Terres de paroles, au Havre : Khemiri, Cie Ktha, Illska

Le 9 avril, au Fitz, au coeur du Volcan, lecture de J’APPELLE MES FRERES de Jonas Hassen Khemiri  par 4 comédiens : une confirmation : cette pièce lue dans les jurys mis en place par le festival (voir post du 8 mars 2016) dit des choses cruciales. Ecrite et créée en 2013, à la suite d’un attentat sans victimes dans Stockholm, elle garde évidemment tout son poids : après un acte terroriste, comment vivent des hommes à l’air étranger, leurs pensées, leurs peurs, leurs réactions, celles des autres vis-à-vis d’eux. Khemiri, né en Suède d’un père tunisien et d’une mère suédoise, fait partie de la première génération d’écrivains de l’immigration. Il touche à tous les genres. Ce texte aussi plein d’humour, avant d’être une pièce, a été un article puis est devenu un roman, trois manières d’évoquer une situation qu’on ne peut contourner en ce moment.
Le 9 avril, dans la rue, JUSTE AVANT QUE TU OUVRES LES YEUX de la compagnie Khta. Cette compagnie basée à Paris depuis 2000 se produit dans des festivals de théâtre de rue (Chalon, Aurillac), dans des dispositifs étonnants. Là, il s’agit de 3 comédiens habillés de jaune fluo. Ils marchent derrière un camion roulant lentement dans lequel sont une quarantaine de spectateurs. Ils les regardent, leur parlent du moment où le réveil sonne, Alarme, drôle de façon de commencer sa journée, Alarme, ils disent le lever remis à un peu plus tard, neuf minutes, puis ce qui se passe, le petit dej, la salle de bain, ce qu’il/elle rêve de faire au lieu d’aller travailler. Des sourires, des saluts de la main, la marche. Les voitures que l’on empêche de rouler, les passants qui s’arrêtent, ceux qui ne voient pas. Un moment de convivialité, de civilité.
Le 9 avril, à la médiathèque Niemeyer, lecture par le comédien Laurent Sauvage d’extraits de ILLSKA de l’Islandais Eirikur Orn Norddahl  suivie d’une rencontre avec l’auteur et son traducteur Eric Boury. Il y avait là plus de temps qu’aux Boréales de Normandie (voir post du 23 novembre 2015) pour les écouter, eux et le texte. Le sujet du livre est l’holocauste, le néo-nazisme, leur place dans le monde actuel, dans la vie de jeunes gens. Cinq ans d’écriture, et même plus, voilà la place que cela a pris dans celle de Norddahl.

Voilà trois moments de Terres de Paroles au Havre : très divers mais tous, à leur manière, très politiques.

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