Chat Bleu de février 2023 – 1)

En l’honneur de ce temps de carnaval, N’senga nous proposait du Beaumes de Venise en rouge, un vin vegan, nommé simplement Venitia,
et, en blanc, un côte catalane, Magda, muscat sec du domaine de Bezombes

Ils accompagnaient :
– L’antre de Brian Evenson, traduit par Stéphane Vanderhaeghe, 2023, aux éditions Quidam. Une « fable apocalyptique« , parue en 2016 aux USA, mais rien d’une S.F sanglante, à rebondissements, vaisseaux spatiaux et bombes à neutrons. Enfin, si, sans doute qu’une telle bombe a explosé avant la première page. On est plus dans un monde à la Becketttechnologie en mauvais état, « surface désolée » pratiquement vide de vivant – gens, animaux, végétaux -. Les personnages sont très peu nombreux et ne sont pas obligatoirement des « personnes ».
– Nourrir la bête. Portrait d’un grimpeur d’Al Alvarez, 2001 Métailié, Points en 2021. Traduction d’Anatole Pons-Remaux. Al Alvarez (1929-2019) a été critique littéraire pour des revues comme le New Yorker, professeur d’université puis s’est consacré à des sujets qui lui tenaient à coeur comme l’escalade. Ce livre est le beau portrait d’un homme, Mo Antoine, spécialiste de très haute montagne, bon vivant, avec une vraie philosophie sur le risque, et sur la vie ensemble pour atteindre les sommets.
209 rue St Maur Paris Xè – autobiographie d’un immeuble de Ruth Zylberman, Seuil- Arte éditions, 2020 : venu du documentaire du même nom, sorti à Arte en 2018.
Ruth Zylberman reconstitue l’histoire d’un immeuble, de ses habitants, principalement pendant et depuis la guerre de 1939-1945. Ce sont alors des immigrés, des Juifs et elle tente de savoir ce qui leur est arrivé, de retrouver les vivants, les interroger. Moments d’émotion d’adultes revenant sur des lieux quittés dramatiquement. C’est aussi l’évolution du bâti dans une capitale : de la Commune à nos jours, la situation du quartier dans la ville, la bobo-isation, les travaux, le confort et  les surfaces des appartements.

Suite de février bientôt,
et prochain Chat Bleu, programmé le jeudi 9 mars, à 18h30

 

Chat Bleu – janvier 2023 -2)

Il a aussi été question de romans policiers :
– La disparition de Perek d’Hervé Le Tellier : un Poulpe de 1997.
Le Poulpe est une création de Jean-Bernard Pouy, une collection de polars à contraintes : on doit par exemple y trouver des personnages récurrents : Gabriel Lecouvreur, sa copine coiffeuse Cheryl. Le titre est forcément un jeu de mots. Le premier, de Pouy, s’intitulait La petite écuyère a cafté. Jean-Paul Jody a pu titrer 20 000 vieux sur les nerfs
J.B. Pouy a dit de ces livres : « Un Poulpe, tu fais ça en deux mois ou tu oublies ». N’empêche : c’est drôle et souvent réussi.
– Tout Tanguy Viel, mais plus précisément  Article 353 du code pénal, éditions de Minuit. Tanguy Viel a participé au scénario de L’innocent, film de 2022 de Louis Garrel. On n’est pas vraiment dans le polar mais pas loin.
– Hervé Le Corre : L’homme aux lèvres de saphir, roman policier historique, une merveille parue en 2004 chez Payot et Rivages. En 1870, à Paris, des meurtres…
et de « patrimonial » :
– Blaise Cendrars, l’auteur-voyageur, fasciné par Sarah Bernhardt, proche des Delaunay, de Fernand Léger avec Emmène-moi au bout du monde !…, éditions Denoël, 1956, et Aujourd’hui, une compilation d’articles parus entre 1914 et 1930. Un écrivain dans son temps.
– Françoise Héritier, le goût des autres,un bel hommage de Laure Adler à celle qui fut la première femme anthropologue au Collège de France. Ses sujets d’études se sont concentrés sur la domination masculine. Elle a aussi agi contre cette domination avec le « bus des femmes », créé pour aider les prostituées.

Prochain Chat Bleu prévu jeudi 9 février à 18h30. Le suivant, le 9 mars. 

