Carole Fives – Le jour et l’heure

Carole Fives était hier à la Galerne pour Le jour et l’heure , paru chez J.CL.Lattès en septembre 2023.
Un voyage à Bâle… pendant le carnaval
Un voyage en voiture
Un voyage en famille
mais pas n’importe quel voyage :
pour Edith, la mère,
le dernier, voulu, souhaité du fait d’une maladie dégénérative.

On n’a jamais le point de vue d’Edith,
On a celui des 4 enfants adultes et du mari.
Presque tous sont médecins
Presque tous ont du mal à comprendre et accepter cette décision.

Carole Fives a commencé ce livre en 2017 quand une amie a vécu ce voyage vers l’association suisse Pegasos qui pratique la « mort volontaire assistée ». Elle s’est résolue à le publier au moment de la convention citoyenne, de l’éventualité du projet de loi sur l’aide active à mourir.
Elle a admiré cette femme et souhaitait montrer combien la mort est tue en France.

Chat Bleu – septembre 2023 – 3)

Enfin, voilà les auteurs français ou francophones, romans et essais :
– Triste tigre de Neige Sinno, P O L 2023 : « un texte qui pose beaucoup de questions, dont celle du plaisir » dans des circonstances épouvantables.
– L’allègement des vernis de Paul St Brice, éditions Philippe Rey, 2023 : « Pas un grand roman mais jouissif. Des personnages secondaires très attachants, très léchés. Ainsi, Omero, l’homme de ménage qui danse avec son auto-laveuse dans le Louvre. »
– Coeur de Sahel de Djaïli Amadou Amal, J’ai Lu 2023 : au Cameroun, la vie d’une enfant et, plus largement, des domestiques.
– Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson, Julliard 2023 : un féminicide. La place des enfants, leur sentiment de culpabilité. « Poignant mais dit sans pathos »
– Le petit foulard de Marguerite, de Colette Fellous, Gallimard 2022 : le livre d’une amie.
– La vie matérielle : Marguerite Duras revisite, avec Jérôme Beaujour, son enfance, les villes, les personnes, sa réussite. P O L 1987, trouvable en Folio.
– La mer écrite : texte de Marguerite Duras et photos de Hélène Bamberger, éditions Marval, 1999. Elles se sont rencontrées à Trouville un été des années 80 et se sont promenées.
– V13 d’Emmanuel Carrère, P O L  2023 : l’observation pendant les neuf mois de procès (2021-2022) de l’attentat du 13 novembre 2015 . Trois parties pour en rendre compte : les victimes, les accusés et le jugement. « C’est très fort ! »
– Les exportés
de Sonia Devillers, en J’ai Lu. Le premier livre de cette journaliste à France Inter. Histoire roumaine et histoire de sa famille : quand, au temps du communisme, des Juifs sont échangés contre des cochons.
– Les lettres hébraïques d’iris Slomka Saguy : entre psychologie et spiritualité. A lire par petits paragraphes.
Correspondance Flaubert-Tourguéniev, éditions Le Passeur : ils ont la cinquantaine, parlent de leur quotidien, de leurs méthodes de travail, s’écrivent de Croisset, Paris, Moscou ou Bougival,
– La vie des fourmis de Maurice Maeterlinck (1862-1949) Prix Nobel 1911- en Archipoche, 2020 : « Une langue magnifique » dit G
Notre guerre civile de Judith Pérignon, Actes sud : ses chroniques sur Louise Michel. « Un portrait et une belle réflexion sur la force de l’utopie. »
– Croire – sur les pouvoirs de la littérature – 
de Justine Augier, Actes Sud : quand « la littérature fait tenir ensemble ». D’elle également et chez le même éditeur : De l’ardeur, sur Razan Zaitouneh, avocate syrienne disparue.
De Pierre Bourdieu : Esquisse pour une auto-analyse. 2004, éditions des raisons d’agir. Texte écrit peu de temps avant sa mort. Transfuge de classe, il parle de filiations, réelle et intellectuelle.
– Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple, de Didier Eribon, Flammarion 2023. Sur sa mère. « Moins fort que Retour à Reims ».

