On parle de nous et du Chat Bleu ! Merci !

EDITO : Le regard du spectateur

« Il me semble que la civilisation est toujours à recommencer ; qu’elle n’est pas un état de grâce, mais bien un travail continuel sur soi-même et les autres, dans la direction indiquée par l’expérience et par l’espoir. L’homme est une question de persévérance. » Cette citation de l’écrivain roumain Petru Dumitriu (1924-2002) est plus que jamais d’actualité. En effet on ne compte plus les motifs d’inquiétude dans un monde traversé par plusieurs défis.
Où en sommes-nous d’une société où l’on pourrait ne pas perdre sa vie à la gagner ? Où l’on ne se méfierait pas des pauvres, selon Esther Duflo (prix Nobel d’économie 2019)? Où le langage des poings ne prévaudrait pas sur la parole ? Où l’éducation serait prédominante parce que les pays s’enrichissent grâce à l’intelligence et au savoir ? Où nos instances politiques et économiques seraient capables de répondre à l’urgence écologique hors de la domination de grandes firmes ? Où l’on ne craindrait pas les tentations populistes et une dérive autoritaire ?
« La démocratie est par nature expérimentale » écrit l’historien Pierre Rosanvallon dans Les siècles du populisme(Seuil). C’est dire que nos démocraties sont fragiles, soumises à des aspirations légitimes et parfois contradictoires.
« La question du totalitarisme n’est pas derrière nous mais devant nous » affirme le philosophe Jean-Jacques Rosat auteur de Chroniques orwelliennes (Collège de France).

C’est la raison pour laquelle le rôle des artistes et des acteurs culturels est si précieux. Partager les arts avec le plus grand nombre et avec l’exigence la plus élevée, c’est ce qui anime également beaucoup de spectateurs moins « consommateurs » qu’acteurs.
La part de la culture dans les programmes des candidats aux élections est, hélas, significative : elle est le plus souvent réduite quand elle n’est pas passée sous silence….
La démocratie pourtant est à ce prix : les fondements du totalitarisme sont la censure, l’ignorance et la pauvreté ou l’instrumentalisation du langage.

On suivra sur ce point l’économiste Deirdre Mc Closkey qui affirme que c’est la production des intellectuels et des artistes qui explique le grand enrichissement qui gagne l’Europe de l’Ouest, puis le reste du monde entre le 18ème et le 20ème siècle : grâce à eux, l’éthique bascule.
Ils font de la liberté, de la créativité et de l’innovation les nouvelles vertus morales en lieu et place de l’honneur, du rang et de la soumission à l’Eglise et au prince.
N’est-ce pas ce qui définirait un nouvel individualisme porteur d’actions solidaires ? Celles des jeunes des Fridays for future pour nous éveiller et protéger la terre et celles des Sardines, en Italie, dans une belle énergie de vie commune ?
Isabelle Royer

GRANDE CONVERSATION
11e Grande conversation
Le 13 mars, à 18h30, Bibliothèque Oscar Niemeyer
Qui sont nos zombies ?
De la fiction aux fantasmes

Les zombies sont désormais un phénomène culturel. Leurs hordes vacillantes d’êtres terrifiants nous sont devenues familières et font partie de notre imaginaire.
Ils ont envahi le cinéma, la télévision, internet, la bande dessinée, la littérature … Ils s’incarnent dans des défilés carnavalesques : les Zombies Walks.
Mais c’est quoi un zombie ? De quoi sa popularité est-elle devenue le symptôme ?
Ces êtres inconcevables auxquels personne ne peut s’identifier – trop morts, trop vivants – on pouvait aisément les mettre dans la case du simple divertissement de la pop-culture. Mais ils se sont infiltrés dans les réflexions de philosophes, de sociologues, de neurologues, d’ethnologues, qui, se saisissant du sujet, ont dévoilé les préoccupations contemporaines.

Dans le cinéma des années Trente, aux Etats-Unis, la figure du zombie était associée aux fantasmes liés au Vaudou et au réveil des morts. En 1968, La nuit des morts-vivants, le film de George A. Romero, lui a donné un sens différent. Des zombies déferlent en une meute vacillante et deviennent le symbole de l’effrayant inattendu, d’un quelque chose qui pourrait atteindre l’individu et l’humanité entière, dans une dimension inouïe et irrémédiable.
C’est le déclenchement d’une réflexion où le zombie n’apparaît plus comme un objet d’imaginaire récréatif mais celui d’une pensée critique de la société. Au rythme du questionnement sur les significations qu’il peut prendre, il va changer progressivement de sens, jusqu’à ne plus être seulement une silhouette errante et affamée de chair humaine mais la représentation de différentes formes de phénomènes qui caractérisent notre époque. Des colloques universitaires, des conférences, des essais, des émissions de radio, des documentaires, lui sont consacrés et se multiplient.
Parmi toutes les figures de monstres, pourquoi le zombie, serait-il aujourd’hui celui qui symboliserait le mieux les interrogations de notre monde ? En quoi une créature de fiction peut-elle nous aider à décrypter notre époque ?
Entre distraction et réflexion, nous aurons cette conversation en compagnie de nos invités :
                                            Clémentine Hougue, chercheuse en études culturelles,
                                                   auteure de Le zombie au-delà de la fiction
                                                                                      et
                                                           l’association Cannibale peluche,
                                          de cinéphiles et programmateurs de l’étrange.
Entrée libre
Les 9 et 23 février, le 8 mars, écoutez sur Viva culture – 11h à 11h 30, dans 10mn chronique, sur Ouest Track radio : Pourquoi les zombies ?
Catherine Désormière