Chat Bleu – janvier 2023 – 1)

Des vins coups de coeur pour cette nouvelle année :
un vin nature en rouge du domaine Ricardelle de Lautrec, près des Corbières. Un petit vignoble, le long de la voie romaine, quatre générations de vignerons. Proche du pinot noir, souple, soyeux, idéal à l’apéritif et sur des plats exotiques.
un blanc du Languedoc, plutôt sec, bio, cépage « L’accord »,

Ils accompagnaient
– Dem de William Melvin Kelley (1937-2017), auteur afro-américain. Ce livre est sorti en 1967 aux Etats-Unis, en France au Castor Astral en 1992 et à La Croisée en 2001. Il est maintenant trouvable chez 10-18. Traduction de Michelle Herpe-Voslinsky. Moments de la vie d’un couple blanc, middle-class, la trentaine, Mitchell et Tam. Ils sont peu sympathiques et leur relation n’est pas enthousiasmante mais ils attendent pour la deuxième fois un enfant. Pardon, deux…de deux couleurs différentes…
– Détails, II – Suite et fin – Faits de Marcel Cohen, éditions Gallimard, 2021 : des notes sur des sujets extrêmement différents : la vie des marins philippins, l’usage du portable, la ville d’Anniston en Alabama polluée par Monsanto, les chevaux pendant la guerre de 14, des horlogers d’exception, mais, surtout un très beau chapitre, sur « les paysages cénotaphes, selon l’expression du critique d’art et universitaire Pierre Wat », et un autre sur les révoltants « souvenirs d’Auschwitz ».
– 
Fenêtres sur le Japon d’Eric Faye, éditions Picquier, 2021 : un magnifique réservoir de lectures et de films. Si on est fasciné par ce pays, on connaît bien sûr beaucoup de ces  références ( comme Tanizaki, Oé, Sekiguchi, Ozu, Naruse). Mais vraiment pas toutes, loin de là, ( Endô, Ooka  ou Shindô par exemple) !
Eric Faye, aussi écrivain et voyageur, avec Christian Garcin ou seul, avance par thèmes : la fermeture du pays, les femmes, les Burakumin, l’empereur, la bombe ou des concepts spécifiques à l’archipel : le « Ma« .

Trouvé par ailleurs dans un petit livre de Benoit Reiss chez Esperluète, 2018 : « Si un jour tu veux raconter le Japon, prends des ciseaux, coupe des petits et des grands morceaux et jette tout en l’air. »

Prochain Chat Bleu prévu le jeudi 9 février à 18h30.
Mais on n’a pas parlé que de ça…Un Chat Bleu janvier – 2) devrait suivre.

Chat Bleu – décembre 2022 -1)

commençons par les dates prévues en 2023 :
les jeudis 12 janvier, 9 février et 16 mars.
Et notez-le : l’heure change : 18h30

Jeudi dernier, nous avons bu des vins de fête :
un Blanc « bleu », oui vraiment, bleu lagon : un vin espagnol « Pasionblue ». Un chardonnay, sec, assez fruité dont la couleur, étrange mais naturelle, vient de la maturation du raisin. – un hommage à l’équipe de France ? Euh …non…
En rouge, plus classiquement, un Saint Emilion de 2017

Ils accompagnaient des livres à couverture de fête :
deux textes de femmes parus auparavant chez Folio sous une autre jaquette. Deux livres qui ont reçu des prix lors de leur première publication. Sayaka Murata a obtenu avec Kombini, renommé La fille de la supérette, le prix Akutagawa au Japon en 2016 et Notre-Dame du Nil, le prix Renaudot en 2012.
Le Murata, comme son titre l’indique, parle d’une jeune femme qui travaille dans un de ces petits magasins ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Sauf que ce n’est plus une si jeune femme, que ces boulots sont habituellement réservés à des étudiants, qu’il n’est donc pas normal qu’elle reste là pendant des années. Plus ou moins autobiographique, cela parle de la norme au Japon, de quelqu’un de différent qui trouve ses solutions pour correspondre à cette norme.
Le Scholastique Mukasonga évoque le Rwanda après…
Nous sommes, loin de toute ville, dans une institution privée pour jeunes filles plutôt riches. Leurs prénoms indiquent leur place sociale, Gloriosa est du bon côté de la barrière. Son amie Modesta mi-Hutue, mi-Tutsie n’est là que grâce aux quotas…

