Soutenus par un vin rouge du Val de Loire, un Gamay ou un rosé Côte de Gascogne,
nous avons parlé de livres étrangers :
L’effondrement d’Hans Erich Nossack (1901-1977) aux éditions genevoises Héros-Limite, 2021. Traduit de l’allemand par J.P. Boyer et Silka Hass. Ce texte, paru pour la première fois en France en 1949, dans la revue des Temps modernes, fait partie de la « littérature des ruines ». Ecrit à chaud, après le bombardement de sa ville, Hambourg. Un des rares livres à documenter cela. Nossack était un homme de gauche et il évacue le problème de vaincus victimes / vainqueurs haïssables. Il rend compte de ce qu’il voit, ressent, comprend de la situation et des réactions des sinistrés.
P. 25 : « Un temps sans masques commença ; les déguisements habituels tombèrent d’eux-mêmes », P. 33 : » L’abime était tout près de nous, oui, peut-être au-dessous de nous, et nous ne planions au-dessus que par quelque grâce. » (…) » C’était davantage un accroupissement anormal. » . Une forme de torpeur et des gestes surréalistes comme cette femme faisant ses carreaux dans un paysage en ruine ou ces gens assis à leur balcon. Une lecture parallèle à ce qui se passe aux portes de l’Europe.
La mort et la belle vie de Richard Hugo, en 10-18. Paru aux USA en 1991, traduit par Michel Lederer : le seul roman de cet auteur de poésie, mort en 1982. Un roman policier en deux parties, un peu-beaucoup déjanté dans l’une d’elles, qui se passe au Montana avec un enquêteur qu’on aurait aimé retrouver dans d’autres aventures, un Kurt Wallander américain.
P. 16-17 : « Si vous tenez à ce que ce soit un bon policier, ou du moins un policier expérimenté qui s’occupe de l’affaire, vous avez de la chance que je me trouve là. » (…) Par contre, si vous souhaitez un vrai flic, un dur, vous avez frappé à la mauvaise porte. (…) Le fait que j’aie étudié trois ans à l’Université de l’Etat de Washington pour obtenir un diplôme de création littéraire n’arrangeait rien »…
Ce lien entre nous de David Joy, paru aux USA en 2018, en France chez Sonatine en 2020, et maintenant en 10-18. Traduit par Fabrice Pointeau.
François Busnel dit de David Joy : « Jeune prodige et futur classique ».
Gallmeister aurait pu le prendre dans son catalogue.
Bref, c’est bien.
On est en Caroline du Nord dans un hameau. Les personnages sont des petits Blancs touchés par le système économique. P 60 : « un jour il avait eu une attaque. Et quelques jours plus tard, il en avait eu une autre. Elles étaient arrivées de nulle part et lui avaient pris tout ce qu’il avait ».
Le point de départ est un accident, une erreur. Suit une vengeance. Mais rien de manichéen dans les personnages ; le méchant n’est pas d’un seul tenant. La religiosité est là et on pense à Flannery O’Connor.