le photographe Michael Wolf : exposition à Rouen

 

Michael_Wolf

Industrial #26, 2015 © Michael Wolf, Courtesy Flowers Gallery, Londres

C’est jusqu’au 28 mai 2016 , au Centre Photographique Pôle Image Haute-Normandie , 15 rue de la Chaîne à Rouen, dans le cadre du mois de l’architecture contemporaine.

Michael Wolf est né en Allemagne en 1954 mais il s’intéresse surtout à l’Asie : la Chine,  Hong-Kong où il vit, Tokyo. Tous les photographes sont peut-être des collectionneurs, Michael Wolf l’est, lui, c’est évident. Il travaille par séries : « Architecture of density » (3), « bastard chairs »(4), « the real toy story » (1), « Tokyo compression »(2) etc…
Dans les séries : des chapitres, un rangement qui permet de comprendre une ville ou un fait de société. Un travail de narration qui, en montrant le monde, questionne son fonctionnement, pointe du doigt ses problèmes : (1) le monde occidental et son entassement de jouets / les lieux, les gens qui les produisent, (2) la densité de la capitale japonaise à travers les gros plans de visages éteints ou hagards, compressés contre les vitres de rames de métro.
La densité est aussi le sujet de l’exposition présentée à Rouen, la première dans un lieu institutionnel en France alors que l’oeuvre de Michael Wolf est internationalement reconnue, montrée dans les musées, publiée, primée ( World Press Photo en 2005 et 2010).
Il la représente par les façades d’immeubles gigantesques, les arrière-cours et les pièces de vie :
Les façades (3), juste les façades de béton, « plein pot », sans sol ni ciel, sans paysage ni verdure, un peu comme des Vieira da Silva, des lignes horizontales, verticales, des rythmes donnés par les ouvrants, le même répété des centaines de fois. De vrais clapiers. L’anonymat. Une horreur humainement, une beauté plastiquement.
Et puis, le revers : les ruelles, les détails d’architecture déglinguée, des tuyaux, des murs lépreux, des objets abandonnés ou laissés entre deux utilisations : beaucoup de gants de caoutchouc, de balais, des sièges (4) bricolés, éléments colorés, fantaisie dans un monde de grisaille. Des traces d’hommes. La pauvreté et la débrouille.
Des intérieurs : sur chaque image, une seule pièce exigüe pour tout faire : dormir, manger, ranger et leur occupant de face, posant : c’est la première fois que l’on voit des hommes, des femmes, souvent âgés, seuls, quelques fois en couple.
Tous les photographes sont peut-être des sociologues, Michael Wolf l’est, lui, c’est évident.

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