Du Point du Jour au C.A.P.C. 2)

Bordeaux : le CAPC, musée d’art contemporain – juste dommage qu’il soit toujours aussi peu indiqué dans la ville… –
Jusqu’au 28 octobre 2018, exposition de l’artiste conceptuel Danh Vo. Né en 1975 au Vietnam, arrivé au Danemark en 1979, il a étudié à Copenhague et à Francfort, vit maintenant à Mexico (et Berlin ?), expose dans le monde entier (New York, Singapour, Venise etc). Il est presque à lui tout seul une preuve de la globalisation. Il est, en tous cas, un exemple de celui qui a migré dont le parcours personnel est né de l’histoire familiale, de l’Histoire de son pays d’origine, de l’Histoire du pays où il arrive, de l’intériorisation de ces cultures, du métissage qui s’opère. Ou plutôt, en ce qui le concerne, de SA pensée sur ce métissage, sur ces h/Histoires.
L’image ci-dessus montre des éléments du travail de Danh Vo dans la nef du CAPC. Au fond, (Untitled, 2013) 28 énormes blocs de marbre importés de Carrare. Accrochées à certains d’entre eux, des photos encadrées de détails de sculptures de Michel Ange. Histoire de la pierre et de l’Art.
Devant, (Take my breath away, 2015), un espace de miroirs dans lequel le regardeur doit entrer :  Ces miroirs sont et gravés de phrases d’une chanson (Fabulous muscles du groupe Xiu Xiu), par le père de l’artiste et ornés de photos d’hommes se tenant par la main dans la rue. Ces photos ont été prises par un Américain, spécialiste anti-guérilla, travaillant au Vietnam entre 1962 et 1967, radié à son retour pour homosexualité du fait de ces photos.
Entre les deux, des étagères métalliques comme on en trouve dans des réserves de musée : sur celles-ci, Untitled (Lord’s Table from private chapelle, 2018) : un petit autel polychrome du XVII ème siècle, des branches sèches et les bras d’un Christ en bois polychrome, accroché, lui par ailleurs, sans bras, sur la structure des mêmes étagères : (Do you know what she did, your cunting daughter ?, 2015). Là encore, le matériau et l’Art qui en sort.
Allé à l’église jusqu’à 18 ans, Danh Vo remarque : « je pense que je suis traumatisé par le catholicisme. »…

Chaque élément pré-existe à Danh Vo, mais n’est pas un simple ready-made du fait de son mode d’utilisation : il combine les éléments et, ainsi, leur fait dire autre chose que ce qu’ils disaient séparément. Il opère par association d’idées, par glissements. Une métonymie d’objets. D’ h/Histoires.

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