COUPS DE COEUR
Au festival Le Goût des autres

1- Le jeune noir à l’épée
Abd Al Malik/Salia Sanou (vu dans Multiple(s) à Avignon l’été dernier)
J’ai été absolument emballée, emportée par la prestation chorégraphiée de quatre magnifiques (dans tous les sens du terme) danseurs, à savoir Salomon Asaro, Akeem Alias Washko, Vincent Keys Lafif et Bolewa Sabourin : un pur et rare moment de bonheur total !

2- La cuisine de Marguerite
Un vrai régal en cette heure de déjeuner (12h30), et pas seulement pour les papilles : le propos est léger, pétillant. On y apprend, entre autres, la recette des boulettes « à la grecque »(là-bas, on dit « kèftédès »), façon Mélina Mercouri, qui aurait pu candidater pour des étoiles au Michelin ! Ce n’est pas exactement ce que j’ai dégusté lors de mes nombreux séjours au pays des Héllènes : des plats basiques mais néanmoins fort savoureux….
La comédienne Julie Martigny (qui intervient à l’atelier théâtre du lycée Porte Océane) porte bien la légèreté joyeuse de ce texte si frais, révélant une facette peu connue de la grande Marguerite Duras.
N’oublions pas les femmes de La Fabrique Pierre Hamet qui nous ont régalés avec leur succulente (et durassienne) soupe de poireaux !

3- Beloved
Toni Morrison


Une lecture musicale très émouvante de cet ouvrage connu pour la rudesse du propos, par la comédienne Astrid Bayiha (découverte par Bob Wilson) et le groupe électro ORK dans une belle osmose.
Annette Maignan

AUTOUR DES LIVRES
Le Chat Bleu, c’est à Sainte-Adresse, tout près de la plage. Brocante, petite épicerie fine, restauration le midi, salon de thé, bar à vins-tapas le soir…Tout cela dans un décor chaleureux, un joyeux petit bazar avec des recoins partout et une jolie petite terrasse avec vue sur la mer.

Nsenga, le patron, y accueille régulièrement des concerts, des soirées à thème…Il nous y accueille aussi, nous, amoureux…amoureuses plutôt, il n’y vient pas beaucoup d’hommes… des livres et de la lecture, une fois par mois autour de Catherine Hémery-Bernet qui a inventé avec lui ces soirées « Un vin, des livres » il y a plusieurs années. Ou comment faire rimer littérature et oenologie !
Rappelons que Catherine présente une rubrique Autour des livres dans Viva Culture sur www.ouest-trackradio.fr (95.9 DAB ou en podcast)
Nsenga nous propose à chaque fois un vin rouge et un vin blanc qu’il a choisis avec soin. Il nous les « raconte » pour nous les mettre en bouche et nous les sert avec quelques petits tapas maison toujours originaux et délicieux.

C’est le moment d’écouter Catherine qui commence toujours par nous présenter, elle, deux ou trois livres qu’elle a aimés, elle nous en lit quelques passages pour nous donner le ton. Un de ces livres sera gagné par un(e) participant(e) tiré(e) au sort. Cadeau de la soirée, très apprécié ! Puis Catherine donne la parole à qui souhaite la prendre, pour parler d’un ou de plusieurs livres aimés. C’est l’occasion d’un riche échange entre nous. Les envies de lectures circulent, les livres se prêtent, les avis se confrontent. Parfois la conversation s’ouvre sur des spectacles vus, des films découverts…C’est joyeux, simple et convivial. On peut même venir juste pour écouter, on n’est pas obligé de prendre la parole !
Et ce sont de bons moments de partage.
C’est bien sûr ouvert à tout le monde. On trouve le calendrier de ces rencontres sur le site de la maison d’édition dirigée par Catherine et dont voici l’adresse : www.ruedudepart-editions.com
Et donc, si vous aimez lire, partager vos lectures, découvrir de nouveaux titres, de nouveaux auteurs, soyez les bienvenus au Chat Bleu parmi nous !
Véronique Garrigou

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