Le prochain est prévu, jeudi 19 octobre, à 18h30.

Terres de paroles 2023 – jour 1 – suite

Michelle Perrot et Eduardo Castillo étaient là pour Le temps des féminismes paru chez Grasset en janvier, né de 14 entretiens d’à peu près deux heures entre l’historienne et son ancien étudiant, intellectuel chilien à l’origine de cet ouvrage.
Les noms d’Olympe de Gouge, Marceline Desbordes-Valmore, George Sand, Flora Tristan, Marguerite Durand, Julie-Victoire Daubié ont émaillé leur conversation. Si certains sont évidents, d’autres le sont moins : ainsi J-V. Daubié ( 1824-1874), la première bachelière, journaliste économique qui écrira sur la femme pauvre et les métiers des femmes.

Les frontières à franchir pour les femmes ? : elles sont « constantes, la domination masculine est réactualisée à chaque époque. » (…) « Les femmes ne sont pas vues comme créatives, sont pensées non comme des individus mais dans des familles, et un Nietzsche peut écrire :  » les femmes font des enfants, les hommes font des livres. ».


La première conquête des femmes ? : «  la lecture puis l’écriture. L’écriture épistolaire, privée » (…) La ruse sera nécessaire pour entrer dans l’espace public. »


Une modification du travail historique  : « Les femmes étant dans l’obscurité, le silence, avec quelles sources va-t-on faire cette histoire ? » : « on élargit la notion de sources : privées, judiciaires, littéraires. » (…) « on a commencé avec les femmes victimes », « les femmes de science, angle mort de l’histoire, celles qui ont fait ce que leur mari a revendiqué » – Cf. L’effet Matilda, livre jeunesse de Ellie Irving- 2017-

 

Michelle Perrot : une historienne féministe ? : « Non, je suis historienne ET féministe. L’histoire, c’est une démarche, une méthode, des règles, c’est souvent penser contre soi-même. Il s’agit de comprendre les rapports entre les hommes et les femmes à travers le temps. »
« Le féminisme est une PENSEE, pas seulement une action »

 

Terres de paroles 2023 – jour 1

Terres de paroles 2023 – conseiller artistique et littéraire : Rémi David – est sous l’égide d’une phrase de Jacques Prévert : « Notre vie, c’est maintenant ».
 Pourtant, le festival s’inscrit déjà dans le futur en annonçant sa prochaine édition : du 1er au 8 JUIN 2024.
Les deux premières journées du festival – 30 septembre et 1er  octobre – se passent, comme l’an dernier, dans le cadre somptueux – et ensoleillé – de l’abbaye de Jumièges.

Premier interviewé, Dany Laferrière lance tous ses feux, plaisanteries, formules brillantes, aphorismes. Un truc à vous réconcilier avec l’Académie française… :
« L’écrivain, c’est le lecteur » Mais aussi : « Le lecteur n’est pas mon ami, c’est une illusion. »
« Quand un Japonais me lit, je deviens Japonais. »

A ceux qui lui reprochent son insouciance quand Haïti sombre : « Que je sois malheureux n’aide en rien Haïti » (…) « J’ai toujours voulu garder la fête » (…)
« Les pauvres ne s’attendent pas à lire un livre de pauvres » (…) « avec mon écriture, j’essaie de sortir Haïti de l’engrenage où la dictature l’a mise »(…) « je me suis astreint à ouvrir les fenêtres »(…) « Le problème est l’enfermement de la pensée. Haïti a cessé de rêver. »

Quand on lui a proposé de travailler sur le racisme, il a d’abord dit : « Je ne peux pas être la maladie et le remède », et puis est venu Petit traité de racisme en Amérique », éditions Grasset, janvier 2023.
George Floyd est mort en mai 2020 : « c’est un spectacle et le spectacle ne m’intéresse pas. » (…)  » Le racisme est la préméditation. Tous les matins, 47 millions de personnes savent que l’histoire n’est pas passée. » : « les choses se répètent. »
« Le racisme, c’est de l’économie » (…) « on vous dit noir pour déprécier la marchandise. »

« Ecrire est une longue affaire, un tissage de jours et de nuits. »

« On ne lit pas un livre, on est lu »

Le 18 octobre sort Un certain art de vivre.

