Mort aux girafes de Pierre Demarty, paru au Tripode en 2021 semble né d’un pari : faire un livre en une seule phrase. Pas de points DU TOUT sur 194 pages. Une dérive, un glissement.
Des registres de langues différents.
On peut avoir l’impression d’être dans un film noir français années 50 comme se retrouver dans un texte de spécialiste en architecture (p 40).
Cela commence avec une épigraphe de l’écrivain Frédéric Berthet, puis on retrouve un Frédéric Berthet à Bar-Le-Duc, cherchant un hôtel.
Cela passe par l’histoire du caoutchouc et
cela aboutit à Sophie la girafe.
C’est donc assez dingue.
Mais le retournement de la fin est complètement étonnant,
d’une vraie intensité dramatique alors que l’humour était la note principale.
Pierre Demarty, né en 1976, avait déjà écrit trois livres avant celui-ci. Pas d’autre depuis, semble-t-il.
Quelques Poèmes Express issus de ce Mort aux girafes :
– Dans le maréchal, un asticot, car il était mort.
– Famille nombreuse installée dans quelques rangées : charivari familial, c’est humain.
– Il nourrissait une légère obsession pour l’hôtel : petite étincelle quelques heures à peine.
– Tout chasseur de grands squales, à Bar-Le-Duc, s’ennuie.
– Un fade petit bourgeois s’affiche en édition de poche.
– Passagers invités à ne pas descendre, faut pas, interdit.
– La modestie n’était pas la plus flagrante des qualités du bruyant.
– Sauter à pieds joints entrechoque torse, cuir chevelu et trottoir.
– Songer à semer la panique le moment venu, la nuit, toujours.
– Le solitaire discret à la main douce se mêle aux onanistes dominicaux.
– Un vieux, pris en flagrant délit de cocotte en papier, c’est parti, rien ne peut l’arrêter.
La Pièce Unique N° 242 est envoyée à Pierre Demarty, bouteille à la mer aux bons soins des éditions du Tripode.