Certes, c’était le soir du beaujolais nouveau mais Nsenga nous a proposé bien meilleur : un Juliénas du Château de Belleverne, un beaujolais pas du tout nouveau, médaille d’or à Mâcon 2021 ou, en blanc, un Bourgogne du même Château.
Les accompagnaient deux belles écritures, très différentes, et une, plus factuelle :
– Corps flottants de Jane Sautière, 2022, éditions Verticales : l’adolescence de l’auteure à Phnom Penh à la fin des années 60. Le peu de souvenirs d’abord, puis ce qui revient, les « corps flottants » : (p 45 : « Marcher dans la ville aux heures chaudes, cheveux au vent, pieds nus (déjà écrit). J’allais vers le fleuve. Il y avait le désir aigu de s’en aller pendant la sieste, alors que tous dormaient, écrasés de chaleur, dans leur lit, sous les arbres, à l’ombre d’un auvent. Une façon d’être seule, peut-être plus sûrement encore que dans la nuit, mais surtout d’éprouver ce pays par les liens de la terre, de la latérite, des trottoirs crasseux, des crachats de bétel, des bandes de chiens galeux, des chats anoures, de tout ce qui avait besoin de se taire, de s’aplatir sous la chaleur.« ). Le climat, les odeurs, l’appartement, la hiérarchie sociale : entre Cambodgiens et blancs et aussi entre expat’s.
– Aby de Marie de Quatrebarbes, P O L, 2022 : l’auteure, d’abord poète, écrit là son premier roman, autour d’un moment de la vie de l’historien de l’art juif, Aby Warburg (1866-1929), surtout connu pour la bibliothèque qu’il a constituée tout au long de sa vie et qui a pu être transférée à Londres en 1933. Warburg, entre 1918 et 1923, dut être interné dans des cliniques psychiatriques, atteint de bouffées délirantes, se sentant coupable des charniers de la première guerre mondiale.
– Le débutant de Sergueï Lebedev, éditions Noir sur Blanc, 2022. Traduction d’A.M. Tatsis Botton. D’autres textes de Lebedev sont traduits en français chez Verdier. Il a écrit dans « Le Monde », en mars, un texte sur l’attaque de ll’Ukraine par la Russie, évoquant » le racisme post-impérial russe » (…) qui a été et reste le fondement et le carburant de la politique agressive de Poutine ». Le débutant du titre est un poison, parfait, indétectable. Le livre nous entraîne auprès d’un scientifique qui le crée avant 1990 et qui fuit la Russie non soviétique. Des militaires sont envoyés le récupérer …
Le prochain Chat Bleu est prévu jeudi 15 décembre.