Un vin rouge, un Graves du Château Simon et un super fromage d’un petit producteur local « la bonne Cauchoise », ont accompagné des livres du bout du monde :
– Jetés aux ténèbres, de Sandrine Berthet, éditions du Sonneur, 2021 :
Septembre 1872, le premier navire amenant des communards en Nouvelle-Calédonie arrive. Nous sommes dans le bateau avec le personnage-narrateur et nous le suivons le temps de sa peine. Hyper-documenté, ce premier roman d’une jeune femme qui a vécu là nous fait voir et comprendre les conditions de vie des prisonniers, des colons et des Canaques. Nous suivons par exemple Louise Michel, amenée plus tard. Elle « profite » de sa déportation pour étudier faune, flore et « naturels », donne des cours à leurs enfants, poursuit son engagement. Nous voyons arriver les familles de bagnards autorisées à les rejoindre, des Kabyles qui se sont opposés au gouvernement français en Algérie. Nous sommes informés de la manière dont l’armée mate les tribus qui ont de moins en moins de place sur leur terre.
– Le livre de la Jamaïque de Russell Banks, 1980, traduit par Pierre Furlan, 1991 Actes Sud. Aussi en 10-18 : Le point de départ du livre est un fait divers : le meurtre d’une femme noire dont Errol Flynn, propriétaire sur l’île, a été un temps soupçonné. Puis on s’échappe de ce prétexte. Johnny, alias Russell Banks, revient plusieurs fois, de plus en plus longtemps. Il passe de la Jamaïque du littoral, celle des Blancs richissimes et terrorisés de perdre leurs biens, à celle des Noirs qui vivent dans la misère à l’intérieur des terres. Il choisit son camp, s’enfonce dans l’île, rencontre des ancêtres des Marrons et participe à leur vie.
On n’est jamais déçus par un Russell Banks !
– Ce que cela coûte de W.C.Heinz, 2019, éditions Monsieur Toussaint Louverture, traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson. Le livre était sorti en 1958 aux Etats-Unis.
Quand on choisit un volume de cette maison d’édition, on le fait aussi – ou d’abord – du fait de son esthétique … enfin, je parle pour moi… Celui-ci, son côté carnet genre Moleskine, ses coins arrondis, sa couleur, sa matière ( La couverture est en Remake Leather de 250 g, qui dans sa chair de papier compte un quart de particules de cuir, ce qui va de soi. ») en font un objet à la limite du régressif… Bref, il est beau. Il donne envie de l’avoir à tout tsundoku normalement constitué…
Mais évidemment, il y a plus que l’apparence : Heinz (1915-2008) a été un des premiers écrivains du « Nouveau journalisme » dont on connaît mieux Truman Capote, Hunter S. Thompson et Tom Wolfe par exemple. Là, un journaliste sportif accompagne un boxeur juste avant un championnat. Et c’est une approche sociologique de ce sport : les champions, les bons mais inconnus, les Noirs, les Blancs, les anciens, les managers, le public. L’avant-dernier chapitre est le moment du combat et, même si on n’est pas fans de ce sport, on est captivés.
La suite de la soirée, bientôt.
Le prochain Chat Bleu a priori le jeudi 28 avril, 18 h.