Un Didier Daeninckx : P U n° 77

Didier Daeninckx, on l’a adoré il y a longtemps, mais vraiment longtemps, quand on l’a découvert avec Meurtres pour mémoire !
Du roman noir historique hyper bien fichu.
Plus tard, on l’a reçu au Polar à la plage et Mathieu Vermeulen a composé une superbe petite valse pour son texte Juste deux yeux verts. Très joli moment quand on l’a vu écouter sa chanson !
Et puis il a fait un pas de côté et se positionne plus, maintenant, dans « la blanche ».
On avait acheté Galadio en pensant aux élèves et l’occasion est passée, on ne l’a jamais fait. On vient de le lire. On y apprend des trucs comme cette « République indépendante du Goulot », la mode des moules à gâteau en forme de croix gammée puis leur destruction pour la protection des « symboles nationaux« , ou les animaux jugés « perdus pour l’espèce » parce qu’appartenant à des familles juives.

Quelques uns des Poèmes Express qui en sont sortis :
– Un vieux doberman mord des flocons de neige et glisse.
– Trois Joseph Goebbels avaient déjà commencé à perdre de leur éclat sur la pelouse.
– Dormir à la bibliothèque jusqu’à la construction de l’université, trouver un coin au sous-sol.
– Une quinzaine d’enfants lancés par la fenêtre.
– Un aviateur sur une voie de chemin de fer ne vous demandera jamais de sourire.
– Derrière une affiche de cinéma malais, une couturière prend mes mesures.

La Pièce Unique n° 77 est offert à Léa, une fille assez incroyable d’intelligence et de spontanéité !

 

Un Blaise Cendrars : n° 76

L’Or de Blaise Cendrars (1887-1961) est la Pièce Unique n° 76. L’Or paru en 1925 chez Grasset, trouvable en folio, est une sorte de documentaire-fiction, de biographie romancée : la vie de Johan August Suter qui partit de Suisse, fit fortune en Californie et fut ruiné à 45 ans par la ruée vers l’or. Ce livre – qui raconte l’échec – n’a pas du tout plu aux Américains en général et à la critique américaine en particulier.

Voilà quelques Poèmes Express issus de L’Or :
– Tête en corselet, les vieux fumaient.
– Tous les trois mois, des mormons s’égaillent quelques journées et se retirent après.
– Le sud est tropical et peut abriter la fièvre de cochons bleus.
_ Le dictateur est un honnête homme mais il choisit la grande tuerie.
– Une femme cache son excès de douceur dans un médaillon.
– Voyage en indigo. Réconciliation avec le silence.

Le livre, trois en un (texte de Blaise Cendrars, un Poème Express par jour et informations quotidiennes ) est offert à Rémy Yon, brocanteur à Pirou, cheville ouvrière du festival oulipien de Pirouésie. Il vend des livres et il les aime !

Chat Bleu de février 2019

En rouge, nous pouvions goûter un Moulin à vent, corsé, bien dans le fruit, un beaujolais grand cru : les Seignaux. En blanc, un côte de Gascogne sec, Hirondelle, super bon.

Ils accompagnaient :
– Le témoin solitaire de William Boyle, édition Gallmeister, 2018 : une mort violente a lieu  dans un quartier de Brooklyn – le quartier de Boyle – que nous parcourons grâce à des descriptions  hyper-réalistes – le bar page 32 ! -.
– Retour à Budapest de Gregor Sander, édition Quidam, 2019 : un récit fragmenté qui nous transporte en RDA avant et après la chute du mur. Ceux qui veulent partir, ceux qui préfèrent rester. Les amitiés, les amours suspendus. Comment ils se retrouvent dans la Hongrie d’Orban. Où un système politique violent remplace un système politique violent…
– Obsession – dans les coulisses du récit complotiste de Marie Peltier, édition Inculte 2018. Marie Peltier est historienne et travaille depuis 2011 sur la narration relative au conflit syrien. Elle est ici plus générale et parle de nos comportements binaires, de nos sociétés qui se défient des politiciens et des médias, où beaucoup sont accro et sans recul vis-à-vis des réseaux sociaux.

