en parle…

Ce n’était ni le thème du jour ni de ces lectures mais voilà trois livres qui parlent plus ou moins de guerre…
– Sarajevo Blues de Semezdin Mehmedinovic, traduit du bosnien par Chloé Billon, éditions Le Bruit du Monde, 2024. Ce texte était paru initialement en 1995 mais jamais en France. C’est une sorte de journal de guerre, constitué de poèmes en prose ou de courts articles et cela rend compte du siège de Sarajevo. L’auteur, né en 1960, journaliste, écrivain, n’est parti aux Etats-Unis qu’ensuite, en 1996 et n’est revenu en Bosnie qu’en 2020. Bernard-Henri Lévy y apparaît, moqué, Radovan Karadzic  se voit consacrer dix pages qui le montrent poète raté, à rapprocher de Hitler recalé de la peinture. On VOIT la ville abimée. Mehmedinovic diagnostique : « Nous vivons dans une région malade de son excédent d’Histoire. » Et cela se vérifie encore aujourd’hui.
La zone verte d’Eugène Dabit (1898-1936), paru chez Gallimard en 1935, réédité par L’Echappée en 2023. On connaît surtout de cet auteur Hôtel du Nord… le film de Marcel Carné, avec Jouvet et Arletty, à partir de son livre du même nom. Dabit qui a reçu, en 1931, le prix du roman populiste, parle des pauvres gens. Ici, un homme sort de Paris à pied, la veille du 1er mai, pour aller cueillir du muguet qu’il vendra au retour. Il se retrouve dans la grande banlieue et y reste un temps. Il est partagé entre une idéalisation de la campagne et ce qui s’y vit. D’autres ne rêvent que de Paris. Il est question de chômage, de droit des ouvriers, de place des femmes, de guerre qui pointe son nez. P 200 : » Si la campagne est restée forte, silencieuse, immuable dans son aspect, comment ne pas songer avec une angoisse plus pressante que les hommes ont changé, eux… que les ambitions et les folies de quelques uns sont devenues plus menaçantes, que les foules sont plus près de la guerre et de la mort, souffrent encore davantage de la faim, du froid – l’hiver a été rude. »
– Retour de barbarie de Raymond Guérin (1905-1955) , éditions Finitude, 2022. Comme Dabit, Guérin est passé par plusieurs métiers avant d’écrire. Comme lui aussi, il a été publié chez Gallimard. Ce Retour de barbarie raconte la fin en 1944 de sa captivité – qui a duré plus de trois ans en Allemagne – et le retour en France occupée, d’abord à Paris où il retrouve son éditeur, Gallimard, Arland, et rencontre, entre autres, Camus, Queneau, puis dans la zone sud. Journal littéraire et, plus largement, de l’état du pays : le marché noir, les spectacles, les résistants de la dernière heure, les procès de collaborateurs…
La personne Raymond Guérin est un mélange étonnant de vanité et de complexe d’infériorité mais son texte a une vraie valeur littéraire et historique.

La suite, bientôt.

 

Un Leslie Kaplan : P U N° 204

Le psychanalyste,
édité chez P O L en 1999,
paru ensuite en Folio
=
Pièce Unique N°204

Leslie Kaplan, née en 1943, vient de sortir son 23ème livre : L’assassin du dimanche, chez P O L .
On y retrouve des prénoms de personnages vivant dans Le psychanalyste : Louise, Eva. On y retrouve Kafka qui « dit qu’écrire, c’est sauter en dehors de la rangée des assassins (…) c’est mettre une distance avec ce monde habituel, la distance d’un saut. »

…et   » il y a aussi ses assassins à soi, intérieurs » disait Leslie Kaplan dans l’émission Affaires Culturelles en 2022.
Et forcément, dans Le psychanalyste, ce sont eux les plus importants, les « assassins intérieurs ».
Des chapitres se passent dans le cabinet du psy Simon Scop, lors de séances. On entend Louise, Eva, Edouard et d’autres. Simon Scop lance quelques  « Oui ? » après certaines phrases, au coeur de certains silences.
Dans d’autres chapitres, nous sommes dans des moments de vie des patients, ou de Simon Scop

Quelques Poèmes Express qui en sont issus
(il y en a beaucoup, le Folio fait un peu plus de 600 pages…) :
Le conférencier saute dans les mots et c’est comme s’il avait fait cela à son insu.
– Dresser une liste de tes cauchemars et te détester. C’est pas rentable.
– Un kangourou dormait. Quelques hommes discutaient sport. C’était à la fois très ordinaire et pas du tout normal.
– Le monde était petite maison pleine de poussière et gros silences.
– Freud aimait Freud, c’est sûr, cet homme si vieux et enfoncé dans l’analyse.
– Plus rien n’existait sauf les grandes grilles : grille et grande.
– Un jeune catatonique s’absente, me laisse et s’enferme dans sa peau.
– Atelier de théâtre : petite moustache, petit ventre se met à gueuler comme un gros bébé.
– Dans les flaques de bière et saleté de sentiments, tout se mélangeait.
– Transgressif, l’esprit-bretelles. Transgressif, le pas sexy.
– Un clochard, cinq montres au poignet, avait abandonné le temps.
– Je n’ai que ça dans la tête, mes pieds. Je suis bête comme mes pieds.
– On ne peut pas guérir du truc. Ou c’est la fin du truc.
– Il a répété le nom de l’auteur qui était descendu de ma bouche.
– La vie avait pris le métro; elle fixait les rails.

