livres en lice pour 2024 : Ancres Noires ET Robes Noires

Voilà les six livres en compétition :

– Le fils du père  de Victor des Arbol, éditions Actes Sud, traduit par Claude Bleton et Emilie Fernandez
– Le régisseur de Jeanne Desaubry, éditions L’Archipel
– Le bureau des affaires occultes d’Eric Fouassier, Livre de poche
– Les corps solides de Joseph Incardona, Pocket
– Promets-moi d’avoir peur de Frédéric Lepage, chez Robert Laffont
– Sans collier de Michèle Pedinielli, éditions L’Aube

Deux femmes pour quatre hommes, la parité n’y est pas tout à fait…
Deux étrangers (un Espagnol, un Suisse francophone) pour quatre Français, là non plus…
Deux déjà en poche pour quatre en grande collection
Des drôles, des effrayants, des historiques, des sociaux…
A vos lunettes ! 

Le Café Crime du 10 novembre – 1)

La Petite Librairie nous accueillait  et nous y avons évoqué plein de bouquins :

ceux sélectionnés par Marie, ceux qu’une lectrice et moi avions envie de mettre en avant et….

CEUX de la sélection des ANCRES NOIRES
pour le festival du POLAR A LA PLAGE 2024.

Marie a présenté :
– une série en 10-18, en partenariat avec la revue Society : des textes de journalistes américains autour de « cold case » dans des états américains différents. Sur les 4 sortis, Marie a lu Les meurtres de Low-country d’Arthur Cerf et L’affaire Alice Crimmins d’Anaïs Renevier. Et chaque fois, elle a lu le livre en deux heures sans décrocher.
– Le grand test de Jacques Expert : de courts chapitres, hyper-prenants même si on sait dès le départ qui a tué.
– Sebastian Fitzek : L’accompagnateur : là aussi, des chapitres courts, du suspens. Autour d’un service d’appel pour femmes qui se sentent en danger…
– Morgan Audic : Personne  ne meurt à Longyearbyen, éditions Albin Michel : 2 cadavres, 2 enquêtes. Un polar écologique.

La lectrice inconnue nous a parlé de
– Keigo Higashino, en poche en Babel noir : Le nouveau : un enquêteur dans un quartier de Tokyo. Une certaine lenteur très caractéristique et agréable.
– tous les Craig Johnson, aux éditions Gallmeister, dans leur collection Totem : avec ce plaisir, chaque fois, de retrouver le personnage principal. Comme retrouver un ami, un refuge.

Ceux que je proposais :
– L’été froid de Gianrico Carofiglio, chez Folio. Carofiglio a été procureur, juge du pôle anti-mafia à Foggia et Bari, et sénateur. L’histoire se passe sur fond des attentats contre les juges (dont le juge Falcone). Le petit garçon d’un chef de la mafia est enlevé. Le policier Fenoglio, sensible, intello, enquête efficacement avec son adjudant, plus « brute de décoffrage ». On a énormément d’informations sur ce qui se passe quand des repentis aident la police italienne.
– Des serpents au paradis d’Alicia Gimenez Bartlett, chez Rivages noir : Barcelone, un quartier résidentiel. Un homme tout habillé mort dans une piscine. Petra, l’enquêtrice plutôt rock’nroll et son second au look vieillot trouveront évidemment ce qui s’est passé. D’autres livres de cette autrice espagnole avec ce duo de  policiers sont réédités en Rivages noir.
– Les initiés de Thomas Bronnec, journaliste et auteur de documentaires TV. Une histoire très proche de celle du Crédit Lyonnais. Des femmes se suicident. Entre milieu bancaire au plus haut niveau, ministre des finances de gauche et hauts-fonctionnaires.
– Adios Hemingway de Leonardo Padura en collection Points : un squelette est retrouvé dans le jardin de la maison qu’a habitée Hemingway à La Havane. Prétexte à évoquer Hemingway.

Pour la sélection des Ancres Noires, il vous faudra lire le prochain post …

Café crime !