Nous avons aussi reparlé de la drôlerie du Clafoutis aux tomates cerises, du côté Alexandre Dumas, divertissant de Couleur de l’incendie de Pierre Lemaître, de la dureté incroyable mais belle de My absolute darling,de la beauté de l’écriture de Né d’aucune femme de Frank Bouysse, la Manufacture des livres, 2019.
et encore parlé de :
– Buvard de Julia Kerninon, édition du Rouergue 2014, maintenant chez Babel : sa violence, sa qualité d’écriture.
– Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie, éditions Stock, 2018.
– Changer le sens des rivières
 , édition Julliard, 2019, de Murielle Magellan, une scénariste de série, cela se sent. Au Havre, une jeune fille qui n’a pas fait d’études, ses petits boulots.
– La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt, J’ai lu, 2011 : l’agréable histoire du kidnapping d’une grand-mère pour qu’elle ne soit pas envoyée en maison de retraite.
– Rêves oubliés de Leonor de Recondo, 2012, éditions Sabine Wespieser, maintenant en Points : quand être ensemble est tout ce qui compte.

nouveautés : en poche : L’amour après de Marceline Loridan Ivens, des jours d’une stupéfiante clarté d’Aharon Appelfeld, traduit par Valérie Zenatti. Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson. Le clan Spinoza de Maxime Rovere où on apprend beaucoup sur le philosophe, les pays où il a vécu, le judaïsme.
En grand format :
– Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique Ovaldé, Flammarion. Une femme emmène ses enfants…et nous entraîne aussi…
– Rendez-vous à Samarra de John O’Hara, L’Olivier. Sorti aux USA en 1934, au Seuil en 1948 : un vrai roman américain; Un geste et ce qu’il entraîne.
– Qui a tué l’homme homard ? de Jean-Marcel Erre, édition Buchet-Chastel : un polar drôle qui dit beaucoup de notre société.
– Belle amie de Harold Cobert, édition Les Escales : la suite du texte de Maupassant…

Frédéric Paulin,  La guerre est une ruse,édition Agullo, vient au Fil des pages le 28 février.

Le prochain Chat Bleu est le jeudi 21 mars : on fera partie du Printemps des poètes mais, don’t be afraid, il y a toutes sortes de poésies…en prose par exemple…

Ouest Track et nous – mars 2019

Ouest Track sur le net, à partir du 3 mars, 11 h : Autour des livres vous parle de délocalisation de la Normandie à Paris avec :

  • 4 auteurs – artistes du Master de création littéraire du Havre à la galerie Ut Pictura Poesis, 45 rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris
  • 25 éditeurs sur le stand Normandie (F47) au Salon Livre Paris.
    Cette année, le thème du salon est l’Europe.

 

 

 

A partir du 17 mars, 11 h : Autour des livres est en lien avec la poésie, Printemps des Poètes oblige : suite du Salon Livre Paris sur le stand Normandie avec les éditions Lurlure, Motus…

Un Han Suyin : N° 75

Qui connaît encore Han Suyin ? Sans doute pas grand monde… Est-ce grave ? Sans doute pas…
On peut la voir, grâce aux archives de l’INA, dans des extraits d’émissions de Bernard Pivot.

Auteure eurasienne (1917-2012), elle est sans doute, par sa vie, un des premiers exemples de mondialisation : de père chinois et de mère belge, mariée à un Chinois, puis à un Anglais, enfin à un Indien, elle a vécu en Belgique, en Chine, à Hong-Kong, à Singapour, en Malaisie, en Inde, à Lausanne ! Elle a soutenu de l’extérieur le gouvernement communiste chinois, a écrit sur l’histoire de la Chine mais aussi des romans et des textes autobiographiques.
Un de ceux-ci : S’il ne reste que l’amour, paru en 1986 chez Stock,  a fini en Pièce Unique ( du fait d’un désherbage de CDI). Il évoque la maladie d’un beau-fils d’Han Suyin, une méningite tuberculeuse qui fait de ce jeune Indien un handicapé et transforme la vie d’épouse de l’écrivaine.

En voilà quelques « Poèmes express »  :
L’hôtel éveille une folle terreur : trop de chambres.
– Un collectionneur avait acheté des gardes rouges. La Chine les cherche.
– Pas un cas, depuis trois semaines, d’épaississement des membranes du cou.
– Maintenant je suis tout seul…Fidèlement.
– Après une douche, je survivrai. Pendant une angioplastie, je ne crois pas.
– Tombés amoureux de la passion, nous avons attendu la fin.

La P.U. n° 75 est offerte à Pascale L. qui connaît ce CDI et a voulu une fête orientale.