Un Hervé Guibert : P U N° 217

Les Le protocole compassionnel de Hervé Guibert (1955-1991), paru en 1991 chez Gallimard, dernier texte sorti de son vivant.
Hervé Guibert a écrit une trentaine de livres, été photographe et a filmé. Dès son premier livre, La mort propagande, en 1977,  il annonce « mon corps est un laboratoire que j’offre en exhibition, l’unique acteur, l’unique instrument ». Dans ce dernier, c’est toujours son corps, mais avec LE SIDA.
C’était mon premier Guibert et j’ai trouvé ça beau, un document intime qui vaut – même s’il est un privilégié – pour beaucoup de malades à l’époque, alors qu’on ne sait pas soigner, qu’on fait des essais, des suppositions. Il raconte le rapport à des soignants, à des proches, à des examens, des médicaments, à sa fatigue, à ses nouvelles incapacités, à sa nouvelle apparence.
Un document intime qui vaut même pour un patient de 2024 vis-à-vis de certains praticiens tout-puissants qui traitent le corps sans respect pour la personne et « objectivisent » le malade (cf : le passage de la première fibroscopie)

Un entretien Christophe Donner – Hervé Guibert, du 16 février 1991, paru dans La règle du jeu, n° 7, mai 1992, reparu en archives et trouvable sur le net depuis le 13 août 2024, est super intéressant sur ce livre.
On peut le compléter par le visionnage d’un extrait d’Apostrophe pour son « roman » précédent : à l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie.

Quelques Poèmes Express  venus de Le protocole compassionnel :
– La situation était d’abandon total, une technique pour ce qui reste d’heures.
– Au-dessus de chaque os, une nouvelle chair, une peau-expérience.
– Elle raccompagnait des chaussures élégantes, chevilles lourdes.
– Quand je hurlerai, je serai sauvé. Je hurlais ; le chien s’en fichait. Chien pas commode.
– Je n’avais pas envie de vive voix et de chair.
– Mille guerres sont tableaux.
– Emballement des premiers instants : on aime les anomalies, protégé par la nuit et de minuscules bougies.
– La vitesse de l’abattoir, de l’éclaboussure de sang.
– Mange, lape, mâche.
– Ce temps dilaté ou boudiné au bord de la piscine avait une très particulière morosité.

Cette Pièce Unique est proposée à Guillaume Collet,
rencontré à Saint-Etienne, grâce à Julia Deck.
Il y a parlé de son deuxième roman,
Les mains pleines chez Bourgois, 2024.

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