Vendredi 10 novembre, de 18h à 20h,
à La Petite Librairie,
place Danton au Havre,
les libraires
et l’asso
Les Ancres noires
parlent
POLAR 

VENEZ !
C’est sans danger, sauf celui d’avoir envie de lire

Chat Bleu d’octobre 2023 – 2)

Avec, au choix, un Saint Véran sec et minéral ou un Pinot noir Vieilles Vignes, on a parlé de :
Toni Morrison : L’oeil le plus bleu, son premier livre (1970) traduit par Jean Guiloineau : « et déjà tout y est« . Une petite fille dans un Ohio plein de violence et miséreux ne rêve que d’avoir les yeux bleus.
Richard Ford : Rien à déclarer aux éditions de l’Olivier, traduit par Josée Kamoun : dix nouvelles. On entre dans la vie des personnages, leur ressenti. C’est sans événement fort, sans chute, leur vie.
Claire Berest : L’épaisseur d’un cheveu, 2023 Albin Michel : dès le début, on sait qu’il va la tuer…
– Patrick Modiano : La danseuse, 
Gallimard 2023 : tout un chapitre sur la discipline de la danse, sur le fait de briser les corps. Et bien sûr, des déambulations dans Paris.
Chahdortt Djavann : Les putes voilées n’iront jamais au paradis : 2016, Grasset, maintenant en livre de poche : « un roman très documenté, poignant« 
Jules Michelet : La sorcière : Babelio parle de « protoféminisme » pour ce texte du XIXème siècle, toujours plus qu’intéressant..
– Emmanuelle Favier : Le livre de Rose aux éditions les Pérégrines, 2023 : sur Rose Valland qui, au musée du Jeu de Paume, pendant la seconde guerre mondiale, a sauvé des trésors de la peinture.
– Sorj Chalandon : L’enragé, 2023 : à partir d’un fait réel : des jeunes s’évadent d’un bagne pour enfants, un réussit et devient mousse.
– Livre d’entretiens :  le photographe belge Harry Gruyaert et Brice Matthieussent

On a aussi évoqué quelques expos :
– Sylvie Hugues à La Maison du Regard au Havre
– Gertrud Stein / Picasso au musée du Luxembourg
Prochain Chat Bleu : jeudi 9 novembre,
mais à 18h cette fois.

Sorcières, sages-femmes et infirmières : P U N° 187

Sorcières, sages-femmes et infirmières, une histoirE des femmes soignantes de Barbara Ehrenreich et Deirdre English est paru en 1973 à The Feminist Press, City University of New York, reparu en 2010 avec une nouvelle introduction et, en français chez Cambourakis en 2014, traduit par L. Lame.
Super intéressant : le « grand remplacement » des femmes dans les métiers de soins, aux Etats-Unis surtout. Elles étaient là d’abord avec un savoir empirique, connaissaient les plantes, guérissaient
– pas toujours, d’accord, mais… –
L’église n’aimait pas ça : la chasse aux sorcières a commencé et la médecine a été créée, masculine, universitaire. Glissement. On a laissé aux femmes la naissance puis, ça aussi, on le leur a enlevé. Elles ont été cantonnées dans le soin après l’intervention du « sachant ».

Quelques Poèmes Express qui en sont venus :
– Les sorcières n’étaient pas disponibles à l’époque.
– Cela n’a pas surgi spontanément. Les crimes étaient un système.
– De vieilles chèvres à chair sèche étaient persécutées. 
(à prononcer à voix haute, vous verrez…, pire que l’archiduchesse.)
Il a été facile aux femmes de s’évanouir.
– « Professionnaliser » le métier d’homme.
– Nous n’avons pas été une forteresse et ce n’est pas accidentel.

On ne sait pas encore à qui on offre ce « 3 livres en 1 ». Surtout, si vous avez une idée, n’hésitez pas.

Keun, Dagognet et Gran :

Mis en avant

Les éditions du Typhon ont, en 2021, sorti Une vie étincelante, et, en 2023, à l’occasion de la création de leur jolie collection de poche « Soleils noirs », ressorti ce texte d’Irmgard Keun. Cette autrice allemande (1905-1982), avant l’arrivée des nazis au pouvoir, avait connu un grand succès pour ce livre. Féministe dans un temps qui l’était peu, elle parle là d’une jeune femme libre, vivant son corps un peu à la manière des hommes. Les nazis ont censuré ce livre. Elle s’est exilée, a publié en 1937, grâce à des éditions allemandes installées aux Pays-Bas, puis en 1939 en France Après minuit, un livre éminemment politique qui dit énormément sur le nazisme au moment même où il sévit.
Il est super de retrouver des auteur(e)s qui ont marqué leur temps et peuvent nous le faire comprendre. Il est super de retrouver des auteur(es) oublié(e)s.