Autour des livres / autour des femmes

Dimanche prochain VIVA CULTURE  à 11 heures, sur Ouest-track radio : https://ouest-track.com

ou en podcast  : https://ouest-track.com/podcasts/viva-culture-217/1

AUTOUR DES LIVRES :  “Vive les femmes !”, au cinéma, dans les BD et les romans,

Viva Culture du 1er octobre 2023

Sur Ouest Track radio, à 11h :

Autour des livres,
la rubrique livres de Viva culture s’égare dimanche 1er octobre au cinéma, à la radio, dans la BD, dans d’autres médias et dans un peu de livres quand même.
Autour des livres
s’égare mais pas tant que ça :
le thème, lui, est unique :
 LES FEMMES !
à gauche, Sandra Hüller dans Anatomie d’une chute de Justine Triet.

Ci-dessous, Alma Pöysti qui joue Ansa dans Les feuilles mortes, le dernier film d’Aki Kaurismaki

Chat Bleu – septembre 2023 – 2)

vous aviez beaucoup lu : des livres étrangers :
Grosse admiration pour :
– Le Christ s’est arrêté à Eboli de Carlo Levi, traduit par Jeanne Modigliani et sorti en France en 1948 : « une magnifique écriture »  dit F. pour parler des Pouilles, de la misère dans les années 1930.
– Le cartographe des absences  de Mia Couto (Mozambique), éditions Métailié, traduit du portugais par Elisabeth Monteiro Rodrigues : « Une très belle écriture pour une histoire horrible » dit M.C., l’histoire de la colonisation. Un poète est face à un cyclone qui ravage la ville. Son père, également poète, a oeuvré à l’indépendance.
I
ntéressant pour son propos social : Assemblage de Natasha Brown, ed. Grasset, traduction de Jakuta Alikavazovic : une femme noire dans la société britannique actuelle. Elle acquiert une place sociale mais doit toujours prouver qu’elle est la meilleure.
Plaisir pris en lisant des Leonardo Padura, éd. Métailié :
Les brumes du passé, 2006, traduit par Elena Zayas : Le personnage Mario Condé et des livres dans le Cuba castriste ,
L’homme qui aimait les chiens, 2011,, traduit par E. Zayas et René Solis. On suit Trotski et son meurtrier Ramon Mercader.
– Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux de Martha Hall Kelly, traduit par Geraldine Koff-d’Amico, en PocKet. Premier de trois tomes : 1939, trois femmes en Pologne
On est revenus sur :
– Joyce Carol Oates et La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles, ed. Philippe Rey, en 2021, trouvable en collection Points. Traduction de Claude Seban. Il en avait déjà été question et on en avait dit beaucoup de bien. Un Américain blanc contemporain s’interpose entre un policier et un Indien et meurt. La suite pour cette famille aisée.
– Tove Jansson : Le livre d’un été traduit par Jeanne Gauffin, Maintenant en livre de poche : plein de charme pour sa présentation de la nature : une île finlandaise, une grand-mère fantasque.
On a effleuré Conquest de Nina Alla, 2023, éd. Tristram. Traduction de Bernard Sigaud. L’auteure nous fait écouter de multiples versions de Bach.
On y reviendra.