– Et, last but not least, un troisième livre de femme : un premier roman paru lors de la rentrée littéraire de septembre 2022, aux éditions de Minuit : En salle de Claire Baglin.
L’auteure est née en en 1998 ! Elle livre en parallèle l’enfance – dans une famille ouvrière, le père à l’usine, la mère au foyer, la récup’, le choix des restaurants pas chers au moment des vacances – et le travail dans un fast-food de la fille devenue majeure : les différents postes, plus ou moins durs, plus ou moins « prestigieux », la manière dont vous parlent le directeur et le petit chef, l’évaluation… Une écriture qui rend compte sans sentiments. Pourtant, les sentiments, les sensations sont là : fierté du père qui reçoit une médaille au travail, rivalité entre les petites mains de la restauration rapide, orgueil des petits détenteurs de pouvoir, pression permanente…

Chat Bleu – novembre 2022 – 1)

Certes, c’était le soir du beaujolais nouveau mais Nsenga nous a proposé bien meilleur : un Juliénas du Château de Belleverne, un beaujolais pas du tout nouveau, médaille d’or à Mâcon 2021 ou, en blanc, un Bourgogne du même Château.
Les accompagnaient deux belles écritures, très différentes, et une, plus factuelle :
– Corps flottants de Jane Sautière, 2022, éditions Verticales : l’adolescence de l’auteure  à Phnom Penh à la fin des années 60. Le peu de souvenirs d’abord, puis ce qui revient, les « corps flottants » : (p 45 : « Marcher dans la ville aux heures chaudes, cheveux au vent, pieds nus (déjà écrit). J’allais vers le fleuve. Il y avait le désir aigu de s’en aller pendant la sieste, alors que tous dormaient, écrasés de chaleur, dans leur lit, sous les arbres, à l’ombre d’un auvent. Une façon d’être seule, peut-être plus sûrement encore que dans la nuit, mais surtout d’éprouver ce pays par les liens de la terre, de la latérite, des trottoirs crasseux, des crachats de bétel, des bandes de chiens galeux, des chats anoures, de tout ce qui avait besoin de se taire, de s’aplatir sous la chaleur.« ). Le climat, les odeurs, l’appartement, la hiérarchie sociale : entre Cambodgiens et blancs et aussi entre expat’s.
– Aby de Marie de Quatrebarbes, P O L, 2022 : l’auteure, d’abord poète, écrit là son premier roman, autour d’un moment de la vie de l’historien de l’art juif, Aby Warburg (1866-1929), surtout connu pour la bibliothèque qu’il a constituée tout au long de sa vie et qui a pu être transférée à Londres en 1933. Warburg, entre 1918 et 1923, dut être interné dans des cliniques psychiatriques, atteint de bouffées délirantes, se sentant coupable des charniers de la première guerre mondiale.
Le débutant de Sergueï Lebedev, éditions Noir sur Blanc, 2022. Traduction d’A.M. Tatsis Botton. D’autres textes de Lebedev sont traduits en français chez Verdier. Il a écrit dans « Le Monde », en mars, un texte sur l’attaque de ll’Ukraine par la Russie, évoquant  » le racisme post-impérial russe » (…) qui a été et reste le fondement et le carburant de la politique agressive de Poutine ». Le débutant du titre est un poison, parfait, indétectable. Le livre nous entraîne auprès d’un scientifique qui le crée avant 1990 et qui fuit la Russie non soviétique. Des militaires sont envoyés le  récupérer …

Le prochain Chat Bleu est prévu jeudi 15 décembre.

Chat Bleu – octobre 2022 – 3)

Essais, lettres, écrits sur / autour de l’ / d’art :
L’affaire du requin qui valait 12 millions – L’étrange économie de l’art de Don Thompson, éditions Le Mot et le Reste, 2012. Traduit par Fleur Ramette. Le titre fait référence à une oeuvre de Damien Hirst. Le livre, comme le sous-titre l’indique, évoque le marché de l’art, D. Thompson étant économiste.
– L’intranquille de Gérard Garouste et Julie Perrignon, en poche : un texte  qui permet de contempler avec plus d’éléments la rétrospective actuellement à Beaubourg. De même, il est possible d’écouter ses entretiens avec Marc-Alain Ouaknine (France-Culture).
– Travail plastique d’Hélène Moreau : L’échantillonneuse : à voir, lire, entendre.(photo d’un élément, emprunté à son site)
– Autre oeuvre : écrit et photographie : To nowhere, de Lydie Jean-Dit-Pannel, plasticienne qui a été l’élève d’Orlan : quatre mois de marche, de New York à Nowhere dans l’Oklahoma, 2880 km.
Extrait final – site de l’artiste :

« Lundi 26 Septembre 2022

Après Nulle part

Entre Trinity Site et le Nevada Test Site.

