Les éditions du Sonneur créées en 2005 publient des textes ou inédits, ou oubliés, méconnus. « Le gouffre » de Frank Norris (1870-1902), paru en 1903, entre dans cette deuxième catégorie et sa modernité est étonnante. Non par son écriture : Norris, influencé par Zola, est un pionnier du naturalisme aux Etats-Unis, mais par son sujet: la spéculation, un « jeu », « pire que la morphine! ». Nous sommes à Chicago, à la bourse au blé où s’affrontent « baissiers » et « haussiers » : « et les fermiers souffraient ». Le propos est moral, social. La punition est à la hauteur de la faute et la scène de la chute est très cinématographique.
L’autre affrontement dont parle le texte est celui des hommes qui spéculent et des femmes qui aiment et ne comprennent rien à ce qui se passe à la corbeille. L’argent, le pouvoir sont du côté de la virilité contre l’amour et l’art, propres au féminin et finalement gagnants…