Un Joseph Conrad : P U N° 139

Typhon de Joseph Conrad est réédité dans la traduction d’Odette Lamolle aux éditions Autrement, avec une préface de Mathias Enard .

« Ingrédients » principaux : un vapeur : le Nan-Shan sous pavillon du Siam. Son commandant : le capitaine Mac Whirr présenté comme taiseux, fils d’épicier sans imagination. Son second, Jukes qui n’a pas beaucoup de considération pour lui. Des Chinois qui reviennent chez eux « après quelques années de travail dans diverses colonies des tropiques. ». Et un typhon, le premier jamais vécu par ces hommes.
L’auteur et marin décrit le navire au coeur de la tourmente, les réactions des officiers et la gestion du problème des Chinois qui se battent dans l’entrepont. Les dialogues traduisent, sans effets de manches, le racisme « naturel » de ses personnages. Très fort aussi est le contraste entre les scènes de danger sur le bateau et celles de réception des lettres par mrs Mac Whirr… Conrad sait nous placer dans le chaos et, dans le même temps, au coeur de la médiocrité des sentiments.

Voilà quelques « Poèmes Express » venus de ce roman :
– Petites perspectives, peu d’occasions. Un homme.
– Vous me paraissez drôlement relative, dit ce petit à la porte.
– Sur la toile cirée, la confiture et le livre.
– Arracher ses mains, pousser sa peau, ne pas appartenir à son crâne.
– C’est triste, les mains ridées posées sur l’épouse.
– Il valait mieux ne pas parler de marbre noir.

Typhon, augmenté de « Poèmes Express » et d’actualités, est offert au poète Jean-Claude Pinson…-  un de ses amis et admirateurs ayant la gentillesse de penser que cela peut l’amuser –

Jean-Claude Pinson ( à  J.P. S sur la Pièce Unique reçue) : « Pas eu le temps du coup de regarder d’un peu près ce livre dont tu me parles. L’analyse que tu en fais me paraît très pertinent : on est aux frontières des arts plastiques et de la littérature. Ça me semble relever de ce qu’on appelle l’art conceptuel. On met en œuvre une procédure définie d’avance et on décline ad infinitum (il y a un effet sériel : les 140 échantillons dont tu parles). Cela pourrait paraître bien mécanique. Mais là, l’artiste-auteure invente pour chaque page une triangulation renouvelée (Conrad, un extrait de presse et les mots cut-pués en jaune). L’apport n’est pas visuel (rien à « contempler »), mais seulement « littéraire », dans le décalage obtenu par le procédé. Evidemment, il faudrait prendre le temps de regarder cela de beaucoup plus près. À vrai dire, je n’ai guère d’appétit pour ce genre d’objet (à tort peut-être). »

Une réflexion sur « Un Joseph Conrad : P U N° 139 »

  1. Merci pour cette nouvelle « Pièce Unique »
    J’attends toujours avec impatience la publication d’une nouvelle pièce.
    Pour avoir eu le plaisir d’en recevoir une… Je les considère comme des objets précieux et qui, à chaque fois, confortent des envies de lecture.

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