Entre les deux sites nucléaires et militaires secrets qui font l’objet d’une future nouvelle pièce, un arrêt à Sin City. Antithèse absolue, indécente, foudroyante à mes 105 jours de marche seule, sans impact aucun sur mon passage. Avant d’arriver dans la ville en plein désert, l’impressionnant barrage Hoover qui produit l’électricité pour les néons et climatisations de Vegas, et forme le lac Mead qui se tarit indéniablement. J’avoue, je me suis offert un rêve secret, un spectacle de Criss Angel, le magicien qui lévite, et c’était extraordinaire. Plaisir coupable. Puis marche tout au long du Strip extravagant à mort jusqu’à Fremont Street. Et là, c’est une autre planète. La fin du monde, ici tout le monde s’en fout ou alors c’est ainsi que cela finira, dans une orgie d’ivresse et de musique. En riant et dansant devant un concert de rue d’un groupe parodique de Hard Rock, je me suis dis que ce ne serait pas si mal comme fin.

PS : Surtout n’oubliez pas d’éteindre vos box la nuit, de réduire votre chauffage d’un degré et de ne pas faire de lessive entre midi et 16 heures. »

                                                     —————————-

Lettres à Lou Andreas Salomé de Raine Maria Rilke, 2005, 1001 nuits éd. Traduction de Jacques Miermont. Son amour pour elle, Ses angoisses.

– L’année sauvage – une vie sans technologie au rythme de la nature de Mark Boyle, éd. Les Arènes, 2021. Traduction de Valérie Le Plouhinec. Dans un superbe paysage irlandais, ce diplômé en économie qui a travaillé pour le Guardian et qui veut vivre autrement.
Etre à sa place de Claire Marin, éd. L’Observatoire, 2022 : quels sont les espaces réels et symboliques qui nous accueillent selon qui nous sommes.

 

Chat Bleu – octobre 2022 – 2)

D’autres romans :
– L’installation de la peur de Rui Zink, traduit du portugais par Maïra Muchnik, éditions Agullo, 2016 et en 2022 dans leur récente collection de poche, Agullo Court. Une dystopie qui pourrait très bien être adaptée au théâtre : une femme chez elle, deux hommes sonnent…
– Tea rooms de Luisa Carnes, traduction de Michelle Ortuno, éd. La Contre-allée 2021. Le livre est paru en Espagne en 1934. Luisa Carnes (1905-1964)  née dans une famille ouvrière, journaliste et écrivaine, devra s’exiler au Mexique pour ses opinions politiques. Elle raconte là le travail d’une jeune femme dans les années 30 à Madrid.
– La fille de l’ogre de Catherine Bardon, éd. Les Escales, 2022 : la vie romancée – mais il n’y avait pas forcément besoin – de Flor de Oro Trujillo (1915-1978), fille du dictateur de la République Dominicaine Rafael Leonidas Trujillo (1891-1961).
– La vie clandestine de Monica Sabolo, Gallimard 2022 : elle mêle ses souvenirs personnels à une enquête sur les gens d’Action Directe, la souffrance de leurs victimes.
– La nuit des pères de Gaëlle Josse, éd Notabilia, 2022 : un roman court, intense autour d’un père violent.
– Une mère éphémère d’Emma Marsantes, éd Verdier 2022 : un premier livre « Coup de poing, une écriture !  » dit E. Auto-fiction sous pseudo, une enfance dans un milieu très aisé, un père absent, une mère dépressive et un frère problématique.
– Continuer de Laurent Mauvignier, Minuit double : une mère emmène son fils au Kirghizistan pour le sauver.
– Le suspendu de Conakry de Jean-Christophe Rufin, 2018, Flammarion, trouvable en Folio. Un consul de France improbable en Guinée. Un crime. Une enquête.
– La trilogie de Frédéric Paulin : 1) La guerre est une ruse, Agullo, septembre 2018, Pocket mars 2020 : l’histoire commence en 1992, en Algérie.
2) Prémices de la chute, Agullo, mars 2019, Pocket, février 2021 : Cela se poursuit en 1996, à Roubaix.
3 ) La fabrique de la terreur, Agullo, mars 2020, Pocket, janvier 2022: en 2010 en France.
Le départ du terrorisme, les militaires en Algérie, les services en France, les événements qui se déplacent. On retrouve des personnages et c’est fort.
A noter : Paulin a fait des études d’histoire, a enseigné, se consacre maintenant à son écriture.

