Patrick Declerck – Emmanuel Meirieu

LE
VOL
CAN
SCÈNE NATIONALE
DU HAVRE

SAISON 22/23

LES NAUFRAGÉS

LE BLOC OPÉRATOIRE / EMMANUEL MEIRIEU

vendredi 7 et samedi 8 avril

Un monument pour les fracassés

En 1986, à Nanterre, Patrick Declerck ouvrait la première consultation de psychanalyse destinée aux personnes sans abri. En plus d’un repas chaud, d’un comprimé ou d’une couverture, il voulait donner à ces fous de pauvreté, ces fous de solitude et d’alcool, l’écoute d’un psychothérapeute. « Pendant quinze ans de ma vie, je me suis intéressé aux clochards de Paris. Je les ai suivis dans la rue, dans le métro, les centres d’hébergement, à l’hôpital. J’ai aidé à les soigner. Je pense en avoir soulagé certains. Je sais n’en avoir guéri aucun. »

Lorsqu’Emmanuel Meirieu adapte son récit pour la scène, il le fait exister comme celui d’un explorateur des temps modernes, parti découvrir un continent oublié, abandonné… les grands fonds des sociétés humaines aux coins de nos rues.

Il fait entendre la voix des fracassés, des sans parole et sans mémoire, dans un spectacle percutant comme une gifle, mais aussi bouleversant et poétique. Les personnages viennent se raconter sans fard et sans détour : ils se confient aux spectateurs comme s’ils parlaient pour la première et la dernière fois, et érigent peu à peu un monument à la beauté de ces hommes et femmes fragiles, un hommage qui leur ressemble un peu, vaguement de travers, d’un goût parfois douteux, presque une ruine

Voilà :
ce spectacle passe en fin de semaine.
Hier, au Fitz, les deux hommes étaient interviewés par Florence Lafond.
Ils s’entendent super bien, ça saute aux yeux ; ça fait 7 ans que le spectacle existe en « trois vies, trois décors »  et Declerck dit avoir été  » encore plus impressionné par cette épave » aux Bouffes du Nord que par le voilier dans la halle, la première fois.
Patrick Declerck se présente en atrabiilaire dès les premiers mots, et continue : « Je suis un normal raté. La normalité m’ennuie, mangoisse. Ne comptez pas sur moi pour l’optimisme en général. » (…)  » L’homo-sapiens est l’être le plus monstrueux , cette espèce est une horreur. Le progrès n’existe pas. Malheureusement je suis homo-sapiens » (…) « Il faut combien de Jean-Sébastien Bach pour compenser Auschwitz ? »
Et derrière cette misanthropie affichée pour la collectivité, il y a un homme qui a travaillé pour des personnes laissées pour compte, auprès des « clodos » : «  pour limiter la souffrance. On aide de jour en jour, d’heure en heure, on a prolongé la vie. J’ai une profonde admiration pour eux de parvenir à survivre dans ces conditions. Ils sont une énorme leçon du vivant  » (…)  » Tout ça est fragilissime, précieux. Plus ça semble dérisoire, plus c’est précieux.
Les 
cimetières sont pleins de
winners…« 

 

Meirieu et Declerck se retrouvent sur la nécessité de  » la compassion « .

 

 

 

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