Et comme on se mêle de tout : 12) Air doll de Hirokazu Kore-Eda, Japon, 2010

Air doll est  une ode au cinéma, fiction et simulacre et un film d’une grande richesse !
C’est moins l’histoire d’une poupée gonflable que d’un autre Pinocchio, moins une fable érotique qu’un conte philosophique : la naissance d’un être neuf s’ouvrant à la vie, au savoir et aux autres. Inspiré d’un manga dans lequel la poupée était seule, le film parle, lui, beaucoup du lien ou de son impossibilité et montre des solitudes juxtaposées, des stratégies de compensation.
« Je suis vide à l’intérieur » avoue la poupée à un vieil homme qui répond : « A notre époque, ils le sont tous ». Elle est « Candide » dans son rapport au mot, ce qui entraîne la mort : « Où est ta valve? » demande-t’elle à l’homme qu’elle aime et qui lui avait dit qu’ils étaient pareils. Elle a honte d’être un ersatz (la superbe scène du regonflage dans le magasin de vidéos où elle travaille) mais s’aperçoit que l’ersatz est une norme. Par le souffle, elle a un coeur, éprouve la compassion, l’amour et sa douleur, la jalousie et le dégoût. Par le souffle, elle est devenue vivante mais accepte, elle, de vieillir et de mourir (elle jette la pompe qui la regonflerait à jamais).

au cinéma Le Studio, Le Havre, jusqu’au 15 janvier

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