Un vin, des livres – juin 2024 – 1)

Nous étions dans un nouveau lieu.
Peut-être nous y retrouverons-nous une autre fois, peut-être pas : c’était bien mais un peu plein de monde donc bruyant. On perd aussi, depuis quelque temps, le côté « vin » : OK, on en boit mais personne ne nous en parle…

Ce n’était ni le thème du jour ni de ces lectures mais voilà trois livres qui parlent plus ou moins de guerre…
– Sarajevo Blues de Semezdin Mehmedinovic, traduit du bosnien par Chloé Billon, éditions Le Bruit du Monde, 2024. Ce texte était paru initialement en 1995 mais jamais en France. C’est une sorte de journal de guerre, constitué de poèmes en prose ou de courts articles et cela rend compte du siège de Sarajevo. L’auteur, né en 1960, journaliste, écrivain, n’est parti aux Etats-Unis qu’ensuite, en 1996 et n’est revenu en Bosnie qu’en 2020. Bernard-Henri Lévy y apparaît, moqué, Radovan Karadzic  se voit consacrer dix pages qui le montrent poète raté, à rapprocher de Hitler recalé de la peinture. On VOIT la ville abimée. Mehmedinovic diagnostique : « Nous vivons dans une région malade de son excédent d’Histoire. » Et cela se vérifie encore aujourd’hui.
La zone verte d’Eugène Dabit (1898-1936), paru chez Gallimard en 1935, réédité par L’Echappée en 2023. On connaît surtout de cet auteur Hôtel du Nord… le film de Marcel Carné, avec Jouvet et Arletty, à partir de son livre du même nom. Dabit qui a reçu, en 1931, le prix du roman populiste, parle des pauvres gens. Ici, un homme sort de Paris à pied, la veille du 1er mai, pour aller cueillir du muguet qu’il vendra au retour. Il se retrouve dans la grande banlieue et y reste un temps. Il est partagé entre une idéalisation de la campagne et ce qui s’y vit. D’autres ne rêvent que de Paris. Il est question de chômage, de droit des ouvriers, de place des femmes, de guerre qui pointe son nez. P 200 : » Si la campagne est restée forte, silencieuse, immuable dans son aspect, comment ne pas songer avec une angoisse plus pressante que les hommes ont changé, eux… que les ambitions et les folies de quelques uns sont devenues plus menaçantes, que les foules sont plus près de la guerre et de la mort, souffrent encore davantage de la faim, du froid – l’hiver a été rude. »
– Retour de barbarie de Raymond Guérin (1905-1955) , éditions Finitude, 2022. Comme Dabit, Guérin est passé par plusieurs métiers avant d’écrire. Comme lui aussi, il a été publié chez Gallimard. Ce Retour de barbarie raconte la fin en 1944 de sa captivité – qui a duré plus de trois ans en Allemagne – et le retour en France occupée, d’abord à Paris où il retrouve son éditeur, Gallimard, Arland, et rencontre, entre autres, Camus, Queneau, puis dans la zone sud. Journal littéraire et, plus largement, de l’état du pays : le marché noir, les spectacles, les résistants de la dernière heure, les procès de collaborateurs…
La personne Raymond Guérin est un mélange étonnant de vanité et de complexe d’infériorité mais son texte a une vraie valeur littéraire et historique.

La suite, bientôt.

 

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