Les Vivants : mai 2024 – 3)

Et des livres français :
– Alain Damasio : Vallée du silicium, Villa Albertine-Le Seuil, 2024, écrit à la suite d’une résidence à la Villa Albertine : sept essais, sept regards différents sur l’I A et une nouvelle de S F  dans laquelle il condense ce qu’il déplore dans ces essais. Damasio « qui se sait Gaulois » est allé à San Francisco, dans la Silicon Valley, à la rencontre des développeurs, des cadres chez les GAFA,  avec un a priori politique et économique. » iI a quelques moments d’optimisme mais le modèle économique et la gouvernance qui est derrière font que non, ça ne va pas. »
« Ses fictions ont pour thème la résistance. Il travaille vraiment la langue et,
 chez lui, on trouve science, fiction et une bonne dose de philosophie. » dit S.
– Jean-Paul Dubois : L’origine des larmes , éditions L’Olivier 2024 : dans la série des pères toxiques. Entre comédie burlesque et drame. Et de lui aussi, vous avez cité : Vous plaisantez mr Tanner ou encore L’Amérique m’inquiète.
Virginie Linhart : Une sale affaire chez Flammarion. Sur la place des enfants dans les familles de soixante huitards connus. Elle a travaillé sur son père puis sur sa mère, ce qui  a donné lieu à un procès.
– Louis Vendel : Solal ou la chute des corps, Le Seuil. Autobiographique. Il s’en veut de ne pas avoir aidé son ami bipolaire. Comme chez S. Tesson, une chute a lieu puis un voyage, en marchant.
– Akira Mizubayashi, Suite inoubliable chez Gallimard. Musique, virtuosité et amour sous les bombes dans le Japon de 1945.
– Pour réhabiliter les autrices du matrimoine, la collection Les Plumées, aux éditions Talents hauts, dont : Lucie Delarue-Mardrus  Ex-voto, roman du début du XXème siècle repris en 2023. Honfleur, une jeune fille dans un milieu pauvre. Dialogues en normand.
– Philippe Mouche : Bons baisers d’Europe, éditions Gaïa, 2023. Un migrant, Fergus Bond, va apprendre les 24 langues de l’U E et être nommé ambassadeur du multilinguisme. De l’humour, un prétexte pour parler de l’Europe.

Au 30 mai !

Les Vivants : mai 2024 – 2)

C’était notre dernière fois aux Vivants
et on est tristes, même si on sait que Sébastien va continuer, autrement.
Nous essaierons Aub’art le jeudi 30 mai, à 18h.-

Vous aviez beaucoup lu :
en textes étrangers :
–  Mon sous-marin jaune de J.K.Stefansson, traduit par Eric Boury, chez Bourgois : « si imaginatif et poétique », « Fantaisie et mélancolie » : assez autobiographique : la perte de la mère, l’incommunicabilité avec le père. La religion violente. L’Islande d’autrefois, encore repliée sur elle-même.Et puis le dialogue avec Paul McCartney, la rencontre avec les livres qui entraînent la résurrection.
– Le fils du père
de Victor des Arbol, Actes Sud, traduit par Claude Bleton et Emilie Fernandez : L’Espagne : trois générations d’hommes maudits, des années 30 à nos jours. En lien avec la guerre civile, puis avec ceux qui sont allés combattre en URSS aux côtés des Allemands. Des personnages abimés, cassés et donc violents avec leur femme, leurs fils qui, eux-mêmes….
– Peter May : Tempête sur Kinlochleven, éditions du Rouergue, traduit par Ariane Bataille : un polar classique dans une Ecosse très froide, sur fond de changement climatique. Ce qu’il annonce comme son dernier livre.
– Mary Lynn Bracht : Filles de la mer : un premier roman, traduit par Sarah Tardy, trouvable en Pocket : la Corée de 1943 et les » femmes de réconfort« .
– Higashino Keigo : Un café maison, Babel. Polar de 2010 qui reçut au Japon le prix Naoki.
– Viola Ardone : Le choix, 2022, traduit par Laura Brignon, chez Albin Michel : un petit village dans la Sicile des années 60.
– Bernard Schlink : La petite fille, éditions Gallimard 2023, traduit par Bernard Lortholary : dans l’ex-Allemagne de l’Est, la troisième génération.
– R.L. Stevenson : Voyage avec un âne dans les Cévennes paru pour la première fois en 1879. En GF, traduit par Léon Bocquet.
Colum McCann Diane Foley : American mother chez Belfond, traduit par Diane Foley : cette mère de journaliste décapité par Daech, très croyante, a voulu rencontrer l’assassin. Elle lui donne son pardon. L’auteur accompagne cette rencontre.
McCann était au Goût des autres 2024.
Les textes français : une 3ème partie à venir, bientôt …

Vous avez dit groupie ?

