Deux vins rouges : des beaujolais, de même cépage à 100 mètres de distance l’un de l’autre : un de 2011, un Saint Amour, vieilli en fût et un très jeune, « dans le fruit, rond ». Un vin blanc sec de Bourgogne : un Mercurey au « petit fruité intéressant » (N’senga dixit).
Avec cela, les livres étaient… guerriers. 11 novembre oblige.
– Un texte d’ Andreas Latzko, Hongrois de langue allemande : HOMMES EN GUERRE, paru en 1917 à Zürich et en français en 2003 chez Agone. Blessé en 1915, ces beaux textes, sortes de nouvelles, disent son ressentiment vis à vis des officiers, « ces petits tout puissants« (…), »ces apprentis dieux qui tapaient le carton avec la vie des hommes » étrangement aussi, vis à vis des femmes qui les ont laissés partir, devant lesquelles ils ne pouvaient se permettre de déserter.
– CORRESPONDANCE Stefan Zweig – Joseph Roth, 1927-1938, chez Rivages, 2013. Ces deux auteurs juifs autrichiens, le premier, nanti, romancier reconnu et Roth le journaliste, grand buveur, contraint d’écrire toujours plus pour survivre, se disent leur admiration réciproque, leur vision du monde. Roth est bien plus tôt, bien plus perspicace que Zweig : 17-3-1933 : « Il n’est plus question d’être encore publié en Allemagne! »; 7-11-1933 : « Je vous en conjure, cessez enfin d’essayer de tisser des liens même ténus avec l’Allemagne (…) Vous avez précédemment démenti être Arnold Zweig mais par tous les liens que vous entretenez avec l’Allemagne, vous démentez être Stefan Zweig. ».
– LA CACHE de Christophe Boltanski, éd. Stock, 2015 : où il est question des célèbres Luc et Christian, respectivement père et oncle de l’auteur, de leurs incroyables parents, de la « cellule familiale » qu’ils constituent depuis le traumatisme de l’antisémitisme et de l’occupation.
Ont aussi été évoqués LE TRIOMPHE DE LA CUPIDITÉ de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie qui dit qu’aucune leçon n’a été tirée de la crise de 2008, LA JOIE de Ch. Pépin, philosophe : une réflexion sur la nécessité de trouver la joie dans les épreuves, MARS OU LA GUERRE d’Alain, autre philosophe, sur le pacifisme et des romans très différents les uns des autres : TITUS N’AIMAIT PAS BÉRÉNICE de Nathalie Azoulai, où maintenant et époque de Racine se mêlent, LES HEURES SOUTERRAINES, histoire de harcèlement de Delphine de Vigan (elle sera à la Galerne le vendredi 4 décembre à 18h _ vous pourrez ensuite aller au cinéma le Studio pour la remise de prix des nouvelles et des courts métrages des Ancres noires à 20h30 ), DANS LA GRANDE NUIT DES TEMPS d’Antonio Munoz Molina mettant en scène la guerre d’Espagne, le 2e roman, noir, de M. Pessl INTÉRIEUR NUIT, la « vraie écriture » de D. Foster Wallace dans les 1300 pages de L’INFINIE COMÉDIE, LES PAVOTS ROUGES d’Alai aux éditions Picquier, la trilogie d’Anne-Marie Garat chez Babel, les livres de la prix Nobel Herta Müller chez Gallimard. Encore de bonnes raisons de se retrancher des folies du monde et de lire !
Le prochain Chat Bleu, c’est le jeudi 3 décembre!