Nous étions nombreux et intéressés par plein d’autres domaines : une 3ème partie, autour des arts plastiques surtout, plus ou moins tout de suite…

Prochain Chat Bleu : 17 novembre, 18 h

 

 

Chat Bleu – octobre 2022 – 1)

Cette fois Nsenga a insisté sur les produits locaux qui accompagnaient un Baume de Venise en rouge et un Côte catalane en blanc : une mimolette à l’ancienne d’Isigny, un jambon de pays d’Evreux et une confiture de courge de la ferme du Bois Rosé.
Et cela allait très bien avec …
– Le chant du poulet sous vide de Lucie Rico, Folio. Son premier roman que j’ai lu après et préféré à GPS. Pourquoi ? Parce que c’est moins « théorique », plus fou, plus drôle, décalé, frappadingue même. Mais attention, construit ! Une vraie histoire d’auto-entreprise, une relation aux animaux, à la mère, aux films non sous-titrés, à la biographie… Dans ces temps lourdingues, comme elle est légère, Lucie Rico !
– Sniper en Arizona, de Patrick Declerck, éditions Buchet-Chastel, 2022. Decleck a été psy pour les SDF, a écrit sur eux. Mais ce livre-ci est né de son amour des armes. Il s’est donc inscrit à deux stages de sniper aux USA et c’est un documentaire sur ces séjours, les formateurs, les stagiaires, tous anciens d’Afghanistan ou d’Irak ou les deux, tous plutôt proches de l’idéologie sudiste, leur langage (« Fuck » est omniprésent), les lieux, les armes de guerre, le rapport au vivant. Super intéressant aussi, le moment où, au retour, il va chez un armurier français !
– Quand tu écouteras cette chanson, de Lola Lafon, éditions Stock, collection « Ma nuit au musée », 2022 : un GRAND livre sur sa nuit au musée d’Anne Frank à Amsterdam, dans l’annexe où les Frank ont vécu jusqu’au jour où les nazis sont venus, sur ce qu’on a fait au texte d’Anne Frank  à Broadway, à Hollywood et même dans les traductions, sur les raisons pour choisir ce musée.

La deuxième partie vient bientôt.

Nous sommes 14 pour le déjeuner (12h15) avec Arno Bertina, à la Cantine du Fort, le mercredi 9 novembre.
Rappelons qu’il vient pour l’adaptation théâtrale par Anne-Laure Liégeois de son roman Des châteaux qui brûlent (2017- éditions Verticale, et Folio),  présentée au Volcan les 9 et 10 novembre.
Le prochain Chat Bleu, lui, est prévu le jeudi 17 novembre, à 18 h

Chat Bleu : le retour, 15-09-2022 – 2)

et aussi, en livres français :
Chien 51 de Laurent Gaudé, Actes Sud, 2022 : l’entrée de cet auteur dans un mixte de  SF et de polar : une dystopie : la Grèce est rachetée, une entreprise régule la vie des citoyens en 3 zones. Description d’un univers ségrégué. Une greffe permet à certains de vivre longtemps et sans maladie. Des cadavres sont découverts, « dégreffés »…
– Mer : de Bertil Scali et R de Andréis, éditions Cairn, 2022 : autre dystopie mixée de roman noir : en 2050, dans le Bordelais, l’eau a monté. Ailleurs, cela a été encore plus dramatique. Des réfugiés climatiques arrivent mais certains manquent à l’appel…
– Mohican d’Eric Fottorino, Gallimard, 2021 : un monde de paysans taiseux, un père et un fils. La mère, disparue, existe en tant que fantôme. Le père accepte l’installation d’éoliennes…
– Adrien Ghénie – déchaîner la peinture de Yannick Haenel, Actes Sud 2020. Un texte sur ce peintre roumain né en 1977, installé à Berlin. Ce livre n’est en rien une biographie, mais interroge la peinture de cet artiste qui propose des portraits de dictateurs, un peu à la Bacon. Ce livre vient après un autre sur Caravage et un prix Médicis en 2017 : Tiens ferme ta couronne, chez Gallimard où Haenel s’interroge sur ce qu’est être écrivain, être un être humain, le vrai, le mal à travers des références littéraires (Melville) et cinématographiques (Cimino).