Vous aviez lu aussi des auteurs français, romanciers comme essayistes. Une troisième partie à venir

 

Calamity Jane : P U N° 185

Calamity Jane (1852-1903) : une sacrée femme, qui conduit des diligences, fait la cuisine pour des hors-la-loi et en donne les recettes, monte à cru et tire au revolver dans le spectacle de Buffalo Bill. Une sacrée femme qui ne supporte pas l’affectation des Anglaises, la pruderie des Américaines. Une sacrée femme que les Sioux respectent, ou craignent, ou croient folle. Une sacrée femme capable de reconnaître la barbarie des Indiens mais aussi celle de Custer, au moment où cela se passe. Une sacrée femme qui eut une fille et la confia à quelqu’un pour qu’elle vive mieux qu’elle.

Quelques Poèmes Express venus de ses lettres à sa fille, parues chez Rivages poche :
– T’avoir dans mes bras auprès des loups.
– Leurs petites griffes avaient trouvé les yeux.
– Travailler dans l’agitation, aimer l’argent et le cul.
– Je néglige l’absence. J’espère ce que je connais.
– Si tu trouves un Dieu, demande lui de miser sur une femme.
– J’ai le coeur loin.
– Les menteurs ne se soucient que d’empêcher.

Ce petit volume est offert à Hélène Souillard, diplômée de l’ESADHaR puis d’un CAP de pâtisserie, responsable de l’artothèque du Havre. « Plasticienne » – le mot re-trouve son sens -,  elle réalise et propose de faux plats alléchants en vraies matières artificielles.

Chat Bleu – septembre 2023 – 1)

C’était la reprise  mais N’senga voulait préserver une atmosphère de vacances avec des vins corses : en rouge, à la robe rubis foncé, syrah et grenache alliés à un cépage noir, emblématique de la Corse : niellucciu. En blanc, un mono-cépage : vermentino, venant du domaine de Padulone et donnant un vin très fruité, très présent en bouche.

Ils accompagnaient :

Le vieil incendie d’Elisa Shua Dusapin, éditions Zoé, sorti en cette rentrée littéraire. Son quatrième livre. Nous ne sommes plus à la frontière des deux Corée ou au Japon ou en Bouriatie mais en Périgord. On y perd donc en exotisme mais pas en étrangeté. La narratrice est toujours aussi « lointaine », très en retenue. Elle est revenue des Etats-Unis vider la maison paternelle avec sa soeur, aphasique. On sait peu de sa vie à New York, de sa relation à sa famille. On sent juste que rien n’est évident.

Les loups de Benoît Vitkine, son deuxième livre aux éditions les Arènes, maintenant en livre de poche. Le premier était Donbass. B. Vitkine est correspondant du journal Le Monde en Russie. Les loups du titre sont les oligarques d’Ukraine qui seraient… pires que ceux de Russie… L’histoire : une femme se présente aux élections pour être présidente de l’Ukraine. Elle veut moraliser la vie politique mais dépend des « loups ». Elle n’est elle-même pas un(e) agne(au)lle.

Un an dans la forêt de François Sureau, Gallimard, 2022 : un récit autour des Ardennes où l’auteur vient régulièrement et où Elisabeth Prévost, « femme de cheval » et Blaise Cendrars ont vécu une amitié amoureuse.
François Sureau, superbe voix entendue sur France-culture alors qu’il contait, en 2022, son voyage autour de la Seine, de la source à l’estuaire, est un homme étonnant. En plus d’être avocat, académicien, haut-fonctionnaire, il a été colonel de réserve de la légion étrangère. Et c’est un de ses liens à Cendrars avec les Ardennes et l’écriture.

Les prochains Chat Bleu

Mis en avant

Les dates prévues pour le quatrième trimestre de 2023 sont :

  • 19 octobre
  • 9 novembre
  • 14 décembre

Au Chat Bleu, on parle de livres, et pas seulement de romans, on trouve de nouvelles idées de lecture, on gagne des livres,
on boit  – l’autre nom de ces rencontres est : Un vin, des livres -… et on goûte aux belles idées de N’senga.