Oui : groupie littéraire.
Et la semaine dernière, groupie comblée :
un soir avec Florian, un des deux créateurs des éditions du Typhon, au Havre, grâce à Sébastien qui, s’il ferme les Vivants, n’arrête pas d’être libraire.

La maison d’édition le Typhon est installée depuis 2018 à Marseille. Pas la porte à côté, mais elle reviendra en Normandie, dans le cadre d’une résidence d’éditeur à Hérouville St Clair, avec, en octobre 2024, une exposition du travail de l’illustrateur Tristan Bonnemain pour le livre Dans la nuit d’E T A Hoffmann.

Au catalogue de ces éditions, on trouve
– des auteurs connus et oubliés, « écrivains du passé qui parlent au présent » : comme les Allemands Ernst Wiechert (1887-1980), Wolfgang Koeppen, la Néerlandaise Dola de Jong (1911-2003) ou André Masson (1921-1988). En nouveauté : Tout est jazz de Lili Grün sur le Berlin des années 20
– des écrivains contemporains : dont Scott Smith : Un plan simple, Lucie Baratte : Chien noir. En nouveauté : le premier roman de Bibiana Candia : Azucre.

– des semi-poches, somptueux – les couvertures sont du graphiste Adrien Bargin – qui reprennent certains textes déjà parus chez eux comme : Irmgard Keun : Une vie étincelante ou l’auteur caribéen Edgar Mittelholzer : Eltonsbrody.

Une soirée très sympathique avec un éditeur investi, et un bon vin blanc …

 

 

Et un soir avec Arno Bertina à La Baraque, à Rouen, 59 rue du Pré de la Bataille, pour son film L’héritage de Jack London. Le film s’est fait avec l’association Désirdelire, à Sigonce, Haute-Provence. Il présente des personnes qui, de là où elles sont, dans leur métier, dans leur vie, agissent pour  » freiner la violence du monde, rendre la vie plus douce » . Avec l’apiculteur, éleveur de poules et plus grand  lecteur de Jack London de la région, l’éleveuse de chèvres qui fait vivre ses bêtes autrement que comme des machines à lait, le retraité qui avait rejoint les gilets jaunes, le journaliste Alex Robin qui a su voir la complexité des événements, le marionnettiste émigré qui aide maintenant les migrants, Arno rassemble des gens avec qui « le monde est plus habitable ». Au départ, un ami comédien devait les rencontrer, mais, après un passage de témoin par poule interposée, c’est Arno Bertina qui, devant la caméra, les écoute et leur pose des questions. Un joli moment d’humanité accompagné d’un bon chili

Si vous n’êtes pas avec nous, à l’Aub’art, pour Un vin, des livres, jeudi 30 mai,
il y a, lecture de Ceux qui trop supportent d’Arno Bertina par la Compagnie Les Mots ont la Parole, à La Baraque, 59 rue du Pré de la Bataille, Rouen.
Sinon, Ceux qui trop supportent est à lire !

Humour et arts plastiques -7)

Allez voir le site de Studio Zimoun.

Il faut voir les pièces ou les vidéos. Les photos ne donneraient pas grand chose. C’est de l’art « monumental » avec plein
– de petites machines, toutes les mêmes, qui bougent et qui bruissent
ou
– de matériaux pauvres, tous les mêmes : cartons, sachets, bidons, bâtons de bois, eau, plaques chauffantes, tiges d’acier, balles de ping-pong qui raclent, soufflent, remuent légèrement.
C’est fait avec presque rien.
C’est gigantesque.
C’est technique.
C’est impressionnant.
C’est drôle.
ou peut-être de la dérision : de ce si pauvre, si petit, faire de méga-grandes installations dans les plus grands musées du monde.
On peut penser à Fischli et Weiss, leur The way things go (1987), à Roman Signer, ses explosions et actions, aussi Suisses que Zimoun et au moins aussi drôles que lui.

Humour et arts plastiques -5 bis)

Martin Parr visible jusqu’au 26 mai
à la galerie Clémentine de la Ferronnière
51 rue St Louis-en-l’ïle 75004