En livres étrangers, des auteurs dont nous parlons souvent : 
– Joyce Carol Oates : Cardiff près de la mer, éditions Philippe Reytraduit par Christine Auché : quatre novellas, entre policier et fantastique, histoires intra-familiales, qui forment un roman.
– Ton absence n’est que ténèbres de Jon Kalman Stefansson, Grasset, 2022, traduit par Eric Boury. Prix du livre étranger : » une écriture très poétique » dit V. Un puzzle qui se reconstruit petit à petit. Se passe dans les fjords de l’ouest de l’Islande entre fin XIXème siècle et aujourd’hui. Les thèmes étant : comment aimer, comment mourir, comment le choix d’une personne entraîne la vie d’une famille.
Mais aussi d’autres dont il n’a jamais été question jusqu’alors ici :
– Erich Kästner (1899 – 1974) : Vers l’abîme, traduit par Corinna Gepner. Le livre est paru, en partie censuré, en Allemagne en 1931 et a été brûlé en 1933. Histoire de deux jeunes Juifs, un étudiant et un publicitaire, dans la République de Weimar.
– Sara Stridsberg : L’Antarctique de l’amour, éditions Gallimard, traduit par Jean-Baptiste Coursaud. Une jeune héroïnomane est tuée et c’est elle qui parle. « Une très belle langue » dit M-C.
– Molly Keane (1904 – 1996) écrivaine irlandaise, aristocrate qui a écrit aussi sous le nom de M.J. Farrell, et décrit très bien la vie de son milieu, plus ou moins désargenté. Chez 10-18 ou à la Table ronde. Par exemple : Fragile serment, traduit par Cécile Arnaud.
– Antonio Lobo-Antunes, auteur portugais, né en 1942, éditions Bourgois, traduit par Dominique Nédellec. Jusqu’à ce que les pierres deviennent plus douces que l’eau (2019) évoque, comme d’autres de ses livres, la guerre en Angola. Un homme en est revenu avec un enfant noir qu’il élève comme son fils. Lors de la « tue-cochon », ce jeune le tue. « Ce sont quatre flux de conscience. On écoute la pensée intérieure de personnages. Les phrases sont longues comme des vagues. On s’y abandonne » dit V.

« La traduction, c’est un peu comme une photo en noir et blanc et quelque chose risque de se perdre »
Mais que serions-nous, lecteurs, sans les traducteurs ?

Prochain Chat Bleu prévu jeudi 13 octobre, à partir de 18h !

Chat Bleu : le retour, 15-09-2022 – 1)

On était nombreuses ! Et avec des nouvelles !
N’senga nous proposait en rouge des « Terres d’Aurèle », domaine viticole (mais aussi gîte et chambre d’hôtes) près de Chenonceau. Pas encore labellisé bio mais vendanges à la main. D’un sol d’argile un peu caillouteux. Goût de fruits noirs, de cerise, petite finale un peu poivrée. Gourmand. A consommer avec du fromage ou de la charcuterie.
Le blanc, un Sauvignon,, du Languedoc, sec, un peu herbacé.

Pour accompagner ces vins,
– du roman noir : un vieux George Pélécanos : Liquidation (1992), traduit par Jean Esch en 2003. Son premier livre, un livre d’homme avec grande consommation d’alcool et pas que. Une histoire qui tient mais surtout – comme tout bon roman noir – plein d’informations ur l’Amérique, et plus précisément Washington, à cette époque, la place des noirs, les quartiers abandonnés… Pélécanos est un grand de ce genre. Né en 1957, il a commencé avec ce livre et un personnage, Nick Stefanos, Grec né aux USA, qu’on retrouve dans deux livres ensuite.
– L’inconnu de la poste de Florence Aubenas, 2021, L’Olivier, puis collection Points : un cold case. Un suspect : Gerald Thomassin qui a fait du cinéma grâce à Doillon. Enfant malheureux, honoré à Cannes mais resté dans les marges de la société. Coupable idéal dans un endroit abandonné par l’état.
G P S de Lucie Rico, 2022, P O L : un livre de la rentrée littéraire. D’ailleurs, au moment où on en parlait, Caroline, aux Traversées, recevait l’auteure, entourée de Frédéric Boyer,, directeur de P O L  et de l’écrivain Olivier Cadiot entre autres. Un deuxième roman, un peu fou, mais beaucoup moins que le premier Le chant du poulet sous vide – (Folio) dont on  reparle, je pense, le mois prochain -. G P S  joue sur « la carte et le territoire »…,  le vrai et le faux, le réel et le virtuel, surtout sur le virtuel dans lequel nous nageons, applis, réseaux sociaux… Le personnage principal est représenté par un « tu », une jeune femme, pigiste, qui sort peu, crée des faits divers pour un journal en ligne qui se contrefout que ce soit réellement arrivé et demande toujours plus de détails.