Un Yannis D. Yerakis : P U N° 176

Pêcheurs d’éponges  de Yannis D. Yerakis, éditions Cambourakis, est la Pièce Unique n° 176. Traduit du grec par Spiro Ampelas, il donne à lire l’unique texte de cet homme. Un document, doublé d’un poème. Une entrée dans deux mondes inconnus : au début du XXème siècle, ce travail de pêcheur d’éponges et, par ailleurs, la présence d’enfants grecs – esclaves en Russie. Y. Yerakis a vécu les deux. Une leçon d’histoire aussi : à qui appartient alors le Dodécanèse, les premières guerres balkaniques, les colons ottomans italiens puis l’indépendance.
Et :
Extrait de l’article de Ulysse Baratin dans En attendant Nadeau du 26 août 2020 : « Pêcheurs d’éponges atteste surtout d’une société plus ouverte aux textes provenant de non-professionnels de la littérature. La Grèce a eu Yànnis Makriyànnis, éleveur illettré et personnage important de la révolution de 1821, aux antipodes du monde des lettres et dont les Mémoires constituent un jalon des lettres néo-helléniques. Le poète Níkos Kavvadìas travailla toute sa vie sur un cargo et la poésie « rébétiko » fut le fait de garçons bouchers (écoutez l’immense Màrkos Vamvakàris). Encore aujourd’hui, on peut trouver en Grèce des poètes et des conteurs chez des gens éloignés de tout « milieu » littéraire. Ce continuum entre civilisation orale, travail manuel et écriture s’incarne chez Yànnis D. Yérakis.  »

Quelques « Poèmes Express » issus de Pêcheurs d’éponges :

– Rêves partagés. Fragilité des siens. Lumière des leurs.
– On manquait de pétrole. Ne vous fâchez pas si j’écris que de gros en avaient.
– Les requins devaient se cultiver mais le plus grand nombre se traînait.
– Ils étaient nombreux ; la rue et la place étaient pleines de mauvais.
– Des petites vieilles se regroupaient, les plus jeunes les laissaient flotter.
– Poisson dans la barque, temps calme et requin rond au fond.
– Aucune terre au petit matin et pas un seul qui sache.
– Ils sont tous entrés. Je leur ai raconté ce qu’ils avaient vécu. Ils ont répondu : « Nom de Dieu ! »

Cette Pièce Unique est destinée à Arnaud de La Cotte, auteur d’un Journal filmé.

( ci-contre : Cinématon n° 3030
– Fondation Gerard Courant )

 

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