Fraternité de Luc Dagognet est un premier roman paru aux éditions Do en 2023. Il m’a, au départ, fait penser à Luc Chomarat quand il est bon. Le personnage principal travaille dans la pub. Le point de départ est le bruit qui le gêne et fait monter entre un voisin et lui, pourtant pas très courageux, une « guerre ». Plus loin on est à la limite du fantastique, dans les catacombes et des jeux vidéo. Dagognet a des formules humoristiques qui vont bien avec l’humour de son éditeur. Exemple : une définition des stimuli : « notre coup de marteau sur le tendon rotulien de votre opinion »

Voyage clandestin avec deux femmes bavardes de Iegor Gran, éditions P O L, paru en 2023, traite de l' »opération spéciale » en Ukraine à travers les comptes Twitter – normalement interdits – de deux femmes russes. Des femmes qui existent. On est dans une sorte de document. Grâce à ces réseaux sociaux, on peut avoir une idée des différences à l’intérieur de l’opinion publique en Russie. L’une est totalement pro-Poutine, » le réunificateur des terres russes », l’autre pas et doit faire attention à ce qu’elle dit dans son quotidien et à ce qu’elle poste.
Iegor Gran, fils du dissident Andreï Siniavski, et auteur du merveilleusement drôle Les services compétents a, dès le début de cette guerre, pris position avec Z comme Zombie contre son horreur.

Chat Bleu d’octobre 2023 – 1)

Une vie étincelante d’ Irmgard Keun,

Fraternité de Luc Dagognet


 

 

 

 


Voyage clandestin
avec deux femmes bavardes de Iegor Gran sont les trois livres présentés cette fois.

 

 

 

Je reviens !

Hugues Pagan au Havre

Mis en avant

Hugues Pagan reçoit aujourd’hui deux prix : celui des Ancres Noires 2023 et  le prix des Robes Noires, décerné par avocat(e)s, greffier(e)s et juges du Havre, Une première ( grâce à maîtres Haussetete et à Nelly Dassonville ), et nous l’espérons, pas la dernière collaboration avec le festival du Polar à la plage.

Hugues Pagan a écrit 13 romans, recueils de nouvelles et des scénarios.
Dans  Le carré des indigents, aux éditions Rivages, on retrouve son personnage : Schneider, « un policier intègre« .

« Je parle pour ceux qui ne peuvent pas parler » dit Pagan. Et aussi :
« J’ai un style rugueux parce que je raconte rugueusement des choses rugueuses. Et puis c’est mon style, voilà tout. Quelqu’un m’a dit un jour que j’écrivais comme un écrivain du XIXème siècle. Je trouve que c’est un super compliment ! » (…)
« Gide disait que la forme, c’est le fond qui remonte. Je suis d’accord avec ça. »

Hugues Pagan est effectivement un des auteurs français pour lesquels la distinction littéraire entre la noire et la blanche ne fonctionne pas. Il écrit sur une société rarement belle et juste mais c’est beau.

Emission de G. Erner :

Ici, normalement, je ne me montre que positive
MAIS …
dans l’émission de Guillaume Erner de ce jour, en lien avec la mort de Dominique Bernard :
Camille Taillefer, 20 ans d’enseignement, se montre pleine de passion.
Elle est entourée d’un inspecteur d’académie honoraire et d’un professeur de collège, secrétaire général de l’APHG, tous deux bien plus ternes et donneurs de leçons.
Le collègue se permet de dire qu’elle a été longue dans son intervention. Le manspreading ne lui pose pas de problème, le womanspreading, si, apparemment.
Il a cette façon insupportable de parler en faisant entendre en même temps la salive ravalée. Je m’imagine élève, en cours avec lui…
Les deux hommes faisaient, pour moi, très « voix de son maître ». La norme, la loi, une forme de pompe, pas vraiment l’investissement dans son travail…

Mais c’est moi, sans doute…

Hubert Reeves : Le P. F. H.

Hubert Reeves, l’astrophysicien, vient de mourir à 91 ans.
Il avait créé le concept de P F H.

P F H = « Putain de Facteur Humain »
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